Des importations ne respectant pas les normes sanitaires françaises.

Fin mai, les sénateurs du groupe d’études «Agriculture et Alimentation» ont publié un rapport sur l’état des exportations et importations françaises. D’après eux, des «évolutions alarmantes» touchent le secteur des exportations agricoles, notamment une stagnation en volume de la production française, une possible perte d’excédent agricole et «une atteinte à la sécurité alimentaire des Français», compte tenu de l’absence de respect des normes sanitaires françaises pour certaines importations.

«On peut estimer qu’entre 8 et 12 % des denrées alimentaires importées de pays tiers ne respectent pas les normes européennes de production et sont susceptibles de porter atteinte à la sécurité sanitaire de nos concitoyens», indique le document.

Pourtant leader européen en matière agricole avec une production supérieure à celle de ses concurrents (l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne), la France doit s’attendre à rencontrer des difficultés dans les exportations de ce domaine. Cela peut être considéré comme un problème vital pour un pays dont l’excédent commercial a historiquement résidé dans la production de vins et spiritueux, les céréales, notamment le blé et l’orge, les produits laitiers, les bovins, les ovins ou les volailles vivants et les sucres.

Dès 2023, la France pourrait importer plus de produits agricoles qu’elle n’en exporte. Du jamais vu !

Cette catastrophe annoncée s’explique par un double coup dur. Le premier ? Alors que la France était en 2005 le troisième exportateur mondial, elle occupe désormais le sixième rang, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas notamment. Une sacrée perte de compétitivité, donc. Second changement de taille : alors que les exportations stagnent, les importations, elles, ont bondi. Depuis 2000, elles ont quasiment doublé (+ 87 %), notamment celles de beurre et de fromages, et atteignent désormais des niveaux impressionnants pour certains produits : actuellement, près d’un fruit et légume consommé sur deux est importé. « Et en 2017, les importations représentaient 34 % de la consommation de volailles, et même 70 % pour la restauration hors foyer (cantines, etc.) », alerte Laurent Duplomb, le sénateur LR de Haute-Loire à l’origine du rapport.

Le rapport du Sénat analyse les causes des problèmes du secteur agroalimentaire et conclut que l’élévation des charges en France en est responsable. Par exemple, le coût d’une heure de travail en France est respectivement 1,7 et 1,5 fois plus élevé qu’en Espagne et qu’en Allemagne. De plus, ces écarts salariaux ne cessent d’augmenter.

Comment l’alimentation ultratransformée affecte notre santé :

https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/05/30/comment-l-alimentation-ultratransformee-affecte-notre-sante_5469345_1651302.html

Au Sénat, bilan plus que mitigé pour la loi Egalim

Les sénateurs du groupe de suivi des États généraux de l’alimentation évaluent l’application de la loi Egalim, jugée unanimement à demi-teinte. Deux aspects du texte ont été mis sous le feu des projecteurs. L’augmentation à 10 % du seuil de revente à perte a été critiquée, tout comme le manque de transparence des négociations des prix d’achat aux producteurs.

https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/au-senat-bilan-plus-que-mitige-pour-la-loi-egalim-141763

photo : Le Parisien : Julien Barbare