Vers un parti unique ?

«Quelque chose de totalitaire»: les socialistes accusent Marlène Schiappa de vouloir un parti unique

La secrétaire d’Etat ainsi que deux députés marcheurs ont été accusés de totalitarisme par des élus de gauche, après avoir lancé, dans une tribune publiée dans le JDD, un appel à ceux qui sont «prêts à faire passer leur pays avant leur parti».

Le 8 juin, dans une tribune parue dans le Journal du dimanche, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, ainsi que les députés La République en marche (LREM) Laurent Saint-Martin et Olivia Grégoire, ont appelé les députés issus de divers bords politiques à faire «passer leur pays avant leur parti». Pour les trois signataires, la défaite des partis de gauche et de droite traditionnels lors des récentes élections européennes, témoigne du désir des Français de recomposition du paysage politique.

Voici la tribune de Marlène Schiappa, membre du gouvernement et responsable du débat d’idées à LREM ; de Laurent Saint-Martin, député et responsable de la prospective à LREM ; et d’Olivia Grégoire, députée et responsable des études à LREM.

« En 2016, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, nous avons pris une part active à la recomposition politique de la France en nous engageant, comme beaucoup d’autres, au sein d’un mouvement nouveau : En marche. Avec les élections européennes, les Français ont renvoyé les partis traditionnels au-dessous de 10% et confirmé leur souhait de poursuivre cette recomposition. Le traditionnel clivage gauche-droite doit être dépassé pour une majorité de nos concitoyens, et cela ne date ni des européennes ni de la dernière présidentielle. Voilà des années que déçus et délaissés de la politique se prononcent en faveur de l’abstention ou des partis extrêmes.

‘Le réel cogne’, disait joliment Lacan. Notre réalité électorale en France cogne peut-être, mais elle est celle-là. De nombreux économistes l’ont d’ailleurs récemment démontré : la disparition du clivage droite-gauche précède l’élection, elle est fondée sur un nouvel axe autour de la notion de progrès.

Nous croyons fermement que la recomposition politique en cours doit ouvrir et non rétrécir, intégrer plutôt que rejeter. Si affirmer simplement ‘nous sommes de droite’ avait encore un sens, alors François-Xavier Bellamy aurait gagné les élections européennes. Si déclarer « nous sommes de gauche » suffisait à convaincre les électeurs de gauche, alors Raphaël Glucksmann aurait largement dépassé les 20%.

Si chacun de nous s’est engagé dans La République en marche, ce n’est certainement pas pour réactiver les anciens clivages

La recomposition politique ne doit pas être une reconstitution coalisée de ligues dissoutes de tout bord ou de boutiques politiciennes en faillite. Elle est bien plus ambitieuse que cela. Si chacun de nous s’est engagé dans La République en marche, ce n’est certainement pas pour réactiver les anciens clivages. C’est pour ouvrir la politique aux citoyens, pour engager la société civile aux responsabilités, pour développer des politiques publiques ancrées dans le réel, pour répondre concrètement aux grands enjeux du siècle, l’écologie, l’égalité, la transition digitale, et pour remettre l’humain au centre des décisions. En bref, pour penser et faire au service de la prochaine génération, plutôt qu’au service des prochaines élections.

Nous ne sommes pas ‘en même temps’ parce que nous additionnerions des gens de droite, de gauche et du centre, mais parce que chacun de nous se retrouve dans des valeurs qui ont longtemps été cataloguées comme telles.

Quand le principal parti de droite ne défend plus l’ordre public et cautionne les manifestations violentes, l’ordre public est-il encore un principe de droite? Quand le principal parti de gauche ne se réjouit pas de la baisse factuelle du taux de chômage, la défense des travailleurs est-elle encore un principe de gauche?

La République en marche n’a pas vocation à diviser en courants mais à élargir

Défendre à la fois l’égalité et la liberté, vouloir en même temps plus de solidarité et plus de performance, sortir des dialectiques anciennes pour promouvoir l’émancipation et la lutte contre les inégalités de destin, telles sont nos obsessions. Et notre intuition est que la destination politique importe bien plus que l’origine.

La République en marche n’a pas vocation à diviser en courants mais à élargir. Que vous veniez de LR, d’EELV, du PS ou du Parti animaliste, tout ce qui nous intéresse, c’est : êtes-vous prêts à faire passer votre pays avant votre parti? Êtes-vous prêts à porter et défendre des idées, peu importe leur provenance, au service des Français?

Si oui, alors venez marcher avec nous. Nous ne serons pas d’accord sur tout : c’est ce qui fait (encore) la beauté du débat d’idées. Mais nous serons rassemblés sur une destination. »

LREM : Rêve d'un parti unique?Réforme de la Constitution:le gouvernement souhaite un renouvellement intégral du Sénat…

Publiée par Lanceur d'alerte. sur Mardi 4 juin 2019

Chez LREM, la politique cynique du parti unique

«Etes-vous prêts à faire passer votre pays avant votre parti ?» Le pluralisme, ennemi de la patrie, il fallait oser. Dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, la ministre Marlène Schiappa, avec sa casquette de responsable du débat d’idées à LREM, la députée Olivia Grégoire, responsable des études au sein du parti présidentiel, et son collègue Laurent Saint-Martin, chargé de la prospective, signent un appel enjoignant l’ensemble des sensibilités politiques de gauche, de droite et du centre à rejoindre fissa le paquebot macronien. Déniant au PS comme à LR non pas la capacité mais tout bonnement la légitimité de se remettre en selle au nom de valeurs dont ils jugent LREM dépourvu.

Article de Libération

Comments are closed, but trackbacks and pingbacks are open.