Interpellation de Taha Bouhafs, une nouvelle atteinte à la liberté de la presse »

L’arrestation suivie d’une garde à vue est « une nouvelle atteinte à la liberté de la presse », dénonce une vingtaine de sociétés de journalistes et de rédacteurs.

Une vingtaine de sociétés de journalistes et de rédacteurs ont dénoncé, vendredi 14 juin, l’arrestation du journaliste militant Taha Bouhafs comme « une atteinte à la liberté de la presse », dans un communiqué publié par Libération. Cette arrestation suivie d’une garde à vue est « une nouvelle atteinte à la liberté de la presse, mais aussi au secret des sources, pierre angulaire de notre profession », soulignent les signataires du communiqué.

TRIBUNE : Le journaliste Taha Bouhafs (connu pour avoir filmé Alexandre Benalla en train de malmener un couple place de la Contrescarpe à Paris) a été interpellé mardi 11 juin alors qu’il réalisait un reportage sur une manifestation de soutien à des travailleurs sans papiers dans un centre Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne), pour le site d’information Là-bas si j’y suis.

Selon une source policière citée par l’AFP,  les forces de l’ordre ont dû intervenir pour empêcher des manifestants de s’introduire dans l’entreprise. C’est à ce moment-là que le journaliste Taha Bouhafs a été interpellé, alors même, dit-il, qu’il avait mentionné son statut de journaliste. Il a ensuite été placé en garde à vue. A l’issue de celle-ci, le 12 juin, il s’est vu remettre une convocation au tribunal de Créteil afin d’être jugé le 25 février 2020 pour « outrage et rébellion sur une personne dépositaire de l’autorité publique ».

Le reporter explique avoir été, durant son interpellation, violenté à de multiples reprises par la police. Dans une vidéo, on l’entend se plaindre d’avoir l’épaule déboîtée. Il s’est vu prescrire dix jours d’incapacité totale de travail (ITT) et trois semaines d’arrêt. L’avocat de Taha Bouhafs, MArié Alimi, a annoncé avoir déposé plainte pour « violences par une personne dépositaire de l’autorité publique ». Le site Là-bas si j’y suis, qui emploie le journaliste, a également dénoncé une « interpellation abusive ».

Mise sous scellés du téléphone portable

Par ailleurs, les policiers ont saisi son téléphone, sur lequel sont disponibles les images de son arrestation. Confisquer ce qui constitue son principal outil de travail équivaut à l’empêcher d’exercer sa profession en le privant d’accès à ses échanges, à ses images, à ses communications et à ses contacts.

Les sociétés de journalistes et de rédacteurs signataires du présent texte dénoncent une nouvelle atteinte à la liberté de la presse, mais aussi au secret des sources, pierre angulaire de notre profession. Les journalistes ne peuvent tolérer d’être régulièrement pris pour cibles par les forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de leur métier.

Ce texte est signé par les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et du personnel de : l’AFP, Arte, BFM-TV, Courrier international, Les Echos, L’Express,France Culture, Franceinfo.fr, France 24, L’Humanité, Libération, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Sud Ouest, Télérama,TV5 Monde et la rédaction des Jours.

« Les journalistes ne peuvent tolérer d’être régulièrement pris pour cible par les forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de leur métier.« 

Le journaliste militant Taha Bouhafs poursuivi pour « outrage », son téléphone mis sous scellé – Le Monde 13 juin 2019 – VOIR ARTICLE

TAHA, NOTRE JOURNALISTE, BRUTALISÉ ET ARRÊTÉ LORS D’UN REPORTAGE

Le 11 juin 2019

Alors qu’il couvrait une manifestation de sans-papiers, notre journaliste TAHA BOUHAFS a été arrêté et placé en garde à vue au commissariat d’Alfortville (94). Dans une video tournée lors de son arrestation, TAHA se plaint : « ils m’ont déboîté l’épaule »

🚨Voici la vidéo suite à l’interpellation de @T_Bouhafs

Désolé, j’ai dû flouter beaucoup de passages pour pas avoir de soucis…

On voit sur cette vidéo Taha se plaindre d’avoir l’épaule déboitée 😔 pic.twitter.com/O18qttqxnK

— David Guiraud (@GuiraudInd) 11 juin 2019


Bien que LÀ-BAS, site de presse en ligne, soit l’employeur de TAHA, salarié en qualité de journaliste, le commissariat d’Alfortville a refusé de nous donner la moindre information. Les députés Éric COQUEREL (La France insoumise) et Mathilde PANOT (La France insoumise) se sont mis en contact avec la préfecture.

Faire simplement votre boulot de journaliste au pays de Castaner et Macron fait de vous un suspect, si ce n’est un délinquant.

Notre journaliste était envoyé là pour couvrir l’occupation de l’agence Chronopost d’Alfortville par des travailleurs sans-papiers intérimaires. Le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry-sur-Seine a indiqué qu’un de leurs camarades, Christian, avait également été arrêté par les forces de l’ordre.

Ils exigent de Chronopost et du groupe La Poste, deuxième employeur du pays après l’État, les documents qui permettront leur régularisation par les différentes préfectures d’Île-de-France.

La Poste et sa filiale Chronopost font appel à des entreprises de manutention (Partner, Globe Express, Derichebourg, Arès) pour le tri et la manutention dans ses plateformes de tri et de distribution. Ces entreprises délèguent une large partie de l’embauche à des entreprises d’intérim’ qu’elles ont souvent elles-mêmes créées.

Ces sociétés d’intérim’ emploient des travailleurs sans-papiers en veillant à ce que le turn-over soit rapide. Ces travailleurs ne restent pas assez longtemps pour pouvoir être régularisés. Ils travaillent à temps partiel de 4h du matin à 7h30.

Il s’agit d’un véritable système organisé pour précariser les salariés, pratiquer le dumping social et faire baisser le coût unitaire du colis.

C’est pourquoi les travailleurs sans-papiers et leurs soutiens exigent que La Poste prenne ses responsabilités et qu’ils puissent être régularisés sans délai, quelle que soit leur ancienneté en France et dans l’entreprise.


COMMUNIQUÉ DE LA RÉDACTION :

L’équipe de Là-bas attend vos messages sur le répondeur au 01 85 08 37 37 !


Au micro de Jonathan Moadab RT France et depuis la place de la Contrescarpe, Taha Bouhafs, journaliste et militant, revient sur l’affaire Benalla dont il avait été l’un des protagonistes il y a un an, ainsi que sur son altercation avec des forces de l’ordre le 1er mai 2019. Ils n’ont pas le droit de m’empêcher de filmer, quand bien même je ne suis pas journaliste

Taha Bouhafs, le fumeur de chicha qui a fait tomber Benalla

16 fev 2019

« Sans la justice, vous n’aurez pas la paix. »Fort, d’une seule voix, une foule de plusieurs centaines de personnes scande ces quelques mots. Taha Bouhafs, aux premières loges, filme tout avec son portable. En vérifiant ses rushes, le jeune homme répète tout bas, comme s’il se parlait à lui-même: « Sans la justice, vous n’aurez pas la paix ». Cet après-midi, à Champs-sur-Marne en Seine-et-Marne, la famille Camara et leurs soutiens réclament « justice et vérité pour Gaye », mort d’une balle de la police le 16 janvier 2018. Impossible pour le militant antiraciste de louper le rassemblement contre les violences policières. Il porte d’ailleurs les t-shirts imprimés par la famille, sous une parka bleue marine. « Mais tu n’es pas aux gilets jaunestoi ? », lui demande une amie en le saluant. Il répond avec un sourire : 

« La banlieue d’abord, Paris après. »

À seulement 21 ans, Taha Bouhafs s’est forgé une solide réputation dans les milieux militants et politiques de gauche. Candidat aux législatives de 2017 pour la France Insoumise – à 19 ans -, activiste assidu durant les blocus étudiants de 2018, il ne manque aucun rendez-vous lié aux luttes des quartiers populaires non plus. Surtout, il a participé à lancer la saga Benalla, qui secoue le gouvernement depuis déjà huit mois. Taha est l’auteur de la vidéo où l’ex-collaborateur de Macron tabasse un couple de manifestants, place de la Contrescarpe. « Et ça n’a rien d’un coup de chance que ça soit lui : il est partout, tout le temps », assure son ami Youcef Brakni,membre du Comité Adama, qui complète : 

« C’est la jeune génération. Et il est là pour bousculer. »

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Taha Bouhafs / Crédits : Yann Castanier 

Caméra au poing

« Taha ? Il est toujours dans les bons coups ! » La phrase revient régulièrement. Blocage des gilets jaunes de Rungis à 5h du mat’, manif des salariés du MacDo de Marseille, déplacements du Comité Adama, procès de Christophe Dettinger… Taha Bouhafs est de toutes les révoltes avec toujours le même kit sur lui : son portable, un petit trépied flexible qu’il tient en main, et une batterie externe de secours. Il partage ensuite ses vidéos brutes sur son Facebook et son Twitter – 10.400 abonnés –, où elles sont reprises et re-partagées. « C’est un héritage des luttes passées : aujourd’hui, on le sait, il faut tout filmer pour avoir des preuves », contextualise Youcef Brakni, complété par le troisième bon copain de la bande, Madjid Messaoudene, conseiller municipal (FG) de Saint-Denis : 

« Taha sait parfaitement utiliser les réseaux pour rendre les luttes plus visibles. Ça n’existait pas dans le passé. Et des petits jeunes avec un militantisme chevillé au corps comme lui, il n’y en a pas 36. »

L’élu du 93 a deux fois son âge. Et Youcef a dix ans de plus que Taha. Les deux hommes se considèrent comme son « premier cercle bienveillant ». Lorsqu’ils le retrouvent à leur QG, une chicha du 19ème, ils le conseillent, entre deux discussions politiques. Notamment sur ses interactions sur Twitter, où le jeune militant est régulièrement la cible de cyberharcèlement. Son pire souvenir reste son premier bad buzz. « J’étais dans la tourmente », se souvient le concerné en faisant les gros yeux. Fin avril 2018, en plein blocus de la fac de Tolbiac. Les étudiants dorment jour et nuit sur place. Tôt le matin, Taha est bloqué par une troupe de CRS. « Vous êtes des grosses merdes », lâche-t-il alors qu’il est filmé. Apparue dans la journée sur Twitter, la vidéo est récupérée par le frontiste Gilbert Collard, qui s’empresse de la poster. Le shit storm est lancé. Insultes, menaces de mort, coups de fil de journalistes, le jeune militant n’échappe à rien. 

« Certains m’ont proposé le job en me demandant d’être moins militant. Mais il y a toujours un regard sur l’info, je les trouve hypocrites. J’ai refusé. »

Article complet de StreetPress Ici : ARTICLE

Taha Bouhafs, l’homme par qui le scandale Benalla est arrivé

photo : Sarah Andersen – MAXPPP

Son Twitter : https://twitter.com/T_Bouhafs

Son Facebook : https://www.facebook.com/taha.bouhafs.9

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