La France, la mode dans l’Affaire Epstein

« le talentueux Mr. Epstein » comme le désignait le magazine américain Vanity Fair, est mort, mais pas avec tous ses secret.

Mis à jour le 31 août 2019

Alors que se multiplient les théories d’un complot, le petit monde de la mode se voit passer au microscope. En effet, depuis l’arrestation d’#Epstein, l’industrie est mêlée à l’un des plus grands scandales de l’été, notamment à cause du lien qu’Epstein entretenait avec Leslie Wexner, patron controversé de Victoria’s Secret, mais aussi avec Jean-Luc Brunel, patron de l’agence de mannequins MC2 située à Miami.


Jean-Luc Brunel seen in Australia’s Next Top Model, in 2008. Photograph: Fox8

L’Obs Publié le 19 août 2019  – Trois mannequins accusent le Français Jean-Luc Brunel, ami de Jeffrey Epstein, d’agressions sexuelles. Elles ont décidé de parler. Trois mannequins, interrogés par « The Guardian », accusent Jean-Luc Brunel, fondateur de l’agence de mannequin MC2, et ami et collaborateur du multimillionnaire Jeffrey Epstein, d’agressions sexuelles. Celles-ci auraient eu lieu au cours des années 1980-1990, selon le quotidien britannique. Article Complet.

21/09/2019 – Une association de protection de l’enfance a envoyé au parquet de Paris des documents assurant que Jeffrey Epstein avait abusé d’au moins deux victimes françaises, mineurs au moment des faits. Parallèlement, la presse américaine a fait paraître des extraits du témoignage de Virginia Giuffre, une ancienne victime de Jeffrey Epstein devenue l’une de ses accusatrices. Elle affirme que l’homme a violé trois jeunes Françaises de 12 ans lors de l’un de ses anniversaires.  


 le 21 août 2019

Jean-Luc Brunel, la mode pour couverture

12/08/2019


« Mon agent s’appelait Jean Luc Brunel. Il a essayé de coucher avec moi quand j’étais enfant. Il m’a donné de la drogue. Il est grand temps que cela se sache. » C’est par ces mots que Zoë Brock, mannequin australien installé à Paris dans les années 90 conclut, le 18 octobre 2017, son article intitulé « The Model Agent » (L’agent de mannequin). Dans ce papier, Brock raconte comment, alors qu’elle était âgée de 17 ans, Jean-Luc Brunel chez qui elle vivait parce que son agence parisienne et sa mère la pensait plus en sécurité, a essayé d’abuser d’elle à plusieurs reprises.

Jean-Luc Brunel, ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant, l’homme se vante depuis les années 70 d’avoir lancé la carrière de plusieurs mannequins de renoms à l’instar de Christy Turlington et Jerry Hall. À l’époque, il est le patron de Kirins, une agence située à Paris. En 2005, il co-créé avec Jeffrey Fuller MC2, une agence de mannequins dans laquelle Jeffrey Epstein aurait investi jusqu’à 2 millions de dollars.

Aujourd’hui, l’agence est accusée d’avoir utilisé sa position pour fournir des visas à des jeunes filles mineures et permettre leur exploitation à travers le globe pour satisfaire les « besoins particuliers » d’Epstein et alimenter son trafic sexuel.


Jean-Luc Brunel en novembre 2017, à Paris.
© Document Mediapart


Une accusation qui n’a rien de vraiment nouveau. En 1995, le journaliste Michael Gross publiait le livre Model : The Ugly Business of Beautiful Women (Mannequin, l’horrible commerce des belles femmes). Dans cet ouvrage, il évoque déjà Brunel en ces termes : « Jean-Luc est considéré comme un danger ». « Son problème est qu’il sait exactement ce que les filles en difficulté recherchent. Il a toujours été à la pointe du système. John Casablancas (créateur de l’agence Élite, ndlr) s’entend bien avec les filles. Les filles seraient avec lui même s’il était boucher. Ils sont avec Jean-Luc parce qu’il est le chef. Jean-Luc aime la drogue et le viol silencieux. C’est ce qui l’excite« .

« Je méprise vraiment Jean-Luc, en tant qu’être humain, pour la façon dont il a déprécié l’industrie du mannequinat », déclarait alors John Casablancas, lui-même mis à mal quelques années plus tard par des accusations. « Il n’y a pas de justice. C’est un gars qui devrait être derrière les barreaux. Il y avait un petit groupe, Jean-Luc, Patrick Gilles et Varsano… Ils étaient très connus à Paris pour parcourir les clubs. Ils invitaient des filles et mettaient de la drogue dans leurs boissons. Tout le monde savait qu’ils étaient louches », écrit encore Gross.

Trafic de mannequins

En 2016, lors de sa déposition, le mannequin Virginia Roberts Giuffre affirme avoir été abusée sexuellement par Epstein alors qu’elle avait entre 16 et 18 ans. Elle clame également avoir été « prêtée » à certains de ses amis et cite notamment Jean-Luc Brunel qui selon ses propos a fournit à Epstein une dizaine de femmes mineures. « [Brunel] semblait avoir un arrangement avec le gouvernement américain lui permettant d’obtenir un passeport ou un autre titre de voyage pour de jeunes filles. Il amenait ensuite ces jeunes filles (âgées de 12 à 24 ans) aux États-Unis à des fins sexuelles pour les remettre à ses amis, y compris Epstein », a déclaé Giuffre lors du procès.


Nous ne pouvons pas être choqués par les informations faisant état de trafic de sexe sous couvert de mannequinat, étant donné le déséquilibre des pouvoirs et l’absence de protection qui ont trop longtemps affecté l’industrie.

Toujours dans son texte de 2017, Zoë Brock dresse un tableau assez effroyable de la mode des années 90, que beaucoup aiment à voir comme un âge d’or : « Paris, au début des années 90, était un lieu de tabous. Il y avait peu de crainte de répercussion pour comportement délinquant et très peu de discrétion. […] Les rapports sexuels étaient encore la plupart du temps non protégés et souvent anonymes. […] Mes amies et moi, peu importe notre âges, étions mannequins. Nous avons fait ces clubs. Sans nous, il n’y aurait pas de clubs, car sans nous, il n’y aurait pas d’hommes riches et minables prêts à payer le prix fort pour une bouteille d’alcool. »

« Nous ne pouvons pas être choqués par les informations faisant état de trafic de sexe sous couvert de mannequinat, étant donné le déséquilibre des pouvoirs et l’absence de protection qui ont trop longtemps affecté l’industrie », écrivait Sara Ziff, la créatrice de l’organisation Model Alliance, le 22 juillet 2019 pour The Cut. Dans cet article d’opinion, elle déclare aussi : « En tant que jeune mannequin, je n’ai jamais pensé pouvoir faire part de mes préoccupations à mon agence. Il semblait probable qu’ils savaient, qu’ils encourageaient les modèles dans des situations compromettantes, voire dangereuses. Ils étaient plus prudents avec les mannequins les plus performants, mais il semblait généralement que l’allégeance de l’agence était envers les clients, pas avec les modèles dont ils étaient supposés représenter les intérêts ».

De son côté, Brunel a toujours réfuté les accusations. En 2015, au moment du premier procès contre Epstein, il déclarait ainsi : « Je nie fermement avoir participé, directement ou indirectement, aux actions reprochées à M. Jeffrey Epstein. Je nie fermement avoir commis un acte illicite ou un acte répréhensible au cours de mon travail en tant que responsable de la numérisation ou de la gestion d’agences modèles ». À l’époque, il va même jusqu’à porter plainte contre le financier mais l’affaire est déboutée.

En France : la fin de l’omerta mode ?

En tant que ressortissant français, et malgré la diffusion sur CBS d’un ségment de 60 minutes sur les abus dans l’industrie de la mode où il figure, Jean-Luc Brunel n’a pas été obligé de témoigner lorsque Jeffrey Epstein a été inculpé pour sollicitation de rapports sexuels avec des prostituées mineures. Il est important de noter que Brunel aurait visité Epstein soixante-sept fois en prison, selon les registres de la prison, et apparaîtrait à plusieurs reprises dans les registres de vol du jet privé d’Epstein, divulgués au public.

Leslie Wexner – Victoria’s secret

Leslie Wexner, patron milliardaire de l’entreprise L Brands, connue pour être la maison mère de la marque de lingerie Victoria’s Secret, est soupçonné par certains d’avoir été le principal soutien financier de Jeffrey Epstein, qui le recruta comme conseiller financier à la fin des années 80.  

Selon le New York Times, Leslie Wexner faisait suffisamment confiance à Jeffrey Epstein pour lui donner une procuration générale au début des années 90, et lui céder sa maison de Manhattan sans qu’il y ait d’argent échangé. Un porte-parole de Leslie Wexner a assuré qu’il avait coupé les liens avec son ex-protégé il y a 10 ans. 

Le propriétaire de Victoria’s Secret prend ses distances avec Jeffrey Epstein 

Paris Match | Publié le 08/08/2019

Leslie Wexner en février 2011, lors d'une intervention à l'université de l'Ohio, à Columbus.
Leslie Wexner en février 2011, lors d’une intervention à l’université de l’Ohio, à Columbus. Fred Squillante/AP/SIPA

Leslie Wexner accuse Jeffrey Epstein d’avoir détourné «de grosses sommes d’argent». Depuis l’arrestation d’Epstein, la relation entre les deux hommes interroge. 

L’arrestation du riche financier Jeffrey Epstein, accusé d’avoir orchestré un réseau de prostitution de mineures à son bénéfice, a mis le projecteur sur sa relation avec l’un des milliardaires les plus puissants des Etats-Unis, Leslie Wexner. Propriétaire de la marque de lingerie Victoria’s Secret, cet homme de 81 ans avait fait d’Epstein l’un de ses proches conseillers. Il a été régulièrement décrit par la presse comme l’un des bienfaiteurs de Jeffrey Epstein, possiblement la principale source de sa fortune. En 2003, cinq ans avant que Epstein ne soit condamné une première fois pour avoir eu recours à une prostituée mineure, Leslie Wexner avait livré de lui un portrait flatteur dans «Vanity Fair» : «Très intelligent, avec la combinaison d’un excellent discernement et des exigences particulièrement élevées. C’est aussi un ami des plus loyaux.»

Aujourd’hui, en revanche, Leslie Wexner considère avoir été victime des manipulations d’Epstein. Dans une lettre transmise aux médias mercredi et reprise par le «New York Times», le milliardaire explique avoir découvert des détournements lorsqu’il a rompu ses liens étroits avec Jeffrey Epstein en 2007. «Il a été convenu qu’il devait se tenir à l’écart de la gestion de nos finances personnelles», écrit Wexner. «Dans ce processus, nous avons découvert qu’il avait détourné de grosses sommes d’argent qui venaient de moi ou de ma famille. Ça a été, franchement, un choc terrible, même si ça fait pâle figure en comparaison des accusations inimaginables dont il fait maintenant l’objet», ajoute-t-il. «Je suis embarrassé d’avoir été, comme tant d’autres, trompé par monsieur Epstein. Je sais que j’ai eu tort de lui faire confiance, et je regrette profondément d’avoir croisé son chemin», insiste encore le milliardaire.

Des femmes avaient accusé Epstein de violence alors qu’il travaillait encore pour Wexner

Selon un article du «Times» paru fin juillet, Epstein a été impliqué au plus près de Wexner. Dès 1991, le patron de Limited a pratiquement donné carte blanche à Jeffrey Epstein pour prendre des décisions financières avec son argent. Mais son immixtion dans la vie de l’homme d’affaires a dépassé ce cadre. D’anciens amis du magnat racontent avoir été tenus à distance après l’arrivée d’Epstein dans son cercle proche. Jeffrey Epstein aurait contribué à une visite de la troupe de la comédie musicale «Cats» chez Wexner, selon un témoin cité dans un article de «New York Magazine» paru en 2002. Il a aussi participé au processus d’achat et de construction de l’énorme yacht de Leslie Wexner, le «Limitless». Ce monstre de 96 mètres fut, à son lancement en 1997, le plus grand yacht battant pavillon états-unien.

"Limitless", le yacht de Leslie Wexner, au large de Saint-Martin, en 2005.
« Limitless », le yacht de Leslie Wexner, au large de Saint-Martin, en 2005

Avant même d’être condamné, et alors qu’il travaillait toujours pour Leslie Wexner, Jeffrey Epstein avait déjà fait l’objet d’accusations d’agressions sexuelles. Selon le «Times», Maria Farmer, qui travaillait sur un projet artistique dans la vaste propriété de Leslie Wexner dans l’Ohio à l’été 1996, a déclaré dans une déposition récente avoir été agressée sexuellement par Jeffrey Epstein. D’après le récit de la victime présumée, le personnel de sécurité de Wexner l’a empêchée de quitter les lieux après l’agression. Dans ces mêmes années, il est apparu que Jeffrey Epstein voulait s’immiscer dans le processus de sélection des mannequins de Victoria’s Secret. L’emblématique marque de lingerie offrait déjà à l’époque un tremplin pour la carrière des futurs top models, mais selon d’anciens cadres de l’entreprise cités par le «Times», le recrutement a toujours été dévolu à des agences spécialisées.

Le quotidien new-yorkais publie le témoignage d’Alicia Arden, une mannequin victime d’Epstein en mai 1997, selon ses dires. Âgée de 27 ans, elle avait rejoint Jeffrey Epstein dans sa chambre d’hôtel pour une prétendue audition pour Victoria’s Secret. A son arrivée, le collaborateur de Leslie Wexner avait touché les fesses de la jeune femme, tenté de la déshabiller tout en affirmant vouloir la «malmener». Alicia Arden avait pris la fuite et avait rapporté l’agression à la police. Selon le «Times», qui publie le rapport, il s’agit d’une des plus anciennes traces d’allégations d’agressions sexuelles contre Jeffrey Epstein. Ce n’est que plus de dix ans plus tard, lorsque Epstein a été condamné en Floride, que Alicia Arden a compris que le financier n’avait en réalité jamais travaillé pour Victoria’s Secret.

Enquête sur Jean-Luc Brunel, l’ami français de Jeffrey Epstein

13 AOÛT 2019

Jeffrey Epstein, inculpé pour trafic sexuel de mineures et retrouvé mort dans sa prison de Manhattan, possédait un appartement dans les beaux quartiers de Paris. L’agent de mannequins français Jean-Luc Brunel, à la réputation sulfureuse, est accusé par des victimes d’avoir été un de ses « principaux pourvoyeurs »d’adolescentes. Deux ministres français demandent l’ouverture d’une enquête. Le parquet de Paris est en train de procéder à des « vérifications ».

Article MEDIAPART Ici


Courtney Soerensen a témoigné de ces faits pour la première fois il y a plus de trente ans dans un documentaire diffusé sur CBS intitulé « Des filles américaines à Paris ». Disponible en partie sur YouTube, la chaîne refuse d’en publier l’intégralité pour des raisons légales.

Un homonyme pris pour Jean Luc Brunel par la presse anglaise

jeudi 22 août 2019

Affaire Epstein: Un homonyme a été pris pour Jean Luc Brunel par la presse anglaise

Imaginez le tableau. Une affaire de pédophile retentissante éclate au grand jour et les médias se mettent à placarder votre tête en affirmant que vous faite partie d’un réseau de prostitution pédophile alors que vous n’avez rien à voir avec cette affaire. C’est arrivée à cet homme. 

Jean Luc Brunel, conseiller municipal d’Hyères et maire adjoint de Giens est membre d’une association locale qui s’évertue à « faire revivre l’époque 1900 dans tout ce qu’elle a de gai et de festif. » incluant « démonstration de métiers d’antan, animations et défilés costumés, danses d’époque, spectacles danses et chansons ». Cet homme n’a strictement rien à voir avec Epstein.

Le problème est que cette photo a déjà largement tourné sur les médias alternatifs/blogs (pas ici) et réseaux sociaux. Cette bourde est évidemment arrivée aux oreilles du principal intéressé qui s’en est plaint auprès de certains sites qui annoncent carrément mettre la clé sous la porte pour cette raison (ça sent la plainte pour diffamation) :

« Suite à un mail de Mr Brunel, homonyme de Mr Jean-Luc Brunel, j’ai retiré immédiatement la photo prise en source figurant sur les sites du Sun, Daily Mail et Bles pour illustrer un article.
Cette photo ne s’avérait aucunement figurer l’ami de Mr Epstein, mais son homonyme.  
Je présente toutes mes excuses auprès de Mr Brunel, élu et conseiller municipal pour ce fait  involontaire de ma part, mais avec lequel j’aurai dû prendre plus de précaution. »

J’ai de ce fait décidé de ne pas poursuivre ce blog afin d’éviter à nouveau ce genre de mésaventure.
Il s’avère que parfois sur des sites que nous pensons être sûrs comme les journaux professionnels, circulent de mauvaises informations nous amenant à blesser involontairement des personnes, ce qui a été le cas pour Mr Brunel.

Cette personne a été victime de son homonymie avec l’un des principaux protagonistes de l’affaire Epstein et n’a bien sûr, rien à voir avec celle-ci.
J’engage chacun ayant fait la même erreur à enlever cette photo de son réseau, blog, etc.
Les réseaux sociaux et les médias ont du bon, mais aussi du mauvais quand pareille situation arrive, fusse-t-elle totalement involontaire et sans objet de vouloir nuire.

Pour ma part, j’ai de ce fait déposé deux recours auprès de Google afin de retirer ce cliché  rapidement et le lien lui correspondant et j’ai dès à présent supprimé la page.
Je présentes à nouveau toutes mes excuses les plus sincères à Mr Brunel. »

Il est clair que la faute en incombe à 100% aux médias britanniques qui ont publié sans aucune vérification cette photo alors que l’homme ne ressemble même pas au comparse d’Epstein qui est formellement identifié sur plusieurs photos en ligne. 


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