État des ponts en France – Danger !

Mal recensés, en mauvais état et en manque d’investissement, un rapport pointe du doigt l’état des ponts.

Ponts : 30% des infrastructures ont besoin de réparations et 7% risque un effondrement.

Le 14 août 2018, le viaduc autoroutier de Gênes en Italie s’effondrait, causant la mort de 43 personnes. 

Le drame a conduit les autorités françaises à se lancer dans un vaste recensement des infrastructures françaises. “On n’est pas dans une situation catastrophique”, résumait alors Alain Bonnafous, professeur émérite à l’université Lyon 2. “Le réseau fonctionne bien et la surveillance est plutôt bonne en France. Mais il y a des infrastructures vieillissantes”, qui sont le fruit de “sous-investissements importants ces dernières années”, selon lui.

Avant le drame de Gênes, Élisabeth Borne, actuelle ministre de la Transition écologique et à l’époque chargée des seuls Transports, avait demandé un audit à des spécialistes suisses. Conclusion : 30% des 12.000 ponts que compte le réseau routier national non concédé à des sociétés privées ont besoin de réparations, 7% d’entre eux présentant même un “risque d’effondrement” à termeSans augmentation importante du budget, 6% des ponts seront “hors service” en 2037, prédit le rapport révélé en juin dernier. L’état des 12.000 ponts du réseau concédé (essentiellement des autoroutes) est meilleur, à quelques exceptions près comme le viaduc d’Échinghen, sur l’A16 près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

7% des ponts du réseau routier national présentent même un “risque d’effondrement” à terme. Le mauvais état des ponts français est la conséquence de “sous-investissements importants” ces dernières années.

Le 14 août 2018, le viaduc autoroutier de Gênes en Italie s’effondrait, causant la mort de 43 personnes. 

Etat des ponts du RRN concédé (surface de plus de 7 000 m²) – https://fr.scribd.com/embeds/389509808/content?start_page=1&view_mode=scroll


Etat des ponts du RRN non concédé ( plus de 7 000 m²)https://fr.scribd.com/embeds/389509809/content?start_page=1&view_mode=scroll

France 3 Grand Est – Ajoutée le 17 août 2018
Dans l’Est, sur 1 700 ouvrages, 144 présentent un problème de structure…

Le drame a conduit les autorités françaises à se lancer dans un vaste recensement des infrastructures françaises. “On n’est pas dans une situation catastrophique”, résumait alors Alain Bonnafous, professeur émérite à l’université Lyon 2. “Le réseau fonctionne bien et la surveillance est plutôt bonne en France. Mais il y a des infrastructures vieillissantes”, qui sont le fruit de “sous-investissements importants ces dernières années”, selon lui.

Avant le drame de Gênes, Élisabeth Borne, actuelle ministre de la Transition écologique et à l’époque chargée des seuls Transports, avait demandé un audit à des spécialistes suisses. Conclusion : 30% des 12.000 ponts que compte le réseau routier national non concédé à des sociétés privées ont besoin de réparations, 7% d’entre eux présentant même un “risque d’effondrement” à termeSans augmentation importante du budget, 6% des ponts seront “hors service” en 2037, prédit le rapport. L’état des 12.000 ponts du réseau concédé (essentiellement des autoroutes) est meilleur, à quelques exceptions près comme le viaduc d’Échinghen, sur l’A16 près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Le gouvernement a publié en septembre 2018 une première liste de l’état des 164 plus grands ouvrages du pays (avec la promesse de l’élargir) : 23 d’entre eux avaient besoin de travaux. “Cette classification de l’état des ponts est un outil pour indiquer le niveau des réparations nécessaires et leur degré urgence. Elle ne traduit pas de risque de sécurité”, avait alors souligné le ministère à l’AFP. 

Pont de Crépy-en-Valois dans l’Oise.


L’effondrement du pont de Gênes (Italie), le 14 août 2018, interroge sur la qualité de nos ponts, notamment à Crépy-en-Valois dans l’Oise. (France 2 – 14 aout 2019)

Le point de vue de Franck Dedieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne. Ecorama du 28 juin 2019, présenté par David Jacquot sur boursorama.com

“Le nombre exact de ponts routiers en France n’est pas connu”

En France, il y a entre 200.000 et 250.000 ponts en France, impossible d’être plus précis car il n’y a aucun recensement exhaustif. On apprend également dans ce rapport que la quasi-totalité de ces ponts est gérée par les collectivités territoriales et qu’environ un sur dix est en mauvais état et pose des problèmes de sécurité. “Au moins 25.000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers”.

La situation s’est particulièrement aggravée ces 10 dernières années, selon les auteurs du rapport. Elle s’explique notamment parce qu’il n’y a pas assez d’investissements, ni financiers ni humains. La politique de surveillance laisse en effet à désirer tandis que le réchauffement climatique met ces ponts à rude épreuve. Parmi les raisons avancées : les GPS. Ceux-ci orientent le trafic, notamment poids lourds, sur des ponts qui n’ont pas été pensés pour un tel trafic.

Les sénateurs réclament plus de moyens

Pour pallier ce problème, les sénateurs préconisent un véritable plan Marshall avec comme priorité l’augmentation des moyens consacrés à l’entretien des ponts. Et cela se calcule en milliards d’euros sur les années à venir. Ces investissements permettraient de les entretenir tout au long de leur vie. Du côté du ministère des Transports, on affirme que l’on va regarder ce rapport mais qu’il existe déjà les premières réponses dans la loi mobilité qui vient d’être adoptée au Parlement.

“À peu près 10% des ponts sont en mauvais état”, affirme le président de la mission d’information sur la sécurité des ponts

“Il y a vraiment une défaillance en matière de suivi” de l’état des ponts, a déclaré le sénateur Hervé Maurey.

Interview par FranInfo le 14 aout 2019 :

franceinfo : Quel constat global dressez-vous, alors que les résultats d’une enquête du Sénat seront bientôt publiés ?

Hervé Maurey : Le premier constat, c’est le fait que l’on ne sait même pas exactement combien il y a de ponts en France. C’est assez révélateur de la méconnaissance de l’état de notre patrimoine. Les ponts ne sont pas dans notre culture un élément de patrimoine. Que ce soit l’État, les départements ou a fortiori les communes, il n’y a jamais eu une approche patrimoniale qui consiste à savoir combien de ponts on a, dans quel état ils sont, et de programmer un entretien ou une restauration.

franceinfo : Qu’est-ce que vous préconisez pour y remédier ?

Hervé Maurey :  On préconise que l’État mette les moyens nécessaires, c’est-à-dire qu’il mette en place un véritable plan Marshall sur son réseau. Aujourd’hui, il consacre 45 millions d’euros par an à l’entretien des ponts qui relèvent de l’État, mais l’État considère qu’il faudrait vraisemblablement mettre près du triple, c’est-à-dire près de 120 millions. On préconise aussi la mise en place d’un fond spécial destiné aux collectivités locales pour qu’elles dressent un constat. Cela coûte très cher parce qu’un diagnostic d’un pont simple, c’est au minimum 5 000 euros. En Normandie, sur mon territoire, il y a une communauté de communes qui a compté ses ponts et il y en a 80. Cela veut dire qu’il faut mettre sur la table 400 000 euros pour faire un simple diagnostic. Ensuite, les travaux sont souvent très importants. Pour un pont de petite envergure, cela peut très vite atteindre 500 000, voire un million d’euros. 

franceinfo : Vous imaginiez un tel sous-investissement au moment de débuter cette enquête sur les ponts en France ?

Hervé Maurey : Non, c’est vrai qu’on a été extrêmement surpris, par l’ignorance du nombre de ponts et par celle de leur état. Plus on tarde, plus la situation sera préoccupante. On sait très bien que si on n’augmente pas les crédits dans dix ans, il y aura deux fois plus de ponts dangereux. C’est une évolution naturelle. Et plus on tarde, plus il faudra mettre beaucoup d’argent pour se mettre à niveau (…) C’est à l’État de remettre en l’état son propre réseau et d’aider les communes qui n’ont pas la capacité financière de le faire seules. Je sais que la situation budgétaire est compliquée mais je crois qu’on ne peut pas faire d’économies sur la sécurité de nos compatriotes.

Le nombre de ponts français est mal connu et un sur dix est en mauvais état, selon un rapport sénatorial. Les sénateurs demandent un “plan Marshall” pour y remédier.

le viaduc d’Echinghen

Le viaduc d’Echinghen, dans le Pas-de-Calais, fait partie des ponts classés en 2018 après le drame de Gênes comme “nécessitant une rénovation urgente”. Mais, un an plus tard, le chantier n’est pas encore achevé.

Le viaduc d’Echinghen – Photo : Lionel GOUGELOT/Europe 1

Au lendemain de la catastrophe qui a fait 43 morts à Gênes le 14 août 2018, le viaduc d’Echinghen, sur l’autoroute A16 dans la région de Boulogne-sur-Mer, avait été épinglé comme l’un des deux ponts en France classés dans un rapport officiel comme “nécessitant une rénovation urgente”. Ce rapport publié par le gouvernement évoquait même une “structure gravement altérée”. En fait, les dégradations avaient été repérées dès 2017 et concernaient notamment une corrosion du béton et des câbles, sans doute provoquée par les vents marins.

Un important chantier a été entrepris pour assurer la pérennité de l’ouvrage et sa sécurité. L’affaire fait d’ailleurs l’objet d’un contentieux entre la Sanef, concessionnaire du pont, et le Groupe Bouygues, constructeur de l’ouvrage. Défaut de conception ou défaut d’entretien ? La justice devra trancher. En attendant, les automobilistes et les habitants qui vivent au pied de ce viaduc autoroutier ne semblent pas céder à la panique même s’ils restent attentifs aux travaux.

Depuis bientôt deux ans, on ne circule plus que sur une seule voie sur les 1.300 mètres de chaussée du viaduc. La vitesse est limitée en raison de la réfection en cours

Photo : Lionel GOUGELOT/Europe 1

Un riverain, qui habite 70 mètres plus bas sous le viaduc, reconnaît toutefois que le classement l’an dernier du pont comme structure a rénover en urgence l’a fait réfléchir. “On sait que psychologiquement ça travaille tout le monde, quand on voit ce qui est arrivée en Italie… Le facteur risque est là, on ne peut pas dire qu’il n’y aura jamais d’accident”, confie-t-il.

Un pont à Tours – Photo : GUILLAUME SOUVANT / AFP

Ponts en région parisienne, danger !

Dans la région, un pont sur trois nécessite des réparations plus ou moins urgentes. Faut-il s’inquiéter ? Entretien vérité avec l’homme en charge de l’entretien de notre patrimoine routier. Le viaduc de Gennevilliers est-il passé près de la catastrophe ? Parigo vous dévoile les raisons de l’effondrement de ce mur de soutènement et les travaux en cours Le périph’, c’est 1 million 300.000 véhicules quotidiens… et un bal bien réglé de coupures hebdomadaires. L’objectif est simple : bichonner l’autoroute urbaine la plus fréquentée d’Europe. Vous verrez comment. Enfin, nous irons en Seine et Marne, voir les conséquences de la baisse des dotations sur l’état de nos chaussées


France 3 Paris Ile-de-France
– Ajoutée le 26 oct. 2018

Ces grands ponts français qui ont des besoins plus ou moins urgents de travaux – AFP 26/09/18

Sur cette liste, qui comprend 42 ouvrages directement entretenus par l’Etat et 122 autres confiés aux sociétés autoroutières, un seul est classé en catégorie 1, “en bon état apparent”. Hors catégorie, le viaduc de Millau (sur l’autoroute A75, Aveyron) et le pont de Normandie (N1029, entre Seine-Maritime et Calvados) sont aussi en très bon état. 

La plupart des ponts sont en catégorie 2, avec des “défauts mineurs”, ou 2E, sous-catégorie de la précédente “dont les risques d’évolution des désordres peuvent à court terme affecter la structure”. La catégorie 3, celles des “ouvrages dont la structure est altérée et nécessite des travaux de réparation, sans caractère d’urgence”, comprend 13 ponts.

Enfin, la catégorie 3U comprend deux “ouvrages dont la structure est gravement altérée et nécessite une intervention urgente“: le viaduc d’Echinghen près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) sur l’A16 qui a nécessité une fermeture partielle de la circulation et celui de Caronte sur l’A55 à Martigues (Bouches-du-Rhône).

Les deux ouvrages sont en travaux, et le second est déjà sorti de la catégorie 3U mais il faudra une nouvelle inspection pour confirmer cette amélioration, a précisé le ministère des Transports. La liste a vocation a être progressivement étendue à davantage d’ouvrages.

Abimé, le pont de l’île de Ré n’est pourtant pas dans la liste.

Malgré la découverte en septembre 2018 d’un câble rompu sur le pont reliant l’île de Ré au continent, l’ouvrage ne fait pas partie de la liste communiquée par le ministère des Transports. Et pour cause: cette structure est classée dans la voirie départementale de la Charente-Maritime, et non dans le réseau routier national.

Concernant ces ponts non examinés dans la liste, la ministre Elisabeth Borne a dit être en contact avec elles “pour voir si elles ont bien toutes les ressources pour faire les diagnostics sur ces ouvrages”. “Et puis on aura à réfléchir avec elles sur les moyens de remettre en état, le cas échéant, ces ponts”, a-t-elle promis.