Les francs-maçons du Grand Orient de France déclarent la guerre au CRIF

Mise à jour le 29 août 2019

Une résolution très antisioniste

Va-t-on vers une guerre entre le CRIF et le Grand-Orient de France ?
La question se pose au moment où les relations entre les deux institutions deviennent de plus en plus houleuses.
En effet, d’après L’Express, le Grand Orient de France qui tiendra son congrès les 29, 30 et 31 août prochain à Rouen a adopté une résolution très antisioniste.

Selon L’express, qui a consacré un article sur la question, des franc-maçons du Grand-Orient de France (GODF), la plus ancienne loge française et la plus importante d’Europe continentale – à laquelle appartiennent par exemple Jean-Luc Mélenchon, Jérôme Cahuzac ou encore Manuel Valls -, prendrait quelques distances avec le CRIF en raison de son soutien indéfectible envers la politique d’extrême-droite du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

D’après l’Express, pour la première fois, une résolution adoptée par le Grand-Orient de France vise en effet à « interdire à ses dirigeants, principalement le ‘grand maître’ de participer aux événements organisés par le CRIF, avant tout le dîner annuel » auquel prennent part nombre de personnalités politiques françaises.

Selon le média français, le Grand Orient de France (GODF) ne supporte plus la ligne du CRIF qui a apporté un soutien sans faille à la politique de l’ « extrême-droite religieuse en Israël » qui, selon le GODF, « conduit à des fractures et à une montée de l’antisémitisme » en France.
Pour l’heure, le CRIF n’a toujours pas réagi.
( 24/08/19 à 20H )


La résolution initialement proposée au vote des francs-maçons du GODF (L’Express)

Le président du CRIF, Francis Kalifat, en colère contre un projet de résolution du Grand-Orient de France. Ici, le 20 juin 2017 à Paris

afp.com/BENJAMIN CREMEL
Communiqué de presse du Grand Orient de France – 26 août 2019

« Un conflit qui risque de durer longtemps »

La rupture entre les deux institutions risque d’être un coup dur car jusqu’ici GODF et CRIF avaient développé une véritable relation basée sur la confiance mutuelle. Rappelons qu’en 2018, Philippe Foussier, Grand Maître du Grand Orient de France, s’était rendu en Israël suite à une invitation des trois loges de francs-maçons de ce pays.

Si le Grand Orient de France ne supporte plus ligne du CRIF, le conflit risque de durer longtemps. Car, en effet, le président du CRIF, Francis Kalifat, est un défenseur invétéré de l’Etat d’Israël et du gouvernement de Benjamin Netanyahou.

« Si nous sommes ici, devant l’ambassade d’Israël, c’est pour affirmer avec force notre solidarité absolue avec l’Etat d’Israël et notre attachement à sa capitale une et indivisible », disait Francis Kalifat lors d’un rassemblement à Paris.

François Koch, journaliste à l‘Express a publié ce 24 août 2019 un article qui a tout d’une polémique au sein du Grand Orient de France (GODF).

Des francs-maçons du Grand Orient agressent le CRIF

L’affaire provoque un très vif émoi au sein du Grand Orient de France (GODF), la première obédience de la franc-maçonnerie française, forte de 53 000 membres. Comme chaque année, ces derniers vont réunir leur congrès, le « convent ». Les 29, 30 et 31 août 2019, à Rouen, les délégués devront voter, entre la désignation de leur grand maître et la validation du rapport d’activité, pour une proposition un peu curieuse: un « voeu » – c’est le terme désignant ces résolutions que le convent adopte ou rejette – d’une très grande hostilité vis-à-vis du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).


Jean-Philippe Hubsch, 57 ans, est le nouveau Grand maître du GOdF
photo Stéphanie Péron

Du jamais vu, alors que la franc-maçonnerie, rassemblant en son sein des tendances très diverses de la société, n’a jamais exprimé de positions antisionistes et encore moins extrémistes.

Cette résolution proposée au suffrage des francs-maçons vise ni plus ni moins à interdire à leurs dirigeants, principalement le « grand maître », de participer aux événements organisés par le CRIF, avant tout le dîner annuel où s’affichent chaque année nombre de politiques. Pour justifier ce projet d’oukase, le CRIF est accusé de soutenir la « politique de l’extrême droite religieuse » en Israël, qui « conduit à des fractures et à une montée de l’antisémitisme ».

Article L’EXPRESS – réservé aux abonnés

Petite brouille ou fracture profonde ?

Il est intéressant de noter que le journal présente cette fronde comme étant une “agression” de la part d’une “fraction” de franc-maçons (si ce n’est qu’une fraction, pourquoi en parler ?), qui userait d’arguments “particulièrement violents” contre le lobby pro-israélien afin de convaincre leur obédience de boycotter le prochain dîner du CRIF. Cette décision dépendrait d’un vote qui devrait avoir lieu fin août, lors de la convention du GODF. Si cette volonté de boycott est jugée “extrémiste” par le journaliste de l’Express, François Koch, elle révèle en tout cas  – si l’information est avérée et qu’elle se traduisait dans les faits – une ligne de fracture au sein de la loge et un étrange, tardif et bien insuffisant sursaut de bon sens.
LE MEDIA POUR TOUS / Vincent Lapierre


Macron a-t-il résisté au CRIF ? Le président de la République a-t-il cédé aux injonctions liberticides du lobby israélien lors du 34e dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France ?

Le nouveau Grand maître du Grand Orient de France : «Nous avons un devoir de solidarité»

Élu à la tête du Grand Orient de France, première obédience maçonnique avec 55 000 membres répartis dans plus de 1 300 loges, Jean-Philippe Hubsch se définit comme « un homme libre, avec des idées ». Veilleur de la laïcité, il a rappelé à ses frères réunis à Rouen, leur devoir de solidarité.

Les propos d’Emmanuel Macrondevant la conférence des évêques de France, réunie début avril au collège des Bernardins, ont donné l’alerte. « Nous serons très attentifs au respect de la laïcité et de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État», prévient Jean-Philippe Hubsch, nouveau Grand maître du Grand Orient de France (GOdF) élu jeudi soir à l’occasion du « convent » qui, jusqu’à ce samedi matin, réunit plus de 1 300 délégués des loges du pays au parc des expositions de Rouen«En effet le président se doit à une certaine retenue dans ses rapports avec les religions. Or nous avons parfois le sentiment que ce pacte républicain risque d’être renié».

«Une force de réflexion»

La défense des valeurs de la République et de la laïcité, qui constitue l’ADN du GOdF, est évidemment inscrite parmi les priorités du nouveau « patron » des 55 000 « frères » et « sœurs » répartis sur l’ensemble du territoire, où ils veulent constituer une « force de réflexion et de propositions» sur les sujets de société et les grands enjeux actuels. Mais elle n’est pas la seule : dans son discours d’installation prononcé hier devant les membres du « convent », le Grand maître en a assigné d’autres, comme le développement d’une politique internationale venant en soutien aux francs-maçons confrontés, dans certains pays, à l’hostilité, voire à la répression de la part des autorités, et la rédaction d’un « Livre blanc » voué à devenir une « feuille de route» dans ce domaine.

Autre priorité, le devoir de solidarité des francs-maçons envers les membres en difficulté, mais aussi à travers des initiatives d’aide humanitaire. C’est par exemple le cas lors des tremblements de terre, des catastrophes climatiques, même si ces initiatives sont entourées d’une discrétion elle aussi inscrite dans l’ADN des loges.

« En dehors de leur loge, beaucoup de francs-maçons s’impliquent dans des actions d’aide aux réfugiés, aux migrants, en particulier en faveur des enfants. On doit être là pour eux», insiste Jean-Philippe Hubsch, qui invite à « faire passer des messages positifs et humanistes».

Enfin, le nouveau Grand maître du GOdF a voulu, dans son discours solennel, souligner la vocation de la culture, à travers le musée de la franc-maçonnerie, les bibliothèques maçonniques, les expositions à Paris comme en province, comme « outil de transmission des valeurs de la République».

Se définissant comme un «homme libre, avec des idées », et citant Victor Hugo – « je crois ce que je dis, je fais ce que je crois » – Jean-Philippe Hubsch va maintenant s’attacher à porter ses convictions dans l’ensemble du territoire, et à l’étranger. Un long chemin se présente devant cet homme patient, « initié » il y a vingt-six ans au sein de la loge « Les amis de la Vérité » à Metz.

Ce chemin passera d’ailleurs par Rouen, l’an prochain, puisque selon la tradition, une ville accueille le « convent » des francs-maçons deux années de suite.

PUBLIÉ LE 25/08/2018 – www.paris-normandie.fr

Bio express. Jean-Philippe Hubsch, 56 ans, est originaire de Moselle. Diplômé en droit et de Sciences po Paris, il est assureur de métier, fonction qu’il compte continuer à observer, en parallèle de ses responsabilités maçonniques. Dans son parcours professionnel, il a également été assistant parlementaire, auprès du député de Meurthe-et-Moselle Gérard Léonard (RPR), entre 1983 et 1986. Sur le plan politique, il a appartenu au RPR de 1979 à 1984, avant de quitter définitivement la sphère politique partisane. « Je suis entré en politique pour Philippe Séguin, élu de ma région, je faisais alors partie de ce que l’on appelait les gaullistes de gauche. Surtout, je n’étais pas fait pour le fonctionnement des ces grandes machines politiques, qui n’existent que pour élire des présidents de la République. Toutefois je ne renie rien de ce que j’ai fait. » Il est devenu franc-maçon en 1992, au sein de la loge Les amis de la vérité, à Metz (Moselle), avant d’opérer un parcours qui l’a mené jusqu’au conseil de l’ordre – l’exécutif du Grand Orient de France – comme garde des Sceaux et du Timbre, et donc, désormais, en qualité de Grand Maître.


Arti Bus – Ajoutée le 28 août 2019

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