L’Afrique brûle aussi et c’est pire qu’en Amazonie

Afrique subsaharienne, Océanie, Europe de l’Est: de nombreuses régions autre que l’Amazonie du monde sont actuellement concernées par des feux de grande ampleur.

Alors que les feux en Amazonie dominent l’actualité et que le sujet doit s’inviter au G7, les incendies en Afrique sont plus nombreux encore, selon les données de la Nasa. Ces derniers seraient liés à la pratique de l’agriculture sur brûlis.

Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne sont concernés comme l’Angola, la Zambie ou la République Démocratique du Congo.

A grand renfort de photographies plus impressionnantes les unes que les autres diffusées sur les réseaux sociaux – mais souvent trompeuses, comme celle publiée par le président français Emmanuel Macron qui date de plus de 16 ans –, les incendies en Amazonie se sont imposés comme un sujet d’actualité majeur depuis plusieurs jours. A tel point que le dirigeant français souhaite faire une place à ce dossier dans l’agenda très chargé du G7.

Pourtant, depuis 48 heures, si l’on se fie aux données satellite de la Nasa, les incendies qui ravagent l’Afrique subsaharienne (de l’Angola à la RDC, en passant par la Tanzanie ou encore en Zambie), sont plus nombreux encore que ceux d’Amérique du Sud, sans pour autant que cela ne suscite le même émoi. Repérée par des internautes, la carte fournie en temps réel par le Système d’information sur les incendies pour la gestion des ressources (FIRMS) de la Nasa qui montre le grand nombre de feux en cours dans la région laisse en effet peu de place au doute.



Depuis quelques jours, la communauté internationale s’inquiète des incendies qui ravagent actuellement l’Amazonie. Dimanche, Emmanuel Macron a ainsi assuré que les pays du G7, actuellement réunis à Biarritz, se sont mis d’accord pour “aider le plus vite possible les pays frappés” par les feux ces derniers jours. Le sujet sera d’ailleurs évoqué ce lundi après-midi au sommet, à l’occasion d’une session consacrée à l’environnement.  

Mais si l’impact environnemental des incendies au Brésil est loin d’être négligeable, il convient de rappeler que d’autres feux sévissent actuellement dans le monde, avec là aussi de graves conséquences pour la planète. Grâce aux données satellites de la Nasa, nous avons recensé en rouge sur la carte ci-dessous les incendies actifs dans le monde ces dernières 24 heures.


euronews (en français) – Ajoutée le 26 août 2019

La Russie est elle aussi touchée par de nombreux feux mais plus dispersés sur l’ensemble de son territoire. Début août, la situation, critique en Sibérie, avait été fortement médiatisée.

Des feux réguliers en Afrique subsaharienne

Mais la zone la plus touchée actuellement est l’Afrique subsaharienne, comme l’explique la RTBF. Selon une étude relayée par l’Agence spatiale européenne, (ESA), la région concentrerait à elle seule 70% des terres brûlées sur l’ensemble de la planète. Dès le mois de juin, la Nasa recensait ainsi des “milliers de feux” actifs en Angola, au Congo, en Tanzanie…

Un phénomène malheureusement “courant à cette période de l’année”, explique l’agence spatiale américaine, en raison de la pratique des “cultures sur brûlis”, destinée à faciliter la fertilisation des terres… Si les feux sont généralement maîtrisés par les agriculteurs, il arrive souvent que certains “deviennent incontrôlables lorsque les vents ou les tempêtes déplacent le feu hors de la zone à défricher”. 


Plusieurs centaines d’incendies en Angola lors d’un passage du satellite MODIS de la Nasa, le 19 août dernier. Les points rouges sont des anomalies thermiques liées à des incendies, des flammes, des volcans ou des torchères. Photo MODIS/Nas

Des incendies dévastateurs pour l’environnement

Au delà du danger pour les populations, cette technique agricole dégrade durablement les sols et crée d’énormes nuages de fumées, nocifs pour la qualité de l’air.

Selon une note rédigée par l’ESA en février 2019, les feux sont à eux seuls responsables de 25 à 35% des émissions annuelles totales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

L’étude des cartes produites à l’aide des outils de Copernicus, ce service européen d’étude de l’environnement, indique pourtant que cette région concentre actuellement la majorité des combustions de biomasse (le fait de brûler des matières organiques) dans le monde.

Les dégagements d’aérosols atmosphériques liés à la combustion de biomasse dans le monde, le 22 août. Crédit CAMS

Quotidiennement l’Atmosphere Monitoring service de Copernicus livre des données sur les combustions de biomasse dans le monde. Chaque été, à la même période, la zone subsaharienne semble s’enflammer.

Les dégagements d’aérosols atmosphériques liés à la combustion de biomasse en Afrique, le 22 août. Crédit CAMS

Alors que se passe-t-il exactement ? Dès début août, le service de surveillance et évaluation de la qualité de l’air de la Réunion livre un rapport sur «  l’influence de feux de biomasse en Afrique ». Dans cette publication, Atmo Réunion indique que « ces masses d’air sont chargées de polluants gazeux (notamment le monoxyde de carbone et l’ozone) issus des feux de végétation ». L’organisme public conclut laconiquement que «  les travaux menés par le Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones (LACy) ont montré que durant l’hiver austral ( 21 juin au 22 septembre), la couche limite et la troposphère au-dessus de La Réunion sont impactées par des polluants primaires et secondaires issus du brûlage de la biomasse qui ont lieu annuellement en Afrique et à Madagascar ». Mais il reste silencieux sur les causes de ces « brûlages ».
Source : La Voix du Nord

Feux de forêt en Amazonie et en Afrique subsaharienne : une indignation à géométrie variable ?


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