Collapsologie, vers la fin du Monde

Et si tout s’écroulait vraiment ? Comment envisager le repas du lendemain ? Comment se déplacer, se chauffer, s’éclairer ?

LA COLLAPSOLOGIE OU LA SCIENCE DE LA CATASTROPHE EN COURS

mis à jour le 14/12/19

Science en gestation ou survivalisme pour bobos ? La “collapsologie”, théorie qui prédit l’effondrement de la civilisation industrielle, connaît un fort succès en libraire mais reste marginale dans le monde scientifique. 

“Une des hypothèses probables, c’est qu’en 2050 il n’y aura plus d’humains sur terre”, assène calmement Yves Cochet, en faisant visiter sa propriété dans la campagne rennaise.

Dans son nouveau livre “Avant l’effondrement” (Les Liens qui Libèrent), qui sort le 26 septembre, l’ancien ministre de l’Environnement prédit un “effondrement systémique mondial” qui “verrait environ la moitié de la population mondiale disparaître en moins de dix ans”. “Vers 2035, celle-ci tournerait autour de trois milliards” d’habitants, écrit-il.

L’écologiste, qui se revendique “effondriste” ou “collapsologue”, fonde notamment cette conviction sur la fin du pétrole, envisageant “des guerres pour le pétrole” dans les prochaines années. “La terre n’en peut plus ! Il n’y a pas assez de matières”, dit-il.

Avec la montée des préoccupations environnementales, la “collapsologie” suscite depuis un an un intérêt croissant. Le livre “Comment tout peut s’effondrer” (Seuil, 2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens s’est vendu à 87.000 exemplaires tandis que le suivant “Une autre fin du monde est possible” (Seuil, 2018) a déjà réalisé 46.500 ventes, selon les éditions du Seuil.

“On a juste pioché dans la littérature scientifique: ça a mis des mots sur une intuition que beaucoup de gens ont”, explique Pablo Servigne, qui veut faire de la collapsologie une “proposition de science”.

Chez le jeune ingénieur agronome, l’effondrement est un terme un peu fourre-tout (“mais c’est très bien ainsi”, dit-il) qui peut aussi bien concerner l’effondrement de la Bourse, celui de la biodiversité ou du climat. Selon lui, les civilisations industrielles sont de plus en plus complexes, ce qui les rendrait “très vulnérables à la moindre perturbation”.

“Dans la décennie qui vient, il va y avoir des chocs majeurs qui vont déstructurer nos sociétés. Ça va être terrible”, assure M. Servigne, qui dit fonder ses scénarios sur une “intuition” autant que sur des “faits scientifiques”.

“Angoisse de classes supérieures”

Inspirées par l’essai “Effondrement” (Gallimard, 2006) du géographe américain Jared Diamond ou par le Rapport Meadows sur les “limites à la croissance” (1972), ces théories font florès sur les réseaux sociaux auprès d’un public urbain, très diplômé et plutôt jeune.

“C’est une angoisse de classes supérieures des pays riches”, résume à l’AFP Jean-Baptiste Fressoz, historien, coauteur de “L’événement anthropocène” (Seuil, 2013).

Pour le chercheur au CNRS, le discours des collapsologues mélange le problème du changement climatique, qui est avéré, et celui de l’épuisement des ressources en énergies fossiles “sans cesse repoussé à plus tard”.

Les collapsologues “recyclent une écologie des années 70 obsédée par le pic pétrolier, des angoisses largement démenties par la suite”, dit-il. “Ils sont extrêmement minoritaires, ne représentent rien d’un point de vue scientifique”, pointe en outre M. Fressoz.

Le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du panel international d’expert sur le changement climatique (GIEC), estime lui que les collapsologues se “trompent d’échelle de temps”, même si leur discours peut “aider à la prise de conscience”.

Mais “les résultats du GIEC sont assez alarmistes pour ne pas avoir à en rajouter”, juge M. Jouzel, qui estime “dangereux de quitter le domaine scientifique”.

“Si rien n’est fait, je nous vois plutôt griller à petit feu”, envisage-t-il, se disant plus préoccupé par “l’accroissement des inégalités” que par l’effondrement, “car le réchauffement climatique diminue les endroits où il fait bon vivre”.

Récemment, des écrivains se sont saisis de la question comme la Française Fred Vargas avec “L’humanité en péril” (avril 2019) ou l’Américain Jonathan Franzen qui décrit une “apocalypse climatique” qu’on ne pourra pas éviter (The New Yorker, 8 septembre 2019).

Même l’OCDE y a consacré un colloque, intitulé “Prévenir l’effondrement systémique” les 17 et 18 septembre.

“L’effondrement est à la mode”, sourit Yves Cochet. “Et il le restera pour toujours!”.

La collapsologie, discipline française de l’effondrement des sociétés industrielles

Le 18 janvier 2018 par Gauthier BIELLI

A l’heure où la « mondialisation heureuse » et les conceptions linéaires de l’Histoire s’abîment face aux assauts du monde réel – marchés financiers instables, conflits sociaux larvés, crises migratoires majeures à venir – force est peut-être d’accepter que, comme Paul Valéry le disait après la Première Guerre Mondiale, « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortels ». Toutes les civilisations naissent, se développent puis meurent ; il s’agit là d’une réalité historique implacable.

A ce titre, l’étude de l’effondrement des sociétés industrielles, c’est-à-dire la déstructuration de la complexité de nos sociétés, a longtemps été reléguée au mieux dans les productions littéraires et cinématographiques, au pire dans le discours « complotiste ». Il existe plusieurs définitions de l’effondrement, mais on retiendra celle Yves Cochet, synthétique et efficace : « une situation dans laquelle les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi. ». Méprisée par les milieux politiques, médiatiques et universitaires, l’étude de l’effondrement des sociétés industrielles semble faire son apparition dans le champ de la politologie et des sciences politiques.

La collapsologie, ses ambassadeurs et l’approche française 

Le discours sur l’effondrement n’est pas une spécificité française. Il semble même que les pionniers soient plutôt anglo-saxons et russes – Diamond, Tainter, Orlov. Bien différent de l’approche française, le discours de ces experts privilégie le pragmatisme, le réalisme et vise le réel pur.  Le point nodal de leurs analyses met en avant la désintégration politique et sociale, c’est-à-dire le risque d’explosion des communautés nationales, régionales, familiales consécutif à un effondrement à grande échelle. A titre d’exemple, le russo-américain Orlov présente dans son ouvrage Les cinq stades de l’effondrement une chronologie de l’effondrement fondée sur les aspects financier, commercial, politique, culturel et social. En collapsologie, le pragmatisme anglo-saxon et le réalisme russe font face à l’idéalisme français.

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La banquise fond, le territoire des animaux disparaît. Une image devenue un symbole de la biosphère malmenée, de l’extinction animale mais aussi de notre situation sur Terre. 

Inondation et pluies diluviennes au Népal, octobre 2017. DR

LA COLLAPSOLOGIE OU LA SCIENCE DE LA CATASTROPHE EN COURS

Voir ARTICLE Le Monde – 12 JANVIER 2018 PAR FRÉDÉRIC JOIGNOT

Portail de collapsologie

www.collapsologie.fr

En 2005, le géographe américain Jared Diamond publie un livre qui va vite devenir un best-seller mondial. Il est traduit en français l’année suivante sous le titre Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie[1]. Diamond expose l’idée selon laquelle plusieurs civilisations anciennes se sont effondrées parce qu’elles avaient causé de trop gros dégâts à leur environnement. Le point commun à ces effondrements serait la surpopulation exerçant une pression excessive sur l’environnement.

Esquissant une transposition de son analyse aux sociétés modernes, Diamond dresse la liste des multiples dégradations écologiques contemporaines, et il les impute là aussi à la croissance démographique trop importante. Ce faisant, il écarte de sa problématique tout ce qui pourrait relier la crise écologique actuelle au contexte social, économique et politique dans lequel se déroulent les activités humaines. En faisant de la démographie un facteur surdéterminant tous les autres, il ignore le fait historique qui a vu l’accumulation du capital et la ponction sur la nature prendre un essor considérable avec le développement du capitalisme.

L’ÉCONOMIE PAR TERRE OU SUR TERRE ?

Les milliardaires de la Silicon Valley se préparent à la fin de notre civilisation

Repéré par Emeline Amétis — 24 janvier 2017

Les plus riches achètent des îles, des munitions et beaucoup de conserves.

«L’effondrement de notre société est imminent, s’inquiète un jour l’un des amis de Justin Kan, le co-fondateur de Twitch, un plateforme de streaming de jeux vidéo. Nous devons faire nos réserves de nourriture.» Son ami n’a pas été le seul à s’en alarmer. Selon un article du New Yorker, un nombre croissant d’entrepreneurs de la Silicon Valley s’essaient au survivalisme de crainte que notre civilisation prenne fin.

«Beaucoup d’entre eux redoutent que le niveau extrême des inégalités déclenche une instabilité civile et se préparent à un effondrement de la loi et l’ordre»résume Quartz.

Une île du Pacifique pour refuge

Ainsi, Steve Huffman, le PDG de Reddit, s’est décidé à se faire opérer des yeux au laser pour ne pas avoir à s’embêter à chercher des lunettes ou des lentilles une fois que la société occidentale se sera écroulée. Certains n’ont pas fait les choses à moitié. Antonio García Martinez, un ancien cadre de Facebook, s’est offert une dizaine de kilomètres de terrain sur une île du Pacifique qu’il a équipé avec des générateurs, des panneaux solaires et des milliers de munitions. D’autres se contentent d’apprendre plus simplement à chasser à l’arc. 

Ce n’est pas la première fois de l’histoire que des gens se préparent à la fin du monde. Quand la Guerre froide entre les États-Unis et l’Union Soviétique semblait sur le point de basculer, John Kennedy a encouragé les Américains à se construire des abris anti-bombes, rappelle Quartz. Mais notre dépendance vis-à-vis de la technologie semble aggraver le climat d’inquiétude, note le site d’information.

«Notre approvisionnement alimentaire dépend des données GPS, de la logistique, des prévisions météorologiques. Et ces systèmes dépendent généralement eux-mêmes d’internet», explique un PDG au New Yorker.

Une approche mathématique du risque

«Quand la société perd foi en un mythe fondateur sain, elle dégringole dans le chaos, professe Antonio García Martinez. Tous ces mecs –les entrepreneurs de la Silicon Valley– pensent qu’un seul mec peut faire face à une horde. Mais non, tu vas avoir besoin d’une sorte de milice locale. Tu as besoin de tant de choses pour résister à l’apocalypse», poursuit le milliardaire.

Yishan Wong, un employé de Facebook de la première heure –qui s’est lui aussi fait opérer des yeux–, nuance:

«La plupart des gens pensent que les événements improbables ne se produisent pas, mais ceux qui travaillent sur la technologie ont une approche du risque très mathématique. Ils ne pensent pas nécessairement qu’un effondrement est probable. Ils le considèrent éloigné, mais ne sous-estiment pas ses effets négatifs. Donc étant donné l’argent dont ils disposent, dépenser une fraction de leur fortune pour se préparer à un tel événement est… une chose logique à faire.»

Livre :

Jean Pierre Goux | Siècle Bleu : https://www.lamersalee.com/livre/siec…

Stéphane Linou | Résilience Alimentaire et Sécurité Nationale : https://www.stephanelinou.fr/

Jean Hegland | Dans La Foret : https://www.gallmeister.fr/livres/fic…

Matthieu Auzanneau | Or noir La grande histoire du pétrole : https://www.editionsladecouverte.fr/c…

Julien wosnitza | Pourquoi Tout va S’effondrer : http://www.editionslesliensquiliberen…

Alexandre Boisson, André-Jacques Holbecq | Face à l’effondrement, si j’étais maire ? : http://www.yvesmichel.org/product-pag…

Philippe Guillemamt | Le Pic de L’esprit : http://www.editions-tredaniel.com/le-…

Stéphanie Gibaud | La Traque des Lanceurs D’alerte : https://stephaniegibaud.org/index.php…

Pourquoi tout va s effondrer ? D’autres liens :

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