Deux proches de l’avocat de Trump arrêtés

Deux proches de l’avocat de Trump arrêtés, les démocrates exigent leur coopération.

WASHINGTON — Deux hommes d’affaires de la Floride liés à l’avocat personnel du président Donald Trump, Rudy Giuliani, ont été arrêtés pour financement électoral frauduleux relativement à un don de 325 000 $ US à un comité d’action politique appuyant la réélection de M. Trump.

Lev Parnas et Igor Fruman ont été arrêtés pour complot, fausses déclarations à la Commission électorale fédérale et falsification de documents.

MM. Parnas et Fruman ont été étroitement impliqués dans les efforts de M. Giuliani pour inciter le gouvernement ukrainien à enquêter sur les relations commerciales de l’ancien vice-président Joe Biden et de son fils Hunter dans l’ex-république soviétique.

Les documents montrent que MM. Parnas et Fruman ont utilisé des virements électroniques provenant d’une entreprise qu’ils contrôlent pour faire un don de 325 000 $ US au comité America First Action en 2018. Mais des documents rendus publics dans une procédure judiciaire montrent que l’entreprise identifiée comme ayant procédé à la transaction n’était pas la source véritable de l’argent.

Les procureurs affirment que les deux hommes ont faussement affirmé que les contributions provenaient d’une entreprise de gaz naturel liquéfié. D’après l’acte d’accusation, la société n’avait alors aucun revenu ni actif significatif.

Les démocrates qui supervisent l’enquête en vue d’une procédure de  destitution contre Donald Trump ont exigé jeudi la coopération de deux hommes d’affaires proches de l’avocat du président, arrêtés dans une procédure distincte alors qu’ils allaient quitter les Etats-Unis.

AFP • 10/10/2019

Lev Parnas et Igor Fruman, des citoyens américains nés en Ukraine et en Biélorussie, ont été interpellés mercredi soir à l’aéroport international de Washington, munis d’un aller simple pour une destination à l’étranger, a révélé la police fédérale.

Ils sont soupçonnés d’avoir servi d’émissaires à Rudy Giuliani, l’avocat personnel du président, dans ses efforts pour convaincre l’Ukraine de livrer des informations compromettantes sur Joe Biden, possible adversaire de Donald Trump lors de la présidentielle de 2020.

Ils intéressent à ce titre beaucoup les élus démocrates qui accusent le président républicain d’avoir abusé de ses pouvoirs en sollicitant l’aide d’une puissance étrangère dans sa campagne de réélection.

Leur arrestation s’inscrit toutefois dans le cadre d’une enquête distincte, ouverte par des procureurs new-yorkais et qui porte sur des violations des lois de financement des campagnes électorales. 


Le président américain Donald Trump s’exprime depuis la Maison Blanche le 9 octobre 2019
( AFP / Brendan Smialowski )

Les deux hommes sont accusés d’avoir dissimulé l’origine de dons octroyés en 2018 à plusieurs candidats à des élections locales et fédérales aux Etats-Unis, dont une partie venait de Russie, selon l’acte d’inculpation. 

D’après les médias américains, les deux entrepreneurs ont contribué à hauteur de 325.000 dollars à la campagne de Donald Trump pour 2020 et ont participé mi-2018 à un dîner à la Maison Blanche.

« Je ne connais pas ces messieurs, je ne sais pas ce qu’ils font, peut-être qu’il faut demander à Rudy », a pourtant déclaré à la presse le locataire de la Maison Blanche après leur arrestation.

– Caution –

Un juge fédéral a accepté jeudi après-midi de les remettre en liberté provisoire à condition qu’ils versent chacun une caution d’un million de dollars, ont rapporté les médias.


L’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, à New York le 24 septembre 2019
( AFP / Angela Weiss )

Un peu plus tôt, des élus démocrates de la Chambre des représentants ont adressé une injonction formelle à leur avocat pour obtenir, d’ici six jours, une série de documents utiles à leur enquête contre Donald Trump.

« Nous espérons entendre vos clients à une date ultérieure », ont ajouté les parlementaires, qui les avaient déjà invités à faire une déposition au Congrès ces jeudi et vendredi.

MM Parnas et Fruman avaient décliné en s’abritant derrière un courrier de la Maison Blanche, qui a refusé de coopérer à une enquête jugée « partisane et anticonstitutionnelle ».

Ils « sont des citoyens privés, ils ne sont pas employés de l’administration et ne peuvent pas se dérober », ont rétorqué les parlementaires, qui s’intéressent à leurs liens avec Rudy Giuliani.

Les deux hommes auraient notamment aidé l’ancien maire de New York à rencontrer Iouri Loutsenko, alors procureur général ukrainien, pour tenter de le convaincre d’ouvrir une enquête sur les affaires du fils de Joe Biden, Hunter, en Ukraine.

Lors d’un échange téléphonique fin juillet, Donald Trump avait demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de « se pencher » sur ce dossier et d’entrer en contact avec Rudy Giuliani. 

Cet appel, rendu public après l’intervention d’un lanceur d’alerte, a justifié la décision des démocrates d’initier une enquête pouvant mener à une rarissime procédure d' »impeachment ».

– « Ambassadrice » –

L’acte d’accusation contre MM. Parnas et Fruman n’évoque pas Rudy Giuliani, mais fait bien référence à l’Ukraine.

Selon ce document, les deux hommes ont commencé au début de l’année 2018 à « faire des contributions substantielles » à des hommes politiques, afin de « favoriser leurs intérêts financiers mais aussi les intérêts politiques d’au moins un membre du gouvernement ukrainien pour lequel ils travaillaient ».

Ils sont accusés d’avoir dissimulé le « vrai donateur », un mystérieux « individu 1 » russe, avec lequel ils voulaient ouvrir une entreprise de marijuana dans le Nevada.


L’ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch, participe à une manifestation pour les droits des minorités sexuelles le 17 juin 2018 à Kiev
( AFP / Genya SAVILOV )

En mai 2018, ils avaient promis de lever des fonds pour un élu du Congrès, tout en lui demandant de convaincre « le gouvernement américain de rappeler l’ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine ».

La diplomate, Marie Yovanovitch, a été rappelée à Washington un an plus tard. Les élus démocrates espèrent l’entendre vendredi au Congrès.

Ils ont par ailleurs également adressé une injonction au ministre de l’Energie Rick Perry pour qu’il fournisse d’ici au 18 octobre des documents qui pourraient faire avancer leur enquête.

Les hommes d’affaires de Floride qui ont des liens avec Giuliani ne se conformeront pas à l’enquête de mise en accusation.

www.tampabay.com – Published Oct. 7


De gauche à droite : Igor Fruman, Lev Parnas, le président Donald Trump et Rudy Giuliani. [Miami Herald]

Deux hommes d’affaires du sud de la Floride qui ont colporté des informations prétendument explosives en provenance d’Ukraine au sujet de la corruption impliquant Joe Biden et Hillary Clinton ne répondront pas à une demande de documents et de dépositions émanant de trois comités de la Chambre qui supervisent une enquête de destitution du président Donald Trump.

Lev Parnas et Igor Fruman ne répondront pas à la date limite du lundi pour les documents et ne prévoient pas se présenter aux dépositions prévues pour jeudi et vendredi, a déclaré leur avocat John Dowd au Miami Herald.

« Aucune réponse n’était prévue « , a déclaré M. Dowd, qui a aidé à défendre M. Trump pendant une partie de l’enquête menée récemment en Russie par le conseiller spécial Robert Mueller, dans un courriel.

Les démocrates qui travaillent à l’enquête de destitution en cours ont déclaré que la décision de Parnas et Fruman d’ignorer une demande émise lundi dernier entraînera des assignations à comparaître, ce qui les obligerait à témoigner et à fournir des documents ou à faire face à des accusations criminelles.

« Bien que nous ayons fait appel à des avocats pour ces témoins, ils ont jusqu’à présent refusé d’accepter de témoigner ou de remettre les documents pertinents. S’ils continuent de ne pas se conformer, ils se verront signifier des assignations à comparaître dans les plus brefs délais « , a déclaré un fonctionnaire chargé de l’enquête sur la mise en accusation.

M. Parnas a déclaré au Miami Herald le mois dernier que le gouvernement ukrainien avait accès à des informations sur des allégations d’actes répréhensibles commis par Joe Biden et son fils Hunter et d’autres responsables américains à l’étranger, mais que le gouvernement américain s’était montré indifférent à les recevoir par voie officielle. Parnas a dit que son amitié et celle de Fruman avec l’avocat personnel de Trump, Rudy Giuliani, leur ont permis de transmettre l’information entre les mains de l’administration Trump.

« J’ai reçu certaines informations et j’ai pensé qu’il était de mon devoir de les transmettre « , a-t-il déclaré au Miami Herald le 26 septembre.

La demande de Trump d’enquêter sur Joe Biden, un rival politique, lors d’un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 25 juillet, après avoir retenu l’aide militaire américaine à l’Ukraine, est au cœur de l’enquête de destitution des démocrates parlementaires.

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Marie Yovanovitch avait la réputation de faire pression auprès des autorités ukrainiennes pour qu’elles luttent contre la corruption.

PHOTO : REUTERS / GLEB GARANICH

Le nom de Mme Yovanovitch, une diplomate de carrière à la réputation impeccable, était mentionné dans la plainte du lanceur d’alerte à l’origine de l’enquête des démocrates sur une éventuelle destitution du président Trump.

Elle a été rappelée sans explications à Washington par l’administration Trump en avril 2019, avant la fin de son mandat. D’après le Wall Street Journal, le président Trump a ordonné son rappel, entre autres après que Rudy Giuliani, son avocat personnel, eut rapporté qu’elle entravait ses efforts pour persuader Kiev de mener les enquêtes que ce dernier réclamait.

Mme Yovanovitch doit d’ailleurs comparaître vendredi devant les comités de la Chambre des représentants chargés de l’enquête pour destitution.

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