Privatisation de la FDJ, c’est parti

La privatisation sera lancée le 7 novembre

Alors que Bruno Le Maire n’a pas voulu donner de chiffres, la PDG de l’opérateur Stéphane Pallez a avancé que le gouvernement souhaite tirer « plus d’un milliard d’euros » de l’opération !

La privatisation de la Française des Jeux (FDJ) sera lancée à partir du 7 novembre, annonce le ministre de l’Economie Bruno Le Maire dans le Journal du dimanche, en souhaitant qu’elle attire de nombreux actionnaires individuels. « Les Français et les investisseurs pourront souscrire à des actions FDJ entre le 7 et le 20 novembre. Je souhaite que cette privatisation soit un succès populaire et que le plus grand nombre y participe », déclare-t-il dans un entretien au journal aujourd’hui.

L’Etat gardera 20 % au minimum

L’Etat contrôle actuellement 72 % de l’entreprise mais le Parlement français a définitivement adopté en avril la loi Pacte, qui autorise le transfert au privé de la majorité du capital de la FDJ. L’Etat restera cependant actionnaire minoritaire à hauteur de 20 % au minimum. Le gouvernement souhaite tirer « plus d’un milliard d’euros » de cette privatisation, a indiqué récemment la PDG de l’opérateur Stéphane Pallez. Toutefois, Bruno Le Maire a refusé de fixer un chiffre : « Donner un objectif revient à fixer une limite, et je ne veux pas fixer de limite à notre ambition. »

3,5 milliards empochés par l’État

« Pour les particuliers, sous réserve de validation par l’Autorité des marchés financiers, une action gratuite sera accordée pour dix actions achetées, si ces actions sont conservées dix-huit mois. Je souhaite par ailleurs qu’une décote de 2 % sur le prix de l’action achetée soit appliquée », détaille le ministre. « L’État conservera l’intégralité des recettes fiscales et sociales versées par la FDJ, soit 3,5 milliards d’euros. Ce montant pourra augmenter si l’entreprise croît », souligne également Bruno Le Maire.


7 oct. 2019

Le vaste programme de cessions d’actifs auquel la loi Pacte ouvre la voie vise à alimenter un fonds de 10 milliards d’euros consacré à l’innovation : si le projet de privatisation du gestionnaire des aéroports de Paris (Groupe ADP) se heurte à un référendum d’initiative partagée, le processus suit normalement son cours pour la FDJ, deuxième loterie européenne et quatrième mondiale.

La privatisation «populaire» de la FDJ va commencer !
Jeux d’argent : le gouvernement encadre un peu plus avant la privatisation de la FDJ

Publié le 4 octobre 2019


⚫️ Bercy est en train de lancer la vente de La Française des Jeux, dont l’introduction en Bourse est prévue pour fin novembre. Le mouvement inquiète les casinos : la FDJ pourrait en profiter pour installer des quasi-machines à sous dans tout son réseau…

Pour Bercy, l’avenir de La Française des Jeux (FDJ) est fixé : elle va connaître dans les prochaines semaines une « privatisation populaire », selon un conseiller de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. La formule fleure bon les années Balladur à Bercy (1986-1988), quand l’Etat vendait des grandes entreprises publiques comme Suez ou Paribas avec d’énormes campagnes de publicité, comme si c’étaient des yaourts. Les actions de la FDJ devront donc plaire aussi bien au grand public, adepte du Loto, qu’à son réseau de détaillants, appelés à devenir aussi ses actionnaires privilégiés (même si l’Etat, qui en détient 72 % aujourd’hui, en gardera 20 %).

⚫️ CHANGEMENT DE RÈGLES ⚠️ A partir du 1er janvier, une nouvelle autorité nationale des jeux aux pouvoirs élargis, présidée par l’ex-patronne de la Cnil Isabelle Falque-Perrotin, aura pour mission de réguler ce secteur en pleine expansion et un monopole devenu privé.

Adieu l’Arjel [Autorité nationale de régulation des jeux en ligne, ndlr], bonjour l’Autorité nationale des jeux. Dans le cadre de la privatisation de la Française des jeux prévue pour la fin novembre, le gouvernement vient d’annoncer les contours du nouveau dispositif de régulation de ce secteur pas comme les autres en raison de ses enjeux de santé publique et des risques de dérives frauduleuses et criminelles. Un encadrement renforcé que l’exécutif met en avant comme une forme de remède destiné à prévenir tout risque d’emballement de la super cash machine qu’est la FDJ. Alors que le budget des Français consacré aux jeux de hasard ne cesse de progresser, de nombreuses voix ont récemment fait part de leurs inquiétudes quant à la capacité de l’Etat de garantir une politique et une offre de jeux responsable – cela n’a pas toujours été la préoccupation première des gouvernements – avec un leader des jeux d’argent passé sous contrôle d’actionnaires avant tout préoccupés de profits et de confortables dividendes.

❌ Les casinos restent à l’Intérieur
Mise en place à partir du 1er janvier prochain selon une ordonnance prise ce mercredi en Conseil des ministres, la nouvelle autorité regroupera, en les élargissant, les prérogatives de l’actuelle Autorité nationale de régulation des jeux en ligne (Arjel), du ministère du Budget sur les jeux de loterie et les paris sportifs, ainsi que celles exercées conjointement par les ministères du Budget et de l’Agriculture sur le réseau physique de paris sur les courses hippiques (PMU). Concernant les casinos, si l’ANJ aura la main sur la lutte contre les pratiques de jeu excessives, leur tutelle continuera néanmoins de relever du ministère de l’Intérieur, «en raison des spécificités de cette activité», précise Bercy. En clair, les affaires de blanchiment dans les casinos restent du ressort de la police.

C’est la haut-fonctionnaire et conseillère d’Etat Isabelle Falque-Perrotin, précédemment à la tête de la Cnil (Commission nationale informatiques et libertés) où elle a exercé deux mandants de 2011 à 2019, qui prendra la tête de cette nouvelle autorité administrative indépendante (neuf membres nommés sur six ans) aux pouvoirs élargis. Toute exploitation d’un nouveau jeu de la FDJ ou du PMU sera conditionnée à son autorisation préalable. Une autorisation qui pourra être retirée à tout moment si les objectifs de la politique des jeux désormais clairement codifiés ne sont plus respectés. La FDJ et le PMU devront soumettre annuellement à l’approbation de l’ANJ leur programme des jeux et stratégie promotionnelle, leurs actions en vue de prévenir le jeu excessif et des mineurs, la fraude ou encore le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En dernier ressort, le ministre du Budget pourra suspendre ou interdire un jeu en invoquant la sauvegarde de l’ordre public, comme il peut déjà le faire aujourd’hui. L’ANJ reprendra enfin à son compte la mission de délivrer les agréments aux opérateurs de jeux ou de paris en ligne (13 à ce jour) aujourd’hui exercée par l’Arjel.

❌ Contrôle étroit de la FDJ
L’ordonnance précise aussi les modalités de la privatisation de la Française des jeux dont l’Etat détient actuellement 72% en introduisant certains garde-fous censés garantir, dixit Bercy, «le contrôle étroit que l’Etat conservera sur FDJ». Un commissaire du gouvernement sera ainsi présent au conseil d’administration aux côtés des administrateurs représentants l’Etat, doté du pouvoir de s’opposer aux «décisions problématiques de l’entreprise». Les dirigeants de l’entreprise devront pour leur part obtenir un agrément de l’Etat, retirable à tout moment. Autre moyen de contrôle, l’entreprise devra respecter un cahier des charges et une convention encadrant l’exploitation de ses «droits exclusifs». Car la FDJ, bien que privatisée, gardera son monopole sur les jeux de hasard et ne devra ni empiéter sur les autres segments de jeux relevant d’autres opérateurs, ni être concurrencée sur son périmètre «sécurisé». Enfin, toute montée au capital de plus de 10% d’un nouvel actionnaire sera soumise à l’autorisation préalable de l’Etat.

Député Génération.s de la Loire et spécialiste des jeux d’argent, Régis Juanico estime que même si l’Etat pourrait récupérer un milliard d’euros en vendant une partie de ses parts, il s’agit d’une mauvaise opération. «C’est un « one-shot » et il se prive ensuite d’une recette régulière», explique-t-il dans le Progrès en évoquant les 135 millions d’euros de dividende annuel que rapporte chaque année la FDJ, dont 90 millions pour l’Etat. Et si ce proche de Benoît Hamon se félicite d’avoir obtenu avec l’ANJ la création «d’une autorité unifiée et indépendante», il s’inquiète que «les investisseurs privés privilégient les critères de rentabilité et développent des offres commerciales plus addictives». 

Un risque maîtrisé, répond-on à Bercy qui entend profiter de cette privatisation pour démontrer les bienfaits de l’actionnariat populaire et pousser les Français à acquérir des actions de la très rentable FDJ.

« On est en droit de s’interroger sur les raisons des  oppositions virulentes à la privatisation complète d’Aéroport de Paris quand on constate que celle des aéroports de Lyon et de Nice, prévue par la loi dite « loi Macron » de 2015, n’avait guère suscité d’émoi. En pratique, les arguments économiques ont vite cédé le pas aux arguments politiques mettant en avant des enjeux de souveraineté, dont on se demande pourquoi ils n’ont pas été évoqués à propos de Lyon et de Nice… ».
« Les arguments de ceux qui s’opposent à la privatisation de la Française des Jeux ne tiennent pas.
Ni la lutte contre les addictions ni le caractère supposé singulier de cette activité ne sont suffisants pour maintenir sous statut public une activité qui, dans bien d’autres pays, est gérée par le privé. »
Les Echos – Publié le 5 juin 2019 VOIR ARTICLE

Pourquoi la privatisation de la Française des jeux fait si peur aux casinos

Mais si les dés sont jetés pour la privatisation de la FDJ, pour les casinos, rien ne va plus.

Propriétaires de la plupart des 201 établissements français, les groupes Barrière, Partouche, Joa et Tranchant accusent la FDJ de vouloir faire voler en éclat leur monopole en équipant ses points de vente de bornes de jeux qui, selon les casinos, ne seraient rien d’autre que des machines à sous électroniques, actuellement interdites en France. « Ce projet met en danger nos entreprises. Et il se prépare avec la complicité de Bercy », s’énerve Romain Tranchant, directeur général du groupe Tranchant. Une vraie menace pour les casinos qui entendent défendre leur monopole sur les « bandits manchots » qui génèrent 90 % de leurs recettes.

A l’origine de ce coup de sang, l’ordonnance sur la régulation des jeux présenté le 2 octobre en conseil des ministres. Dans ce texte, « le périmètre de la FDJ empiète largement sur les jeux de casino », estiment les établissements. Le but de la manœuvre ? « Rendre la mariée plus belle avant la privatisation », avance Romain Tranchant.

« Un outil légal pour blanchir l’argent sale »

Pour être certain de rafler la mise, Bercy aurait donc autorisé la FDJ à déployer ses propres machines à sous. « Nos casinos compte 23000 machines, rappelle Romain Tranchant. En face, la FDJ, qui veut passer de 23000 à 45000 points de vente, va se retrouver avec 225 000 machines à sous installés dans les débits de tabac, mais aussi les stations-service ou les supérettes. »

Les casinos agitent le spectre de l’Italie où la libéralisation à outrance des machines à sous a créé un « problème majeur d’addiction » et fourni « aux réseaux mafieux un outil légal pour blanchir l’argent sale ». Une mise en garde relayée par l’Association des maires de France. Il est vrai que les casinos font vivre 60000 salariés dans 201 communes et alimentent leur budget à hauteur de près de 450 millions d’euros par an.

« Les casinos se font peur tout seuls »

Du côté de Bercy comme de la FDJ, on récuse le moindre projet en ce sens. Dans la loi, insiste le gouvernement, « l’offre des jeux sous droits exclusifs de la FDJ, comme celle des casinos, font l’objet d’une définition juridique précise qui n’existait pas en droit. » En clair, il sera interdit à la FDJ de piétiner les plates-bandes des casinos.

« Les casinos se font peur tout seuls, confirme Régis Juanico, député Génération.s de la Loire, auteur de plusieurs rapports parlementaires sur les jeux. La loi a posé tous les verrous pour empêcher que la FDJ ne profite pas de la privatisation pour aller vers des jeux plus addictifs et donc plus rentables. Ce qui aurait pu, c’est vrai, être une tentation. »

Référendum sur ADP : Ou en est-on des 4,7 millions de signatures ?

Le nombre de soutiens validés au référendum d’initiative partagée (RIP), portant sur le caractère de service public des Aéroports de Paris (ADP), atteint environ 834 000, le jeudi 10 octobre.

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