Nestlé, tout pour les actionnaires

Nestlé SA prévoit retourner jusqu’à 20 milliards de dollars aux actionnaires d’ici 2022 et a indiqué son désir d’acquisitions pour aider Mark Schneider, chef de la direction, à maintenir une croissance plus rapide et de meilleures marges bénéficiaires.

Sur neuf mois, son chiffre d’affaires s’est accru de 2,9%, à 68,4 milliards de francs suisses (62,2 milliards d’euros), a indiqué Nestlé. 

traduit de l’anglais – www.bloomberg.com By Corinne Grêler 17 octobre 2019

Le géant suisse de l’alimentation a annoncé jeudi 17 octobre qu’il lancera un nouveau programme de rachat d’actions en janvier et qu’il pourrait le compléter par des dividendes spéciaux au cours des trois prochaines années, après la vente d’une unité de dermatologie de 10 milliards de dollars au début du mois. Elle réorganise également ses activités d’eau embouteillée après une baisse des ventes.

Le directeur général (CEO) Mark Schneider termine sa troisième année à la tête du géant de l’alimentation, au cours de laquelle la valeur marchande de Nestlé a augmenté de près de 80 milliards de dollars. Le fabricant des barres Nescafe et KitKat a acheté plus de 20 sociétés sous la direction du PDG, le premier outsider à obtenir cette position depuis près d’un siècle. Il supprime environ 4 000 emplois liés à la livraison d’aliments surgelés aux États-Unis et a permis à l’entreprise de réaliser des économies de 1,9 milliard de francs (1,9 milliard de dollars) cette année.

Nestle a indiqué qu’elle renforçait encore son orientation en matière de fusions et acquisitions en dévoilant un nouveau groupe de direction à la recherche d’opportunités de croissance, qui sera dirigé par Sanjay Bahadur, un homme d’affaires de 37 ans qui a dirigé des acquisitions pendant la dernière décennie et qui était auparavant directeur financier pour la Chine élargie.

Toutefois, Nestlé a indiqué qu’elle préférerait investir dans l’expansion de ses principales activités et qu’elle réduirait l’objectif de 20 milliards de francs si des acquisitions importantes venaient à se concrétiser.

Le PDG a dit qu’il est difficile de dire dans quelle mesure il est probable que Nestlé distribuera le montant total.

« Dans le cas des acquisitions, il faut toujours prendre les deux côtés », a déclaré M. Schneider lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. « Il faut un acheteur et un vendeur consentants, et tout cela doit se dérouler dans des conditions prudentes et significatives pour nous, alors il faut qu’on voie. »

Schneider a acquis une réputation de négociateur chez son ancien employeur, Fresenius SE, où il a transformé l’entreprise allemande en le plus grand exploitant européen de cliniques de santé privées grâce à plus de 30 acquisitions.

Nestlé procédera probablement à d’autres désinvestissements l’année prochaine avant de faire un achat important dans le domaine de la nutrition médicale ou des sciences de la santé vers 2021, peut-être en expansion aux États-Unis, prédit Alain Oberhuber, analyste à MainFirst Bank.

« Je m’attends à une plus grosse acquisition », a-t-il dit. « Le point d’interrogation est sur le timing. »

Nestlé est également en train de restructurer son unité d’eau embouteillée, dont les ventes sont en voie de connaître une deuxième baisse annuelle en raison de la concurrence féroce qui a détourné les consommateurs des marques bas de gamme de Nestle. Nestlé Waters ne sera plus exploitée en tant qu’activité séparée et sera intégrée dans les trois principales zones géographiques de Nestlé. Maurizio Patarnello, le chef de l’unité, quittera le conseil d’administration de Nestlé.

Saveurs pétillantes

M. Schneider a indiqué que Nestlé concentrera son portefeuille sur les marques d’eaux gazeuses et aromatisées à croissance plus rapide comme Perrier et S. Pellegrino. Cette catégorie devrait être en mesure de stimuler la croissance des ventes jusqu’à 5% à 7% par an à terme, a-t-il dit.

Les actions de Nestlé ont chuté de 1,6 % au cours de la matinée. La plus grande société d’Europe en valeur de marché a enregistré un léger ralentissement de la croissance de ses ventes au troisième trimestre, à 3,7 %, les prix ayant baissé, en particulier dans le secteur du café. Nestle a dit que le ralentissement est temporaire et que les prix s’amélioreront ce trimestre et jusqu’en 2020.

Le nouveau rachat intervient un mois après que les actions de Nestlé se négocient à des niveaux proches des records, et que la taille a dépassé l’estimation de MainFirst de 12 milliards de francs.

Par ailleurs, Nestlé a répété qu’elle achèvera d’ici la fin de l’année l’examen de sa marque de viande transformée européenne Herta, qui est en difficulté. Nestlé a mis l’unité en vente il y a huit mois. La seule offre qu’il a reçue provenait de Bigard, le plus grand transformateur de viande français, et Nestle a trouvé le prix de 300 millions d’euros trop bas, a déclaré Les Echos le mois dernier.

Schneider se rapproche de l’objectif de vente qu’il s’était fixé il y a une dizaine d’années lors de sa première année dans l’entreprise, mais les analystes ne pensent toujours pas qu’il y parviendra en 2020. Après avoir manqué l’objectif de 5 à 6 % pendant quatre ans, l’entreprise a fait appel à Schneider pour accélérer le rythme.

Un collectif d’associations entrave Nestlé Waters

« C’est une victoire sur une multinationale puissante » : à Vittel (Vosges), un collectif d’associations a obtenu le réexamen d’un projet devant permettre à Nestlé Waters de continuer à puiser dans une nappe phréatique déficitaire, contraignant trois communes à pomper l’eau une dizaine de kilomètres plus loin.  

Début octobre, la préfecture des Vosges avait annoncé avoir travaillé avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse « à une solution alternative fondée sur l’optimisation des ressources locales » pour préserver la nappe des grès du Trias inférieur (GTI), principale ressource en eau potable de l’est de la Lorraine. Ce scénario alternatif sera présenté vendredi 18 octobre lors d’un comité de bassin.

Une privatisation de l’eau 

Environ trois millions de m3 d’eau sont prélevés chaque année dans cette nappe phréatique, située à 100 m de profondeur, par trois communes – Vittel, Contrexéville et Bulgnéville – et trois industriels, dont Nestlé Waters (qui détient les marques Vittel, Contrex, Hépar, Perrier…). Ce réservoir d’eau, de très bonne qualité et faiblement minéralisée, présente un déficit annuel d’un million de m3 et se renouvelle lentement.

Pour rétablir l’équilibre, un projet de canalisations souterraines avait été adopté par la commission locale de l’eau (CLE) en juillet 2018. Il prévoyait d’acheminer 500 000 à un million de m3 d’eau potable, pompés dans des captages distants d’une dizaine de kilomètres, jusqu’aux trois communes, permettant ainsi à Nestlé Waters de conserver son autorisation de prélever annuellement un million de m3. Le collectif eau 88 dénonçait « une privatisation de l’eau par Nestlé »

VITTEL : NESTLÉ VA-T-IL PERDRE LA BATAILLE DE L’EAU ?

www.capital.fr – 16/10/2019

A Vittel, un collectif semble en passe de remporter la bataille de l’eau contre Nestlé. Un projet devant permettre à la branche eau du géant suisse de continuer à puiser dans une nappe phréatique déficitaire va être réexaminé.

Vents contraires pour Nestlé Waters, la branche eau du géant helvétique de l’agroalimentaire. A Vittel, un collectif d’associations a obtenu le réexamen d’un projet devant lui permettre de continuer à puiser dans une nappe phréatique déficitaire, contraignant trois communes à pomper l’eau une dizaine de kilomètres plus loin. « C’est une victoire sur une multinationale puissante », s’est enthousiasmé le collectif. Début octobre, la préfecture des Vosges avait annoncé avoir travaillé avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse « à une solution alternative fondée sur l’optimisation des ressources locales » pour préserver la nappe des grès du Trias inférieur (GTI), principale ressource en eau potable de l’est de la Lorraine. Ce scénario alternatif sera présenté vendredi lors d’un comité de bassin.

Environ trois millions de m3 d’eau sont prélevés chaque année dans cette nappe phréatique, située à 100 m de profondeur, par trois communes – Vittel, Contrexéville et Bulgnéville – et trois industriels, dont Nestlé Waters (qui détient les marques Vittel, Contrex, Hépar, Perrier…). Ce réservoir d’eau, de très bonne qualité et faiblement minéralisée, présente un déficit annuel d’un million de m3 et se renouvelle lentement. Pour rétablir l’équilibre, un projet de canalisations souterraines avait été adopté par la commission locale de l’eau (CLE) en juillet 2018. Il prévoyait d’acheminer 500.000 à un million de m3 d’eau potable, pompés dans des captages distants d’une dizaine de kilomètres, jusqu’aux trois communes, permettant ainsi à Nestlé Waters de conserver son autorisation de prélever annuellement un million de m3.

Le collectif eau 88 dénonçait « une privatisation de l’eau par Nestlé », selon l’un de ses membres, Bernard Schmitt. Porte-parole de Nestlé, Françoise Bresson souligne la « baisse constante » de ses prélèvements, réduits selon elle « de 30% depuis 2010 » pour être ramenés à « 630.000 m3 fin 2019 ». « On a prévu de les diminuer encore de 5% en 2020 pour arriver à 600.000 m3 », a-t-elle ajouté, interrogée par l’AFP.

L’eau puisée dans la nappe des GTI est vendue exclusivement à l’export sous la marque « Bonne source », principalement en Allemagne et en Suisse, où 250 millions et 43 millions de bouteilles ont respectivement été commercialisées en 2018. Le scénario alternatif, présenté au comité de bassin, reposerait sur la mise en place d’un observatoire des ressources en eau, « la priorité donnée aux habitants » et « la recharge rapide de la nappe des GTI », croit savoir M. Schmitt.

« On ne peut pas retrouver un équilibre de la nappe sans éliminer une part importante des prélèvements. Depuis trente ans, on a perdu trente million de m3, on ne va pas la reconstruire avec une économie de 100.000 m3 », observe Jean-François Fleck, également membre du collectif. Dans un communiqué, des élus vosgiens réclament « un véritable +contrat de territoire+ afin de revenir sur les fondamentaux, à savoir par ordre de priorité: le retour à l’équilibre de la nappe, le service public de l’eau aux habitants, l’utilisation de l’eau à des fins industrielles ».

« L’enjeu de l’eau est fondamental, on est minéralier donc on n’a aucun intérêt à assécher une source ou à ne pas être en lien avec notre territoire », souligne Mme Bresson, qui espère « une solution concertée, avec tous les acteurs ». Le collectif Eau 88 dit rester « vigilant ». « C’est un virage, une nouvelle étape, mais Nestlé Waters n’est pas prêt à renoncer à ses prélèvements », avance M. Fleck.

.Une enquête judiciaire avait jeté le discrédit sur ce projet. Une conseillère départementale et ancienne présidente de la CLE, Claudie Pruvost, est poursuivie pour « prise illégale d’intérêts ». Son époux, ancien cadre chez Nestlé Waters, avait présidé une association qui avait participé à l’élaboration du projet. Nestlé Waters emploie un millier de salariés sur ses sites de Vittel et Contrexéville qui produisent 1,5 milliard de bouteilles par an, toutes marques confondues. Un plan de réorganisation prévoit le non-remplacement d’une centaine de départs d’ici à 2022.

Le saviez-vous ?

Nestlé ne fait pas seulement dans l’alimentaire, l’entreprise possède des marques de produits cosmétiques, mais également des médicaments. Le groupe dispose d’actions chez Galderma (produit pour la peau) et chez l’Oréal (actionnaire à 29,7 %, presque autant que la famille Bettencourt) grande entreprise possédants plusieurs marques de shampoing, parfums et autres produits (Vichy, Sanoflore, Lancôme, Yves Saint Laurent, Biotherm, Diesel, Cacharel, Garnier, Maybeline, The body shop…).

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