PSG : c’est quoi, la prime d’éthique !?!

Les jours passent et les révélations gênantes s’accumulent pour le Paris Saint-Germain. France 2 et Envoyé Spécial ont diffusé un reportage sur les coulisses du club de la capitale, évoquant notamment le fichage ethnique effectué par les recruteurs parisiens, mais pas que.

Le sujet pointe notamment du doigt la rémunération des stars du club parisien et notamment des primes d’éthique perçues, impliquant notamment l’obligation d’aller saluer et remercier les supporters avant et après chaque rencontre.


Les plus jeunes appellent cela une punchline, les moins jeunes une phrase forte. Celle qui ressort du sujet d’Envoyé spécial, diffusé le jeudi 8 novembre sur France 2, consacré au PSG dans le cadre des révélations des Football Leaks, est la suivante : « Neymar touche 375.000 euros net pour aller saluer les supporters ». Ce montant est en fait celui de la prime d’éthique incluse dans le contrat du joueur. Tous les footballeurs professionnels du PSG en touchent une, proportionnelle (à hauteur de 12%) à leur salaire. Celle du capitaine, Thiago Silva, avait été dévoilée fin 2016, déjà par les Football Leaks : elle s’élève à 33.333 euros. Des chiffres qui ont de quoi choquer. Raison de plus pour s’y attarder.

« Envoyé Spécial », en partenariat avec le consortium de médias européens – dont Médiapart – ont mis notamment en lumière le système de primes d’éthique. Mais au fait, c’est quoi les primes d’éthique ?


« 375.000 euros par mois de bonus pour saluer et remercier les supporters. » Voilà ce qu’on peut entendre dans le reportage d’ »Envoyé Spécial« , jeudi soir, sur le Paris Saint-Germain et les révélations de Football Leaks. Ce montant, destiné au Brésilien Neymar, a surpris et même choqué certains. Pourtant, ce type de rémunération est monnaie-courante dans le monde du foot.

La prime, partie intégrante du salaire. La prime d’éthique n’est en fait pas un bonus mais une sorte de malus infligé au joueur, « intégré au salaire mensuel », explique-t-on au Paris Saint-Germain, à Europe 1. Tous les autres joueurs, comme le révèle le reportage, ont une prime d’éthique selon leur standing. Cela peut aller de « 33.000 euros à 375.000 euros » donc pour la star brésilienne. Ce que confirme le club de la capitale. Mais il ne suffit pas d’applaudir les supporters pour percevoir l’intégralité de cette prime.

crédit : FRANCK FIFE / AFP

Respecter 12 règles

Les joueurs doivent respecter 12 règles au total. Le comportement « envers ses coéquipiers, adversaires », la « ponctualité et l’assiduité » aux entraînements ou encore le « respect des engagements des joueurs envers les médias », autant de points que le joueur du Paris Saint-Germain doit respecter pour espérer toucher, chaque mois, l’intégralité de sa prime. Et donc le bon comportement vis-à-vis des  supporters.

Le club précise à Europe 1 « qu’aucun joueur n’a jamais été pénalisé pour ne pas avoir applaudi les supporters » en fin de rencontre. Quand bien même Neymar ou d’autres rechignaient à venir aux abords des tribunes Boulogne ou Auteuil au coup de sifflet final.

Paris est-il le seul à appliquer une prime d’éthique ? Non. D’autres clubs, de tous niveaux, l’appliquent. C’est le cas par exemple à Lyon. A l’époque où ils portaient le maillot lyonnais, Mathieu Valbuena et Alexandre Lacazette avaient respectivement une prime d’éthique de 30.000 et 20.000 euros mensuels.

Au Clermont Foot, en Ligue 2, on utilise également ce procédé. « La prime d’éthique, c’est 2% du salaire mensuel, et c’est inclus dans le salaire », explique à Europe 1 le président clermontois Claude Michy, qui donne cet exemple : « Un joueur, très charmant au demeurant, a pris un carton jaune et s’est ensuite battu sur le terrain. He bien, je lui ai retiré sa prime d’éthique sur la saison entière. »

Aurier et Verratti se sont vus retirer leur prime d’éthique. Dans un passé plus ou moins proche, le Paris Saint-Germain a retiré la prime d’éthique à certains de ces joueurs, comme Serge Aurier lors de « l’affaire Periscope », ou plus récemment à Marco Verratti qui avait été contrôlé avec un taux d’alcoolémie au-dessus de la limite autorisé.  Le club indique que le montant est d’ailleurs « reversé à la fondation PSG ».

Seule différence, de taille, les montants. Ils ne sont bien évidemment par les mêmes, « c’est proportionnel au talent », confie dans un sourire le patron du 9e de Ligue 2. « Mais c’est le meilleur moyen de sensibiliser les joueurs sur le respect des règles. Pour qu’ils comprennent, il faut toucher à leur porte-monnaie. Quand on franchit la ligne jaune, il faut punir. On ne punit plus, il y a un laisser-aller dans notre société. » A Paris, Clermont ou dans d’autres clubs, la prime d’éthique est donc le moyen le plus efficace pour que les joueurs respectent les règles préétablies par le club.

Un malus plutôt qu’un bonus.
En théorie, cette notion particulière de « l’éthique » ratisse pourtant très large : comportement exemplaire vis-à-vis des coéquipiers, des adversaires et des arbitres ; interdiction de parier sur des matchs des compétitions auxquelles participe le PSG ; respect du personnel du club ; ponctualité et assiduité aux entraînements ; ne pas consulter son téléphone ou sa tablette dans le vestiaire ; aller applaudir les supporters à la fin des rencontres ; respect des engagements médiatiques… Sur ce dernier point, notons, à titre d’exemple évocateur, que répondre à un journaliste sans en avertir le club au préalable est passible de cette sanction, ce qui était arrivé à Javier Pastore fin 2011.
(www.lci.fr/football – 09/10/19)

Les dirigeants parisiens ont tenu à réagir dans Le Parisien : « Saluer les supporteurs n’est que l’une des règles qui, si elle est respectée, permet aux joueurs de toucher une prime d’éthique ». Les autres règles d’éthique sont notamment l’exemplarité du comportement envers l’ensemble des acteurs du monde professionnel, la ponctualité, l’assiduité aux entraînements ou encore  « l’absence de paris liés à des compétitions auxquelles participe le club ». Le club de la capitale précise également que cette prime est surtout un moyen de rappeler aux joueurs qu’ils incarnent « l’image et les valeurs du club ».

En Angleterre, le « loyalty bonus ».
En France, la prime d’éthique s’est généralisée dans le sillage du PSG, affirment de nombreux agents. Mais seuls trois cas sont publiquement connus : Paris, Lyon et… Clermont Foot, où la prime représente 2% du salaire. Elle est aussi répandue dans le Top 14 de rugby, où le Racing 92 ou Toulon y ont aussi recours, sans se cacher. Et dans le football étranger ? Elle n’existe pas en Espagne ou en Italie, par exemple, car le droit du travail y permet de faire des retenues directes sur salaire. Mais en Angleterre, le « loyalty bonus », inclus dans certains contrats, comme celui de Mario Balotelli avec Liverpool signé en 2014, reprend le concept.  L’Italien touchait un millions de livres (1,194 million d’euros) en plus à la fin de chaque saison s’il n’était pas exclu trois fois pour « comportement violent » ou… « crachat sur un adversaire ». Cela ne s’invente pas.

Les détails du contrat d’Hatem Ben Arfa au PSG dévoilés aux prud’hommes

17 octobre 2019 – L’Equipe

Les chiffres exacts du contrat qui liait Hatem Ben Arfa au club parisien ont été dévoilés ce mercredi lors de l’audience du conseil des prud’hommes dans le litige qui oppose le joueur à son ancien club.


Hatem Ben Arfa, ici sous les couleurs du PSG.
A. Mounic/L’Equipe

Une grande opacité entoure généralement les contrats des footballeurs. Mais puisqu’il était au coeur des débats, ce mercredi, lors de l’audience des prud’hommes, celui qui liait le PSG à Hatem Ben Arfa a été étalé dans ses moindres détails.

Signé le 1er juillet 2016 pour deux saisons, le contrat prévoyait un salaire mensuel brut de 500 000 euros par mois, divisé en deux parties : une rémunération forfaitaire de 425 000 euros et une prime d’éthique de 75 000 euros. Cette dernière était conditionnée à certains objectifs, comme le fait pour le joueur de ne pas dire de mal de son club dans les médias ou d’arriver à l’heure aux entraînements. Elle a été refusée au joueur une fois, en décembre 2017.

Une rémunération variable importante

Une importante part de rémunération variable était prévue. L’attaquant pouvait prétendre à une prime individuelle de 2,12 M€ chaque semestre s’il jouait au moins 60 % des matches du PSG (titularisations et entrées en jeu comprises). Il n’a touché cette prime qu’une fois sur quatre, lors de son premier semestre au PSG, et réclame les 6,36 M€ restants en dommages et intérêts.

L’accord prévoyait aussi une prime collective annuelle, qu’Hatem Ben Arfa n’a pas touchée lors de sa seconde année au club et qu’il réclame. Lors de la saison 2017-2018, celle-ci « pouvait atteindre 416 000 euros au maximum » si le joueur disputait dix matches sur au moins huit mois, a précisé Me Marie-Hélène Cohen-Guilleminet, l’avocate du club de la capitale.

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DOSSIER. PSG: LA PRIME D’ÉTHIQUE, LES DESSOUS D’UNE CONTROVERSE

Écrit par Céline Crespin 19 novembre 2018

Le 8 novembre dernier, l’émission hebdomadaire Envoyé Spécial sur France 2 divulguait des informations concernant le montant des primes d’éthique accordées aux joueurs du Paris Saint-Germain. Depuis la diffusion du magazine d’information, cette annonce fait grand bruit. Pour en comprendre la raison, Au Stade s’est penché sur cette affaire. 


Les supporters occupent une place importante dans la vie des clubs de football. Outre leur présence dans les stades et les bénéfices économiques que cela engendre, ils apportent soutien et encouragements aux acteurs présents sur le terrain. Leur surnom de « douzième homme » est donc loin d’être usurpé. Pour les remercier, les joueurs ont l’habitude de les applaudir à chaque rencontre. Cette communion presque idyllique entre spectateurs et footballeurs est pourtant mise à mal depuis les révélations d’Envoyé Spécial. En insistant sur la rémunération des joueurs du PSG pour ce type de geste dans le cadre de la prime d’éthique, le magazine creuse un fossé entre les footballeurs de la capitale française et leurs supporters. Loin de vouloir polémiquer, nous allons plutôt essayer d’en apprendre davantage sur les conditions de la prime d’éthique. Ces informations nous permettront ainsi de mieux comprendre son objectif.

Crédits photo : C.GAVELLE / PSG

La prime d’éthique, un synonyme d’image exemplaire pour le PSG calculé à partir du salaire du joueur

2011 est une année importante dans l’histoire du Paris Saint-Germain. C’est effectivement en 2011 que l’émir qatari Tamim ben Hamad Al Thani devient propriétaire du club à travers le fonds d’investissement Qatar Sports Investments (QSI). L’objectif de l’émir est clair. Il souhaite faire du PSG un club européen prestigieux ainsi qu’une marque mondialement reconnue. Pour y parvenir, le PSG doit jouir d’une image irréprochable. La création d’une prime d’éthique instaurée cette même année prend alors tout son sens. Il s’agit d’une rémunération accordée aux joueurs parisiens pour les inciter à adopter une attitude exemplaire.

Cependant, tous les joueurs du PSG ne perçoivent pas un montant identique. En effet,  selon Envoyé Spécial, la prime d’éthique de Neymar s’élèverait à 375 000 euros par mois tandis que celle de Thiago Silva n’excéderait pas 33 000 euros. À première vue, cet écart intrigue. Néanmoins, il est uniquement le reflet de la différence salariale entre les footballeurs parisiens. En effet, la prime d’éthique est proportionnelle au salaire des joueurs. Il est cependant difficile d’avoir précisément accès à son pourcentage. En effet, selon les médias, les informations varient. D’après LCI, ce montant atteindrait une hauteur de 12% du salaire. Pour Eurosport, elle n’excéderait en revanche pas 5%. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : mieux un joueur est payé, plus le montant de sa prime d’éthique est élevé.

Les conditions de la prime d’éthique

Pour percevoir la prime d’éthique, les joueurs du PSG doivent respecter plusieurs obligations. Saluer et remercier les supporters en fait partie. Cependant, le défenseur Thomas Meunier rappelle sur Twitter que cette obligation est loin d’être la seule.  Didier Quillot le confirme. Invité dans l’émission Breaking Sport sur RMC, la déclaration du directeur général de la LFP est claire. La prime d’éthique comporte onze points. À tout moment, le joueur doit ainsi avoir un comportement exemplaire, remercier les supporters avant et après chaque rencontre mais aussi être ponctuel et assidu aux entraînements. Le joueur s’engage également à respecter le calendrier international et ne jamais publier des vidéos en ligne durant ces activités avec le club. Par ailleurs, il doit honorer ses obligations avec l’équipementier et ne jamais participer à un pari sportif. Le footballeur s’engage aussi à respecter les règles fiscales françaises. La propagande politique et religieuse sont interdites. Il en est de même pour la critique des choix tactiques du club et de l’institution sportive dans son ensemble.

La prime d’éthique, une rémunération financière généralisée à d’autres clubs

Ces derniers jours, l’attention médiatique concernant la prime d’éthique se focalise essentiellement sur le PSG. Cependant, le club parisien n’est pas le seul à y avoir recours. D’après le journal L’Équipe, l’Olympique Lyonnais l’utilise depuis 2014. Les joueurs de Clermont Ferrand y sont également familiers. En effet, selon le média local Cyberbougnat, ils perçoivent depuis 2013 une prime d’éthique correspondant à 2% de leur salaire brut mensuel. Par ailleurs, la prime d’éthique ne se limite pas exclusivement aux clubs de football français. En rugby, des clubs comme le Racing 92 ou Toulon prévoient effectivement une prime d’éthique dans le contrat des joueurs.

En France, la prime d’éthique est légale car elle s’inscrit dans la continuité du droit français.  Effectivement, l’article L1331-2 du Code du travail explique que les sanctions pécuniaires et amendes sont interdites à l’encontre d’un salarié. Or la prime d’éthique est considérée comme un complément de salaire. Par conséquent, la supprimer n’est pas illégale dès lors que le comportement d’un joueur porte préjudice à l’image de son club. En revanche, à l’étranger, la loi est différente. D’après LCI, une telle prime en Espagne ou en Italie est impossible.  Dans ces pays, le droit du travail permet effectivement aux clubs d’appliquer directement des retenues sur le salaire d’un sportif si son comportement déplaît. La création d’une prime d’éthique n’est alors pas nécessaire.

Pour conclure, la prime d’éthique est un complément de revenu encadrant le comportement d’un joueur pour ne pas porter préjudice à son club. Elle n’est pas spécifique au PSG puisque d’autres clubs sportifs français l’utilisent également. Si la Charte du football prévoit déjà d’encadrer l’attitude du sportif, la prime d’éthique apporte cependant un aspect financier indéniable aux valeurs promues dans ce sport. Mais, que l’on y soit favorable ou non, il serait toutefois réducteur d’assimiler la prime d’éthique à une simple prime d’applaudissements.

L’UNFP en guerre contre les primes d’éthique

Le syndicat des joueurs conteste le droit aux clubs de soustraire, de manière unilatérale, une partie du salaire des joueurs en cas de mauvais comportement.

Dans un courrier que nous avons pu consulter, adressé le 4 juillet à la commission juridique de la LFP, avec copie à l’ensemble des dirigeants français, Philippe Piat, le coprésident de l’UNFP, est formel. « Concernant les primes d’éthique, qui ont fleuri depuis quelques temps dans les contrats de joueurs et que vous avez homologuées, écrit-il, nous vous rappelons qu’elles ne sont pas évoquées dans la convention collective et n’auraient pas dû, de ce fait, compte tenu de leur importance et de leur pourcentage du salaire, être homologuées sans consultation des partenaires sociaux dont, rappelons-le, l’avis doit être unanime pour une éventuelle interprétation. Il s’ensuit des conflits qui auraient pu être évités […]. Aucune procédure respectant les droits de la défense n’est mise en oeuvre […]. De notre point de vue, ces clauses constituent de véritables sanctions financières prohibées, et à tout le moins, visent à en contourner l’interdiction, ce que la Ligue ne saurait plus longtemps cautionner au travers de leur homologation. »

L’UNFP considère par ailleurs que la commission juridique ne peut pas être objective, car ses membres sont nommés par le conseil d’administration de la LFP, où les clubs sont majoritaires, contrairement aux recommandations de la FIFA (circulaires 1010 et 1129).

L’UNFP dénonce aussi «la signature d’avenants occultes pour les mineurs»

Cette mise en cause a été jugée « inacceptable et totalement infondée » par Maxime Pigeon, le président de la commission juridique. Mais Piat ne désarme pas et si rien ne change, il promet d’entamer tous les recours nécessaires pour défendre les intérêts des joueurs qu’il estime mis à mal.

Car, outre les primes d’éthique, le dirigeant syndical dénonce « la signature d’avenants occultes, notamment pour les mineurs », qui se multiplient depuis quelques années, ou encore le non-respect de « l’article 507 de la convention collective qui limite le principe et la durée des mises à l’écart de joueurs. » L’UNFP a ainsi dénombré cent quarante-sept joueurs mis à l’écart de manière irrégulière lors de la saison 2018-2019.

L’Equipe – Etienne Moatti – 01 août 2019 

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