Bretagne, Algues vertes : tous co-responsables !

En Bretagne, les marées vertes, nourries par des pratiques agricoles intensives, seraient responsables de plusieurs décès. Pourquoi les algues vertes sont-elles dangereuses? Que fait l’État pour contrer leur prolifération ?

Mis à jour le 06/02/2020

Ces algues vertes à l’odeur nauséabonde qui envahissent le littoral breton dégagent un gaz toxique potentiellement mortel à très haute dose, l’hydrogène sulfuré (H2S). Ce gaz « anesthésie le nerf olfactif, paralyse le système nerveux et respiratoire et tue aussi rapidement que le cyanure« , raconte Inès Léraud dans ce livre-enquête, illustré par le dessinateur Pierre Van Hove. 

LE DÉNI DES AUTORITÉS PUBLIQUES 

On apprend que ces marées vertes ont déjà fait plusieurs victimes. Un médecin urgentiste à Lannion s’est interrogé dès 1989 sur les causes du décès d’un joggeur retrouvé englué dans un amas d’algues sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Le lanceur d’alerte n’a jamais eu accès aux résultats d’autopsie… 20 ans plus tard, en 2009, c’est un employé en charge du ramassage des algues vertes qui meurt brutalement d’un arrêt cardiaque au pied de son camion… En 2011, le cheval d’un cavalier en promenade sur une plage recouverte d’algues s’effondre foudroyé, et des dizaines de sangliers sont retrouvés morts sur sur le sable… Mais les autorités sanitaires peinent à reconnaître un lien de cause à effet. On découvre dans cet ouvrage, très pédagogique et très bien documenté, comment la loi du silence s’est imposée.

L’enquête – Le scandale des algues vertes.  Que se passe-t-il en Bretagne où les algues vertes ont refait surface ces derniers mois sur plusieurs plages des Côtes d’Armor et du Finistère? Comment expliquer le retour de ce fléau environnemental? Et, surtout, ces algues sont-elles mortelles pour l’homme? Ces derniers mois, on compte plusieurs décès suspects…
C Politique – 06/10/19

En 2009 – Chantal Jouanno, alors secrétaire d’état à l’environnement, demande une expertise, qui met en cause sans discussion possible le H2S émanant des algues vertes, dont des doses toxiques sont retrouvées sur les lieux de l’accident. Elle commente : « Les doses de gaz sur les algues en décomposition, cet hydrogène sulfuré, sont le double des doses mortelles. Ce qui m’a frappée dans ce dossier est le nombre d’années où on a joué la politique de l’autruche. » – – – On ne peut mieux dire !

Bretagne : polémique autour d’un projet d’extension de porcherie sur un bassin algues vertes à Hillion 

Mardi 28 janvier 2020

En Bretagne, les agrandissements de porcheries sont des sujets sensibles. Particulièrement dans la baie de Saint-Brieuc où s’échouent chaque été des algues vertes. Le lundi 27 janvier, un agriculteur venu présenter une extension lors du conseil municipal d’Hillion, a dû faire face à des opposants.

Avis défavorable du conseil municipal

« Considérant que le dossier ne permet pas de déterminer si l’opération projetée ne nuira pas à l’environnement« , le conseil municipal émet un avis défavorable au projet d’extension de la porcherie. Le conseil sollicite également la commission locale de l’eau « pour recueillir son avis qui attestera que cette extension puisse se réaliser dans des conditions qui préserverons l’environnement« . 

ARTICLE COMPLET – Par Johan Moison, France Bleu Armorique, France Bleu Breizh

LA FAUTE À L’AGRICULTURE INTENSIVE ? 

Les algues prolifèrent du printemps à l’automne sur le littoral breton à cause des nitrates qui agissent comme des superfertilisants. Ils sont présents dans les sols et se répandent par ruissellement vers la mer. L’utilisation massive d’engrais sur les cultures et l’épandage de déjections animales sur les terres engendrent une augmentation du taux de nitrates. En Bretagne, le taux de nitrate dans les rivières a été multiplié par 10 depuis les années 60. 

Si l’État reconnaît l’origine agricole des marées vertes depuis 1999, les agriculteurs et les professionnels de l’agro-alimentaire n’ont cessé de minimiser leur responsabilité face à la prolifération d’algues vertes. En 2012, un rapport interministériel dénonce la « stratégie de l’incertitude » mise en place par la filière agro-alimentaire. L’association Halte aux marées vertes, dont le siège se trouve en baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), n’a cessé de se mobiliser pour réclamer un changement de modèle agricole. 

Si certains agriculteurs témoignent dans la BD de leur volonté de sortir d’un système polluant, ils témoignent également de leurs difficultés financières qui les empêchent de choisir la voie de la reconversion. 

LES PLANS ALGUE VERTE CRITIQUÉ 

Chaque année, sur le littoral breton, environ 50 000 tonnes d’algues vertes sont ramassées par chargeurs, tractopelles et camions. Dès 2010, le gouvernement de François Fillon a débloqué des moyens pour nettoyer les plages. Ce plan de lutte contre les algues vertes a été reconduit pour durer jusqu’en 2021. Il concerne le nettoyage des plages mais aussi l’accompagnement de 3 500 exploitations agricoles, soit 10 % des exploitations bretonnes. Son ambition est de maîtriser la prolifération des algues d’ici 2027.

Des recommandations sont proposées aux agriculteurs pour limiter la « fuite des nitrates » dans le sol. Une enveloppe de 55 millions d’euros a été allouée pour accompagner les agriculteurs et nettoyer le littoral, mais pour l’association France Nature Environnement, elles ne s’attaquent pas assez aux causes profondes du problème :  » Les financements conséquents du deuxième Plan de lutte contre les algues vertes 2017 -2021 pourraient être mieux utilisés, au profit notamment de l’expérimentation des changements de modèles à l’échelle territoriale« , estime l’association dans un communiqué sur le sujet. De son côté l’association Eau et rivières de Bretagne  attend de l’État une réglementation plus contraignante, comme elle l’indique dans un communiqué publié sur son site le 3 juillet : « Les objectifs ne sont pas assez ambitieux« . 

Article – www.mouvement-up.fr – Publié le  12 juillet 2019

Le scandale des algues vertes décrypté en BD

EN LIBRAIRIE – Depuis près de 40 ans, des algues vertes toxiques envahissent les plages bretonnes du Finistère aux Côtes-d’Armor. Mais d’où viennent-elles et pourquoi les autorités ont-elles mis autant de temps à reconnaître leur dangerosité ? Réponse dans cette BD à lire d’urgence, Algues vertes , l’histoire interdite, une enquête choc de la journaliste Inès Léraud.

Cette bande dessinée qui révèle les dessous d’un véritable scandale sanitaire est sortie le 12 juin et elle est déjà en réimpression. Un succès largement mérité, au moment où le fléau des algues vertes revient sur le devant de la scène médiatique. Cet été, encore, elles sont soupçonnées d’avoir causé la mort d’un ostréiculteur de 18 ans, victime d’un arrêt cardiaque dans la baie de Morlaix. La fermeture, ces derniers jours, de plusieurs plages dans les Côtes-d’Armor et dans le Finistère nous rappellent que le sujet est un véritable problème de santé publique.

Algues Vertes, l’histoire interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, Editions La Revue dessinée, Delcourt, 19,99 euros.

Algues vertes en Bretagne : 4 points pour comprendre le problème

14 septembre 2019 / Gaspard d’Allens 

Une marée pestilentielle s’est abattue cet été sur les côtes bretonnes. Les algues vertes y ont proliféré de manière exceptionnelle, prenant de court les autorités. Des dizaines de milliers de tonnes ont recouvert le sable fin. Six plages ont été interdites au public près de la baie de Saint-Brieuc. Une usine de traitement, saturée, a même dû fermer en urgence. Alors que s’achève la période estivale, Reporterre revient sur ce dossier toxique qui empoisonne le littoral breton depuis des décennies. D’où viennent ces algues vertes ? Que risque t-on ? Que fait le gouvernement ?

Ce week-end, le 14 et 15 septembre, des militants écologistes se retrouvent sur la plage de Planguenoual (Côte-d’Armor) pour le premier salon littéraire consacré à ces algues vertes. À l’honneur : la bande dessinée d’Inès Léraud et de Pierre Van Hove, vendue à plus de 30.000 exemplaires. Ce livre retrace plusieurs années d’enquête sur le terrain et dénonce le mensonge des élus, la mise à l’écart des experts, la pression des lobbies de l’agro-industrie. « Les algues maudites sont le symptôme d’un mal profond », écrit Inès Léraud. Les associations écologistes mobilisées ce week-end espèrent « une prise de conscience plus générale » et « un regain d’actions »

D’où viennent-elles ?

Ces marées à l’odeur putride ne sont pas récentes. Le phénomène a été observé la première fois en 1971, à Saint-Michel-en-Grève, près de Lannion. « L’algue Ulva armoricana est présente naturellement sur les côtes françaises, rappelle France Nature EnvironnementElle se développe sans support dans une frange de l’eau de mer de certaines plages et s’échoue en partie à marée descendante. » Sa croissance en Bretagne s’explique par trois raisons : la mer est peu profonde et claire, ce qui permet une photosynthèse efficace ; le faible courant ne permet pas de disperser les algues au large ; et enfin, les eaux sont saturées de nutriments dont les algues se nourrissent — à savoir le phosphore et l’azote directement issus des nitrates.


Les marées vertes apparaissent surtout à partir du printemps, mais il arrive, comme en ce début du mois de décembre, qu’elles soient encore présentes, comme ici dans la baie de Saint-Brieuc.

Le lien entre le développement de l’agriculture industrielle et les algues vertes n’est plus à démontrer. Dans les années 1960, le taux moyen de nitrate dans les eaux bretonnes ne dépassait pas les 5 mg/litre. Aujourd’hui, il est estimé à environ 33 mg/litre. Ce taux a culminé dans les années 2000 autour de 50 mg/litre avant de baisser progressivement. Il stagne désormais depuis plus de trois ans.

Ces nitrates proviennent à 94 % de l’agriculture. Ils sont présents dans les engraisutilisés pour fertiliser les cultures et dans les déjections animales issues de l’élevage. En Bretagne, l’élevage est extrêmement intensif. La région ne couvre que 7 % de la surface agricole française, mais concentre 50 % des élevages de porcs français, 50 % des élevages de volailles et 30 % des bovins. « La quantité de lisier, de fientes et de fumier produite chaque année dans les quatre départements bretons équivaut aux déjections émises par 50 millions d’habitants ! », évalue l’association Eaux et rivières de Bretagne. Pour Greenpeace« si l’on veut arrêter les marées vertes, il faut diviser par trois le taux de nitrate dans l’eau pour le ramener à 10 mg/ litre ».

Quels sont les risques sanitaires ?

En pourrissant sur le sable, les algues vertes dégagent du sulfure d’hydrogène (H2S). « Un gaz qui, à concentration élevée, peut s’avérer mortel en quelques minutes », prévient André Ollivro, le président de l’association Halte aux marées vertes.

Depuis trois décennies, plusieurs décès suspects ont été recensés sur le littoral. Une sombre litanie. Le premier drame remonte à juillet 1989. Cette année-là, le corps d’un jeune homme était retrouvé trois jours après sa disparition à Saint-Michel-en-Grève. Les causes de sa mort étaient obscures, mais elles ont interpellé le docteur Pierre Philippe, un des premiers lanceurs d’alerte. Le jeune homme était en effet allongé sur un épais tapis d’algues. Dix ans plus tard, le 5 juillet 1999, un ramasseur d’algues a été retrouvé inconscient, presque au même endroit. La victime restera plusieurs jours dans le coma et quatre mois à l’hôpital.

Le 22 juillet 2009, Thierry Morfoisse, 48 ans, est mort au pied de son camion de ramassage d’algues alors qu’il effectuait sa troisième collecte de la journée. Le tribunal des affaires sociales de Saint-Brieuc a reconnu, en juin 2018, soit neuf ans plus tard qu’il s’agissait bien d’un accident du travail. Thierry Morfoisse n’avait aucun matériel de protection. Une semaine après ce drame, le 28 juillet 2009, un cheval s’écroulait dans des algues putréfiées, et mourait. Son cavalier resta plusieurs jours dans le coma. En 2011, 36 sangliers étaient retrouvés morts sur une grève de l’estuaire du Gouessant. En 2016, un joggeur de 50 ans s’affaissait au même endroit.

« 
Un gaz qui, à concentration élevée, peut s’avérer mortel en quelques minutes », prévient André Ollivro, le président de l’association Halte aux marées vertes.

Inès Léraud et Pierre Van Hove racontent tous ces éléments dans leur livre Algues vertes, l’histoire interdite (aux éditions Delcourt, 2019) et mènent une véritable investigation. Ils montrent comment des pièces compromettantes ont été retirées des dossiers ou comment des demandes d’autopsie ont été refusées par les autorités. Interrogée par le Guardian, Inès Léraud pense que l’étendue du scandale pourrait être beaucoup plus ample : « Environ vingt personnes meurent chaque année sur la côte, souvent emportées par les marées ou les courants. La question qui se pose est la suivante : certaines de ces personnes pourraient-elles s’être évanouies à cause du gaz toxique provenant d’algues, avant d’être emportées ? L’État n’a pas fait la lumière sur ces questions. »

Que s’est il passé cet été ?

Cet été, la Bretagne a connu une vague d’algues vertes intense et précoce. En grande partie en raison des conditions météorologiques. Un hiver doux, un printemps pluvieux et la canicule ont permis la prolifération de ces végétaux toxiques. Le phénomène s’est aussi élargi. Les marées vertes ont frappé des communes distantes de milliers de kilomètres, de la Normandie à la Gironde.

À titre d’exemple, autour d’Hillion (Côtes-d’Armor), plus de 9.500 tonnes d’algues vertes ont été ramassées entre mi mai et début septembre. Soit beaucoup plus qu’en 2018. L’année dernière, 3.400 tonnes avaient été récoltées.

Thierry Burlot, vice-président du conseil régional breton, évalue à 35.000 tonnes les algues vertes collectées en 2019 dans toute la région. Cela représente un coût non négligeable : plus d’1,5 million d’euros ont dû être consacrés au nettoyage des plages. Si l’on prend en compte le préjudice économique et touristique causé à la région depuis 30 ans, le chiffre s’envole. Les marées vertes auraient coûté plus d’un milliard d’euros à l’État et à la région. C’est-à-dire aux contribuables.

Que fait l’État ?

Le premier plan de lutte contre les algues vertes qui visait à faire baisser les taux de nitrate dans l’eau date de 2010. L’État a été sommé d’agir après la mort de Thierry Morfoisse et après une décision de justice du 1er décembre 2009 où la Cour d’appel administrative de Nantes jugeait l’État responsable de la prolifération des algues. Quels en sont aujourd’hui les résultats ? Malgré les fonds investis, 177 millions d’euros entre 2010 et 2015 puis 55 millions d’euros entre 2017-2021, « les avancées restent assez modérées car elles dépendent de la bonne volonté des agriculteurs. Il n’y a pas de contrainte », regrette Greenpeace.

Les association locales dénoncent, de leur côté, « la débâcle des élus et des administrations »« Il faut reprendre à la base le problème et changer de modèle agricole en stoppant l’agrandissement des structures », disent-elles.

À l’inverse, l’État promeut toujours le système intensif. Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et ancien président de la région Bretagne, est très proche des lobbies agro-industriels bretons. Le 24 décembre 2018, le gouvernement a déposé un nouveau décret pour simplifier encore les autorisations de ferme usines dans les régions concernées par les algues vertes.

#SurLeFront : le problème des algues vertes en Bretagne

🔴LE SCANDALE DES ALGUES VERTES🔴Ces algues ont-elles tué en Bretagne ? La veuve d'une victime accuse les autorités d'avoir voulu cacher la vérité. Les algues vertes sont apparues il y a une cinquantaine d’années avec le développement de l’élevage intensif, qui rejette des nitrates dans l’océan. En pourrissant, elles dégagent un gaz très dangereux : l’hydrogène sulfuré. Nous avons enquêté sur un scandale sanitaire et écologique qui empoisonne la vie des habitants.Les Bretons/Bretonnes, on attend vos témoignages en commentaires !#SurLeFront

Publiée par Hugo Clément sur Mardi 4 février 2020

Les algues ont-elles tué en Bretagne ? 

La veuve d’une victime accuse les autorités d’avoir voulu cacher la vérité. 

Les algues vertes sont apparues il y a une cinquantaine d’années avec le développement de l’élevage intensif, qui rejette des nitrates dans l’océan. 

En pourrissant, elles dégagent un gaz très dangereux : l’hydrogène sulfuré. 

Nous avons enquêté sur un scandale sanitaire et écologique qui empoisonne la vie des habitants.

Les Bretons/Bretonnes, on attend vos témoignages en commentaires
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