Dix crises humanitaires «oubliées par les médias»

C’est la quatrième année que Care sort ce rapport sur les crises oubliées, ou du moins, les moins médiatisées. Pour l’année 2019, l’ONG a élargi l’analyse en incluant la presse en langues espagnole et arabe, en plus de l’anglais, du français et de l’allemand.

Six des dix crises mises ici en avant ont déjà figuré au moins à deux reprises dans ce classement. Autre caractéristique : neuf de ces dix crises ont lieu sur le continent africain.

Source – www.la-croix.com – 28/01/2020

Les causes de ces crises humanitaires sont diverses : sécheresse, conflits, épidémies, insécurité alimentaire.

L’ONG s’interroge sur les facteurs qui contribuent à ce qu’une crise soit moins médiatisée qu’une autre. Elle estime que deux critères sont déterminants : la durée de la crise et son impact géopolitique. Plus une crise s’inscrit dans la durée, moins elle perturbe les grands équilibres et plus elle a de risque d’être «oubliée».

Les dix crises oubliées

Agnes Lawa, responsable de la santé infantile et maternelle chez CARE, travaille avec des volontaires locaux pour dépister la malnutrition chez les enfants du Sud-Soudan à Pagak – April 2014 –

1 – Madagascar

Ce pays est l’un des premiers affectés par le changement climatique. L’an passé, plus de 2,6 millions de personnes y connaissaient les effets de la sécheresse et un million d’entre eux avait besoin d’une assistance alimentaire.

La région du Grand Sud souffre particulièrement, et depuis plusieurs années, d’un manque de précipitations.

2 – République centrafricaine

Les conflits sont récurrents dans ce pays, depuis son indépendance en 1960. Un citoyen sur quatre a été obligé de changer de domicile en raison de ces violences. Malgré un accord de paix signé entre les belligérants, au début 2019, la situation sécuritaire reste tendue. 2,6 millions de personnes, soit une moitié de la population du pays, ont besoin d’une assistance. Les travailleurs humanitaires ont fait l’objet de 244 attaques l’an dernier.

3 – Zambie

Ce pays d’Afrique australe est fortement affecté par la sécheresse. En 2019, les pluies dans l’Ouest et le Sud ont enregistré leur plus faible intensité depuis 1981. Les récoltes de blé et de maïs ont été catastrophiques. Face à la pénurie, le prix du maïs a augmenté de 70 % en un an. 40 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition.

4 – Burundi

Le pays est l’un des plus pauvres au monde. La situation politique est difficile. 326 000 Burundais sont toujours réfugiés dans les pays voisins, malgré de nombreux retours depuis la Tanzanie. On estime que 15 % des Burundais, soit 1,7 million de personnes, vivent en insécurité alimentaire.

5 – Érythrée

Le pays de la Corne de l’Afrique est coupé du monde par un régime politique autoritaire et autarcique, ce qui rend difficile toute diffusion d’information dans les médias et toute évaluation fiable de la situation humanitaire. Les organisations humanitaires sont interdites, et les journalistes extérieurs ont un accès très difficile au pays.

Une forte sécheresse en 2019, qui a suivi une année faible en précipitations, accentue les difficultés à se nourrir. On estime que le pays arrive à couvrir 60 à 70 % des besoins lors des bonnes années, et de 20 à 30 % des besoins les mauvaises années. La moitié des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique.

6 – Corée du Nord

Plus de 40 % de la population n’a pas accès à de l’eau potable ou à une alimentation suffisante. 11 millions de personnes auraient besoin d’assistance. La diarrhée est une des principales causes de décès chez les enfants.

L’accès des médias internationaux au pays est très difficile et les ONG ont des difficultés logistiques importantes pour travailler.

7 – Kenya

Particulièrement exposé au changement climatique, le pays a connu des sécheresses régulières ces dernières années. Les précipitations sont souvent trop fortes et obligent des habitants à se déplacer durant la saison des pluies.

Ces conditions climatiques font qu’un peu plus d’un million de Kényans connaissent des difficultés à se nourrir. Les femmes sont particulièrement vulnérables.

8 – Burkina Faso

Depuis un an, la crise sécuritaire dans l’ensemble de la région du Sahel, liée à l’essor du djihadisme, a commencé à toucher ce pays. Un quart de sa population, soit cinq millions de personnes, est affecté par la violence. L’an passé, 30 000 personnes par mois ont dû quitter leurs maisons.

2 000 écoles et 71 dispensaires n’ont pas pu ouvrir du fait de l’insécurité. On estime que cette année, plus de deux millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire.

9 – Éthiopie

Le pays a connu, l’an passé, une sécheresse à l’est et au sud-est. Or 84 % de ses habitants vivent dans des régions rurales. Le pays ne contribue qu’à 0,27 % des émissions de CO2 de la planète mais souffre en première ligne des effets du changement climatique.

La fragilité des populations a notamment augmenté les risques de violences liées aux genres. On constate que les femmes et filles vivant dans des zones affectées par la sécheresse étaient plus exposées à la violence sexuelle, notamment quand elles vont chercher du bois ou de l’eau.

10 – Bassin du lac Tchad

Cette zone géographique, aux confins du Niger, du Nigeria, du Cameroun et du Tchad, connaît depuis une dizaine d’années un conflit qui entraîne le déplacement d’une partie de sa population, soit 2,5 millions de personnes. La région est aussi affectée par la baisse des eaux du lac Tchad, notamment due au changement climatique. Cette situation a déjà conduit près de 10 millions de personnes vers l’insécurité alimentaire.

Méthodologie

Pour réaliser ce baromètre, Care International s’est adjoint les services de Merltwater Group. 2,4 millions de mentions sur le net et dans la presse ont été prises en compte durant l’année passée. Est considéré en crise, tout pays où au moins un million de personnes sont affectées par un conflit ou une catastrophe naturelle. Sur ce critère, 40 crises sont apparues. Les dix moins médiatisées ont été retenues. La première d’entre elles étant celle qui a recueilli le moins d’attention dans les médias papier et sociaux.

Fondée en 1945, l’ONG internationale CARE est l’un des plus grands réseaux d’aide humanitaire au monde, apolitique et non confessionnel. Notre objectif est de lutter contre l’extrême pauvreté et de défendre l’accès aux droits fondamentaux. 

Quels sont ses objectifs ?

Une approche basée sur le respect des droits humains

Nous nous attachons également à promouvoir les droits humains, la justice sociale, économique et environnementale, et la bonne gouvernance.

Une approche globale

Le réseau humanitaire CARE s’attaque aux causes profondes de la pauvreté en menant des programmes d’activités génératrices de revenusde sécurité alimentaire, d’accès à l’eau potable, de santé, d’éducation, 

« L’approche holistique de CARE se base sur l’interdépendance des causes de l’extrême pauvreté. Par exemple, nous ne pouvons pas améliorer la santé des communautés rurales sans intervenir sur les pratiques agricoles. La faim et la malnutrition ont un impact direct et désastreux sur la santé. Il nous faut aussi soutenir la productivité agricole locale en prenant en compte les conséquences du changement climatique telles que la raréfaction des ressources en eau », explique Philippe Lévêque, le directeur de CARE France.

Les femmes au coeur l’action

Dans tous nos programmes, nous portons une attention particulière à la condition des femmes, premières victimes de la pauvreté dans le monde. L’égalité entre femmes et hommes est un droit fondamental. C’est aussi un facteur essentiel dans la lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi, CARE contribue à l’émancipation et l’autonomisation des femmes.En 2019

Nous sommes intervenus dans 100 pays. 68 millions de personnes ont bénéficié de nos programmes en Afrique, Asie, Amérique latine, Europe de l’Est, Moyen-Orient et Océanie, à travers 1036 projets. 

L’implication des communautés locales

Les projets sont élaborés en tenant compte des besoins, des attentes et des spécificités culturelles des bénéficiaires. Nos actions se basent sur la participation des acteurs locaux (communautés, société civile, autorités locales, secteur privé). Leur implication dans l’élaboration et la mise en oeuvre des programmes est primordiale pour en assurer la pérennité. Ce sont leurs initiatives, CARE ne fait que les soutenir.

Des équipes locales et qualifiées

La force d’intervention de CARE réside également dans l’expertise de son personnel sur le terrain. Tous les salariés sont de vrais professionnels de l’urgence et du développement avec plusieurs années d’expérience dans le secteur. 

Pour assurer la pérennité des projets, valoriser les compétences locales, 95% des 11 500 employés de CARE sont originaires des pays dans lesquels nous nous engageons. 

https://www.carefrance.org