Coronavirus – Vent de panique

Le bilan de l’épidémie de pneumonie virale s’est alourdi à 170 morts en Chine, alors que l’Italie a annoncé suspendre tous ses vols de et vers la Chine, jeudi soir.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié, jeudi 30 janvier, l’épidémie de coronavirus 2019-nCov, apparue dans la ville de Wuhan, en Chine, « d’urgence de santé publique de portée internationale ».


Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles (…). Il ne s’agit pas d’un vote de défiance à l’égard de la Chine », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Dans le même temps, le directeur a estimé qu’il n’y avait pas lieu de limiter les voyages et les échanges commerciaux avec la Chine. «L’OMS ne recommande pas de restreindre les voyages, les échanges commerciaux et les mouvements [de population], et s’oppose même à toute restriction aux voyages», a-t-il déclaré.

Coronavirus : Un 6eme cas en France, l’épidémie progresse en Chine.

30/01/2020

« Il s’agit d’un médecin libéral qui a été au contact d’un cas qui a été confirmé ensuite en Asie », a précisé le numéro 2 du ministère. Le patient s’est lui-même mis à l’isolement, et est actuellement hospitalisé à Paris. « Son état n’inspire pas d’inquiétude », selon le Pr Salomon.

Il s’agit du « premier cas annoncé » de contamination sur le sol français, a précisé la Direction générale de la Santé (DGS). Hormis la Chine, ces cas de contagion directe entre humains ont déjà été observés au Viêt Nam, en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis.

Une Chinoise de 50 ans, le cinquième cas détecté en France, avait été déclarée positive, mercredi, dans la foulée de son père de 80 ans. Mais on ne sait pas si elle était arrivée en France déjà malade où si le virus lui a été transmis par son père sur le sol français.

Deux patients en réanimation

Cinq personnes avaient déjà été déclarées positives au test mis en place par l’Institut Pasteur, à Paris et à Bordeaux. Deux d’entre elles ont été placées en réanimation. La première est le touriste de 80 ans, qui était arrivé en France le 23 janvier et n’avait pas été repéré comme porteur du virus dans un premier temps. Le deuxième

Le coronavirus est-il plus dangereux que la grippe, le Sras ou Ebola?

Une femme, portant un masque de protection, traverse une route déserte dans la région de Sanlitun, à Pékin, le 30 janvier 2020. – L’Organisation mondiale de la santé, qui avait initialement minimisé la gravité d’une maladie qui a maintenant tué 170 personnes dans tout le pays, a averti tous les gouvernements de se mettre « en alerte » pour décider s’il fallait déclarer une urgence sanitaire mondiale. (Photo de NICOLAS ASFOURI / AFP)

Mortalité, contagiosité… Le nouveau virus «chinois» vue par Le Figaro 

Alors que le bilan de l’épidémie qui sévit actuellement en Chine s’alourdit de jour en jour, le nouveau coronavirus (2019-nCoV) en ferait presque oublier les autres virus, habituellement sur le devant de la scène. Celui de la grippe saisonnière, qui a déjà fait 22 morts en France cette année, ou celui du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), à l’origine d’une épidémie fin 2002. Sans oublier le virus Ebola qui, depuis 1976, a fait près de 15.000 morts en Afrique selon l’Organisation mondiale de la Santé. 

Ce nouveau coronavirus est-il pire? Mérite-t-il toute l’attention que le monde lui porte?

Pour comparer la dangerosité de plusieurs virus, il faut s’intéresser à leur capacité à tuer (taux de létalité), à provoquer des cas graves (taux de complications) et à leur habileté à passer d’une personne à une autre (taux de transmission). Concernant le nouveau venu, tout cela n’est pas encore très clair. «Nous disposons de très peu de données sur ce nouveau coronavirus, et celles que nous avons ont un niveau d’incertitude très élevé, explique le Dr Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à la direction des maladies infectieuses à l’Agence Santé publique France. Nous ne savons pas, par exemple, à quel point ce virus est transmissible ou virulent.»

Un taux de mortalité plus faible que le Sras

Pour l’heure, 7783 cas de personnes atteintes par 2019-nCoV ont été confirmés. La très grande majorité (98,6%) est concentrée en Chine. Parmi ces personnes, 170 sont décédées et au moins 133 sont guéries. «Nous savons que beaucoup des malades sont touchés par une forme mineure de l’infection, mais que 20% des cas sont sévères et 2% sont décédés», a indiqué le Dr Michael J. Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 29 janvier, en précisant que ces données étaient susceptibles d’évoluer dans les prochains jours. Par comparaison, 50% des cas de Sras étaient des formes sévères. 

Un taux de mortalité de 2%, c’est bien moins que celui du virus du Sras. En 2002-2003, ce coronavirus, très proche cousin de 2019-nCoV, avait contaminé 8098 personnes dans une trentaine de pays et fait 774 morts. Son taux de létalité a été estimé à 43% chez les plus de 60 ans et 13% chez les moins de 60 ans. C’est moins que le taux de létalité moyen du virus Ebola, estimé à 25% mais pouvant aller jusqu’à 90%. Quant à la grippe, sa létalité est bien inférieure à celle des autres virus, de l’ordre de 0,3%. En France, cela représente environ 10.000 décès chaque année. 

A ce stade, le taux de mortalité du nouveau coronavirus «chinois» peut toutefois encore évoluer. «Certaines personnes peuvent être infectées sans pour autant avoir de symptômes, ce qui fait que l’on ne connaît pas le nombre réel de personnes touchées», indique le Dr Bernard-Stoecklin. Ainsi, si le nombre de cas total est plus important que celui affiché actuellement et si le nombre de morts n’augmente pas drastiquement dans les prochaines semaines, la mortalité va automatiquement diminuer.

Aussi contagieux que la grippe

Entre le 23 et le 30 janvier, le nombre de cas de 2019-nCoV a été multiplié par 7. Cela en fait-il un virus très contagieux? D’après une étude publiée le 29 janvier dans le New England Journal of Medicine, la contagiosité du virus (appelée «taux de reproduction de base») serait approximativement de 2,2. Cela signifie qu’en moyenne, chaque malade a infecté à son tour 2,2 personnes. D’autres équipes ont réalisé ce travail et obtiennent des taux allant de 1,4 à 5,5. Par comparaison, le Sras a un taux de reproduction de 3, la grippe de 2 à 4 et, pour Ebola, ce taux est compris entre 1 et 2. 

C’est très peu, au regard du taux de la rougeole (compris entre 12 et 18) ou de celui des rotavirus, responsables des épidémies de gastro-entérite (environ 18). Tout comme le taux de mortalité, le taux de reproduction de base de 2019-nCoV est encore susceptible évoluer, d’autant qu’il dépend autant des caractéristiques biologiques du virus que de facteurs humains (densité de population, mesures d’hygiène etc.). Ce n’est qu’à la fin de l’épidémie, une fois toutes les données disponibles, qu’il pourra être établi de façon définitive.

Coronavirus : manger chinois, recevoir des colis de Chine… est-ce risqué ?

Même si le risque zéro n’existe pas, les risques de contamination sont quasiment nuls, estiment les scientifiques.

par Guillaume Poingt

Peut-on attraper le coronavirus nCov 2019 en mangeant chinois ? La question peut prêter à sourire mais certains Français s’interrogent réellement. Comme le révèlent certains articles de presse, le SAMU reçoit même des appels «paniqués» de gens qui ont mangé chinois. Même chose pour les colis qui arrivent de Chine. Certains consommateurs se questionnent.

Les colis importés de Chine

Interrogé par Le Figaro, Manuel Rosa-Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm et co-directeur du laboratoire de virologie VirPath à Lyon, explique tout d’abord que les virus respiratoires – dont fait partie le coronavirus nCov 2019 – se transmettent de deux façons. Premièrement par sécrétions respiratoires (postillons, éternuements). Deuxièmement par contamination de surface (exemple : éternuer dans ses mains puis serrer la main de quelqu’un).

Selon Manuel Rosa-Calatrava, «le risque d’une contamination de surface par des virus respiratoires est réel mais très dépendants des conditions environnementales». En effet, les virus respiratoires sont fragiles et ne restent pas fonctionnels, autrement dit actifs, très longtemps (quelques heures à quelques jours au maximum en fonction de la température et du degrés d’humidité de l’air). «Un colis arrivant de Chine met plusieurs semaines de transport par bateau et plusieurs jours par avion. Un potentiel virus serait dans un environnement qui n’est absolument pas favorable pour rester fonctionnel», estime Manuel Rosa-Calatrava. Même son de cloche du côté du ministère de la Santé. «Compte tenu des temps et conditions de transport avec la Chine, le risque d’être infecté par le nCoV en touchant un objet importé de Chine est considéré comme extrêmement faible», peut-on lire sur son site.

Concrètement, même si un individu contaminé par le coronavirus manipulait un colis en Chine à destination de la France, il est presque impossible que le destinataire ait une chance d’être infecté. Le chercheur précise «qu’une des mesures simples et très efficaces pour éviter la contamination par les virus respiratoires est de se laver les mains plusieurs fois par jour».

La nourriture venue de Chine

Qu’en est-il pour la nourriture ? «Dans la littérature scientifique, il n’y a jamais eu de cas rapportés de virus respiratoires attrapés en ingérant de la nourriture cuite. Quand la nourriture est cuite, les virus respiratoires ne résistent pas et sont complètement inactivés par la chaleur», explique Manuel Rosa-Calatrava. Le ministère de la Santé explique lui aussi dans un communiqué que «les virus sont détruits quand la viande est cuite». Même si les aliments sont non cuits, comme pour les colis, les virus respiratoires sont fragiles et ne restent pas fonctionnels très longtemps à cause de la durée et des conditions de transport.

Toutefois, «la consommation de produits animaux peu ou pas cuits, incluant le lait et la viande, présente un risque important d’infection par une grande variété d’organismes susceptibles de causer des maladies chez l’Homme (NDLR : des organismes pathogènes non respiratoires)», complète le ministère de la Santé. À ce propos, Manuel Rosa-Calatrava conseille de bien laver les aliments et de s’assurer de leur nature saine.

Contactée par Le Figaro, la chaîne française de supermarchés asiatiques «Tang frères» – qui fournit la plupart des restaurants et des épiceries asiatiques en France – indique de son côté qu’il n’y a «aucun risque à consommer des produits alimentaires importés de Chine ou d’Asie». De plus, le secrétaire général de Tang Frères, Christophe Polini, explique que la chaîne «n’importe pas de produits de la région de Wuhan (NDLR : région où le virus est apparu)».

«Il ne faut pas rentrer dans une psychose», estime enfin Manuel Rosa-Calatrava. «Nous sommes en plein pic d’épidémie de grippe dans toutes les régions de France. Entre 5.000 et 15.000 personnes meurent de la grippe chaque année. Il y a bien plus de risques aujourd’hui d’attraper la grippe en prenant le métro ou le RER que d’attraper le coronavirus 2019-nCoV», conclut le chercheur.

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