Laits infantiles et dérivés de pétroles

Dérivés de pétrole dans l’alimentation : les autorités françaises confirment l’alarme lancée par foodwatch. Danone et Nestlé font l’autruche. L’Europe doit dire la vérité aux consommateurs !

En octobre dernier, l’organisme Foodwatch avait confirmé la présence d’huiles minérales dans des laits en poudre pour bébés vendus par Nestlé et Danone. Depuis, les autorités prennent ce sujet très au sérieux. La Commission européenne s’est réunit le vendredi 21 février les Etats membres pour décider des suites de l’épineux dossier des dérivés de pétrole dans l’alimentation : les huiles minérales toxiques. 

“Huiles minérales” : des dérivés de pétrole que l’on retrouve dans l’alimentation

Les huiles minérales toxiques, aussi appelées MOAH, ont été reconnues potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens. Pourtant, on en retrouve dans bon nombre de produits, tels que dans les laits en poudre pour bébés.

Les autorités françaises ont donc décidé de mener des tests. Ils ont confirmé la contamination de laits infantiles par des MOAH, mais les produits visés – du lait en poudre Danone et Nestlé – sont malheureusement toujours sur le marché.

En Allemagne, les mêmes tests ont été effectués. 9 laits en boîte en métal sur 12 étaient contaminés, fin 2019, par les dérivés d’hydrocarbures les plus dangereux.

Au Luxembourg, les autorités ont indiqué à Foodwatch que 2 produits sur 19 testés sont également contaminés.

En Belgique, un rapport montre que 12 % de produits testés (pas uniquement du lait en poudre) sont contaminés par des MOAH.

Vendredi dernier, la réunion des États membres à Bruxelles a permis aux différents pays de se pencher sérieusement sur ce problème de santé publique. 

Danone et Nestlé refusent de rappeler les laits contaminés

Les deux multinationales ne semblent pas concernées par l’affaire des laits contaminés, ni par la santé de leurs consommateurs.

En effet, malgré la preuve évidente de la nocivité des hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH), Danone et Nestlé ont assuré en octobre dernier aux parents “qu’il n’y avait aucun risque” et qu’ils refusaient de rappeler les deux produits incriminés : “Nidal Lait en poudre 1er âge”, de 0 à 6 mois pour Nestlé et “Gallia, Galliagest Croissance sans lactose”, de 12 mois à 3 ans pour Danone. 

Depuis, les deux groupes ne s’exprimeraient plus sur ce sujet. 

Pour faire pression, une pétition a été lancée pour leur demander de rappeler les lots concernés. 55.000 personnes l’ont signé.

L’agence française de sécurité des aliments (Anses) estime qu’il est urgent “de réduire la contamination des denrées alimentaires par ces composés en priorité et de prendre des mesures adaptées”.

IMPORTANT – L’ABSORPTION DE CES SUBSTANCES, MOAH OU MOSH, NE COMPORTE PAS DE RISQUE AIGU ET IMMÉDIAT POUR LA SANTÉ. CEPENDANT, LES RECOMMANDATIONS DE L’ANSES, L’AGENCE FRANÇAISE DE SÉCURITÉ SANITAIRE AINSI QUE DE SON ÉQUIVALENT EUROPÉEN, L’EFSA2, SONT TRÈS CLAIRES : AUCUN DEGRÉ D’EXPOSITION AUX MOAH NE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME SÛR.

MOAH : quels risques pour la santé ?

Elles n’ont rien à faire dans nos aliments

Les huiles minérales sont présentes dans de nombreux domaines de notre environnement. Elles ont été mises en évidence – par foodwatch, entre autres, lors de nos premiers tests en 20151 – dans des aliments de consommation courante comme le riz, les pâtes, les lentilles, les céréales de petit déjeuner, le chocolat en poudre, etc. et souvent dans leurs emballages en carton. On en retrouve aussi dans des jouets pour enfants, les aliments pour animaux et les produits cosmétiques.

Des huiles minérales contaminent actuellement le riz, les pâtes, les lentilles, le couscous, les corn flakes ou encore le cacao en poudre… Or, ces mélanges d’hydrocarbures contiennent “des milliers de composés chimiques” qui proviennent principalement du pétrole, du charbon, du gaz naturel et de la biomasse, explique l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui considère comme “préoccupante” l’exposition à ces produits.

En effet, les hydrocarbures d’huiles minérales dits “aromatiques” – comme ceux retrouvés dans le lait en poudre – peuvent agir comme des “cancérigènes génotoxiques (en endommageant l’ADN, le matériel génétique des cellules, et également provoquer le cancer)”, souligne l’EFSA dans un avis rendu en 2012.

Des risques réels pour la santé, que dénonce Camille Dorioz, responsable des campagnes de Foodwatch, dans un communiqué : “Ces hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales, les MOAH, n’ont rien à faire dans nos aliments, et encore moins dans les produits destinés aux tout-petits”, met-elle en garde.

Plus de 55.000 personnes ont signé  la pétition (ici)  demandant le rappel des produits contaminés.

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LAITS POUR BÉBÉS
CONTAMINÉS PAR DES HUILES MINÉRALES TOXIQUES

Tests en laboratoire

OCTOBRE 2019

https://www.foodwatch.org/fileadmin/-FR/Documents/rapport-laits-bebes-contamines-foodwatch-FR.pdf

Les résultats issus des laboratoires publiés par foodwatch suggèrent que la contamination aux huiles minérales n’est pas rare dans les laits en poudre pour bébés vendus en boîte métallique – puisque 50 % des produits testés ont révélé une contamination par des MOAH.

foodwatch ne peut pas affirmer avec certitude d’où provient la contamination aux huiles minérales. Toutefois, les analyses indiquent que l’emballage est une cause probable de la présence d’huile minérale dans le produit, ce qui pourrait signifier que d’autres lots sont affectés. Le problème est bien connu des experts.

A ce stade, foodwatch recommande, à titre préventif, de ne pas utiliser les laits en poudre pour bébés concernés par la contamination aux MOAH.

En France, foodwatch appelle Nestlé et Danone à rappeler immédiate- ment l’ensemble des deux produits contaminés : Nidal Lait en poudre 1er âge, De 0 à 6 mois (Nestlé) et Gallia Galliagest Croissance sans lactose, de 12 mois à 3 ans (Danone).

Dans l’attente d’une règlementation pour protéger les consommateurs, foodwatch appelle :

TOUS LES FABRICANTS ET DISTRIBUTEURS À S’ENGAGER PUBLIQUEMENT
À NE COMMERCIALISER QUE DES PRODUITS ALIMENTAIRES SANS PRÉSENCE DÉTECTABLE DE MOAH, AVEC UNE PRÉSENCE TRÈS LIMITÉE DE MOSH.

LES LÉGISLATEURS EUROPÉENS ET LES GOUVERNEMENTS NATIONAUX À METTRE EN PLACE UNE RÈGLEMENTATION CLAIRE ET CONTRAIGNANTE POUR OBLIGER TOUS LES FABRICANTS ET DISTRIBUTEURS À RESPECTER CES RÈGLES.

source : Louise Ballongue, journaliste santé, publié le 24/02/2020

Le combat continue. Directrice de la sécurité alimentaire chez Nestlé durant les années 2000, Yasmine Motarjemi est en conflit avec le géant agroalimentaire de Vevey depuis son licenciement, survenu en 2010. Elle dénonce le harcèlement moral de son ancien supérieur direct depuis 2005 et accuse également l’entreprise d’avoir failli à sa protection.