Les secrets du «Kéké de la République»

Le titre est ravageur. Le livre Le kéké de la République est sorti en librairie le jeudi 27 février. Dans cet ouvrage, les journalistes Jeremy Marot et Pauline Théveniaud, retracent le parcours et s’intéressent au caractère de Christophe Castaner. Les deux auteurs ont même recueilli le témoignage de Serge Castaner,  le frère de l’homme politique. 

«Hypersensible», selon les uns, «très cash, très direct», pour d’autres, tel est le portrait du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, brossé par les deux journalistes.

 » Moi ici je suis dans une prison totale. Vous ne pouvez plus sortir, plus aller boire un coup. »

Le livre raconte la jeunesse de Christophe Castaner, ses débuts au PS et s’attarde sur ses frasques de ministre. Le premier flic de France avait ainsi été aperçu et filmé au Noto, une boite de nuit parisienne, en 2019. Les vidéos montraient le politique accompagné d’une femme pendant une bonne partie de la soirée, ce qui avait porté un coup à la réputation de celui-ci. 

« Trop fatigué pour être lucide »

Serge Castaner ne s’est pas montré tendre envers son frère cadet, au moment de commenter ces événements. « S’il s’est fait piéger comme cela, c’est qu’il n’est plus capable de se défendre, trop fatigué pour être lucide » à d’abord réagi l’aîné du ministre. « Si tu n’es pas capable de te douter qu’il y avait 25 portables autour de toi, c’est que tu as dépassé les limites et que tu n’es plus capable de te protéger« , poursuit même ce dernier. 

Serge Castaner s’est finalement fendu d’une déclaration fracassante : « Soit il faut être ivre mort, soit con comme un âne. Mon frère ne boit pas« .

«Le Kéké de la République» de Pauline Theveniaud et Jérémy Marot
Editions Plon
Prix : 18 euros

Frasques de ministre dans un bar de nuit avec une jeune femme, rien ne lui est épargné. Un chapitre est ainsi consacré à la fameuse nuit du Noto, le 9 mars 2019. Dès qu’il voit un portable filmant ce soir-là, il comprend que son pas de deux avec une jeune femme a été immortalisé. La jeune femme, c’est Clara Sabban, c’est elle qui a convié le ministre à la rejoindre, écrivent les deux auteurs. «Il y a des moments où vous n’êtes pas bien dans vos pompes, où l’on vous dit : « Passe à cet anniversaire, ça va te faire du bien »», confie Christophe Castaner.

Christophe Castaner ne boit jamais d’alcool fort

Les photos sortent dans la presse, la machine médiatique s’emballe. Si le Premier ministre ne lui passe de soufflante, le président de la République Emmanuel Macron passe, par téléphone, un sévère savon à son ministre, à l’image écornée de fêtard. Son frère, Serge, est pourtant catégorique : Christophe Castaner ne boit pas – ce que d’ailleurs confirme l’intéressé quelques lignes plus loin. Les deux journalistes déroulent dans le livre le film de la vie d’un rescapé de l’ancien monde politique devenu première gâchette d’Emmanuel Macron. Si rien de vraiment neuf n’affleure, l’ex-maire de Forcalquier y apparaît terriblement humain.

Sur la sellette depuis ses débuts à Beauvau, le premier flic de France tient le choc contre vents et marées. Stanislas Guerini, qui lui a succédé à LREM, constate : «Il est extrêmement résilient.» Et toujours debout.


« Il pleure tout le temps »

C’est que les débuts ne furent pas simples. Dès sa plus tendre enfance, marquée par une éducation paternelle à la dure. « Si mon père avait été moins radin, on aurait eu une vie plus sympa, plus radieuse », confesse-t-il dans le livre, où derrière son accent chantant du sud et sa carrure de rugbyman, l’homme cache des fêlures plus secrètes. Au point d’être, aux dires de ses proches, un hypersensible. « Il pleure tout le temps. Il pleure, il pleure, il pleure. Il pleure beaucoup. Tellement… Il est très émotif, très dans l’affect », confie un intime. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir sa part d’ombre, marquée par une ambition dévorante et une soif de reconnaissance : « Quand il s’agit de sa carrière, il n’est pas sentimental », souffle un de ses compères d’En marche. « Il a un vrai souci relationnel. Il peut être très cash, très direct. La première semaine de campagne que j’ai passée avec lui, j’ai pleuré quasiment tous les soirs parce que je le trouvais odieux », complète un lieutenant qui mena la bataille des régionales en PACA avec lui.

« C’est un mec qui ne vit que de sa visibilité »

La chance de sa vie, c’est finalement sa rencontre avec Emmanuel Macron, qu’il rejoint avant l’élection présidentielle. Ce jeune ministre dont il est si différent, il en est un peu tombé amoureux. Pendant la campagne, Casta s’impose au nez et à la barbe des jeunes macronistes un peu technos et pince-sans-rire. Il impose progressivement son style, surtout dans les médias auprès de qui il cherche aussi reconnaissance. Au point d’en faire parfois trop. Ses impairs sont nombreux, à l’image de cette photo de lui maladroitement postée au milieu d’une église de Notre-Dame ravagée par les flammes. Mise en scène égotique maladroite : « C’est un mec qui ne vit que de sa visibilité, tranche un familier du ministère dans le livre. Il ne quitte jamais les médias. Son job, c’est 95 % de la communication ».

Ses relations avec son secrétaire d’Etat Laurent Nuñez ne sont pas toujours simples, surtout pendant la crise des Gilets jaunes. On apprend aussi qu’avec Édouard Philippe la lune de miel du début du quinquennat est aussi passée. Bref, Christophe Castaner cultive les paradoxes et s’accroche au pouvoir. « Mais pour combien de temps encore », interrogent Jérémy Marot et Pauline Théveniaud.

Mais parfois il en fait trop. Comme sur la photo où il pose au milieu de Notre-Dame ravagée par les flammes.

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