Coronavirus, polémiques autour du gel hydroalcoolique

Face à l’épidémie de coronavirus, de nombreuses recettes publiées sur Internet proposent de concocter soi-même une solution hydroalcoolique. Celle, officielle, de l’OMS est à privilégier.
Petits soucis : depuis 2010 l’alcool à 90 degrés a disparu des pharmacies ! En 2017 une étude remettait en cause l’efficacité des gels hydroalcooliques juste pour contrer certaines bactéries !

Alors que l’épidémie de coronavirus se propage dans le monde, les flacons de gel hydroalcoolique sont désormais une denrée rare ou hors de prix, raison pour laquelle le gouvernement français vient de prendre un décret encadrant leurs tarifs, désormais plafonnés à 2 € les 50 millilitres et 3 € les 100 millilitres. Tout distributeur, revendeur, pharmacien ou site Internet le proposant plus cher s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 7 500 €.

Sur Internet, plusieurs dizaines de vidéos ont récemment vu le jour pour proposer une alternative à l’achat : fabriquer soi-même sa solution. Certaines sont toutefois à prendre avec des pincettes : elles présentent des « recettes » artisanales aux ingrédients plus ou moins farfelus et des additifs, comme des huiles essentielles ou de l’aloe vera, qui se révèlent inutiles.

Attention oxydant puissant

Plutôt que de risquer de s’embarquer à fabriquer une potion douteuse, voire potentiellement dangereuse pour la santé, mieux vaut suivre non pas une vidéo choisie au hasard sur un réseau social mais le document mis en ligne lundi dernier par l’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Avec toutes les précautions qui s’imposent puisque le document, baptisé « Guide de production locale », est avant tout destiné aux professionnels de santé et pharmaciens, pour qu’ils puissent fabriquer pas moins de dix litres de produit.

Parmi les quatre ingrédients nécessaires à la fabrication d’une solution hydroalcoolique, l’un d’entre eux, le peroxyde d’hydrogène, peut être particulièrement nocif. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) précise d’ailleurs que cet « oxydant puissant » peut provoquer des combustions spontanées quand il est associé à d’autres produits comme des huiles, de la graisse mais aussi certains alcools.

La recette recommandée par l’Organisation mondiale de la santé

Si vous souhaitez vous lancer dans la formule conseillée, pour un litre, mélangez 833,3 ml d’éthanol (alcool à 90°), 14,5 ml de glycérol (ou glycérine) et 41,7 ml de peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée). Il faut y de l’eau bouillie refroidie pour atteindre un litre. Les flacons remplis ne doivent pas être utilisés pendant les trois jours qui suivent.

En l’absence de gel hydroalcoolique, se laver très régulièrement les mains avec du savon reste la précaution la plus efficace pour se protéger de toute contamination au coronavirus. Là encore, l’OMS met à disposition des documents didactiques pour bien s’y prendre. Une vidéo, tournée il y a près de cinq ans en pleine épidémie d’Ebola, explique par exemple en détail les différents gestes à enchaîner pour permettre un nettoyage efficace des mains avec de l’eau et du savon.

Attention aux huiles essentielles

Beaucoup de recettes trouvées sur internet proposent de rajouter des huiles essentielles pour masquer la forte odeur d’alcool. 

Mauvaise idée ! 

D’abord, ça ne sert à rien (à part pour l’odeur) et ensuite, les huiles essentielles peuvent être très mal tolérées par certaines personnes. 

La recette est simple et les ingrédients sont tous disponibles en pharmacies et grandes surfaces. Toutefois, certains précautions sont à prendre. L’eau oxygénée est corrosive pour la peau. L’alcool à 90° est inflammable. Ne reproduisez pas cette recette près d’une source de chaleur. Placez-vous sur un plan de travail propre.

Plus d’alcool à 90 degrés dans les pharmacies

Il n’y a plus d’alcool à 90° dans les pharmacies : vous l’avez peut être remarqué depuis quelques années. Cet alcool sert essentiellement à la désinfection de plaies, ou de matériel de médecine. Avant, les pharmacies pouvaient vendre de l’alcool à 90° sans taxe. Mais depuis 2011, les établissements sont contrôlés par le service des douanes qui fait appliquer la taxe sur les alcools à toutes les pharmacies. 

Petit récapitulatif des textes de loi :

1999 : les pharmacies peuvent vendre l’alcool à 90° sans taxe sur la quantité
2001 : réforme du Code Général des Impôts à une ordonnance exonère de taxe les « alcools utilisés à des fins médicales ou pharmaceutiques dans les hôpitaux et établissements similaires ainsi que dans les officines (les pharmacies) ». 
2011 : le service des Douanes relit cette ordonnance ainsi: si l’alcool est utilisé hors d’un hôpital ou d’une pharmacie alors une taxe doit lui être appliquée, la taxe sur les alcools.

Si l’alcool est acheté par la pharmacie pour son usage propre (réaliser des préparations, nettoyer des ustensiles) alors il n’est pas taxé. Le flou demeure toutefois.

Vente d’alcool à l’officine : des pharmaciens gagnent en cassation

 06.03.2017 – En 2010, les Douanes ont récupéré la compétence des contributions indirectes et ont rapidement ciblé les pharmacies et les droits d’accises sur l’alcool vendu en officine. L’une des affaires a été portée devant la chambre criminelle de la Cour de cassation qui a rendu un arrêt le 22 février dernier, donnant raison aux pharmaciens incriminés.

« Nous estimons que les pharmaciens qui vendent des flacons d’alcool à des clients autres que des professionnels de la santé sont en infraction au code général des impôts », explique-t-on du côté des douanes.

Les pharmaciens le reconnaissent : « Pendant toutes ces années, nous savions qu’il y avait une taxe, que la circulaire existait. Mais personne ne l’appliquait », expliquait en 2011 Ronan Le Hénaff, co-président du syndicat des pharmaciens d’Ille-et-Vilaine.

Vente d’alcool en officine

Mise à jour le : 22/07/2016

En tant que professionnels de santé, les pharmaciens sont habilités à détenir, à utiliser et à dispenser de l’alcool à des fins médicales ou pharmaceutiques. Par principe, tout alcool vendu est soumis à des droits d’accises. Il existe toutefois des exceptions.

http://www.ordre.pharmacien.fr/Les-pharmaciens/Le-metier-du-pharmacien/Les-fiches-professionnelles/Toutes-les-fiches/Vente-d-alcool-en-officine

Cinq choses à savoir avant d’utiliser un gel désinfectant

Se laver les mains le plus souvent possible fait partie des réflexes à adopter en cette période de coronavirus. Mais selon votre activité ou vos occupations, il n’est pas toujours évident d’avoir un point d’eau près de vous. Pour pallier à cela, on s’arme de son flacon de gel hydroalcoolique, désinfectant par excellence selon les experts. Mais pour qu’il soit efficace, voici tout ce qu’il faut savoir. 

Le gel désinfectant ne remplace pas le lavage des mains

Pour lutter contre la propagation du coronavirus, plusieurs mesures préventives ont été avancées par l’OMS dont l’importance de se laver fréquemment les mains. Et si les gels désinfectants constituent une solution rapide et efficace pour les cas où l’on serait dans l’impossibilité de se laver les mains, ils ne remplacent pas un vrai lavage des mains. Le rôle d’un gel hydroalcoolique est avant tout de désinfecter, mais pas de nettoyer.  

2. Le gel désinfectant ne s’utilise pas n’importe comment 

Pour que le gel désinfectant soit efficace, il convient de l’utiliser d’une manière précise. Il faut avant tout se débarrasser de tout bijou, car les bagues sont de vrais nids à germes. Ensuite, il faut l’appliquer sur toutes les zones de la main, en passant par les paumes, les doigts et les bouts des doigts, et aussi les pouces et les poignets. Le temps de friction serait également important et devrait durer au minimum 30 secondes. Une technique qui permet de conserver l’efficacité du gel. 

3. Le gel désinfectant peut se fabriquer maison

À ce stade, les solutions antibactériennes semblent être la seule solution pour réellement tenter de se protéger du coronavirus. Mais si vous n’avez pas eu le temps de vous en procurer, de nombreux gels antibactériens sont désormais en rupture de stock. Pour l’heure, la seule solution est donc d’en fabriquer un soi-même. L’OMS a publié une recette pour la faire chez vous : « Pour 1 litre de gel, mélangez 833,3 ml d’éthanol 96 %, 41,7 ml de peroxyde d’hydrogène, communément appelé eau oxygénée, disponible en pharmacie, et 14,5 ml de glycérol 98 %, ou glycérine, également en vente à la pharmacie. Enfin, ajoutez à la préparation de l’eau bouillie refroidie jusqu’au repère gradué indiquant 1 litre. Mélangez bien le tout puis versez la solution rapidement dans les flacons de distribution (100 ml ou 500 ml). Il est nécessaire de placer les flacons remplis en quarantaine pendant au moins 72 heures. C’est le délai permettant la destruction des spores bactériennes potentiellement présentes dans l’alcool ou dans les flacons. »

4. Le gel n’est pas efficace sur des mains souillées ou mouillées

D’où l’importance de se laver les mains au préalable. Car, le gel désinfectant ne sert pas à nettoyer les mains, et l’agent actif dans le gel risque d’être dilué si vous l’appliquez sur des mains mouillées ou sales. Le gel sert uniquement de désinfectant. 

5. Plus le taux d’alcool est élevé, plus le gel sera efficace

Les gels hydroalcooliques contiennent de l’eau et de l’alcool. Pour exercer leur action désinfectante, ils doivent avoir une certaine concentration d’alcool, entre 60 et 80 %. 

L’efficacité des gels hydroalcooliques remise en cause par des bactéries

Une bactérie que l’on retrouve dans les hôpitaux a développé, selon une étude australienne, une forme de résistance aux gels hydroalcooliques, largement utilisés par le personnel hospitalier mais aussi de plus en plus par les particuliers.

Les gels antibactériens sont-ils efficaces à 100 % ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre des chercheurs de l’université de Melbourne. Dans une étude, que relaie Sciences et Avenir, ils ont découvert qu’en un peu moins de vingt ans, l’utilisation répétée de gels antibactériens aurait fait muter la bactérie qui aurait développé une résistance aux gels de désinfection.

Celle-ci très courante dans le milieu hospitalier et appelée « enterococcus fæcium » est à l’origine notamment d’infections nosocomiales.

Des bactéries plus résistantes à l’alcool

Ainsi, l’équipe de scientifiques a comparé des souches datant de 2015 avec d’autres datées de 1997. Ils ont alors découvert que les bactéries récentes sont dix fois plus tolérantes à l’alcool que les anciennes.

Ce n’est pas la première fois que l’efficacité des gels est remise en cause. En juin dernier, quelque 200 scientifiques avaient signé un manifeste dans la revue Environmental Health Perspectives pour alerte sur deux composants des gels qui favoriseraient le risque de développer un cancer du sein.

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