Juan Carlos soupçonné de corruption par la justice suisse

La monarchie espagnole tremble : l’ancien roi Juan Carlos accusé d’avoir caché 100 millions € en Suisse

Le monarque aurait reçu cet argent d’Arabie saoudite selon des révélations de « La Tribune de Genève ».

Les médias suisses et espagnols ont révélé mardi 3 mars que l’ancien roi Juan Carlos, qui a abdiqué en faveur de son fils Felipe en 2014, fait l’objet d’une enquête de la part de la justice suisse pour avoir reçu 100 millions de dollars en 2008 de la part des autorités saoudiennes. Et cela en échange de donner une image « tolérante » au rigoriste royaume wahhabite.

Juan Carlos, qui a cédé son trône à son fils Felipe VI en 2014, est accusé d’avoir eu recours à des méthodes frauduleuses pour dissimuler une partie de sa fortune. On ne parle pas ici d’un petit montant mais d’environ 100 millions d’euros cachés en Suisse. C’est le journal « La Tribune de Genève » qui a étalé cette affaire dans sa une cette semaine. Le litige est si sérieux que cela a des conséquences politiques qui risquent de mettre la coalition au pouvoir dans une position délicate.

Évidemment, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans un pays où la monarchie est déjà fortement critiquée. Le gouvernement, composé des socialistes du PSOE, du parti de gauche radicale Podemos et de catalans, en est déjà déstabilisé. Si les premiers s’opposent à toute enquête parlementaire sous prétexte que Juan Carlos avait à l’époque l’immunité parlementaire, les autres ne sont pas du même avis. « Il faut lever tous les doutes sur le comportement corrompu présumé de l’ancien chef d’Etat », fait valoir le porte-parole de Podemos, Pablo Echenique. La gauche catalane dénonce quant à elle « l’opacité d’une famille payée 8 millions d’euros par an juste pour son nom, qui, en plus, fait des affaires avec les satrapes d’Arabie saoudite ».


L’affaire remonte à peu près une dizaine d’années. En août 2008, un immense accord bilatéral est signé entre l’Arabie saoudite et l’Espagne. Trois semaines plus tard, un vaste dialogue interreligieux s’ouvre à Madrid ; l’Arabie saoudite est présentée comme un pays « ouvert » et « tolérant », alors même qu’il s’agit d’un régime musulman très rigoriste.

Selon divers médias espagnols, tels que El Confidencial, sur la base d’une enquête menée par la justice suisse, ces deux événements auraient été une monnaie d’échange entre Riyad et l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos.

En effet, d’après les mêmes sources, celui qui est aujourd’hui le roi émérite aurait alors touché 100 millions de dollars, soit 64 millions d’euros à l’époque. D’après les enquêteurs, cet argent aurait transité par la Suisse, puis par une fondation basée au Panama, avant d’arriver sur le compte d’une certaine Corinna zu Sayn-Wittgenstein, amie personnelle du roi Juan Carlos.

On ne sait pas encore l’usage qui a été fait de cet argent, mais pour l’heure, la maison royale espagnole a préféré ne faire aucun commentaire.


L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos cachait de l’argent à Genève

Voir vidéo de www.rts.ch

L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos aurait placé 100 millions de dollars dans une banque privée suisse, sous couvert d’une fondation dont il était le seul bénéficiaire. La justice genevoise a ouvert une enquête pour blanchiment d’argent aggravé.

L’information a été révélée mercredi par la Tribune de Genève et le Tages-Anzeiger. Juan Carlos Ier cachait de l’argent à Genève, à la banque Mirabaud. L’ancien souverain aurait reçu la somme de l’Arabie saoudite, un simple cadeau sans aucune contrepartie, qu’il a placée dans la fondation Lucum.

Mais le procureur Yves Bertossa en doute. Il a ouvert une enquête pour blanchiment d’argent aggravé. La banque Mirabaud, les dirigeants suisses de la fondation Lucum (un dirigeant de Rhône Gestion et un avocat genevois) et l’ex-maîtresse du roi la princesse Corinna zu Sayn-Wittgenstein ont été mis en prévention.

Compte clôturé

Les avocats contactés estiment que l’accusation du procureur ne tient pas, l’origine des fonds n’étant pas illégale. 

Le compte chez Mirabaud aurait été clôturé en 2012, suite au scandale provoqué par les photos d’un coûteux safari. Le roi d’Espagne chassait l’éléphant alors que son pays était en pleine crise.

Nicolas Rossé/gma – Publié mercredi 4 mars 2020

Roi d’Espagne, Juan Carlos, de la dictature a la démocratie