Dénoncer les « Violences Policières » : un rapport accablant et une application pour récolter des « preuves »,

Une application permettra de filmer en direct les interventions des forces de l’ordre  pour prouver certains éventuels manquements et d’envoyer les images à une association de familles de victimes. – « Maintien de l’ordre, à quel prix ? » C’est le titre d’une enquête publiée ce mercredi matin par l’ONG « Action des chrétiens pour l’abolition de la torture » (ACAT)

Une application qui aurait pu être utile lors de la marche féministe du 8 mars. “Urgence violences policières”, disponible sur Android depuis mardi 10 mars, a été créée par des familles de victimes de violences policières. Le but: filmer en direct les interventions des forces de l’ordre afin de récolter des “preuves” en cas de manquement, annonce Franceinfo, citant l’Observatoire national des pratiques et des violences policières (ONVP), à l’origine du projet. ( Huffpost – 11/03/2020 )


Lors du 1er anniversaire des « gilets jaunes », de nombreux heurts avaient éclaté entre des casseurs et les forces de l’ordre (Paris, le 16 novembre 2019)
Crédits :  Julien Mattia / Le Pictorium – Maxppp


franceinfo avec AFP – publié le 10/03/2020

A l’origine de l’application, l’Observatoire national des pratiques et des violences policières (ONVP) qui regroupe plusieurs familles de victimes de « violences policières » dont Amal Bentounsi. Son frère, Amine, a été tué d’une balle dans le dos par un policier en 2012 en Seine-Saint-Denis. En 2017, le policier a été condamné en appel à cinq ans de prison avec sursis, le tribunal estimant qu’il n’avait pas agi en état de légitime défense.

Les vidéos sont géolocalisées et « conservées sur un serveur » et pourront être transmises à la justice, déclare Amal Bentounsi, membre d’une association de familles de victimes.


Et ce n’est pas la première fois. Depuis l’arrivée de Didier Lallement à la très prestigieuse préfecture de police de Paris, les images de violences policières se multiplient, en lien avec le changement de doctrine opéré par le ministère de l’Intérieur concernant le maintien de l’ordre. Si bien que plusieurs élus -au premier rang desquels ceux de la France insoumise- se relaient, week-end après week-end pour dénoncer les ordres du haut fonctionnaire et réclamer sa démission. ( Huffpost – 11/03/2020 )

UVP (Filmer la police peut sauver une vie !)

TELÉCHARGEZ ICI L’APPLICATION


Les manifestantes du 8 mars indignées par les violences à la marche féministe

lendemain des tensions entre manifestants et forces de l’ordre lors d’une « marche féministe » nocturne à Paris, ces militantes dénoncent des « dégueulasses ».

RAPPORT « MAINTIEN DE L’ORDRE : À QUEL PRIX ? »

Le 11 mars 2020, l’ACAT sort un nouveau rapport intitulé « Maintien de l’ordre : à quel prix ? » Issu de plus d’un an d’enquête, il examine l’évolution des pratiques de maintien de l’ordre depuis le début des années 2000 et met en avant de nombreux dysfonctionnements. Multiplication des cas de violences illégitimes, restriction des libertés publiques et des droits fondamentaux, rupture du lien de confiance entre les institutions, notamment policière, et les citoyens… L’ACAT interroge : l’ordre doit-il être maintenu à ce prix ?

Le 09 / 03 / 2020

Un rapport sur le maintien de l’ordre issu de plus d’un an d’enquête

 Contact presse :

Service Communication, 01 40 40 74 10 
communication@acatfrance.fr

> Télécharger le rapport « Maintien de l’ordre : à quel prix? » en version (pdf 6Mo)

« Le déni des autorités sur les blessés en manifestation creuse le fossé avec la population »


Antoine Boudinet a perdu sa main lors d’une manifestation après avoir reçu une grenade GLI-F4, remplacée depuis par les grenades GM2L dans l’arsenal des forces de l’ordre. — GEORGES GOBET / AFP

Un rapport épingle un durcissement des violences policières, la faute entre autres aux discours politiques

par Ariane Griessel,  Louis-Valentin Lopez publié le 11 mars 2020

L’association « Action des chrétiens pour l’abolition de la torture » (ACAT), dans une enquête publiée mercredi 11 mars, préconise notamment de ne plus recourir aux lanceurs de balles de défense et aux gaz lacrymogènes. Il faudrait aussi, selon l’ONG, revoir la communication autour des manifestations.

« cette arme vise la foule de manière indiscriminée, sans distinguer les fauteurs de troubles des manifestants pacifiques, des passants ou riverains », note l’ACAT. « Par ailleurs, les gaz lacrymogènes ne sont pas sans danger et peuvent donc avoir des conséquences aggravées lorsqu’ils atteignent des personnes vulnérables. »

Selon l’ACAT, c’est avec les premiers week-end de manifestations de « gilets jaunes » qu’un nouveau palier a été franchi. La faute, entre autres, aux discours politiques, qui ont en quelque sorte légitimé une réponse plus violente des forces de l’ordre, comme l’explique Marion Guémas, auteure de l’enquête : « On a eu aussi un discours autour des ‘institutions qui ont failli tomber’, donc certains agents des forces de l’ordre se sont sentis investis de la mission de sauver ces institutions », note-t-elle. « Cela peut, je pense, contribuer à un recours à la violence plus important que nécessaire. C’est pour ça qu’on appelle les autorités à sortir de cette logique de camp contre camp ».

L’ONG suggère en outre de mieux former les policiers.

« On a une mobilisation de plus en plus fréquente de policiers et de gendarmes qui ne sont pas spécifiquement formés aux opérations de maintiens de l’ordre, et qui par leurs pratiques peuvent entraîner de la violence », Marie Guémas.

Mettre en place des médiateurs

L’ACAT appelle donc à privilégier le dialogue, y compris pendant les rassemblements. L’ONG propose notamment le recours à des médiateurs, comme aux Pays-Bas ou en Suède. « Par exemple, avoir des agents qui vont dire à un moment qu’il ne faut pas avancer parce qu’il y a un problème, ou alors qu’une personne a été interpellée parce qu’il y a eu telle ou telle difficulté… », illustre Marion Guémas : « On ne peut pas se contenter de dire que certains manifestants ne veulent pas coopérer et donc qu’on ne fait pas d’effort. C’est à l’État d’engager ce premier pas. »

« Dans plusieurs pays, on est vraiment dans la communication avec tous les acteurs. On ne se contente pas de discuter avec celui qui a organisé mais avec toutes les personnes, en partant du principe que chaque personne qui manifeste réfléchit par elle-même et qu’il faut lui expliquer ce qu’il en est pour éviter les effets de groupe.« 

Le rapport souligne aussi la difficulté, pour les néophytes, de se procurer les règles à respecter pendant les manifestations. Il juge en outre que les sommations à se disperser émises par les forces de l’ordre ne sont pas assez compréhensibles.

L’organisation a également répertorié les blessures et morts liés aux armes utilisées lors des manifestations :

71 personnes grièvement blessées par des tirs de LBD entre 2000 et 2019 selon l’ACAT
Infographie ACAT

Face à ces constats qu’elle juge préoccupants, l’ACAT demande que les autorités françaises publient chaque année le nombre d’utilisations de chaque type d’arme équipant les forces de l’ordre. 

Elle souligne aussi la nécessité d’organismes de contrôle indépendants menant à « des enquêtes effectives, capables d’identifier et de sanctionner les personnes responsables de mauvais traitements » : des investigations « indispensables pour donner un sens pratique à la prohibition de la torture et des traitements inhumains ou dégradants. »

  • ​En France, 2.495 personnes ont été blessées pendant les manifestations des « gilets jaunes » entre le 17 novembre 2018 et le 4 octobre 2019, selon le décompte du ministère de l’Intérieur.
  • L’utilisation des grenades de désencerclement a augmenté de 296 % en 2018 toutes opérations de police confondues, selon les données fournies par la « police des polices » à l’Acat.
  • Dans son rapport sur le maintien de l’ordre publié ce mardi, l’association demande l’interdiction des LBD et la suspension des grenades GM2L et de désencerclement.

Le rapport coup de poing d'une ONG sur le «maintien de l'ordre à la française»!

«Des armes dangereuses», «règne de l'opacité», «entraves aux libertés» : le rapport coup de poing de l'ONG Acat sur le «maintien de l'ordre à la française»!

Publiée par Loopsider sur Mercredi 11 mars 2020

En France, après chaque manifestation, des images de violences policières tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Récemment, la vidéo de l’arrestation du livreur Cédric Chouviat, mort à la suite de son interpellation, a encore renforcé la défiance à l’encontre des policiers. Face à l’accumulation des accusations, et après des mois de déni, le gouvernement a été contraint, en janvier, de rappeler les forces de l’ordre à « l’exemplarité ». Entre la brutalité à laquelle la police est elle-même confrontée et l’indignation des contestataires, la bataille des images fait rage.

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