Le Labo P4 de Wuhan et la France ?

Voulu et construit avec l’aide de la France, le très sensible laboratoire de virologie P4 de Wuhan, qui fait aujourd’hui l’objet de beaucoup de spéculations, a peu à peu échappé au contrôle des scientifiques français.

Une Coopération franco-chinoise

Avec ses 11 millions d’habitants, on dit de Wuhan que est la plus française des villes de Chine. On y trouve un musée de l’urbanisme français et une gare TGV dont le toit évoque un oiseau migrateur. Anne-Isabelle Sigros, qui était cheffe de chantier pour l’agence d’architecture AREP, s’en souvient : “On était dans des marais et des champs. On a planté la gare là, et aujourd’hui la ville l’a rejointe.” Sur la rive Nord, on trouve encore des traces de la concession française, non loin du désormais célèbre marché couvert aux poissons de Huanan. Sur l’autre rive, les avenues rectilignes, qui filent vers l’aéroport, aboutissent à une zone industrielle où prospèrent une centaine d’entreprises françaises, parmi lesquelles Peugeot-Dongfeng, Renault, Eurocopter, Schneider Electric, L’Oréal ou encore Pernod-Ricard… 

En 2003, le SRAS, le syndrome respiratoire aigu sévère frappe la Chine. Le pays a besoin d’aide. Le président Jiang Zemin, dont le mandat s’achève, est un ami du Docteur Chen Zhu. Ce Shanghaïen francophile a été formé à l’hôpital Saint-Louis, dans les services d’un proche de Jacques Chirac, le professeur Degos. Lorsque Hu Jintao succède à Jiang Zemin, Jean-Pierre Raffarin va rencontrer le médecin. 

Afin d’aider Pékin à lutter contre les maladies infectueuses, notamment après l’épidémie de SRAS, le gouvernement français, conduit par Jean-Pierre Raffarin à l’époque, autorisa la livraison de laboratoires mobiles P3 à la Chine. 

Redoutant d’être à nouveau confrontée à l’épidémie de SRAS, la Chine a décidé de se doter dans les plus brefs délais de laboratoires de sécurité microbiologique P3, mais le délai nécessaire à la construction de tels outils fixes est de trois à six mois. Or, après l’apparition de l’épidémie de la « maladie de la vache folle », qui a entraîné en France une forte demande de laboratoires P3, Labover, une firme de Montpellier, a mis au point un concept innovant : un laboratoire P3 compact transportable et modulaire. Quinze jours après avoir découvert ce produit, les responsables chinois étaient à Montpellier, et un mois et demi plus tard le contrat était signé ! 

https://www.lesechos.fr/2003/10/labover-va-livrer-des-laboratoires-p3-mobiles-a-la-chine-676110

« Je souhaite que la vérité soit établie sur ce qui s’est réellement passé dans ce laboratoire, a fait savoir Jean-Pierre Raffarin à Mediapart. Je suis certain qu’avec le président Jacques Chirac et Alain Mérieux, nous avons agi dans l’intérêt de la France, comme, je le pense, les autres gouvernements qui se sont succédé. » S’il rappelle que « quatre présidents, sept premier ministres, une vingtaine de gouvernements, huit ambassadeurs ont partagé ce dossier », l’ancien premier ministre a été l’un des premiers responsables politiques français à valider le projet du futur P4 de Wuhan. 

En avril 2003, il avait maintenu son voyage à Pékin en pleine épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu), et posé rapidement les jalons d’une « coopération scientifique » avec la Chine « contre les pandémies », qui se concrétise par la signature de deux accords par le président Chirac et son homologue chinois, les 27 janvier et 9 octobre 2004. C’est ce dernier accord qui formalise « l’autorisation du transfert des éléments constitutifs et de savoir-faire nécessaires à la réalisation d’installation(s) de haute sécurité, en particulier l’assistance à la réalisation d’un laboratoire de niveau de sécurité biologique 4 (NSB4) à l’institut de virologie de Wuhan » assortie d’un certain nombre de conditions. 

« Sur le plan intérieur, quelques légitimes réserves, ont, comme toujours, été émises dans la phase d’instruction, souligne encore Jean-Pierre Raffarin, mais la communauté scientifique – l’Inserm, l’Institut Pasteur, le P4 de Lyon et Alain Mérieux – avait les arguments pour les lever et convaincre le président et les six ministres concernés, je ne me souviens pas de problème lors des réunions interministérielles. »

Les deux pays décident de s’associer pour lutter contre les maladies infectieuses émergentes. Ce partenariat semble d’autant plus nécessaire qu’un autre virus, celui de la grippe aviaire, le H5N1, vient frapper la Chine. 

Un accord, relatif à la coopération entre le gouvernement de la République Française et le gouvernement de la République Populaire de Chine en matière de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses émergentes , est signé le 09 octobre 2004 à Pékin, entre Michel Barnier, alors Ministre des Affaires Etrangères, pour le gouvernement de la République Française et Xu Guanghua, Ministre des sciences et tehnologies pour le Gouvernement de la République Populaire de Chine. 

Dans cet accord, à l’article 2, il est spécifié que cet accord concerne : la réalisationd’« installation(s) » de haute sécurité, en particulier assistance à la réalisation d’un laboratoire de niveau desécurité biologique 4 (NSB4) à l’Institut de virologie de Wuhan de l’Académie des sciences de Chine, ci-aprèsdénommé : « laboratoire P4 de Wuhan », ainsi qu’assistance à la mise en service de quatre laboratoires mobilesde niveau de sécurité biologique 3 (NSB3), ci-après dénommés : « laboratoires P3 » 

Cet accord sera ratifié par le Décret n°2005-1181 du 14 septembre 2005 portant publication de l’accord relatif à lacoopération entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de laRépublique populaire de Chine en matière de prévention et de lutte contre les maladiesinfectieuses émergentes, signé à Pékin le 9 octobre 2004.

Ce décret est signé par : Jacques Chirac, Président de la République ; Dominique De Villepin, Premier Ministre et Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires Etrangères.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000422695/

Un laboratoire de type P4, autrement dit, de très haute sécurité biologique pour l’étude de virus pathogènes inconnus pour lesquels on n’a pas de vaccin, va se construire à Wuhan. Il existe une trentaine de ces structures dans le monde, dont certaines sont labellisées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais le projet provoque des résistances. D’abord, des experts français en guerre bactériologiques se montrent réticents. Nous sommes dans l’après 11 septembre. Le SGDSN (Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale) redoute qu’un P4 puisse se transformer en arsenal biologique. 

A cela s’ajoute un autre grief de la part de la France. La Chine refuse de lui préciser ce que sont devenus les laboratoires mobiles de biologie P3 qui avaient été financés par le gouvernement Raffarin après l’épidémie de SRAS. “Les Français ont été un peu refroidis par le manque de transparence des Chinois“, explique Antoine Izambard, auteur du livre « France Chine – Les liaisons dangereuses » :

« Leurs explications sont restées opaques sur l’utilisation qu’ils pouvaient faire de ces P3. Certains dans l’administration française pensaient donc que la Chine ferait sûrement un usage similaire du P4. Cela suscitait énormément de craintes. »

« Nous leur avons demandé [aux Chinois] ce qu’étaient devenus les P3 et ils nous ont répondu que certains, situés dans une région proche de l’Himalaya, avaient gelé durant l’hiver et que d’autres avaient disparu. C’était assez déroutant. » 

Autre élément « inquiétant », relève Christophe Izambard : le choix de la société IPPR Engineering International pour la maîtrise d’ouvrage du futur laboratoire P4 de Wuhan, laquelle était promise au cabinet d’architectes français RTV. Or, l’entreprise désignée dépendait de la China National Equipment of Machinery Corporation [CNEMC], elle-même contrôlée par l’Armée populaire de libération. En outre, Technip, qui devait certifier le laboratoire s’est retiré du projet… 

En 2008, un comité de pilotage est créé. Il sera dirigé par un Français, le Lyonnais Alain Mérieux et le docteur Chen Zhu. En 2010, l’administration Sarkozy annonce à l’OMS que les travaux commencent. 

Une quinzaine de PME françaises très spécialisées prêtent alors leur concours pour construire le laboratoire. “Ces labos P4, c’est vraiment de la technologie de top niveau, comparables à celle des sous-marins nucléaires français pour ce qui est de l’étanchéité de certaines pièces“, précise encore Antoine Izambard. Mais ce seront des entreprises chinoises qui assureront l’essentiel de la construction, ce qui n’est pas toujours du goût des Français. 

Dans le livre de Christophe Izambard, un autre fonctionnaire français résume, : « Durant ces quinze années, la Chine a plusieurs fois manqué à sa parole, un certain flou a notamment entouré son action en faveur d’un programme biologique offensif. Les dirigeants chinois nous avaient, par exemple, certifié qu’ils n’avaient pas d’autres P4 et ne projetaient pas d’en construire de nouveaux. On sait aujourd’hui qu’ils en ont plusieurs, dont certains sont assez suspects ».

Le 31 janvier 2015, le chantier se termine enfin. Dans son livre, Antoine Izambard décrit un endroit austère. « Au bout d’une route à 6 voies » écrit-il, on trouve « un immense immeuble en briques rouges en construction, (destiné à accueillir 250 chercheurs en résidence), un autre hautement sécurisé que l’on prendrait pour une prison (un bunker de 4 étages avec 4 labos étanches), et un dernier blanc et rectangulaire sur lequel est écrit “Wuhan Institute of Virology ».

En 2015, Alain Mérieux quitte la coprésidence de la Commission mixte qui supervisait le projet. A l’époque, il raconte au micro de Radio France à Pékin : « J’abandonne la coprésidence du P4 qui est un outil très chinois. Il leur appartient, même s’il a été développé avec l’assistance technique de la France. » Mais il ne s’agit pas pour autant de couper tous liens. « Entre le P4 de Lyon et le P4 de Wuhan » précise-t-il, « nous voulons établir une coopération étroite. En Chine, il y a beaucoup d’animaux, l’aviculture, les problèmes de cochons, qui eux-mêmes sont des transporteurs de virus. Il est impensable que la Chine n’ait pas un laboratoire de haute sécurité pour isoler des germes nouveaux dont beaucoup sont d’étiologie inconnue. » 

Le 23 février 2017, l’ex Premier ministre Bernard Cazeneuve et la ministre de la Santé Marisol Touraine annoncent que 50 chercheurs français viendront en résidence au P4 de Wuhan pendant cinq ans. La France s’engage alors à lui apporter une expertise technique, ainsi que des formations pour améliorer le niveau de biosécurité du laboratoire, et à lancer un programme de recherche commun. Mais les chercheurs français ne viendront jamais. Pour Marisol Touraine, « C’est dommage dans la mesure où on avait lancé le projet avec l’espoir qu’il apporterait de la connaissance partagée. On ne pouvait pas évidemment anticiper l’épidémie actuelle. Mais en février 2017, on misait sur les espoirs de cette coopération. » 

Discours de M. Bernard CAZENEUVE, Premier ministreà la cérémonie d’accréditation du laboratoirede haute sécurité biologique P4Wuhan, 23 février 2017 

https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2017/02/23.02.2017_discours_de_m._bernard_cazeneuve_premier_ministre_-_ceremonie_daccreditation_du_laboratoire_de_haute_securite_biologique_p4.pdf

Quoi qu’il en soit, la mise en exploitation du labo a lieu en janvier 2018. Elle coïncide avec la première visite d’Etat d’Emmanuel Macron à Pékin.

Mais dès le début un doute s’installe sur sa fiabilité. Selon le Washington Post, en janvier 2018, des membres de l’ambassade américaine visitent les locaux et alertent Washington de l’insuffisance des mesures de sécurité prises dans un lieu où l’on étudie les coronavirus issus de chauves-souris. 

Autre déconvenue : la coopération franco-chinoise espérée entre le P4 Jean Mérieux-Inserm de Lyon Bron et celui de Wuhan ne démarrera jamais vraiment. Alain Mérieux lui-même le confirme à la cellule investigation de Radio France : « On peut dire sans dévoiler un secret d’Etat que depuis 2016 il n’y a pas eu de réunion du Comité franco-chinois sur les maladies infectieuses », reconnaît-il. Contrairement aux promesses initiales, les Chinois travaillent donc sans regard extérieur de chercheurs français. « Le laboratoire est loin de tourner à plein régime », précise encore Antoine Izambard. « Ils ont construit un immense immeuble qui doit accueillir 250 chercheurs, mais ils ne sont pas encore là. En temps normal, il n’y a que quelques chercheurs chinois de l’Institut de virologie de Wuhan qui mènent des recherches sur des animaux en lien avec trois maladies, Ebola, la fièvre hémorragique Congo Crimée, et le NIPAH » (un virus véhiculé par les porcs et les chauves-souris). 

Revenons sur Alain Mérieux  

En réalité, Alain Mérieux a fait campagne en faveur de la demande chinoise d’un laboratoire P4 dès le milieu des années 1990. « Le monde de la défense était extrêmement réservé, rapporte à Mediapart un haut cadre de sécurité nationale. Les risques liés à des projets biologiques secrets de la Russie et de la Chine étaient constamment dénoncés par les services de renseignement. Mais un rouleau compresseur pro-chinois essayait de faire croire qu’il s’agissait d’un grand projet. Durant la période de cohabitation [1997-2002 – ndlr] nous avons bâti une stratégie pour mettre un feu rouge, en opposant des demandes de garanties aux projets d’accords qui se sont succédé. » 

« Le pouvoir politique ne voulait pas faire obstacle à cette demande de la Chine », et l’administration étant divisée, le clan Mérieux a fini « par avoir gain de cause », poursuit le haut fonctionnaire. « Et une partie importante de ces garanties ont été envoyées à la poubelle »« On savait tous qu’il y avait un risque. La question était : est-ce que cette prise de risque en vaut la peine ? Et aussi est-ce que l’on pourra contrôler l’installation ou pas ? La plupart des experts jugeaient à juste titre qu’on ne contrôlerait rien du tout. Il y a une formidable naïveté face à la Chine. »

Alain Mérieux, 81 ans, héritier de l’institut fondé par son grand-père Marcel et seizième grande fortune française, n’est sûrement pas naïf. Il a raconté s’être lié à la Chine via son beau-père, un industriel de l’automobile, qui, dans les années 1960, commerçait déjà avec Pékin. Mais c’est son engagement au sein du parti gaulliste qui lui a fait fréquenter les apparatchiks chinois. « Lors de ma carrière politique auprès de Jacques Chirac, j’ai été amené à occuper le poste de premier vice-président de la région Rhône-Alpes, a-t-il confié  en avril 2919, au site Chine-Info. Et en 1986, lorsque le président de région a signé un accord avec la municipalité de Shanghai, dont le maire était M. Jiang Zemin [secrétaire général du Parti communiste chinois après la répression de Tiananmen en 1989 et jusqu’en 2002 et président de la République Populaire de Chine entre 1993 et 2003 – ndlr], j’ai été en charge des relations avec Shanghai. Cette responsabilité m’a fait me déplacer au moins deux fois par an en Chine, pendant douze ans, avec mes collègues universitaires de Lyon et de Grenoble. » 

Alain Mérieux a indiqué, via l’agence de communication Image 7, qu’ayant « cessé ses activités » au sein du Comité franco-chinois sur les maladies émergentes en janvier 2015, il ne répondrait pas aux questions de Mediapart sur son implication dans la livraison du laboratoire de Wuhan. 

L’industriel a précisé qu’il n’avait fait « qu’intervenir à titre personnel dans l’animation de ce comité » – co-présidé côté chinois par son ami, le ministre de la santé Chen Zhu – dont l’objectif « d’accompagner la création d’un laboratoire P4 ». En outre, a-t-il souligné, son intervention n’avait pas impliqué ses entreprises : « Ni l’Institut Mérieux, ni ses sociétés, ni la Fondation Mérieux n’ont participé à la création du laboratoire P4 de Wuhan et ne sont impliqués dans sa gestion. » 

Nommé en 2008 co-président du comité de pilotage de l’accord franco-chinois, Alain Mérieux s’est fait durant quinze ans le porte-parole des autorités chinoises pour que la France ferme autant que possible les yeux sur les garanties juridiques qu’elle avait posées et se hâte de construire. 

A cette époque, Stéphane Bancel (aujourd’hui PDG de MODERNA) était Directeur Général de BioMérieux, au côté d’Alain Mérieux.

Selon un haut fonctionnaire joint par Mediapart, les pressions chinoises se sont poursuivies dès la fin des travaux en 2015 pour obtenir de la France « un transfert de souches pathogènes » du P4 Jean Mérieux à celui de Wuhan. Les autorités de défense comme les autorités de santé françaises s’y sont opposées, la France ayant « perdu totalement la main » sur le laboratoire, depuis l’accréditation de l’installation par les seules autorités chinoises. 

En 2019, répondant à Chine-Info, Alain Mérieux avait évoqué « une collaboration très longue » avec le ministre de la santé chinois, et des « efforts » conjoints « qui ont pu aboutir à la remise des clefs du laboratoire P4 aux autorités chinoises »« Le laboratoire P4 est un point très fort, parce que d’abord, c’est le seul laboratoire haute sécurité d’Asie »« Sa conception et sa création ont été voulues par Jacques Chirac lorsqu’il était en Chine au moment de l’épidémie de Sras, avait-il précisé. « Quand on crée quelque chose, il y a toujours des gens contre. Alors évidemment, il a fallu convaincre certains pays qui n’étaient pas forcément très enthousiastes de voir ce laboratoire en Chine. »  

Questionné sur le risque d’une utilisation militaire par la Chine de l’équipement de pointe, il répond : « Tout dépend de ce que l’on en fait et des mains entre lesquelles cela est confié. » Effectivement… 

« Même si l’on peut comprendre la logique médicale post épidémie du SRAS, le labo P4 pose question », juge Valérie Niquet, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste de l’Asie, jointe par Mediapart. « Il faut se demander quel est le degré possible de coopération dans des technologies sensibles avec un pays qui met en œuvre l’intégration des industries civiles et militaires. L’armée chinoise s’intéresse aux labos P4, c’est évident. Les autorités de sécurité françaises étaient réticentes à la fourniture de ce type de labo à la Chine. »

L’accord de 2004 comporte des volets immédiatement mis en œuvre : la livraison de quatre laboratoires mobiles de type P3 et l’installation d’un Institut Pasteur à Shanghai, sous la tutelle de l’Académie des sciences chinoise. La machine à construire le P4 se met en route. Le laboratoire sera conçu par le cabinet d’architectes lyonnais Tourret et Jonery : c’est lui qui a construit le P4 Jean-Mérieux à Lyon. Une société chinoise, IPPR Engineering International, s’occupe du gros œuvre, tandis qu’un spécialiste français en biosécurité, Climaplus gère le confinement. 

Mais certaines garanties écrites obtenues par la défense concernant le P4 s’avèrent compliquées. En effet, dans ce document intergouvernemental de 2004, la partie chinoise s’est engagée « à perfectionner ses législation et réglementation nationales s’inspirant de la réglementation française », concernant « l’autorisation et à la traçabilité des opérations de détention, de cession, de transport, d’importation et d’exportation afférentes à certains agents responsables de maladies infectieuses, micro-organismes pathogènes et toxines ». Sans oublier « l’inventaire des souches et leurs inspections »

En 2006, un avenant souligne encore « le besoin de la mise en adéquation des normes chinoises »« qui devront s’appliquer aux installations du futur laboratoire NSB4 de Wuhan, avec les normes, recommandations et meilleures pratiques internationales » en matière de sécurité biologique, biosécurité entre autres. Les Chinois s’engagent à entreprendre « la transposition des normes internationales dans le corpus normatif chinois » avec l’assistance de l’Afssaps et l’Afnor. 

Mais en 2008, Alain Mérieux prend les commandes et remplace Christian Bréchot, l’ancien patron de l’Inserm à la co-présidence du comité franco-chinois, qu’il nomme concomitamment à la vice-présidence de l’Institut Mérieux et à la direction médicale et scientifique de BioMérieux… Il s’aperçoit que les travaux des administrations françaises ne sont pas du goût des responsables chinois. Ces derniers s’impatientent. 

Et le report de la pose de la première pierre du labo P4 qu’ils espéraient en 2009 devient un casus belli, qui conduit Alain Mérieux à s’adresser au gouvernement. 

Selon une note – intitulée « Éléments de réponse aux lettres de M. Alain Mérieux » – rédigée début 2010 par la Directrice générale de la coopération (DGCID) du ministère des affaires étrangères, Hélène Duchêne, aujourd’hui directrice générale de l’administration du Quai d’Orsay, Alain Mérieux dénonce alors « l’incompétence » des fonctionnaires français, et menace alors de démissionner de la co-présidence du comité. En brandissant le risque d’un « accident biologique grave »

Le réquisitoire de l’industriel lyonnais, tel que le retranscrit la responsable du Quai d’Orsay, porte, en vrac, sur « des erreurs et des incompétences avérées émanant de la partie française », une « proposition incomplète et inadaptée par l’Afnor », le « mauvais classement par priorité des formations proposées au personnel chinois du P4 », oui encore l’« analyse toujours incomplète de la documentation chinoise en matière de sécurité et de sûreté biologique ». 

Mérieux juge aussi que « les propositions et des documents techniques transmis à la partie chinoise » ont été « validées par des personnels français sans aucune expertise reconnue dans les domaines incriminés ». 

Il pointe enfin « des risques graves »: « Un refus d’accréditation du laboratoire P4 de Wuhan par l’autorité chinoise compétente et l’OMS. En cas d’accréditation et donc de mise en service du laboratoire le danger d’un accident biologique grave. Dans les deux situations, la responsabilité de la France sera mise en cause. » 

Dans ses éléments de réponse à Mérieux, la responsable du Quai d’Orsay valide largement les récriminations de l’industriel et des Chinois. 

« La note de M. Alain Mérieux reflète en grande partie la réalité de la situation, écrit-elle. Les dysfonctionnements et incompétences relevées et déjà rapportées par les postes [diplomatiques – ndlr] le sont également par la partie chinoise. Certains acteurs français impliqués depuis trop longtemps sur ce dossier contribuent largement à ralentir le projet. La partie chinoise montre encore sa volonté de collaborer avec la France […]. Les deux agences pourraient se voir rappeler une fois de plus, au plus haut niveau l’importance politique du dossier. Elles ont en effet tendance à se comporter en “électrons libres” et non en opérateur de coopération. »

Joint par Mediapart, Bernard Kouchner, alors ministre des affaires étrangères, souligne que s’il n’a pas été réellement partie prenante de ce projet de coopération médicale, il y était « très favorable », en dépit de l’opposition « qui tournait autour du ministère de la défense » et « de la DGSE qui nous disait en substance vous allez introduire le ver dans le fruit, et il va nous tomber plein de virus sur la tête ». 

« À chaque fois, j’ai donné un avis positif, déclare Bernard Kouchner, mais c’est Alain [Mérieux – ndlr] et pas moi qui était la cheville ouvrière d’une telle construction. »

« Il y avait une espèce de complot, un groupe de personnes, un lobby qui voulait nous empêcher de construire ce labo, poursuit-il. C’était nébuleux. Il fallait une décision et ce qu’a écrit la directrice de la coopération était juste. Il fallait une décision. Et c’est une décision qu’a prise Nicolas Sarkozy. »  

Conforté, Alain Mérieux ne démissionne pas. Et il obtient le remplacement du coordinateur du comité franco-chinois, un scientifique, par un haut fonctionnaire chiraquien, ancien secrétaire général de la mairie de Paris, Jean-Michel Hubert, ainsi que la tête de plusieurs fonctionnaires. Questionné sur sa note, l’industriel n’a pas voulu commenter l’épisode. 

L’ex-ministre de la santé Roselyne Bachelot a confirmé à Mediapart avoir « reçu un courrier d’alerte de M. Mérieux »« Pour parer à toute dérive et assurer une parfaite collaboration, il a été alors procédé à la nomination de M. Hubert pour suivre la mise en œuvre de l’accord de 2004, en fait pour reprendre en mains le dossier et assurer une surveillance rapprochée des protagonistes (aussi bien chinois que français…) »,précise-t-elle. 

« La pression sur nous a été forte, commente l’un des fonctionnaires ciblés par Mérieux, joint par Mediapart. C’est une période qui a été très dure. La mise en danger, c’était nous qui en parlions. Il nous était demandé de mettre à niveau le volet réglementaire, et les normes techniques chinoises. La Chine avait une grosse majorité de normes techniques qualifiées d’obligatoires mais ça ne lui garantissait pas pour autant plus de sécurité. Comment fait-on en cas d’accident grave avec un pays qui a ses propres normes ? La mise à niveau des textes portait sur tous les critères de sécurité et de sûreté. Contrairement à nous, les Chinois ne distinguaient pas la notion de sécurité – en cas d’accident – et celle de sûreté biologique – en cas d’acte de malveillance. Pour eux, c’était la même chose, pour nous ce sont deux domaines complémentaires. Il fallait aussi prendre en compte l’effectivité des textes et des lois. Qui les applique et comment ? Est-ce qu’il y a un régime de responsabilité, de sanction, et lesquels ? »

Autant de questions qui fâchent… La mise à niveau juridique, l’un des garde-fous du contrat, est un casse-tête. « Lorsque l’on demandait ce que nous allions faire si les Chinois n’obtempèrent pas, nos responsables reconnaissaient qu’ils n’avaient rien à mettre sur la table, se souvient encore un fonctionnaire. On était censés mettre en œuvre l’accord de 2004, mais on ne nous a pas laissés faire grand-chose. Il fallait avancer avec le P4. On ne savait pas ce qui était en jeu. Pourquoi tant d’insistance ? Quelle était la contrepartie ? » 

Le Reform Friendship Award a été remis à Alain Mérieux à l’occasion de la Conférence célébrant le 40ème anniversaire de la Réforme et de l’ouverture de la Chine, organisée le mardi 18 décembre 2018 au Grand Palais du Peuple à Pékin, en présence du Président Xi Jinping. 

Il est à noter que Klaus Schwab a également reçu cette distinction ce même jour.

Monsieur Alain Mérieux, Président de la Fondation Mérieux et Président de l’Institut Mérieux, a reçu le Reform Friendship Award au titre de son engagement pour la santé publique chinoise, particulièrement dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses. 

Cette distinction remise à Alain Mérieux s’inscrit dans la longue tradition des relations établies par la famille Mérieux et ses sociétés avec la Chine depuis 40 ans. Ce pays est devenu pour l’Institut Mérieux un pôle stratégique pour l’ensemble de ses activités dans le domaine du diagnostic, de l’immunothérapie et de la nutrition. Avec ses sociétés bioMérieux, Transgene et Mérieux Nutrisciences, et aux côtés de la Fondation Mérieux, l’Institut Mérieux privilégie une approche en partenariat avec les autorités et les acteurs de la santé chinois pour répondre aux grands enjeux de santé publique de ce pays. 

Aux côtés du Ministre de la Santé, le Professeur Chen Zhu, Alain Mérieux a notamment joué un rôle moteur en tant que Co-Président du Groupe Franco-Chinois sur les Maladies Infectieuses Emergentes, dans la création du Laboratoire de recherche de haute sécurité P4 inauguré fin 2014 à Wuhan. 

En mars 2014, le Président Xi Jinping s’était rendu au siège de bioMérieux à Marcy l’Étoile, à l’occasion de sa visite d’Etat en France pour la commémoration du 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine. 

https://www.chinadaily.com.cn/a/201812/19/WS5c194335a3107d4c3a001816.html

L’effacement des français

À Wuhan, les cérémonies vont s’enchaîner. D’abord, la pose de la première pierre sur le site le 30 juin 2011, en présence de la secrétaire d’État à la santé Nora Berra. Puis, la fin des travaux le 30 janvier 2015, en présence du secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen – à l’occasion d’un déplacement de Manuel Valls. Et enfin l’inauguration par le premier ministre Bernard Cazeneuve, après l’accréditation du laboratoire par l’organisme chinois certificateur, le 23 février 2017. 

À chaque fois, un nouveau ruban rouge à couper, des promesses réitérées de coopération. Des sourires pour la photo. Des mannequins aussi, placés dans certaines salles. Le quinquennat de François Hollande ne semble pas avoir affecté le projet. Et pourtant, l’inauguration du P4 marque, en dépit des apparences, un point final. 

Depuis son inauguration en 2017, Paris ne dispose plus d’aucun contrôle sur la gestion de l’installation, et la coopération prévue a été stoppée. 

«Mesdames, Messieurs, ce laboratoire que nous avons bâti ensemble sera un fer de lance de notre lutte contre les maladies émergentes », s’était réjoui le premier ministre Bernard Cazeneuve à Wuhan, le 23 février 2017. « Il accroîtra considérablement la capacité de la Chine à conduire des recherches de pointe et à réagir efficacement à l’apparition de maladies infectieuses qui menacent les populations de l’ensemble du globe ».

Le « fer de lance » n’a pas tenu la promesse de Bernard Cazeneuve. Pire, la France a été tenue à l’écart de la mise en route du laboratoire de Wuhan après en avoir doté la Chine. 

Ce type de laboratoire baptisé P4 est un bijou de haute technologie. Le confinement doit y être maximal, car les chercheurs équipés de scaphandres s’y consacrent à l’étude de micro-organismes du groupe de risque 4, c’est-à-dire des agents hautement pathogènes – caractérisés par un haut taux de mortalité, un pouvoir de dissémination très élevé, et pour lesquels il n’existe pas de traitement. 

Selon l’enquête de Mediapart, cet échec était prévisible, parfois même annoncé depuis plusieurs années par des responsables d’administration de la défense et de la santé qui ont alerté les gouvernements français des risques inhérents à ce transfert de technologie vers la Chine, en particulier qu’elle s’affranchisse des garanties inscrites dans l’accord de coopération signé en 2004 relatives aux normes techniques et juridiques de sécurité et de sûreté, ainsi qu’au contrôle de l’installation.

Les inquiétudes étaient multiples. La première d’entre elles était la possibilité d’une duplication de cet outil par les autorités chinoises, et sa prise en main par l’Armée populaire de libération, à des fins militaires. Ce qu’on appelle le risque de « prolifération » 

Les inquiétudes étaient aussi scientifiques : le labo P4 allait-il devenir un instrument de coopération véritable ou allait-il se refermer par la force du parti-État chinois ? Mais on s’inquiétait aussi de sécurité. L’incertitude sur la construction de l’installation était grande : les entreprises et les autorités de santé chinoises s’adapteraient-elles aux normes internationales de sécurité et de sûreté ? La France pouvait-elle garantir la fiabilité de l’outil si les règles de fonctionnement n’y étaient pas les mêmes et la formation insuffisante ? 

Malgré toutes ces craintes, le projet a été porté au plus haut niveau des priorités entre la France et la Chine depuis 2004, à l’origine par le président Chirac. Mais il s’agit avant tout du projet d’Alain Mérieux, le président de l’Institut Mérieux – la maison mère de bioMérieux. Le P4 de Wuhan est en effet la réplique du laboratoire P4 construit à Lyon par la fondation Mérieux, aujourd’hui entre les mains de l’INSERM. 

Sur le site de l’institut de virologie de Wuhan, le directeur du laboratoire P4 Inserm – Jean Mérieux, Hervé Raoul figure toujours en bonne place parmi les membres du conseil scientifique, en tant que « Deputy Director », du conseil scientifique du Center for Emerging Infectious Diseases de Wuhan. « J’avais accepté la demande », explique-t-il à Mediapart, « mais je n’ai jamais eu de retour officiel et ce conseil ne s’est jamais réuni à ma connaissance. » 

En mai 2017, le scientifique annonçait pourtant dans la revue de l’Inserm Science et Santé – dans un article intitulé « Laboratoire P4 de Wuhan : une réussite pour la coopération franco-chinoise » –, qu’il comptait « développer une collaboration privilégiée » avec le P4 chinois, rappelant que le premier ministre avait annoncé qu’un budget « d’un million d’euros pendant cinq ans » avait été affecté à cette coopération « qui devrait concerner une cinquantaine de scientifiques français, sous l’égide et le pilotage de l’INSERM »

Selon l’accord de 2004, le comité franco-chinois devait en effet « participer à la définition des programmes de recherche scientifique à réaliser dans le cadre du laboratoire P4 de Wuhan »« effectuer le suivi et l’évaluation de ces programmes, s’assurer de la publication des résultats », et enfin en dresser un bilan annuel. 

Selon Hervé Raoul, la mise en service du laboratoire de Wuhan allait se faire « progressivement »« avec des premiers projets de recherche sur des pathogènes de niveau inférieur »« Nous nous assurons ainsi de la bonne protection de l’environnement extérieur au laboratoire et des personnels avec des virus de moindre risque », expliquait-il. « C’est une absolue nécessité, car les conséquences sanitaires ou socio-économiques d’un défaut de sécurité peuvent être considérables, comme nous avons pu le voir en 2007 avec des souches de fièvre aphteuse échappées d’un laboratoire anglais. » 

Le scientifique précise à Mediapart « qu’à aucun moment », il n’est « intervenu pratiquement dans ce processus » de mise en route du laboratoire de Wuhan. Il déclare récemment au Monde, que le P4 « avait l’air plutôt bien conçu »« mais, pour en être certain, il aurait fallu le voir en mode opérationnel. Je l’ai visité plusieurs fois, mais je ne l’ai pas vu en fonctionnement », reconnaît-il. 

« Ni l’Inserm, ni ses chercheurs n’ont de regard sur les activités du P4 de Wuhan depuis sa mise en fonctionnement », a fait savoir l’INSERM à Mediapart. « Si la construction du P4 de Wuhan s’inscrit bien dans le cadre d’un accord intergouvernemental entre la France et les autorités chinoises, l’INSERM n’a pas participé à la construction du bâtiment, ni à son homologation réglementaire. » Le rôle de l’INSERM s’est limité « à la formation de plusieurs chercheurs chinois aux bonnes pratiques de travail au sein d’un P4 ». Six au total en 2009, puis trois autres en 2015 et 2016, dont le vétérinaire de la future animalerie. Chacun pour trois semaines de formation au sein du P4 lyonnais. 

« Le projet devait se poursuivre après la construction du laboratoire par une coopération scientifique », relève Roselyne Bachelot. « L’histoire semble prouver que cet engagement n’a pas été tenu ou pas à la hauteur de ce qui était annoncé dans l’accord de 2004 ou par Bernard Cazeneuve en 2017 lors de l’inauguration. » Selon l’ex-ministre de la santé, « la responsabilité devra être établie » : « À savoir si les Chinois ont souhaité nous écarter, ou si le désengagement a été le résultat d’errements français ou d’un désintérêt politique pour la coopération sanitaire internationale, ce que certains choix des années 2012-2017 semblent hélas démontrer… »  Roselyne Bachelot ajoute que « pour être honnête avec Marisol Touraine », « la coopération scientifique relevait aussi du ministère de la recherche et de Mérieux ».

Alain Mérieux a quitté le comité de pilotage en janvier 2015, avec la satisfaction du devoir accompli. Il déclare curieusement au micro de Radio France à Pékin que le laboratoire P4 « est un outil très chinois »« Il a démissionné lorsqu’on est passé à la phase délicate du transfert du P4 aux autorités chinoises », estime un fonctionnaire. « La France perdait totalement la main puisque le processus d’accréditation revenait aux Chinois. » L’industriel a néanmoins continué à suivre attentivement le dossier, via le coordinateur du comité, Jean-Michel Hubert, qui lui rend compte directement de ses multiples missions chinoises. 

Le pouvoir chinois lui en a été reconnaissant. Ainsi, en mars 2014, à l’occasion de sa première visite d’État en France, le président Xi Jinping s’est rendu directement à Lyon pour y saluer Alain Mérieux avant même le président de la République. L’industriel a en outre reçu une récompense exceptionnelle des autorités chinoises, le prix « Reform Friendship Award », « au titre de son engagement pour la santé publique chinoise, particulièrement dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses », en 2018. 

La nomination d’Yves Lévy, le PDG de l’INSERM, (mari d’Agnès Buzyn) au poste de co-président du comité de pilotage en remplacement de Mérieux provoque des étincelles. En effet, le scientifique qui a participé à la plupart des visites officielles à Wuhan n’a jamais été favorable au projet. Il s’est en particulier refusé à accorder un nouvel appui technique au laboratoire faute d’avoir un contrôle, désormais impossible, sur la structure chinoise. Le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) ainsi que les autorités de santé et l’INSERM ont aussi opposé une fin de non-recevoir à la demande chinoise d’opérer un transfert de souches pathogènes au laboratoire de Wuhan. « Une demande constante » selon un haut fonctionnaire français. 

Du côté de l’Institut Pasteur, dont la création d’une antenne chinoise à Shanghai fait partie de l’accord de 2004, on souligne aussi le peu d’informations sur le P4 de Wuhan. « Pasteur n’a jamais su ce qui se passait au P4 de Wuhan après sa livraison, du fait d’une absence de collaboration commune et d’une suspicion réciproque », explique un responsable. 

La coopération annoncée est tellement au point mort, que la dernière réunion du comité de pilotage franco-chinois date du mois de juin 2016… « Laisser croire que l’on a soudainement découvert que les Chinois ne voudraient pas de nos coopérants au sein de leurs équipes de recherches est une imposture. Les bons spécialistes de la Chine ont toujours su qu’il en serait ainsi », assure aujourd’hui un ancien conseiller de François Hollande. 

Sur le site internet du laboratoire de Wuhan, la version chinoise quant à la coopération avec la France, l’INSERM et l’Institut Pasteur est tout autre

Le 29 octobre 2014, l’ambassadeur français, M. Maurice GOURDAULT-MONTAGNE, qui a pris ses fonctions en août 2014, a visité le parc Zhengdian du WIV, CAS.


Le Prof. Xinwen Chen, directeur du WIV, CAS, a présenté les domaines de recherche du WIV et la coopération sino-française en matière de réponse aux urgences de santé publique au fil des années. Le Professeur Zhiming Yuan, Directeur de la branche de Wuhan, CAS, a présenté l’état d’avancement du projet, la recherche comparative sur les règles de gestion de la biosécurité sino-française, la formation du personnel, ainsi que l’échange et la collaboration sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes entre les deux pays.


M. Maurice GOURDAULT-MONTAGNE a salué les progrès et les réalisations des deux parties dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. L’année 2014 est la 50ème année depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le gouvernement français attache une grande attention à l’accord de coopération des deux parties. Notre souhait commun est que les deux pays puissent continuer à travailler en étroite collaboration pour renforcer le partenariat stratégique de coopération dans tous les domaines, apportant ainsi une plus grande contribution à l’humanité dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. 

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Le 24 sept. 2015, le conseiller pour la science et la technologie de l’ambassade de France, M. Pierre Lemonde, qui a pris ses fonctions récemment, a visité le parc Zhengdian du WIV, CAS, avec l’attaché pour la science et la technologie du consulat général de France à Wuhan, Philippe Maurin, et l’expert technique international de l’ambassade de France, Gabriel Gras.


Lors du séminaire, le professeur Zhiming Yuan, directeur de l’antenne de Wuhan de la CAS, a présenté la collaboration sino-française en matière de réponse aux urgences de santé publique au fil des ans. Puis, en faisant visiter le laboratoire de niveau de confinement biologique 4 (P4) du parc Zhengdian, le professeur Yuan a présenté la mise en œuvre actuelle du projet de coopération, la formation du personnel, le calendrier des opérations futures, ainsi que les échanges et la coopération en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes entre les deux parties.


M. Pierre Lemond a hautement apprécié les progrès actuels et les réalisations des deux pays dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. L’accord de collaboration qu’ils ont signé a toujours été mis en avant par le gouvernement français, et il continuera à être promu vigoureusement. Après la visite et l’échange, nous pensons avoir transformé l’accord en une application pratique, et nous partageons la vision selon laquelle nous ferons de nouveaux efforts et travaillerons en étroite collaboration pour renforcer le partenariat stratégique de coopération sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes, afin de contribuer davantage à la santé et au bien-être de l’humanité.

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Le 16 juin 2016, M. Maurice GOUTRDAULT, Ambassadeur de France en Chine, représentant le Président de la France, a remis la médaille de Chevalier de L’Ordre National du Mérite et la médaille de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques respectivement au Professeur Zhiming Yuan et au Professeur Zhengli Shi à l’Institut de Virologie de Wuhan (WIV), Académie des Sciences de Chine (CAS).

Lors de la cérémonie de remise des prix, M. Maurice GOUTRDAULT, au nom du gouvernement français, a exprimé ses chaleureuses félicitations et sa reconnaissance pour les contributions importantes apportées par les professeurs Yuan et Shi et leur équipe à la promotion de la coopération sino-française en matière de prévention et de contrôle des maladies émergentes et à la construction du laboratoire sino-français de niveau de biosécurité 4 (laboratoire P4 de Wuhan). Ces dernières années, en se concentrant sur la construction du Laboratoire P4 de Wuhan, la Chine et la France ont collaboré étroitement et obtenu d’assez bons résultats en matière de législation, de réglementation et de construction de normes de biosécurité, de prévention et de contrôle des maladies émergentes et de formation du personnel. M. Goutrdault a salué les contributions positives apportées par la Chine au projet de coopération sino-français. À l’avenir, le gouvernement français coordonnera activement les activités suivantes, telles que la maintenance opérationnelle et la formation du personnel au laboratoire P4 de Wuhan, afin d’améliorer la coopération et les échanges en matière de santé publique entre nos deux nations.

Dans son discours, le professeur Yuan a apprécié l’honneur conféré par le gouvernement français et la grande attention portée par la Chine et la France au projet de coopération. Il a également remercié le CAS, la Commission nationale chinoise de la santé et du planning familial (NHFPC), le ministère chinois des sciences et de la technologie (MOST) et le Service national chinois d’accréditation pour l’évaluation de la conformité (CNAS) pour leur grand soutien. Le professeur Yuan est convaincu que la Chine continuera à se consacrer à la sécurité de la santé publique mondiale grâce aux efforts conjoints avec son partenaire français. Le professeur Shi s’est senti très honoré de recevoir la médaille de Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques. Elle a déclaré que sa formation doctorale à l’Université de Montpellier II en France avait constitué une base importante pour ses études en virologie. Elle se réjouit d’une coopération plus approfondie et plus étendue en matière de santé publique, notamment en ce qui concerne les maladies émergentes entre nos deux nations.


L’Ordre National du Mérite a été créé en 1963, sous Charles de Gaulle. Il a été créé pour unifier un grand nombre d’ordres nationaux dans de nombreux domaines, tels que le commerce, le tourisme et le service postal. L’Ordre national du Mérite a remplacé ces nombreuses distinctions par une seule, qui récompense les personnes distinguées, sans distinction de sexe, de nationalité ou d’origine, qui contribuent de manière significative à aider la France à développer de bonnes relations extérieures. Les Palmes académiques françaises récompensent ceux qui ont rendu des services éminents à l’enseignement français et ont contribué activement au prestige de la culture française. Il s’agit de la plus ancienne décoration française non militaire et de la plus haute distinction dans le domaine de la culture et de l’éducation françaises.

La cérémonie de remise des prix a coïncidé avec la cérémonie de remise du laboratoire sino-français de niveau de biosécurité 4. Ce moment d’honneur s’est déroulé en présence de M. Jinghua Cao, directeur général du Bureau de la coopération internationale de la CAS, de Mme Guilan Song, directrice adjointe du CNAS, de représentants du NHFPC et du ministère des Affaires étrangères, de M. Xinwen Chen, directeur général et de Mme Yanyi Wang, directrice générale adjointe du WIV, de M. Philippe Max MARTINET, consul général de France à Wuhan et de M. Jean-Michel HUBERT, coordinateur national de l’accord sino-français de 2004.

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Le 12/09/2017, M. Olivier GUYONVARCH, nouveau Consul général de France à Wuhan, a visité l’Institut de Virologie de Wuhan, Académie des Sciences de Chine, pour discuter de la coopération entre la Chine et la France en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes. Le professeur Wang Yanyi, directeur général adjoint de l’institut de virologie de Wuhan, a rencontré M. GUYONVARCH, accompagné du professeur Yuan Zhiming, directeur du laboratoire P4 de Wuhan. 


Au cours de la discussion, le Prof. Yuan Zhiming a présenté les réalisations et les progrès accomplis par la Chine et la France dans la construction du laboratoire P4 de Wuhan en termes de lois, de réglementations et de normes pour la biosécurité, la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes, et la formation du personnel. Il espère qu’à l’avenir, avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères, du ministère de la Science et de la Technologie et d’autres départements, le laboratoire P4 de Wuhan pourra renforcer la coopération scientifique avec le laboratoire P4 de Lyon afin d’établir un bon partenariat, de postuler ensemble à des projets de recherche scientifique pertinents et de s’efforcer de réaliser davantage dans le domaine de la recherche universitaire. 

M. GUYONVARCH a pleinement affirmé la contribution positive de la Chine à la coopération sino-française. Il a déclaré que le gouvernement français accorde une grande attention à la future coopération entre les deux parties en matière de laboratoires de biosécurité de haut niveau et au plan de coopération scientifique récemment lancé dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. Le gouvernement français conjuguera ses efforts avec toutes les parties pour soutenir au maximum la coopération entre les deux parties et espère que les scientifiques chinois et français feront des efforts conjoints pour promouvoir la recherche scientifique et contribuer à la cause de la santé publique dans le monde.

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Le 29 janvier 2018, M. Christophe- André FRASSA, le sénateur français chargé des affaires civiques à l’étranger a visité le laboratoire P4 de Wuhan pour discuter de la coopération en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes entre la Chine et la France, accompagné de M. Olivier GUYONVARCH, le nouveau consul général de France à Wuhan et de M. Philippe MAURIN, l’attaché pour la science et la technologie au consulat général de France à Wuhan.  


Au cours de la visite, le Dr Xiao Tong a présenté les réalisations et les progrès accomplis par la Chine et la France dans la construction du laboratoire P4 de Wuhan en termes de lois, de règlements et de normes pour la biosécurité, la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes, et la formation du personnel. Il a espéré qu’à l’avenir, avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères, du ministère de la Science et de la Technologie et d’autres départements, le laboratoire P4 de Wuhan pourra renforcer davantage la coopération scientifique avec le laboratoire P4 de Lyon pour établir un bon partenariat. Ils ont ensuite visité le laboratoire intérieur. 


La délégation française a salué les progrès et les réalisations des deux parties dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. Le gouvernement français attache une grande attention à l’accord de coopération entre les deux parties. Nous souhaitons tous que les deux pays puissent continuer à travailler en étroite collaboration afin de renforcer le partenariat stratégique de coopération dans tous les domaines, apportant ainsi une plus grande contribution à l’humanité dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes.

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Le 26/03/2018, le nouvel Ambassadeur de France en Chine, M. Jean-Maurice RIPERT, accompagné de M. Olivier GUYONVARCH, Consul général de France à Wuhan, a visité l’Institut de Virologie de Wuhan (WIV) de l’Académie des Sciences de Chine (CAS) pour s’informer de la coopération sino-française dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes et des dernières avancées dans la construction du laboratoire P4 de Wuhan. Le professeur Yanyi WANG, directeur général adjoint du WIV, accompagné du professeur Zhiming YUAN, directeur du laboratoire P4 de Wuhan, a rencontré la délégation française conduite par M. RIPERT.


Au cours de la réunion, le Prof. YUAN a fait un rapport d’étape sur la construction du laboratoire. Le rapport a passé en revue l’histoire de la coopération sino-française dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes, et a présenté les progrès actuels dans le développement de la coopération en matière de recherche scientifique de fond entre les deux parties et l’établissement de systèmes de contrôle de la qualité des laboratoires. Il espère qu’à l’avenir, avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères et du ministère français de la Science et de la Technologie, nous renforcerons encore la coopération en matière de recherche scientifique dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes, que nous établirons un bon partenariat et que nous mènerons à bien les demandes de projets de recherche scientifique connexes le plus rapidement possible, afin d’obtenir davantage de résultats à l’échelle internationale.

M. RIPERT a pleinement affirmé les contributions positives de la Chine et de la France dans le projet de coopération et a déclaré que le gouvernement français attache une grande importance à l’accord de coopération intergouvernemental sino-français et prête une attention particulière à la future coopération entre les deux parties qui ont l’intention de mener des recherches scientifiques dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes. Le gouvernement français espère que la Chine et la France continueront à intégrer leurs ressources et à tirer pleinement parti de leurs avantages, à consolider le partenariat stratégique global, à promouvoir la recherche scientifique et à assurer la promotion continue et efficace de la coopération intergouvernementale.

Le professeur Yanyi WANG a accueilli chaleureusement la visite de la délégation française et a exprimé sa sincère gratitude au gouvernement français et aux amis de toutes les parties qui ont activement promu et participé à la coopération sino-française. Elle a souligné que le WIV attache une grande importance à la construction du laboratoire P4 de Wuhan et espère que les deux parties pourront promouvoir davantage la recherche scientifique, les échanges de personnel et renforcer la coopération en matière de projets dans les domaines de la santé, de la médecine, etc., et faire progresser continuellement la coopération en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses émergentes entre la Chine et la France. À l’avenir, l’Institut renforcera encore la communication et les contacts avec le CAS et le ministère des Sciences et de la Technologie, pour rechercher activement des soutiens multi-canaux, et contribuer à la santé publique mondiale.

Des représentants de l’ambassade de France à Pékin, du consulat général de France à Wuhan et du WIV ont assisté à la réunion.

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Le 22/05/2018, M. Jean-Michel Hubert, le coordinateur général de la coopération franco-sino sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes a visité le Laboratoire national de biosécurité de Wuhan (Wuhan P4 Lab) de l’Académie chinoise des sciences (CAS), accompagné de M. Philippe MAURIN, l’attaché scientifique au Consulat général de France à Wuhan. Le professeur Zhiming YUAN, directeur du Wuhan P4 Lab, a rencontré les invités français. Le professeur Donglin SONG, directeur adjoint du LNB, M. René COURCOL, expert technique du projet P4, et des représentants de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) ont participé à la réunion.


Lors de la réunion, le professeur YUAN a présenté le fonctionnement, la maintenance et la gestion du laboratoire P4 de Wuhan sous l’angle de l’accréditation du laboratoire, de l’autorisation de qualification des activités et des projets de recherche scientifique. M. COURCOL a fait un rapport sur l’avancement des travaux de construction du contrôle de la qualité dans le laboratoire P4 de Wuhan. Il essaiera d’aider le WIV à créer un laboratoire national de biosécurité de haut niveau qui combine la gestion de la biosécurité et le contrôle de la qualité à l’avenir.


M. HUBERT a souligné que l’établissement d’un système de contrôle de la qualité est une garantie pour le fonctionnement efficace du laboratoire. C’est un domaine clé pour la prévention et le contrôle des maladies infectieuses en Chine et en France. C’est également un soutien important pour le laboratoire afin de développer la conservation des souches. Il espère que les deux parties pourront continuer à renforcer leur coopération dans ce domaine.

Par ailleurs, les deux parties ont mené des échanges approfondis autour du lancement d’un projet de recherche scientifique commun. Le projet de coopération sera lancé dès que possible. Enfin, les participants ont discuté et trouvé un consensus sur la prochaine réunion du comité de coopération sino-française sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes. Cette réunion se tiendra en Chine cette année.

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Le 24/01/2019, M. Olivier GUYONVARCH, Consul Général de France à Wuhan, M. Pierre LEMOND, Conseiller de l’Ambassade de France en Chine, et M. Yann MOREAU, nouvel Attaché pour la Science et la Technologie du Consulat Général de France à Wuhan ont visité le Laboratoire National de Biosécurité de Wuhan (Laboratoire P4 de Wuhan), Académie des Sciences de Chine (CAS). Le professeur GONG Peng, directeur général adjoint de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), CAS, accompagné du professeur YUAN Zhiming, directeur du laboratoire P4 de Wuhan, du professeur SHI Zhengli et du professeur SONG Donglin, directeurs adjoints du laboratoire P4 de Wuhan, et de M. René COURCOL, expert technique international pour le projet P4, ont rencontré la délégation.

Lors du symposium, le Prof. YUAN Zhiming a exprimé sa sincère gratitude à la partie française pour son soutien et son assistance à long terme à la construction du laboratoire P4 de Wuhan. M. René Courcol a fait un rapport de travail par étapes sur la construction du système de contrôle de qualité du laboratoire et l’étude comparative des documents de procédure des laboratoires chinois et français. L’organisation de la prochaine réunion du Comité de pilotage sino-français, le partage des ressources connexes entre la Chine et la France, et l’importation de vêtements de protection à pression positive des laboratoires P4 ont fait l’objet d’échanges et de discussions approfondies. La partie française a indiqué qu’elle allait promouvoir activement les échanges entre les deux parties.

Le professeur Gong Peng a déclaré que le laboratoire P4 de Wuhan, en tant qu’une des réalisations importantes de la coopération entre la Chine et la France dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes, avait été largement soutenu par les gouvernements chinois et français. Cette réunion a permis de renforcer la compréhension mutuelle et de proposer de nombreux avis constructifs, ce qui permettra de promouvoir efficacement la coopération entre les deux parties afin de réaliser des progrès et des résultats substantiels à l’avenir.

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Le 20/02/2019, le professeur YUAN Zhiming, directeur du laboratoire national de biosécurité de Wuhan (laboratoire P4) de l’Académie chinoise des sciences (CAS), a été interviewé par M. Antoine Izambard, journaliste du magazine français Challenges. Le magazine Challenges est l’une des publications françaises les plus connues, couvrant principalement les affaires économiques, commerciales, politiques et mondiales. Dans le domaine des médias d’information internationaux, il a une influence très importante.

Au cours de l’entretien, le professeur YUAN Zhiming a présenté la disposition et la structure du laboratoire P4 de Wuhan, ainsi que les caractéristiques et les avantages de sa conception. Il a passé en revue le processus de coopération entre la Chine et la France dans le domaine de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses émergentes depuis 2003, et a exprimé sa sincère gratitude à la partie française pour son soutien et son assistance dans la construction d’un laboratoire de biosécurité de haut niveau et la recherche comparative conjointe sur les lois et réglementations en matière de biosécurité. Il a déclaré qu’à l’avenir, la Chine et la France continueront d’utiliser pleinement le laboratoire comme une plate-forme pour mener des recherches conjointes de pointe et apporter ensemble des contributions remarquables à la biosécurité et à la santé publique.

En outre, M. René Courcol, l’expert français impliqué dans le fonctionnement du laboratoire P4 de Wuhan, a également informé le journaliste sur la construction du système de contrôle de la qualité du laboratoire.

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Le 12 décembre 2016, le Dr Maria Dolores Fernandez-GARCIA de l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal) a visité le WIV et a donné une présentation académique.


Dans son rapport, le Dr Maria Dolores Fernandez-GARCIA a parlé de l’expérience de première ligne de l’Institut Pasteur de Dakar lors des épidémies virales, Ebola, Zika, Fièvre jaune, Polio et entérovirus non polio comme exemples. Selon elle, de 2014 à 2016, le laboratoire a soutenu les gouvernements locaux lors des épidémies de maladies infectieuses, notamment Ebola, Zika et la fièvre jaune, coordonné la collecte, l’analyse des données microbiologiques et épidémiologiques, développé des outils de diagnostic moléculaire et sérologique, retracé l’histoire évolutive des virus, séquencé les génomes, et ouvert la voie à des projets de recherche ambitieux qui soutiendront la gestion des crises sanitaires et le développement de futures stratégies de prévention.


Le 16 décembre 2016, le Dr Hervé Bourhy de l’Institut Pasteur a rendu visite au WIV. Il a parlé des lyssavirus des chauves-souris en Europe. Dans son rapport, les chauves-souris sont des hôtes réservoirs de nombreux virus émergents qui peuvent traverser la barrière des espèces pour infecter d’autres animaux sauvages et domestiques, mais aussi l’homme. Il s’agit notamment des lyssavirus, les agents de la rage, qui sont probablement nés chez les chauves-souris et ont progressivement divergé à partir d’un ancêtre commun pour infecter de nombreuses espèces hôtes réceptrices. À ce jour, on a constaté que les chauves-souris servaient de réservoirs pour 13 des 15 espèces de lyssavirus décrites jusqu’à présent. En Europe, quatre de ces espèces de lyssavirus, à savoir les European bat lyssavirus types 1 et 2 (EBLV-1 et EBLV-2, respectivement), le Bokeloh bat lyssavirus (BBLV), le West Caucasian bat virus (WCBV) et une espèce provisoire, le Lleida bat lyssavirus, circulent parmi plusieurs espèces de chauves-souris.

Le programme EMERGENGES 2016 lancé par l’Ambassade de France en Chine soutient la coopération franco-chinoise dans le domaine des maladies infectieuses émergentes. Les deux scientifiques sont sélectionnés comme représentants français dans le cadre de ce programme pour se rendre en Chine.

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Le 06/07/2016, le Prof. Branka HORVAT, le directeur de recherche du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI) de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a visité le WIV, et a donné une conférence académique sur “La contagion émergente : Immunopathogenèse de l’infection par Henipavirus et nouvelles approches prophylactiques”, présidé par le Prof. Zhengli Shi, aux enseignants et étudiants de notre institut.


Dans le rapport, le Prof. HORVAT a présenté le virus Nipah (NiV) et le virus Hendra (HeV) comme des paramyxovirus zoonotiques neurotropes hautement pathogènes du genre Henipavirus qui provoquent des épidémies humaines en Asie du Sud-Est et en Australie. Les chauves-souris frugivores sont des réservoirs naturels de ces deux virus, qui ne présentent qu’une infection asymptomatique. Comme dans le cas du virus Ebola, les épidémies de Henipavirus restent sporadiques jusqu’à présent et ne semblent toucher que de petites zones. Cependant, elles peuvent avoir un potentiel pandémique mondial et constituent des agents particulièrement préoccupants dans le domaine de la biodéfense humaine et agricole. L’immuno-neuropathogénie de ces virus récemment apparus est encore mal comprise et les options thérapeutiques et préventives homologuées font toujours défaut. Bien que les lymphocytes ne soient pas sensibles à l’infection par le Henipavirus, ils se lient efficacement au virus via l’héparan-sulfate et transfectent les cellules sensibles. Le groupe de recherche dirigé par le professeur HORVAT a analysé différents types de souris, présentant des défauts dans le système immunitaire inné ou adaptatif, pour déterminer leur sensibilité à l’infection par le NiV et le développement de l’encéphalite fatale. Contrairement aux souris de type sauvage, les souris déficientes pour le récepteur de l’interféron de type I (IFN-I) étaient très sensibles au NiV. Bien que la détection virale par l’intermédiaire du TLR ou du RLR seul ne soit pas essentielle à la défense antivirale, les souris dépourvues des signaux TLR et RLR ont succombé à l’infection, avec un taux de survie similaire à celui des souris déficientes en IFN-I. De plus, la déplétion des macrophages a permis une propagation systémique rapide de l’infection par le NiV et une létalité élevée chez les souris, suggérant leur rôle important au carrefour entre l’immunité innée et adaptative. Enfin, ils ont démontré l’efficacité du vecteur recombinant Canarypox exprimant les glycoprotéines du HeV comme nouveau candidat vaccin pour conférer une protection contre l’infection à Hendra. Leurs résultats suggèrent que ce nouveau vaccin basé sur ALVAC présente le potentiel de briser la chaîne de transmission du HeV des chauves-souris aux chevaux puis aux humains, protégeant ainsi la santé animale et humaine, et s’intégrant ainsi dans l’approche One Health.


Le programme EMERGENGES 2016 lancé par l’Ambassade de France en Chine soutient la coopération franco-chinoise dans le domaine des maladies infectieuses émergentes, qui vise à renforcer les visites des collègues français en Chine. Le Prof. Branka HORVAT est sélectionné comme représentant français dans le cadre de ce programme pour se rendre en Chine en 2016. Le programme EMERGENCES 2015 a permis à 10 chercheurs confirmés chinois de visiter des infrastructures françaises dédiées aux maladies infectieuses et de discuter en face à face avec des collègues de leurs projets de recherche et de futures collaborations potentielles. Parmi les 10 lauréats 2015, le professeur Hong Tang, le professeur Zhengli Shi et le professeur Bin Wei du WIV ont effectué une visite à l’INSERM et à l’Institut Pasteur l’année dernière.

http://english.whiov.cas.cn/Exchange2016/Seminars/201712/t20171212_187686.html

En 2018, Des câbles du département d’État mettent en garde contre des problèmes de sécurité au laboratoire de Wuhan qui étudie les coronavirus des chauves-souris.

L’activité du laboratoire P4 de Wuhan, relié par une passerelle à un laboratoire P3 de l’institut de virologie dédié à l’étude des coronavirus, suscite aujourd’hui des interrogations. Deux câbles de l’ambassade américaine à Pékin révélés par un éditorialiste du Washington Post Josh Rogin ont en effet rapporté, début 2018, les contacts d’un conseiller scientifique américain avec les responsables de l’institut de virologie de Wuhan. Selon les diplomates, « le nouveau laboratoire manquait sérieusement de techniciens et d’enquêteurs correctement formés pour faire fonctionner en toute sécurité ce laboratoire à haut confinement »

En janvier 2018, l’ambassade des États-Unis à Pékin a pris la mesure inhabituelle d’envoyer à plusieurs reprises des diplomates scientifiques américains à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), qui était devenu en 2015 le premier laboratoire chinois à atteindre le plus haut niveau de sécurité international en matière de recherche biologique (connu sous le nom de BSL-4). Le WIV a publié un communiqué de presse en anglais sur la dernière de ces visites, qui s’est déroulée le 27 mars 2018. La délégation américaine était dirigée par Jamison Fouss, le consul général à Wuhan, et Rick Switzer, le conseiller de l’ambassade pour l’environnement, la science, la technologie et la santé. La semaine dernière, la WIV a effacé cette déclaration de son site web, bien qu’elle reste archivée sur Internet.

Ce que les fonctionnaires américains ont appris au cours de leurs visites les a tellement préoccupés qu’ils ont envoyé à Washington deux câbles diplomatiques classés comme sensibles mais non classifiés. Ces câbles mettaient en garde contre les faiblesses en matière de sécurité et de gestion du laboratoire WIV et proposaient une attention et une aide accrues. Le premier câble avertit également que les travaux du laboratoire sur les coronavirus des chauves-souris et leur transmission potentielle à l’homme représentent un risque de nouvelle pandémie de type SRAS.

« Au cours des interactions avec les scientifiques du laboratoire du WIV, ils ont noté que le nouveau laboratoire souffre d’une grave pénurie de techniciens et d’enquêteurs dûment formés nécessaires pour faire fonctionner en toute sécurité ce laboratoire à haut niveau de confinement », indique le câble du 19 janvier 2018, qui a été rédigé par deux fonctionnaires des sections de l’environnement, des sciences et de la santé de l’ambassade qui ont rencontré les scientifiques du WIV. (Le département d’État a refusé de commenter ce point et d’autres détails de l’histoire).

Les chercheurs chinois du WIV recevaient une aide du Galveston National Laboratory de l’University of Texas Medical Branch et d’autres organisations américaines, mais les Chinois ont demandé une aide supplémentaire. Les câbles faisaient valoir que les États-Unis devaient apporter un soutien supplémentaire au laboratoire de Wuhan, principalement parce que ses recherches sur les coronavirus des chauves-souris étaient importantes mais aussi dangereuses.

Comme l’indique le câble, les visiteurs américains ont rencontré Shi Zhengli (surnommée « Bat-Woman »), le chef du projet de recherche, qui publiait des études liées aux coronavirus de chauve-souris depuis de nombreuses années. En novembre 2017, juste avant la visite des fonctionnaires américains, l’équipe de Shi avait publié des recherches montrant que les chauves-souris fer à cheval qu’ils avaient recueillies dans une grotte de la province du Yunnan provenaient très probablement de la même population de chauves-souris qui avait engendré le coronavirus du SRAS en 2003.

« Plus important encore », indique le câble, « les chercheurs ont également montré que divers coronavirus de type SRAS peuvent interagir avec ACE2, le récepteur humain identifié pour le coronavirus SRAS. Cette découverte suggère fortement que les coronavirus de type SRAS provenant des chauves-souris peuvent être transmis aux humains et provoquer des maladies de type SRAS. Du point de vue de la santé publique, la surveillance continue des coronavirus de type SRAS chez les chauves-souris et l’étude de l’interface animal-homme sont donc essentielles pour la prévision et la prévention des futures épidémies de coronavirus émergents. »

La recherche a été conçue pour prévenir la prochaine pandémie de type SRAS en anticipant la façon dont elle pourrait émerger. Mais même en 2015, d’autres scientifiques se sont demandé si l’équipe de Shi ne prenait pas des risques inutiles. En octobre 2014, le gouvernement américain avait imposé un moratoire sur le financement de toute recherche visant à rendre un virus plus mortel ou contagieux, des expériences dites de « gain de fonction ».

Comme beaucoup l’ont souligné, il n’existe aucune preuve que le virus qui sévit actuellement dans le monde ait été fabriqué ; les scientifiques s’accordent largement à dire qu’il provient d’animaux. Mais cela ne revient pas à dire qu’il ne provient pas du laboratoire, qui a passé des années à tester des coronavirus de chauve-souris sur des animaux, a déclaré Xiao Qiang, chercheur à l’école d’information de l’université de Californie à Berkeley.

« Le câble nous apprend qu’il existe depuis longtemps des inquiétudes quant à la possibilité d’une menace pour la santé publique découlant des recherches de ce laboratoire, si celles-ci n’étaient pas menées et protégées de manière adéquate », a-t-il déclaré.

Le laboratoire voisin du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de Wuhan, qui fonctionne au niveau de biosécurité 2, soit un niveau de sécurité nettement inférieur au niveau 4 revendiqué par le laboratoire de l’Institut de virologie de Wuhan, suscite des inquiétudes similaires, selon M. Xiao. C’est important car le gouvernement chinois refuse toujours de répondre aux questions de base sur l’origine du nouveau coronavirus, tout en supprimant toute tentative de vérifier si l’un ou l’autre des laboratoires est impliqué.

Selon des sources bien informées, ces câbles visaient à tirer la sonnette d’alarme sur les graves problèmes de sécurité du laboratoire du WIV, notamment en ce qui concerne ses travaux sur les coronavirus des chauves-souris. Les fonctionnaires de l’ambassade demandaient que les États-Unis accordent plus d’attention à ce laboratoire et lui apportent un soutien accru, afin de l’aider à résoudre ses problèmes.

Le laboratoire P4 de Wuhan et le SARS-CoV-2

C’est évidemment insuffisant pour nourrir l’hypothèse d’une contamination accidentelle à partir du P4 franco-chinois, ou des autres laboratoires de virologie de la ville, à savoir les quatre laboratoires classés P3. Mais cette crainte d’une défaillance a pourtant gagné certains chercheurs de Wuhan. Ainsi la directrice du centre des maladies infectieuses émergentes, Shi Zhengli (surnommée « Bat-Woman ») formée au P4 lyonnais, et spécialiste des coronavirus – sur lesquels elle a co-publié cinq articles dans la revue Nature – explique fin février 2020 dans Scientific American qu’à l’annonce de la découverte d’un nouveau coronavirus sur des patients de Wuhan le 30 décembre 2019, elle a craint que le virus ne vienne de son laboratoire. 

« Cela m’a vraiment fait perdre la tête. Je n’ai pas fermé l’œil pendant des jours », a-t-elle confié, jusqu’à s’assurer, et de certifier aujourd’hui que les séquences génomiques du virus humain ne correspondaient pas à celles des virus de chauves-souris échantillonnés par son laboratoire. 

SOURCES :

https://www.franceculture.fr/sciences/le-laboratoire-p4-de-wuhan-une-histoire-francaise

https://www.lesechos.fr/2003/10/labover-va-livrer-des-laboratoires-p3-mobiles-a-la-chine-676110

https://www.challenges.fr/entreprise/sante-et-pharmacie/revelations-l-histoire-secrete-du-laboratoire-p4-de-wuhan-vendu-par-la-france-a-la-chine_707425

https://www.businessinsider.fr/on-vous-presente-stephane-bancel-le-pdg-milliardaire-francais-de-moderna-185854#le-10-juillet-2006-stephane-bancel-revient-a-biomerieux-alain-merieux-la-appele-pour-chapeauter-la-succession-de-la-direction-alors-que-son-fils-christophe-devient-directeur-general-quatre-jours-plus-tard-christophe-decede-dun-accident-cardiaque-stephane-bancel-reste-pour-diriger-lentreprise-avec-le-pere-endeuille

https://www.washingtonpost.com/opinions/2020/04/14/state-department-cables-warned-safety-issues-wuhan-lab-studying-bat-coronaviruses/

https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/xi-jiping-vient-saluer-a-lyon-alain-merieux-l-ami-chinois_1503300.html