Brésil – Les « Leaks » de l’affaire Lula

Glenn Greenwald : « Nous sommes plus proches du début que de la fin des révélations » sur la corruption au Brésil

« Le journalisme, c’est publier quelque chose que quelqu’un ne veut pas voir publié. Tout le reste relève des relations publiques », George Orwell.

Un important lot de dossiers secrets révèle que les procureurs de Lava Jato, qui ont passé des années à insister sur leur apolitisme, ont comploté pour empêcher le Parti des travailleurs, le PT, de remporter l’élection présidentielle de 2018 en bloquant ou en affaiblissant un entretien préélectoral avec Lula dans le but explicite de modifier le résultat du scrutin.

Les fichiers, auxquels « The Intercep » avait un accès exclusif, contiennent, entre autres, des messages privés et de groupe du groupe de travail de l’application Télégramme. Les avocats du groupe de travail de Curitiba, dirigé par Deltan Dallagnol, y ont discuté des moyens de réaliser une interview avec le chroniqueur de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva pour la Folha de S.Paulo Mônica Bergamo, autorisée par Ricardo Lewandowski, ministre de la Cour suprême, car, selon ses termes, elle « peut choisir Haddad » ou laisser « le PT reprendre le pouvoir ».

Le journaliste Glenn Greenwald qui a révélé les documents de Snowden a reçu de source inconnue les courriers internes de l’équipe du lava-jato, originellement secrets et cryptés. Il les divulgue peu à peu depuis le 9 juin sous forme journalistique en accord avec les règles de droit et d’éthique. L’enquête y apparaît sous un jour totalement différent.

28 AOÛT 2019 – PAR YVES TOURNEUR – BLOG : LE BLOG DE YVES TOURNEUR

Vaza-jato ?

Le procès Petrobras était appelé « lava-jato » en référence à son début supposé dans une station de lavage au jet. On a appelé vaza-jato ce processus de découverte des dessous du procès par la presse (vazar en portugais = fuiter).

Le feuilleton est largement suivi, haletant, et mène de surprise en surprise. De nouvelles révélations apparaissent régulièrement.

Les messages, texte et audio, étaient échangés par le réseau codé « Telegram », en principe inviolable, qui permettait une communication discrète à l’intérieur de l’équipe du ministère public dirigé par le procureur Dallagnol, et l’équipe du juge Moro. Après réception de menaces de mort pour lui et sa famille (y compris ses enfants), il a établi des accords pour partage ses sources avec d’autres organes de presse (5 maintenant) qui en ont chacun vérifié l’authenticité et publient à leur tour régulièrement (1).

 Le fonctionnement de la justice brésilienne.

Le Ministère Public Fédéral (MPF) défend l’intérêt de l’état fédéral, comme l’exprime D. Dallagnol : « Le travail de MPF dans le Lava Jato est encore une fois technique, impartial et non partisan. Il vise à rendre des comptes à toute personne qui a commis des crimes dans le cadre du projet de méga corruption de Petrobras« .

Particularité de la justice brésilienne issue de l’inquisition portugaise, le même juge suit l’enquête et détermine la sentence.

La communication entre ces deux instances est totalement interdite par la constitution brésilienne.

L’impartialité du procès

Dès la première publication dans la revue de Greenwald, « The Intercept-Brasil », on découvre les visées politiques et non juridiques du procureur Dallagnol. Le procureur, censé n’avoir pas de point de vue partisan, cherche le moyen d’interdire une interview de Lula à la Folha de São Paulo autorisée par le juge fédéral Lewandowski. Il veut la faire interdire « parce qu’elle pourrait faire élire Haddad« , le candidat opposé à Bolsonaro. Après un échange de messages avec le juge, une solution est trouvée : s’arranger avec la Police Fédérale pour que l’entretien ait lieu après les élections. Le climat se détend : un autre juge fédéral, Luiz Fux, vient d’interdire interview, suite à une demande d’un parti politique, le Novo.

Powerpoint accusateur de Deltan Dallagnol

Dallagnol dit dans un message ne pas avoir d’élément probant à présenter contre Lula. Le juge Moro lui demande de faire de l’habillage de ce qu’il a. Ce sera un powerpoint devenu célèbre dans lequel le procureur présente un cercle représentant Lula au centre d’une série d’autres représentant les accusations. « On n’a pas de preuve, mais on a des convictions », dira-t-il, en une phrase devienue célèbre.

Une autre série de dialogues montre le juge demandant au procureur d’émettre une note officielle contre la défense de Lula (toute l’équipe des avocats étaient sur écoutes du juge).

Dans un autre message, après une audience, le juge Moro se plaint au procureur qu’une des membres de son équipe lui a déplu. Le procureur s’exécute et on ne verra plus cette juge siéger.

On verra aussi dans les échanges plusieurs procureurs de l’équipe se plaindre de la partialité du juge.

Les manœuvres politiques

Moro souhaite que les procureurs donnent une conférence de presse parce que la défense de Lula vient de marquer un point dans l’opinion. Le lendemain, le procureur donne une interview à la chaîne Globo. Le jour de l’arrestation de Lula, c’est la liesse générale une journée entière, comme pour Noël selon Glenn Greenwald.

On voit au cours des échanges que c’est le juge qui commande de fait l’équipe des procureurs.

Les enquêtes étaient également menées directement en vue d’avantages politiques. Dallagnol proposant d’enquêter sur les détournements de l’ancien président FH Cardoso pour faire preuve d’impartialité, mais Moro le reprend : « On ne peut pas faire ça à quelqu’un dont l’appui nous est important« . De même, Dallagnol enjoint à ses collègues procureurs de ne pas enquêter sur Flavio Bolsonaro, Moro risquerait d’y perdre un futur siège au Tribunal Fédéral Suprême.

Le business lucratif des conférences

Le procureur, de leur côté, trouve sa compensation en donnant des conférences payantes sur l’éthique des entreprises, basées sur la réputation et l’aura de l’enquête. Il monte avec un autre procureur une entreprise aux noms de leurs épouses pour gérer leurs conférences. Il ira jusqu’à donner une conférence pour une entreprise impliquée dans le scandale Petrobras. Lorsqu’on lui propose de faire une conférence devant des investisseurs, alors que certains tentent de le retenir en soulignant que c’est illégal, et que cela pourrait ruiner leur réputation, il répond « je sais le risque, mais ça vaut le coup, c’est très bien payé ». Il évoque même « on pourrait en faire sans fins lucratives, mais il faudrait voir combien on perdrait en termes monétaires« .

Réactions internationales de juristes

Devant les irrégularités des procédures, un groupe de juristes internationaux s’était élevé en 2018 pour la défense de Lula (cf article dans Challenges(2)). Devant ce qui apparaît maintenant comme une parodie de procès, un groupe de 17 juristes, avocats, anciens ministres de la justice et anciens membres de juridictions supérieures de huit pays a rédigé un texte commun en août 2019 pour demander à la Cour suprême fédérale de libérer Lula et d’annuler les procès auxquels il fait face.

(1) Les sources sont disponibles sur le site de The Intercept, ICI.

(2) Challenge, 23 août 2018.

Glenn Greenwald

Glenn Greenwald

Glenn Greenwald est l’un des trois co-fondateurs de The Intercept. Il est journaliste, avocat spécialisé en droit constitutionnel et auteur de quatre best-sellers du New York Times sur la politique et le droit. Son livre le plus récent, « No Place to Hide », traite de l’état de la surveillance aux États-Unis et de ses expériences de reportage sur les documents Snowden à travers le monde. Avant de co-fonder The Intercept, la chronique de Glenn a été publiée dans le Guardian and Salon. Il a été le premier lauréat, avec Amy Goodman, du Park Center I.F. Stone Award for Independent Journalism Award en 2008, et a également reçu le Online Journalism Award 2010 pour son travail d’enquête sur les conditions de détention abusives à Chelsea Manning. Pour ses reportages de la NSA en 2013, il a reçu le prix George Polk pour les reportages sur la sécurité nationale, le prix Gannett Foundation pour le journalisme d’investigation et le prix Gannett Foundation Watchdog Journalism, le prix Esso d’excellence en journalisme d’investigation au Brésil (il a été le premier non-brésilien à gagner) et le prix Pioneer de la fondation Electronic Frontier. Avec Laura Poitras, le magazine Foreign Policy l’a nommé parmi les 100 meilleurs penseurs mondiaux pour 2013. Le rapport de la NSA qu’il a dirigé pour le Guardian a reçu le Prix Pulitzer 2014 pour le service public.



The Grayzone
– Ajoutée le 27 août 2019

Comment Glenn Greenwald est devenu l’ennemi public n°1 de Bolsonaro

«Bolsonaro a critiqué la dictature pour ne pas avoir tué assez de monde!»

Rien ne destinait Glenn Greenwald, qui est de nationalité américaine, à devenir l’un des symboles de la résistance anti-Bolsonaro. Le journaliste du Guardian qui a contribué à révéler l’affaire Snowden s’est installé au Brésil en 2005. Par la suite, en 2016, il y a lancé le site The Intercept, dans une version brésilienne. Depuis cette plateforme, hébergée en lieu sûr, et grâce à une équipe internationale de journalistes d’investigation, il lance aujourd’hui des enquêtes à charge contre le régime en place. Il vient de diffuser la vidéo d’une longue interview avec l’ancien président Lula qui laisse entendre qu’il aurait été victime d’un complot d’extrême droite.

Début juin, c’est sur ce même site qu’il a publié une série d’enquêtes d’investigation sur le juge Sérgio Moro, chevalier blanc des opérations «Lava Jato» («mains propres» ou textuellement «lavage [voiture] express») et «tombeur» de l’ancien président Lula (aujourd’hui incarcéré), qu’il accuse d’être lui-même largement corrompu.

La charge contre le ministre de la Justice de Bolsonaro n’est pas passée inaperçue: une enquête aurait été ouverte pour identifier les sources de Greenwald et la presse favorable au nouveau régime attaque désormais le journaliste, sa sexualité, son mari et son statut d’étranger. Une pétition signée par des dizaines de milliers de Brésiliens demande que Greenwald soit exilé. Des menaces de mort pleuvent sur les réseaux sociaux. Sa maison, à Rio de Janeiro, est transformée en bunker depuis l’élection: des caméras de sécurité, de haut murs encore surélevés de fils de fer barbelés électrifiés, des gardes du corps armés.

Plus récemment, ce samedi 27 juillet, le président Bolsonaro aurait personnellement menacé Greenwald d’être emprisonné ou expulsé du Brésil pour avoir «violé la constitution» (cette information a été confirmée par le Washington Post et le Washington Times).

Il faut dire que Greenwald incarne tout ce que l’électorat de Bolsonaro hait. C’est un journaliste étranger d’origine juive; un anarchiste de gauche, pro-Lula et anti-Trump; un théoricien contre toute forme de surveillance d’État; enfin, c’est un homosexuel.

La plupart des intellectuels et des journalistes que j’ai rencontrés en juillet à São Paulo, Paraty, Petrópolis ou Rio de Janeiro, partagent cette même inquiétude sur le nouveau régime brésilien (même s’ils n’acceptent pas forcément d’être cités, en raison de leur propre situation au sein de leurs rédactions). Certains, très pessimistes, pensent que la dictature est en train de se mettre en place. L’association brésilienne des journalistes d’investigation a recensé près de soixante-deux agressions physiques à l’égard des journalistes en 2018, et ce chiffre aurait encore augmenté en 2019.

VOIR ARTICLE COMPLET SLATE.FR
par Frédéric Martel – 8 août 2019 – mis à jour le 20 août 2019

Le 9 mai 2019, «Victoire énorme pour la liberté de la presse»: la Cour suprême du Brésil interdit à Bolsonaro de mener une enquête sur Glenn Greenwald et The Intercept

ANCIEN AVOCAT D’AFFAIRES, PAR LA SUITE SPÉCIALISÉ DANS LES LITIGES CIVIQUES ET CONSTITUTIONNELS, GLENN GREENWALD EST DEPUIS PRÈS DE 20 ANS ENTIÈREMENT DÉDIÉ À LA DÉFENSE LITTÉRALE ET INTRANSIGEANTE DE LA CONSTITUTION AMÉRICAINE ET DE SES GARANTIES EN MATIÈRE DE LIBERTÉS INDIVIDUELLES.

Passé du droit au journalisme à l’occasion des dérives liberticides des années Bush, Glenn Greenwald, qui se présente comme incorruptible, a fait de la transparence absolue son cheval de bataille. Exilé au Brésil depuis 2005, il contribue à la fuite de secrets d’État américains dans le sillage de l’affaire Snowden, qu’il a chapeauté, notamment en fondant une publication en ligne spécialisée dans le journalisme de données sensibles, The Intercept.

De par son exercice passé du droit et son goût prononcé pour la contradiction, Glenn Greenwald dispose d’une vision positiviste de la vie civique et médiatique. Collaborateur privilégié des lanceurs d’alerte, il démontre au cours de sa carrière un grand attachement à l’idéal libertarien américain.

ÉTAT CIVIL, FORMATION

Glenn Greenwald est né le 6 mars 1967 à New York. Il grandit cependant à Fort Lauderdale, en Floride. Issu d’une famille modeste, il admire son grand-père, Louis Greenwald, qu’il définit comme un « vieux juif socialiste ». Alors qu’il n’est âgé que de 17 ans, il tente de briguer un siège au conseil municipal.

À partir de 1985, il est étudiant en Philosophie à l’Université George Washington, qui forme de très nombreux cadres politiques américains. Parce qu’il passe son temps à participer aux clubs de débats au lieu d’étudier, il mettra cinq ans à être diplômé d’un Bachelor of Arts (équivalent français de la licence). Il entame par la suite un cursus en Droit à l’Université de New York. Durant ces années, Glenn Greenwald est un activiste homosexuel, une position qu’il explique par la volonté de mettre à l’épreuve la réputation progressiste de l’Université de New York. Il obtient son Juris Doctor (doctorat professionnel en droit) en 1994.

FAITS NOTOIRES

Glenn Greenwald commence sa carrière d’avocat dans un cabinet d’affaires. Il défend de grandes entreprises comme Bank of America, AT&T ou JP Morgan. Il a du mal à s’adapter à cet univers monotone, qui lui demande très souvent de se compromettre moralement.

Après avoir cofondé son cabinet d’avocats en 1996, il s’occupe de contentieux constitutionnels et civiques. Ainsi, n’hésite-il pas à défendre le néo-nazi Matthew F. Hale, en vertu du Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. A ce sujet, Glenn Greenwald a confié fin 2013 au magazine Rolling Stones : « Pour moi, l’héroïsme, c’est d’être entièrement dédié à un principe que vous appliquez quand ce n’est pas facile. Pas seulement quand il va dans le sens de vos propres positions, ou quand il protège les personnes que vous appréciez, mais quand il défend et protège les personnes que vous détestez. »

Glenn Greenwald reste néanmoins frustré par l’issue de la majorité de ses procès, et le caractère injuste, selon lui, du système judiciaire américain. Il fréquente beaucoup les forums naissants de l’époque, et débat avec des conservateurs anti-avortements sur internet. De là naît son engouement pour cet espace de liberté totale, qui lui permet d’exercer son goût du débat hétérodoxe.

Il constate que le régime judiciaire américain post-11 septembre se veut de plus en plus liberticide. Il s’expatrie au Brésil en 2005, où il réside encore aujourd’hui. Cependant, il est dans l’impossibilité de pratiquer son métier d’avocat dans ce pays, et commence alors un blog politique, Unclaimed Territory, qui s’intéresse aux dérives liberticides du gouvernement Bush de l’Amérique post 11 septembre. À cette période, le New York Times détient d’ores et déjà des informations sur les écoutes massives de la NSA sur les citoyens américains. Le célèbre quotidien américain attendra néanmoins la réélection de George W. Bush pour divulguer ces informations à la fin de l’année 2005. Cette rétention d’informations scandalise Greenwald qui y voit là un dysfonctionnement majeur des institutions journalistiques américaines.

Greenwald continue à bloguer jusqu’à la mi-2012, date à laquelle intègre le vénérable quotidien britannique The Guardian en tant que chroniqueur indépendant.En mai 2013, il rencontre Edward Snowden, un jeune analyste de la NSA avec qui il entretenait un contact depuis 2012, et qui détient des informations classées portant sur des écoutes illégales de l’agence de renseignement américaine. Ils décident d’orchestrer la révélation publique de ces données, sous la supervision de l’antenne américaine du Guardian. Ce vaste système d’espionnage, qui met illégalement sur écoutes au moins 120 millions d’américains, est révélé conjointement par le Washington Post et le Guardian en juin 2013. De nombreuses révélations sont faites dans les semaines suivantes : la mise sur écoute de missions diplomatiques européennes, ou le programme PRISM, qui collecte les emails, textos et autres données de citoyens américains et étrangers, avec le concours de Yahoo, Google et Apple. Ces révélations ont un impact politique et médiatique majeur à travers le monde, et entachent considérablement l’image des États-Unis. À l’été 2013, le président Obama va même jusqu’à promettre de réformer les pratiques de l’agence de renseignement, bien qu’il juge la surveillance en question légitime et nécessaire.
En février 2014, Glenn Greenwald devient le directeur de publication du nouvellement fondé The Intercept. Ce site d’actualité se spécialise dans les affaires liées aux mesures liberticides et d’espionnage mises en œuvre par les États-Unis à travers le monde. Il fait avant tout la part belle aux enquêtes portant sur la surveillance globale, l’atteinte aux libertés civiques ou la corruption financière et politique. Le site est hébergé sur la plateforme First Look, financée par Pierre Omidyar, fondateur d’Ebay, qui y a investi 250 millions de dollars (183 millions d’euros). Cette proximité entre un richissime homme d’affaires et un site qui s’intéresse aux affaires de corruption avait suscité les critiques de certains médias alternatifs américains. Glenn Greenwald a cependant assuré que l’indépendance éditoriale de la nouvelle plateforme n’était pas mise en cause par l’origine des fonds qui lui étaient alloués. Dans les retombées médiatiques suivant la fondation de cette nouvelle publication, Glenn Greenwald a beaucoup été critiqué par ses confrères américains, qui font souvent l’objet de ses attaques.

Glenn Greenwald collabore aujourd’hui à de très nombreuses publications. Parmi elles, le New York Times, le Los Angeles Times, ou encore le journal brésilien O Globo etle quotidien indien The Hindu.

PUBLICATIONS

Seul le dernier ouvrage de Glenn Greenwald, paru en 2014 et portant sur les coulisses de l’affaire Snowden, a fait l’objet d’une traduction française : Nulle part où se cacher, JC Lattès, 2014.

Les autres livres ne sont pas traduits en français :

  • How would a patriot act ? Defending American Values from a President run Amok. Working Assets Publishing, 2006.
  • A Tragic Legacy : How a Good vs. Evil Mentality Destroyed the Bush presidency, Broadway Books, 2008.
  • Great American Hypocrites : Toppling the Big Myths of Republican Politics, Broadway Books, 2008.
  • With Liberty and Justice for Some: How the Law Is Used to Destroy Equality and Protect the Powerful, Picador, 2012.

DISTINCTIONS

  • Premier prix Izzy, dans la catégorie « journalisme indépendant » en 2009.
  • Prix du journalisme en ligne de la Online news association, catégorie Blog, en 2010.

SA NÉBULEUSE

Edward Snowden, Bradley Manning, Eric Bates, Laura Poitras, Pierre Omidyar.

CE QU’IL GAGNE

Durant son exercice du droit commercial, Glenn Greenwald affirme s’être enrichi considérablement, en gagnant 200 000 dollars par an en début de carrière.

IL L’A DIT

« La chose la plus importante que mon grand-père m’a apprise, c’est que la façon la plus noble d’utiliser ses compétences, son intelligence et son énergie, est de défendre ceux qui sont marginalisés, face à ceux qui détiennent les pouvoirs les plus importants, et qu’en retour l’animosité de ces puissants doit être arborée comme une médaille d’honneur », Rolling Stones4 décembre 2013.

« En bref, les documents que Manning est accusé d’avoir divulgué ont révélé d’énormes manipulations, et une corruption en vigueur chez les acteurs politiques les plus puissants de ce monde. Et c’est pour cette raison qu’il a été traité aussi durement. Le Président Obama, qui plaide pour une administration transparente, est pourtant obsédé par la poursuite judiciaire des lanceurs d’alerte. Son département judiciaire en a beaucoup plus poursuivi, sous le chef d’accusation d’espionnage, que toutes les précédentes administrations réunies. Le traitement coercitif réservé à Manning a pour but de créer un climat de peur, d’envoyer un signal à ceux qui, dans le futur, découvriraient des informations relatives aux agissements occultes des Etats-Unis. L’exemple de Manning permettra de les en dissuader. Les véritables crimes révélés par cet épisode sont ceux commis par les plaignants, non par l’accusé. Pour ce qu’il a donné au monde, Manning mérite notre gratitude, et une médaille. Pas une vie en prison », The Guardian14 décembre 2011

Sur son adolescence en tant qu’homosexuel ayant grandi dans les années 1980 : « J’avais décidé de mener une guerre contre ce système et ses relais institutionnels, qui essayaient de me rejeter, de me condamner. En gros c’était : allez vous faire foutre ! Plutôt que d’être jugé par vous, je vais, moi, vous juger, car je n’accepte pas le fait que vous soyez en position d’émettre des jugements sur moi », Rolling Stones, 4 décembre 2013.

« Mon approche du journalisme est celle d’un procureur. Les gens disent quelque chose, je pars du principe qu’ils mentent, et je commence alors les recherches pour le prouver », The New York Times6 juin 2013

« Nous sommes censés tout savoir à propos des agissements du gouvernement. C’est pour cela qu’on les appelle serviteurs publics. Eux par contre, ne sont supposés rien savoir de ce que nous faisons, c’est pourquoi nous sommes appelés individus privés », No Place to Hide.

« Les journalistes américains, pendant des années, ont déclamé leur amour à Barack Obama. Les voilà qui maintenant, parlent communément de lui comme d’une sorte de grave menace à la liberté de la presse, comme le leader le plus répressif en la matière depuis Richard Nixon. Une volte-face considérable pour un politicien qui a accédé au pouvoir en promettant d’établir l’administration la plus transparente de l’histoire des États-Unis », No Place to Hide.

ILS L’ONT DIT

« Glenn a sa façon d’approcher le journalisme. Il est très direct et transparent, et les gens qui travaillent pour lui le font parce qu’ils apprécient et qu’ils admirent cela. Il est intéressant de constater qu’il n’y a pratiquement pas eu de critiques de bonne foi de la légitimité de Glenn en tant que journaliste. Il a eu tout juste. Il a révélé un des plus grands scoops de notre époque, alors qu’il était sous une pression colossale »Eric Bates au Daily Beast, 10 février 2014

« Glenn Greenwald, en ce qui le concerne, n’a jamais tort. Et parce qu’il croit qu’il n’a jamais tort, il est un journaliste médiocre […] Le fait est que Greenwald a inextricablement lié ses idées politiques à sa pratique du journalisme, et c’est pourquoi il a dégradé à ce point cette dernière. Il veut tellement s’assurer que les conclusions qu’il tire sont nécessaires, justement parce qu’il y croit fermement, qu’il applique une narration préfabriquée à tous les objets auxquels il s’intéresse, même s’il doit pour cela forcer les choses pour qu’elles collent. Quand il est incapable de faire cela, alors il utilise tout simplement le double langage, la démagogie, l’hyperbole et les camouflages pour créer l’illusion de la rigueur »The Daily Banter, 11 février 2014

« Son approche du journalisme est différente. Au lieu d’essayer (ou de prétendre) d’être objectif, il est transparent au sujet de ses opinions, et défend explicitement leur validité. Il critique ses confrères journalistes pour leur manque d’esprit de contradiction. A l’inverse de la plupart des journalistes officiant dans les grands médias, il montre une certaine aversion pour les représentants officiels américains. Et quand il estime qu’ils ont enfreint la loi, il ne se prive pas d’appeler à des poursuites judiciaires contre eux, et au fait qu’ils soient emprisonnés pour leurs crimes. […] Le Premier Amendement et ses garanties en matière de liberté de la presse a été institué précisément pour protéger les critiques délibérées du gouvernement, ou les révélations sur des infractions à la loi de ce dernier, comme les documents qui changeraient le débat public en informant les citoyens. Il n’y a aucun moyen de criminaliser le travail de Greenwald sur la NSA sans à la fois s’attaquer à sa protection constitutionnelle élémentaire. Ce qui nous amène à penser qu’il est de l’intérêt de chaque citoyen américain de prendre sa défense »The Atlantic, 6 février 2014

« Snowden, Greenwald, et Assange ne partagent que de loin les mêmes convictions, et diffèrent dans leur degré de sophistication. Chacun d’entre eux a, à un moment donné, tenu des propos excentriques et ouvertement contradictoires. Mais de ce courant d’idées incohérent a émergé une perspective commune. Cette dernière n’est ni une doctrine clairement définie, ou une philosophie, mais quelque chose qui se rapproche d’une impulsion politique […] pouvant être décrite comme la paranoïa libertarienne. Quand les libéraux, de droite par exemple, ont décrit ces lanceurs d’alerte comme des camarades détenteurs de la vérité, dont le but n’était que de protéger la Constitution et l’Etat de personnes malfaisantes et autoritaires, ils se sont trompés. En réalité, les lanceurs d’alerte méprisent l’Etat moderne et libéral et progressiste, et ils veulent l’endommager » New Republic, 19 janvier 2014.

« Sur certaines thématiques, sa verve (de Greenwald, NDLR), est remplie de dispositifs droitiers. Par exemple au sujet de l’immigration, Greenwald a tenu des propos très durs. […] Il a ainsi écrit en 2005, que  “l’immigration illégale provoque un désordre économique, social et culturel, et exerce une moquerie permanente de la loi. Elle est dommageable sur le simple plan de la justice.”  […] Sur ce point donc, Greenwald se trouve dans une zone indéfinie du spectre politique, où l’extrême-gauche se confond avec l’extrême-droite, souvent sous le prétexte de l’idéologie libertarienne. Cela l’a amené à défendre des positions qui ont pu attirer ces deux extrêmes de la scène politique. Par exemple en attaquant la politique étrangère des Etats-Unis, en la qualifiant d’impériale des deux côtés du bipartisme. Dans ses écrits transparaît une critique des Etats-Unis à l’étranger, qui résonne autant avec les isolationnistes de la droite antédiluvienne, que de la nouvelle post-gauche anti-impérialiste. Son libéralisme social flatte aussi les penchants individualistes des libertariens de droite, et des activistes de gauche. Greenwald envisage de rapprocher ces groupes, de dissoudre la ligne habituelle de loyauté politique et d’unir les anti-impérialistes, et défenseurs des droits civiques de gauche, et les conservateurs libertariens de droite, favorables à un marché ouvert, dans un front populaire contre l’alliance établie entre les libéraux de centre gauche et les néoconservateurs », New Republic, 19 janvier 2014.

« La vindicte de Greenwald nuit à la qualité de son argumentaire général, souvent excellent. Greenwald est un très bon journaliste, qui fait un travail important. Mais il se limite tout seul en se comportant comme un petit surdoué suffisant »The Daily Banter, 5 décembre 2012

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