#Corruption, l’élu qui voulait 35 000€

Toulouse. Le conseiller municipal de Toulouse Frédéric Brasilès est accusé d’avoir réclamé 35 000 € à un restaurateur !

Lundi 6 octobre 2019, Le restaurateur Julien Roumagnac a finalement porté plainte pour « corruption » et « trafic d’influence » contre l’élu.

« Des faits précieux, sérieux, et étayés »

En août dernier, le gérant du Caffé Baggio avait accusé nommément, dans une vidéo, Frédéric Brasilès de lui avoir réclamé de l’argent, des dessous de table, en contrepartie de l’organisation d’une manifestation.

Le commerçant assurait qu’il allait porter l’affaire devant la justice. C’est donc chose faite depuis lundi. MeJean Iglesis, l’avocat du plaignant, garantit à Actu Toulouse que la plainte se fonde sur « des faits précieux, sérieux, et étayés ». 

« Tous les éléments sont entre les mains du parquet », étaye l’avocat. « Nous souhaitons que l’enquête se déroule de manière sereine. Il n’y aura donc pas de communication débordante sur cette affaire ». Toujours est-il que la plainte de Julien Roumagnac s’appuierait sur les dépositions de « plusieurs témoins ».  

Roumagnac l’accuse de lui avoir demandé
35 000 euros

Selon une source proche du dossier, confirmant une information de nos confrères de France 3 Occitanie, l’élu est accusé par Julien Roumagnac de lui avoir réclamé une coquette somme pour « faciliter l’organisation de l’événement », en l’occurrence la fameuse Feria Tolosa (un événement qui a eu lieu à l’été 2018 et dont Julien Roumagnac était l’un des organisateurs, ndlr). Le conseiller municipal lui aurait demandé 35 000 euros, devant des tiers. 

Interrogé par Actu Toulouse, le conseiller municipal rétorque : « 35 000 euros ? C’est aussi aberrant que sa vidéo. Cela n’engage que lui et tous ceux qui vont dans le même chemin ».

Brasilès a porté plainte pour diffamation

Toujours « droit dans ses bottes », Frédéric Brasilès clame son innocence et indique avoir également porté plainte… contre Julien Roumagnac :

Sa plainte n’est qu’une réponse à la plainte que j’ai moi-même déposé à son encontre, le 11 septembre dernier, pour plusieurs motifs, dont diffamation

Concernant lesdites accusations de corruption, l’élu poursuit : « Jamais de ma vie, je n’ai usé de ces pratiques ». Il étaye : « J’ai déjà écrit au procureur que je me tenais à disposition de la justice et que j’apporterai des éléments de preuve de mon innocence ».

« Le Benalla de la mairie de Toulouse »  

L’affaire avait fait grand bruit dans la torpeur de l’été. Dans une vidéo publiée sur Facebook et relayée sur la page de son établissement, Julien Roumagnac avait porté de graves accusations à l’encontre de Frédéric Brasilès. Tout est parti de l’annulation d’une pool party que le gérant du Caffé Baggio espérait organiser dimanche 25 août, sur la terrasse de son établissement, « au profit d’une association ». Une soirée qui n’avait pas été autorisée par la mairie, laquelle avait expliqué à Actu Toulouse que la demande du restaurateur avait été transmise trop tard pour que l’événement puisse être autorisé…

Toujours est-il que le commerçant, « dépité » après cette annulation, avait évoqué des « pressions ». Il assénait : « Un élu, qui est un petit peu le Benalla de la mairie de la Toulouse, fait ce qu’il veut où il veut quand il veut ». Avant de l’accuser publiquement de corruption :

Je suis obligé d’annuler la pool party de dimanche (…) parce que le délégué municipal aux manifestations et aux fêtes de Toulouse, Monsieur Brasilès, hors nous avoir demandé de l’argent liquide pour la Feria Tolosa, me met une pression énorme pour l’événement de dimanche.

Frédéric Brasilès s’était rapidement inscrit en faux et avait indiqué que suite à la diffusion de cette vidéo, extrêmement virale – elle a été vue plus de 100 000 fois depuis -, il porterait plainte contre Julien Roumagnac. Il indiquait que « tout est faux » et affirmait qu’il n’avait jamais demandé de l’argent au restaurateur, et qu’il poursuivrait toute personne qui l’insinuerait.

« Ce n’est que politique »

Car pour Frédéric Brasilès, la vérité est ailleurs : « Ce n’est que politique », se défend-il jeudi 10 octobre. « Cela ne m’étonnerait pas que ce soit dans la perspective des Municipales ». Rappelons qu’après la diffusion de sa fameuse vidéo, Julien Roumagnac avait créé une page Facebook intitulée « Nous sommes Toulouse », qui avait pour but « de réunir les citoyens toulousains (riverains, commerçants, entrepreneurs, associations, élus…) qui souhaitent que notre ville soit enfin à la hauteur de ses atouts », afin de peser dans le débat des Municipales 2020.

En attendant, faute de se retrouver autour d’une pool party, ces deux-là risquent bien de se croiser à la barre du tribunal.