Dangereux portables

Certains smartphones portés près du corps émettent trop d’ondes, alerte l’Anses

L’ANSES recommande que des mesures soient prises pour que, avec un mobile près du corps, les utilisateurs ne soient plus exposés à des niveaux élevés.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié un rapport portant sur l’étude des effets sanitaires potentiels liés aux valeurs élevées de débit d’absorption spécifique (DAS) des smartphones portés près du corps. Après avoir rappelé que certains constructeurs ne respectent toujours pas les normes, l’ANSES a admis avoir décelé des effets sur l’activité cérébrale des animaux.

https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2017SA0229Ra.pdf

Des mesures DAS plus strictes depuis 2016

Souvent peu mis en avant par les fabricants de téléphones portables, le DAS permet d’évaluer la quantité d’énergie que le corps humain absorbe lorsqu’il est exposé à des ondes électromagnétiques radiofréquences. En France, la réglementation fixe la valeur limite à 2 W/kg, pour le tronc et la tête. Depuis la directive européenne « RED » adoptée en 2016, la mesure de DAS doit s’effectuer à une distance de 5 mm du corps, contre 0 à 25 mm entre 2012 et 2016. Ce qui constitue davantage un test dans des conditions d’utilisation réelles.

Mais des smartphones conformes à la précédente réglementation ne le sont pas à la nouvelle, ce qui a incité l’Agence nationale des fréquences (ANFR) à solliciter l’ANSES afin de déterminer les éventuels effets biologiques liés à des expositions à des DAS supérieurs à la valeur limite réglementaire des 2 W/kg.


L’Anses préconise de ne pas transporter trop près du corps les téléphones portables mis en vente avant 2016, certains d’entre eux émettent trop d’ondes. © Nenetus, Adobe Stock 

Des effets biologiques sur l’activité cérébrale de rats et souris

En l’absence d’étude chez l’humain, la méthode d’évaluation a été adaptée aux animaux, souvent des rats ou des souris. Même si les éléments de preuve restent limités, et que les appareils émettaient à puissance maximale durant le test (ce qui n’est généralement pas le cas en conditions réelles), les résultats ont ainsi mis en évidence des effets biologiques sur l’activité cérébrale lorsque les sujets ont été exposés à un DAS supérieur à 2 W/kg. Certains ont subi une altération des neurotransmetteurs avec modulation du système sérotoninergique ; d’autres une altération de la mémoire spatiale ou un déficit d’apprentissage de la mémoire à long terme.

L’ANSES recommande que des mesures soient prises de manière à ce que tous les smartphones vendus sur le marché présentent un DAS inférieur à 2 W/kg. L’agence milite par ailleurs pour que les mesures DAS tronc soient effectuées au contact du corps.

Article : Alexandre Boero – 22 octobre 2019