Chute du Mur de Berlin, 30 ans !

L’Allemagne a donné lundi 4 novembre le coup d’envoi des célébrations marquant le trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin dans une atmosphère pesante marquée par un parfum de retour de la guerre froide et la montée des nationalismes.

Jeudi 9 novembre 1989, 19 heures, Günter Schabowski, porte-parole du gouvernement de RDA, annonçait l’ouverture de la frontière inter-allemande. Toute la nuit, la foule a manifesté sa joie en franchissant le Mur dans les deux sens. Helmut Kohl interrompait son voyage officiel en Pologne.

Loin des espoirs nés de la fin du Rideau de fer, le maire de Berlin, Michael Müller a lancé un avertissement « face à la situation (actuelle) dans le monde ». 

« Il faut s’engager ensemble pour la liberté, la liberté de la presse, la liberté d’opinion, la liberté de culte », a lancé l’édile sur l’Alexanderplatz, près des larges avenues où se tinrent à l’automne 89 les manifestations géantes ayant conduit à la chute du Mur, le 9 novembre 1989. 

Il a rappelé que cette « révolution pacifique », qui avait permis aux Allemands de se retrouver, s’était déroulée « sans que ne soit versée la moindre goûte de sang »

Le chef de l’Etat Frank-Walter Steinmeier lui succèdera en début de soirée pour un discours à la Porte de Brandebourg.  

Les Berlinois de l’Ouest se pressent devant le mur de Berlin au début du 11 novembre 1989 en regardant les gardes-frontières est-allemands démolir une partie du mur afin d’ouvrir un nouveau point de passage entre Berlin Est et Berlin Ouest, près de la place Potsdamer. Deux jours auparavant, Gunter Schabowski, le chef du parti communiste de Berlin-Est, avait déclaré qu’à partir de minuit, les Allemands de l’Est seraient libres de quitter le pays, sans autorisation, en tout point de la frontière, y compris aux points de passage par le mur à Berlin. Le mur de béton de Berlin a été construit par le gouvernement est-allemand en août 1961 pour isoler Berlin-Est de la partie de la ville occupée par les trois principales puissances occidentales afin d’empêcher une immigration illégale massive vers l’Ouest. Selon l' »Association du 13 août », spécialisée dans l’histoire du mur de Berlin, au moins 938 personnes – dont 255 rien qu’à Berlin – ont été tuées par des gardes-frontières est-allemands qui ont tenté de fuir vers Berlin-Ouest ou l’Allemagne de l’Ouest.
(Photo par GERARD MALIE / AFP)

« L’unité allemande est un cadeau de l’Europe à l’Allemagne, au terme d’un siècle où les Allemands ont infligé des souffrances inimaginables à ce continent », a dit le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

Son homologue américain Mike Pompeo a prévu de faire le voyage. Il était stationné en Allemagne comme soldat en 1989 à la frontière inter-allemande.

La chute du Mur et du Rideau de fer ayant divisé l’Europe d’après-guerre avait fait espérer une ère de détente et d’unité, de désarmement, l’extension partout du modèle des démocraties libérales. Mais le vent semble avoir aujourd’hui tourné.

Nouvelle guerre froide ?

Les frontières sont revenues. L’Union européenne accuse des pays libérés il y a trente ans du glacis communiste de remettre en cause à présent l’Etat de droit, partout la tentation nationaliste est perceptible dans les opinions.

Et sur le plan géopolitique, « la guerre froide est de retour » mais avec cette fois « une différence », mettait l’an dernier en garde le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, car « les mécanismes et garde-fous qui permettaient jadis de gérer les risques d’escalade ne paraissent plus exister ».

Les Etats-Unis sont ainsi sortis du traité de désarmement INF signé pendant la guerre froide, ouvrant la voie à une nouvelle course aux armements dirigée contre la Russie, qui place ses pions partout où Washington se retire comme au Moyen-Orient, mais surtout la Chine.

Pour la visite de Mike Pompeo, le Département d’Etat américain a ainsi indiqué qu’il s’agirait de discuter de « la nécessité d’une implication renforcée face aux menaces grandissantes venues de Russie et de Chine ».

Le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, resté populaire en Allemagne, n’est guère optimiste 30 ans plus tard. La confrontation actuelle entre les Occidentaux et la Russie fait courir un « danger colossal » en raison de la présence d’armes nucléaires, a-t-il estimé sur la BBC.

ARCHIVE – Sous la supervision de policiers armés, une colonne de maçons de Berlin-Est érige un mur à hauteur d’homme sur la Potsdamer Platz le 18.8.1961 à la frontière du secteur soviéto-américain, commencé le 13 août.

La construction du Mur de Berlin

« Personne n’a l’intention de constuire un mur »: cette phrase devenue fameuse, Walter Ulbricht, l’homme fort de RDA, la prononce quelques semaines seulement avant la construction du Mur, le 13 août 1961.

C’est la surprise générale en cette nuit du 12 au 13 août 1961 : près de 15 000 membres des forces armées de RDA, la République démocratique allemande, bloquent les rues et les voies ferrées qui mènent à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés.

Une ville divisée

Depuis 1945, Berlin est une ville divisée en quatre secteurs d’occupation – quatre secteurs qui correspondent aux quatre grandes puissances alliées contre Adolf Hitler au cours de la Seconde Guerre mondiale: les Etats-Unis, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et la France. Le secteur soviétique est devenu entre-temps « Berlin, capitale de la RDA », à l’Est. Deux mois seulement avant la construction du Mur, Walter Ulbricht, président du Conseil d’Etat, alors l’homme fort de RDA, assure qu’il n’est pas question d’ériger ce qu’il appellera peu de temps après une « protection antifasciste »:

09.2010 DW-TV Highlights September DDR
Erich Honecker défendra toute sa vie la construction de la « protection antifasciste »

« Je n’ai pas connaissance d’un tel projet, car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n’a l’intention de construire un mur. »

Le Mur de Berlin, c’est tout d’abord, en ce 13 août 1961, un rideau de fils barbelés qui entoure les trois secteurs occidentaux. Le « mur » à proprement parlé verra le jour quelque temps après, en béton, sur une longueur de 155 kilomètres autour de Berlin-Ouest, avec chemins de ronde, miradors, alarmes en tout genre.

Un exode massif d’Est en Ouest

Le 13 août 1961, personne ne parle ouvertement en RDA des véritables raisons qui ont poussé le régime est-allemand – sous l’égide de l’Union soviétique – à construire le Mur. Et pourtant, elles sont claires : depuis la création de la République démocratique allemande, en 1949, plus de deux millions et demi d’Allemands ont quitté l’Est pour l’Ouest.

Le flot massif d’émigration représente un danger majeur pour l’existence même du pays. De là, le verrouillage de Berlin, dont la mise en œuvre a été assurée par Erich Honecker, alors secrétaire du Comité central pour les questions de sécurité :

« Avec la construction du mur de protection antifasciste, nous avons stabilisé la situation politique en Europe, nous avons consolidé la paix. »

Erich Honecker deviendra en 1971 premier secrétaire du Comité central, et donc le nouvel homme fort est-allemand. Honecker restera toute sa vie accroché à ses positions anti-réformistes. Et moins d’un an avant la chute du Mur, il déclarait encore :

« Le mur existera encore dans cinquante ou cent ans – tant que l’on ne sera pas venu à bout des raisons qui sont à l’origine de sa construction. »

Le 9 novembre 1989, il était clair que le chef du SED, le parti communiste de RDA, s’était trompé.

Auteurs : Carine Debrabandère, Doris Bulau
Edition : Konstanze von Kotze

Le projet fou de reconstruction temporaire du Mur de Berlin a été abandonné

Une idée qui tombait sous le sens dans une Europe divisée.

Reconstruire temporairement et en partie le Mur de Berlin? C’était le projet pharaonique mais controversé d’un artiste russe, qui ne verra finalement pas le jour, a indiqué vendredi la Ville de Berlin.

L’agence de presse DPA (Deutsche Presse-Agentur) a finalement livré son verdict à Sabine Weissler, conseillère de quartier à Berlin: les autorités locales ne donneront pas leur autorisation à la construction de ce monument pour des raisons de sécurité routière et de risque d’incendie, précisant qu’un projet d’une telle ampleur aurait dû être proposé à la Ville au moins un an à l’avance.

En outre, faute de temps, la Ville n’avait pas pu collecter dans les délais requis des autorisations de la part des riverains, informations obligatoires pour permettre lancement du projet. Or les organisateurs, qui avaient planifié les préparatifs dans le plus grand secret, n’ont prévenu les autorités que début août.

Un sensibilisation au populisme

Mais en quoi consistait exactement ce projet? Échafaudé par le cinéaste russe Ilja Khrjhanovski, 43 ans, il consistait à encercler tout un quartier du centre-ville de Berlin par un mur de béton de près de 4 mètres de haut, à partir du 12 octobre et jusqu’au 9 novembre, jour de la chute en 1989 du « vrai » Mur ensuite détruit en majeure partie.

Pourtant, face à la montée des populismes en Europe, ce projet semblait tomber à pic. Son objectif était de susciter « un débat politique et social sur la liberté et le totalitarisme, la surveillance, la coexistence et l’identité nationale », avaient expliqué les hôtes berlinois de ce projet.

Trois capitales partenaires

Érigé pour 6,6 millions d’euros, l’ouvrage devait symboliquement être détruit pour le 29e anniversaire de la chute du Mur, qui a balafré Berlin et séparé ses habitants pendant 28 ans. En outre, au sein de cette « ville dans la ville » devait ensuite être projeté la première mondiale de « DAU », énigmatique suite de films entamés il y a 13 ans par M. Khrjhanovski.

« DAU-Liberté », l’événement berlinois, devrait précéder « DAU-Egalité », prévu en novembre à Paris, puis « DAU-Fraternité » début 2019 à Londres, tous organisés par l’homme d’affaires et philanthrope russe Sergueï Adoniev, installé dans la capitale britannique. Mais ce projet de reconstruire le Mur suscitait la controverse parmi les Berlinois.

Dans une lettre ouverte publiée début septembre, certaines personnalités avaient exprimé leur opposition à ce projet, en expliquant « ne plus vouloir voir de mur ». Pour ces signataires, la cicatrice laissée par ce Mur de Berlin dans le quartier est encore trop prégnante: « Pendant trois décennies, le Mur avait déterminé la vie à Berlin, à l’Est comme à l’Ouest. Il était amèrement sérieux. Celui qui était encerclé par celui-ci était coincé, il ne pouvait pas sortir. Ce n’était pas un jouet événementiel ».

https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/4984-histoire-du-mur-de-berlin-de-la-construction-a-la-chute.html

Les Allemands célébreront en fin d’année le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Un lieu honni, dont il reste encore des vestiges.

L’East Side Gallery présente un pan de Mur long de plus de 1 km, où de nombreux artistes ont réalisé une grande variété de fresques.

Au légendaire Checkpoint Charlie, un poste-frontière reconstitué vend des faux visas, ainsi que ce qui est présenté comme des bouts du Mur sous sachet. (dpa Picture-Alliance/AFP)

Se renseigner. Sur le site Visitberlin, qui dispose de pages en français dédiées au Mur, avec beaucoup d’adresses et de suggestions de visites. On peut aussi s’y procurer des billets pour les musées cités ci-dessus. www.visitberlin.de. Le Routard Berlin et ses environs (Hachette), 9,90 €.
S’y rendre. À condition de s’y prendre à l’avance, on peut dénicher des vols vraiment pas chers depuis Paris pour Berlin, parfois pour à peine plus de 100 € l’aller-retour.
Se loger. La capitale dispose de tous les types d’hébergement, du sommaire au luxueux. Une astuce : n’hésitez pas à loger dans le quartier de la gare centrale. Les hôtels y sont chers en semaine, mais désertés par leur clientèle d’hommes d’affaires le week-end, ils proposent souvent des promotions…

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