Bien-être animal : étiquettes et Municipales 2020

Des associations de protection animale et des grandes surfaces ont travaillé sur un étiquetage des poulets en vente, pour mieux informer les consommateurs.

Près de 1 poulet sur 10 devrait afficher d’ici la fin de l’année une lettre noire allant de A à E dans un cadre vert. Il s’agit de sa note en termes de bien-être animal, une sorte de « Confort-Score » depuis la naissance des volailles jusqu’à leur abattage, en passant par le transport.

Avant d’acheter votre poulet, vous voulez savoir si le mode d’élevage employé ou son transport respecte avec décence les conditions de vie des animaux ? Avec l’étiquette bien-être animal, c’est chose possible.

230 critères, des niveaux de A à E

Cette initiative initialement portée par Casino, quatre associations de défense des animaux (LFDA, CIWF, Oaba, Welfarm) et des producteurs de volailles (Fermiers de Loué, Fermiers du Sud-Ouest), a convaincu Carrefour, les magasins U ainsi que la marque de volailles Galliance de la coopérative agricole Terrena (1), qui viennent de s’associer à la démarche.

Les adhérents de l’association n’ont pas attendu le plan pour le bien-être animal du gouvernement, qui prévoit un tel mode d’étiquetage en 2021, pour se mettre au travail. 

Une première étiquette avait vu le jour en 2018. Basée sur 230 critères de bien-être (2), elle se présente sous forme de note de A à D, se référant à 4 niveaux de bien-être (supérieur, bien, assez bien, standard). L’arrivée de nouveaux venus a été l’occasion d’un toilettage, et d’un enrichissement de l’étiquette. Cette dernière compte désormais une lettre E (pour « niveau minimal »), ainsi qu’un pictogramme visualisant le mode d’élevage du poulet : « parcours arboré », « accès à l’extérieur », « bâtiment amélioré », « bâtiment en progrès » et « en bâtiment ».

Les 5 pictogrammes du bien-être animal vont de A à E.

L’étiquette sous sa forme initiale est déjà visible sur les volailles sous marques Casino Terre & Saveurs et Fermiers de Loué. La nouvelle étiquette prendra bientôt le relais, et s’affichera également sur de nouvelles marques : les poulets des Fermiers du Sud-Ouest, les poulets Monoprix Gourmet (groupe Casino) et Galliance, ainsi que des produits de Carrefour et des magasins U.


(1) Les participants au projet sont réunis dans l’association Étiquette bien-être animal (http://www.etiquettebienetreanimal.fr/)
(2) Par exemple l’accès à l’extérieur, l’éclairage du bâtiment par la lumière naturelle, la présence de perchoirs et d’objets à piquer, une surface au-delà du minimum réglementaire, la durée d’engraissement, la durée de transport, l’étourdissement avant la saignée…


CIWF,  travaille avec l’Association Etiquette Bien-Etre Animal à élaborer dès 2020 un autre référentiel d’étiquetage pour le porc, puis pour d’autres filières animales par la suite.

Quels produits sont concernés ?

Aujourd’hui, ce genre d’étiquette est déjà présente en magasins sur les poulets Casino Terre & Saveurs et Fermiers de Loué et le sera prochainement dans sa nouvelle forme, ainsi que sur d’autres produits des adhérents actuels, chez :

  • Les poulets des Fermiers du Sud-Ouest
  • Les poulets Gourmets de Monoprix
  • Les poulets du Groupe Casino
  • Les poulets de Carrefour
  • Les poulets des magasins U
  • Les poulets de Galliance

L’association ajoute que « l’étiquette pourra être dématérialisée sur certains nouveaux produits », « à titre expérimental durant l’année 2020 ».

Déployée « rapidement » et « à grande échelle », elle devrait concerner plus de 80 millions de poulets par an.


Municipales : la passion soudaine des candidats pour le bien-être animal

Le sujet de la condition animale intéresse de plus en plus les Français, ce qui contraint les candidats à se positionner. Ceux-ci n’hésitent pas à s’afficher avec leurs animaux de compagnie.

www.lexpress.fr – Par Julien Chabrout, publié le 09/02/2020

Le résultat du sondage a sûrement fait réfléchir de nombreux candidats aux élections municipales. Selon le baromètre 2020 Ifop « Les Français et le bien-être des animaux » pour la Fondation 30 Millions d’Amis publié le 26 janvier dernier, une large majorité des Français (59 %) se dit prête à voter pour un candidat engagé dans la protection animale. Ce score est encore plus net chez les 18-24 ans, où il atteint 78 %. 

Longtemps raillé et relégué bien loin derrière d’autres thèmes, le bien-être animal est désormais l’une des préoccupations des Français. « C’est un vrai sujet de société. Plus d’un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie, c’est un membre de la famille », reconnaît le député LREM Loïc Dombreval, joint par l’Express. « C’est un mouvement de fond. On s’en rend compte, car ce sujet est surtout porté par les jeunes et les femmes. Et une question est portés par les jeunes et les femmes, elle ne manque pas de devenir un jour une évidence », note le député. 

« Le bien-être animal est une problématique de fond. Elle monte depuis plusieurs années grâce à l’impulsion des associations », se réjouit à l’Express Hélène Thouy, co-présidente du Parti animaliste. Lors des dernières élections européennes, en mai 2019, le Parti animaliste avait récolté 2,2 %. Une surprise à l’époque. 

La formation lancée en novembre 2016 pourrait confirmer cet élan aux élections municipales. Elle présente une dizaine de listes autonomes, notamment à Toulouse, à Nîmes ou au Havre, et a choisi de s’allier avec d’autres partis ailleurs, comme à Paris avec EELV. « Notre score aux Européennes a indiqué que la question animale est un vrai sujet politique, électoralement porteur », observe Hélène Thouy. « Après ces élections, on a vu très rapidement et subitement d’autres partis s’y intéresser », note la co-fondatrice du Parti animaliste. 

La condition animale à l’agenda du gouvernement

Après les Européennes, et à l’approche des municipales, la majorité met les bouchées doubles. Le gouvernement s’est engagé à interdire d’ici fin 2021 deux pratiques controversées de l’élevage : le broyage des poussins et la castration des porcelets à vif. « Fin 2021, plus rien ne sera comme avant », a déclaré le 28 janvier Didier Guillaume lors d’une conférence de presse où il a décliné les mesures du gouvernement pour le bien-être animal, toutefois jugées insuffisantes par les défenseurs des animaux. 

Signe de  »l’importance » accordée par le gouvernement à la condition animale, Didier Guillaume a dans son cabinet une conseillère en charge, notamment, du « bien-être animal et de la lutte contre la maltraitance animale ». « Une première », note l’entourage du ministre de l’Agriculture joint par l’Express. 

Une mission pour lutter contre l’abandon des animaux de compagnie, qui touche 100 000 chiens et chats chaque année en France, a par ailleurs été confiée début janvier dernier par le gouvernement au député Loïc Dombreval. Cet ancien vétérinaire a également planché pour LREM sur un pacte de 20 mesures « sélectionnées parmi les meilleures pratiques déjà en place dans des communes et que chaque candidat aux municipales pourra s’approprier ». 

C’est un sujet transpartisan, sur lequel on peut trouver des accords. Plus ces mesures seront prises en compte par les candidats et mieux ce sera », estime Dombreval. Parmi les propositions de ce pacte, la création d’une « délégation à l’animal ». En clair, un adjoint au maire ou un conseiller municipal délégué s’occupant de la condition animale dans ses fonctions d’élu.

Cette proposition fait partie du programme du candidat aux municipales à Paris Cédric Villani, qui consacre trois pages de son projet à la question du bien-être animal. Cet adjoint serait « doté de moyens et financiers qui agira de concert et en transversalité avec l’ensemble des administrations de la Ville ».  

Les propositions du RN et du Parti animaliste

À Tourcoing (Nord), Éric Denoeud, l’ancien fondateur de la SPA de Tourcoing, est depuis 2014 l’adjoint au maire chargé de la Condition animale. Cet élu de « sensibilité juppéiste » a notamment mis en place des « opérations de stérilisation de chats errants », en partenariat avec la SPA, avec « un moratoire des opérations de trappage des chats [la capture grâce à du matériel spécifique, dont des trappes] dont la destination était la fourrière ». « Aujourd’hui, il y a un taux d’euthanasie de chats très important dans les fourrières », avance à l’Express Éric Denoeud. Deux pigeonniers municipaux ont aussi été créés.  

Au RN, Arnaud Fage, un candidat aux municipales à Buxerolles (Vienne), dans la banlieue de Poitiers, propose de créer une mutuelle communale pour les animaux domestiques afin de diminuer le coût de la prise en charge des soins vétérinaires. « Cette mesure est reprise par un certain nombre de programmes » de candidats RN, précise à l’Express le député européen Philippe Olivier.  

Outre la mise en place d’une délégation spéciale sur la condition animale dans chaque commune, le Parti animaliste souhaite « des options végétariennes ou végétaliennes quotidiennes » dans les cantines, avec « au minimum une fois par semaine un menu végétarien ou végétalien pour tous les enfants », détaille Hélène Thouy. Elle veut aussi « l’arrêt des subventions aux associations génératrices de souffrance pour les animaux, comme la corrida, les associations de chasse ou les cirques avec animaux », développe-t-elle. 

Des chats, des chiens et des écureuils sur les affiches

La formation d’Hélène Thouy s’est fait surtout connaître via ses affiches électorales représentant des animaux : des chats lors des législatives de 2017, des chiens lors des Européennes. De quoi interpeller des citoyens plutôt habitués à voir la photo des candidats. À Toulouse, c’est un écureuil qui sera mis avant sur les affiches électorales de la liste du Parti animaliste aux municipales. « L’idée de mettre des animaux sur nos affiches c’est de dire que, pour une fois, l’humain va un peu s’effacer derrière l’animal. Il s’agit aussi de vraiment poser la question du sort réservé aux animaux », précise Thouy. 

Mais cette pratique n’est pas au goût de tous. En septembre dernier, le député LR Dino Cinieri a déposé un amendement visant à « interdire de faire figurer la photo d’un animal sur les affiches et bulletins de vote » dans le cadre d’élections. « Il faut un peu de sincérité dans le scrutin », se justifiait à l’époque le député de la Loire au Parisien.  

Finalement, seuls les bulletins de vote ne pourront plus comporter la photographie ou la représentation d’un animal. Dino Cineri a de toute façon revu sa position. « J’ai changé d’avis. Je suis pour la publication des images d’animaux sur les affiches électorales », annonce-t-il à l’Express. L’intérêt croissant des électeurs en faveur du bien-être animal est sans doute passé par là. 

Quand les politiques postent des photos d’animaux de compagnie

Plusieurs dirigeants politiques s’affichent sur les réseaux sociaux avec leurs animaux de compagnie, comme Marine Le Pen. La présidente du RN affiche une photo de l’un de ses chats sur son profil Whatsapp. Comme l’a révélé l’Express, la candidate à la présidentielle de 2022 a également créé un compte sur Instagram « les chats masqués », désormais appelé « les chats démasqués », où figurent des photos de ses chats.  

Fin décembre, un candidat RN aux élections municipales à Calais, Marc-Alexandre de Fleurian, postait une photo de lui sur Twitter avec un chaton « afin de la rendre à son propriétaire », comme l’a repéré Nord Littoral. « Ce n’était pas préparé, même si ça ne peut pas nuire », précise Philippe Olivier, candidat sur la liste RN à Calais. 

Poster une photo avec un chat, un bon moyen pour gagner des voix ? « Plutôt que de mettre des choses compliquées et techniques sur vos comptes Twitter ou Instagram, mettez des photos de chats et de chiens, et, vous verrez, ça ira mieux », a lancé Gérald Darmanin à ses collègues du gouvernement, le 15 janvier, selon le Canard enchaîné. « Vous montrerez que vous avez du coeur et de l’émotion. On est dans les élections municipales, la condition animale, c’est un sujet », a ajouté le ministre de l’Action et des Comptes publics. 

« En s’affichant avec des animaux, les politiques veulent montrer leur bienveillance. Ils pensent que ça les rend plus sympathiques », décrypte Thouy. Attention, toutefois, au retour de bâton pour les élus qui caresseraient un peu trop dans le sens du poil les électeurs sensibles à la cause animale. « Les électeurs se rendent bien compte quand un politique est ou non sincère. Il n’y a rien de pire qu’un candidat qui s’afficherait avec un animal de compagnie au prétexte que ça lui rapporterait des voix », estime Dombreval. Denoeud abonde : « Les gens ne vont pas se contenter de discours. Ce sont dans les actes qu’ils nous jugeront ». 

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