Covid-19 & les «Pandemic Bonds» ?

Les obligations émises par la Banque mondiale pour venir en aide aux pays les plus pauvres en cas d’épidémie se retrouvent sous le feu des critiques alors que la pandémie du Covid-19 a déjà causé le décès de 69 350 personnes sur 1 268 308 cas confirmés (au 5 avril).

Les pandemic bonds, une fausse bonne idée ?

Erreur embarrassante »« maladresse financière ». Lawrence Summers, ex-secrétaire au Trésor américain et ancien chef économiste de la Banque Mondiale, n’a pas mâché ses mots pour qualifier les pandemic bonds qui font l’objet aujourd’hui de nombreuses critiques tant au niveau de leur efficacité que de leur principe de fonctionnement.

Inexorablement, leur valeur chute. Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les «obligations pandémiques» ont perdu près de 50% de leur valeur, selon Bloomberg. Pourquoi cette soudaine chute ?

Dans le détail, la Banque mondiale vend des obligations à des investisseurs, qui perçoivent un rendement annuel, que l’on appelle des coupons. Ces derniers sont en partie payés par les pays contributeurs (le Japon, l’Australie et l’Allemagne). Si les critères caractérisant une pandémie sont observés, les investisseurs perdent une partie, ou la totalité, du capital qu’ils ont initialement utilisé pour acheter les obligations. L’équivalent de cette somme est alors envoyé aux pays les plus pauvres touchés par la crise sanitaire.

Pourquoi les Pandemic Bonds n’ont-elles pas encore été versées ?

De nombreux décideurs politiques ont critiqué les obligations de la Banque mondiale en cas de pandémie. Selon leurs dispositions, les obligations n’ont pas encore été versées aux pays menacés, car leurs conditions exigent une période d’attente de 12 semaines à partir du moment où l’épidémie a commencé. Le coronavirus ayant été signalé pour la première fois vers la fin décembre, les experts financiers estiment qu’une défaillance technique ne se produira pas avant la fin mars ou le début avril.

Le diable se cachant dans les détails, il reste à déterminer juridiquement ce qu’est une «pandémie».

En effet, pour que le paiement soit déclenché, il faudrait au moins 250 morts dans le pays d’origine de l’épidémie ainsi que 20 décès dans un deuxième pays, ce qui n’était alors pas le cas. Pour l’institution, les critères restrictifs et les taux d’intérêt élevés sont nécessaires pour attirer les investisseurs dans le mécanisme. Mais selon Olga Jonas, les «pandemic bonds» ne permettent pas d’agir rapidement, puisque le mécanisme ne se déclenche que lorsque la situation est déjà très dégradée.

Néanmoins, le Covid-19 devrait largement dépasser ces seuils. D’après la Radio publique canadienne, les fonds seront débloqués dès lors que le Covid-19 aura fait plus de 20 morts dans un pays pauvre en dehors de la Chine (dont ne font partie ni l’Iran ni la Corée du Sud) et 195 millions de dollars pourraient alors être mobilisés.

Néanmoins, les critères prévoient également l’écoulement d’une durée de 84 jours entre le premier rapport de situation de l’OMS et les premiers versements. Ce rapport a été publié le 21 janvier 2020.

Les «pandemic bonds», comme on les appelle sur les marchés, ont été lancés en 2017 par la Banque mondiale. Leur objet est d’associer les marchés et leur puissance financière à la lutte contre les épidémies. À l’époque, l’organisation internationale justifie l’innovation par les difficultés de financement rencontrées dans les pays pauvres lors des précédentes crises épidémiologiques , et notamment l’épidémie d’Ebola de 2014.

Pensées pour faire porter le risque économique d’une pandémie au secteur financier, ces obligations doivent en outre permettre de mobiliser rapidement les fonds nécessaires, là où les négociations intergouvernementales font souvent perdre un temps précieux aux professionnels de santé.

Des critères longtemps considérés comme trop restrictifs

Ces obligations fonctionnent sur le principe d’une assurance classique: tant qu’il n’y a pas de «pandémie» telle que définie dans le contrat, les propriétaires de ces obligations touchent des intérêts annuels très élevés. Ces intérêts sont versés par des «pays parrains» comme l’Allemagne et la Japon, et peuvent atteindre jusqu’à 14% pour certaines obligations. En revanche, lorsqu’une pandémie se déclare, ils sont dans l’obligation de reverser tout ou partie de leurs investissements à un fonds spécifique de la Banque mondiale, qui servira à la lutte contre ladite pandémie.

Le diable se cachant dans les détails, il reste à déterminer juridiquement ce qu’est une «pandémie». Et c’est là que le bat blesse selon Olga Jonas, économiste auteure d’une critique virulente du mécanisme dans la revue Nature en 2019. Pour cause, lors de la dernière épidémie d’Ebola (toujours en cours) qui a coûté la vie à plus de 2200 personnes, aucun fonds n’a été débloqué car l’épidémie s’est quasi exclusivement limitée à la République Démocratique du Congo.

Une question de semaine pour que le coronavirus ne dépasse les seuils

En effet, pour que le paiement soit déclenché, il faudrait au moins 250 morts dans le pays d’origine de l’épidémie ainsi que 20 décès dans un deuxième pays, ce qui n’était alors pas le cas. Pour l’institution, les critères restrictifs et les taux d’intérêt élevés sont nécessaires pour attirer les investisseurs dans le mécanisme. Mais selon Olga Jonas, les «pandemic bonds» ne permettent pas d’agir rapidement, puisque le mécanisme ne se déclenche que lorsque la situation est déjà très dégradée.

Néanmoins, le Covid-19 devrait largement dépasser ces seuils. D’après la Radio publique canadienne, les fonds seront débloqués dès lors que le Covid-19 aura fait plus de 20 morts dans un pays pauvre en dehors de la Chine (dont ne font partie ni l’Iran ni la Corée du Sud) et 195 millions de dollars pourraient alors être mobilisés.

À lire aussi : Coronavirus: comment les entreprises françaises gèrent le risque

Néanmoins, les critères prévoient également l’écoulement d’une durée de 84 jours entre le premier rapport de situation de l’OMS et les premiers versements. Ce rapport a été publié le 21 janvier 2020, ce qui signifie que les premiers versements n’auront pas lieu avant avril.La rédaction vous conseille


Sources :

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/coronavirus-les-pandemic-bonds-une-fausse-bonne-idee-843482.html

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/qu-est-ce-que-les-pandemic-bonds-dont-la-valeur-chute-avec-le-coronavirus-20200226

Pandemic Bonds : Ce que la déclaration de l’OMS signifie pour les investisseurs

Publié le 11/03/2020

L’Organisation mondiale de la santé a déclaré mercredi que l’épidémie de COVID-19 a maintenant atteint officiellement les proportions d’une pandémie, des personnes ayant contracté le virus dans le monde entier. Bien que les pays développés disposent en grande partie des ressources nécessaires pour lutter contre la maladie, on ne peut pas en dire autant des nations les plus pauvres du monde.

Dans un effort pour aider ces pays, la Banque mondiale a eu l’idée de canaliser les fonds nécessaires en cas de flambée épidémique. Les Pandemic Bonds sont conçues pour effectuer des paiements aux nations les plus pauvres lorsqu’une épidémie atteint certains critères, les investisseurs qui ont acheté les obligations pariant essentiellement sur le fait qu’un tel événement ne se produira pas. Bien que la déclaration de l’OMS selon laquelle l’épidémie de COVID-19 est officiellement une pandémie n’ait pas déclenché en soi le paiement des obligations, il semble maintenant presque certain que les obligations seront payées aux pays touchés, ce qui laissera certains détenteurs de Pandemic Bonds avec des pertes énormes.

Voici un calendrier des prochaines étapes jusqu’au versement d’une éventuelle Pandemic Bonds :

  • 23 mars : Fin d’une période obligatoire de 84 jours, à compter de la « date de l’événement initial » du virus, le 31 décembre 2019.
  • 23 mars – 6 avril : l’agent de calcul, AIR Worldwide Corp. basé à Boston, comparera la moyenne des cas sur deux semaines avec la moyenne des deux semaines précédentes afin de déterminer si le taux de croissance est positif, l’une des conditions préalables au versement.
  • 7-8 avril : AIR calcule les résultats
  • 9 avril : date la plus proche possible de la déclaration d’un événement admissible. AIR remettra à la Banque mondiale un rapport qui clarifiera les paiements éventuels et la date à laquelle ils seront imposés. Tous les résultats sont « définitifs et contraignants » pour la Banque mondiale et les détenteurs d’obligations, sauf si quelqu’un identifie une erreur manifeste dans les cinq jours. Le rapport sera mis à la disposition des détenteurs d’obligations ou des investisseurs potentiels sur une plateforme sécurisée fournie par Intralinks, Inc.
  • 15 mai : première date possible de réduction du principal si le rapport est remis le 9 avril. Les dates de réduction du principal coïncident avec les dates de paiement des intérêts, le 15 de chaque mois. Mais elle doit être au moins cinq jours ouvrables après le rapport d’événement éligible et le paiement du coupon du mois d’avril ne tombe que trois jours ouvrables après

Tout montant amorti sera transféré au mécanisme de financement d’urgence de la Banque mondiale en cas de pandémie et pourra être utilisé par les pays pauvres pour lutter contre la maladie. La tranche plus sûre de 225 millions de dollars devrait perdre 16,67 % de sa valeur nominale, tandis que l’obligation plus risquée de 95 millions de dollars pourrait être complètement effacée.


Autre sources :

https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-03-18/pandemic-bond-payouts-likely-to-be-held-up-by-fine-print

https://www.nasdaq.com/articles/pandemic-bonds%3A-what-the-whos-declaration-means-for-investors-2020-03-12

La crise mondiale du coronavirus va presque certainement déclencher le plus risqué des deux tranches d’obligations catastrophes vendues il y a trois ans pour lever des fonds d’urgence pour les pays pauvres dont les infrastructures sanitaires sont faibles. La décision revient à AIR Worldwide Corp, une société basée à Boston, chargée de jouer le rôle d’arbitre lorsqu’une période de 84 jours à compter du début de l’épidémie à la fin de l’année dernière expirera le 23 mars, lançant ainsi un processus qui pourrait potentiellement débloquer 132,5 millions de dollars de fonds.


AIR Worldwide est une société américaine de modélisation des risques et d’analyse de données dont le siège social est à Boston, Massachusetts, et qui compte des clients dans les secteurs de l’assurance, de la réassurance, des services financiers et des marchés publics. AIR se spécialise dans les logiciels et services de modélisation des catastrophes pour gérer la probabilité de pertes dues aux catastrophes naturelles, au terrorisme, aux pandémies, aux catastrophes causant des pertes humaines et aux cyberincidents. Elle est dirigée par son président actuel, Bill Churney, et possède neuf bureaux à l’étranger. https://www.air-worldwide.com/

Jim Yong Kim, né le 8 décembre 1959 à Séoul, est un médecin américain d’origine sud-coréenne, président de la Banque mondiale du 1er juillet 2012 au 31 janvier 2019.

À la tête du Département VIH/SIDA de l’OMS, il a dirigé l’Initiative « 3 par 5 », premier effort d’envergure mondiale destiné à faire en sorte que 3 millions de nouveaux malades dans les pays en développement aient accès à un traitement antirétroviral à l’horizon 2005. Lancé en septembre 2003, cet ambitieux programme a fini par atteindre cet objectif en 2007.

Désigné par Barack Obama le 23 mars 2012, il est élu à la présidence de la Banque mondiale le 16 avril 2012, poste qu’il a investi le 1er juillet 2012. Il est le premier président de la Banque mondiale à n’être ni un économiste ni un diplomate. Interrogé dans la presse sur le sujet, il déclare : « la mission de la Banque mondiale est beaucoup trop complexe pour être assumée par une seule discipline »4. Il présente sa démission en janvier 2019, à trois ans de la fin de son mandat à la tête de l’institution5, pour rejoindre le fonds d’investissement Global Infrastructure Partners. Kristalina Gueorguieva, directrice générale de la Banque mondiale le remplace par intérim à partir du 1er février 2019 ; il devrait aussi rejoindre une ONG médicale qu’il a contribué à fonder (Partners in Health, basée à Boston, dans le Massachusetts).

Kristalina Ivanova Gueorguieva, née le 13 août 1953 à Sofia, est une fonctionnaire internationale et femme politique bulgare. Elle est directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) depuis le 1er octobre 2019.

Universitaire spécialisée en économie entre 1977 et 1993, elle rejoint ensuite la Banque mondiale, dont elle devient vice-présidente en 2008. Elle est nommée à la Commission européenne en 2009, sur proposition du gouvernement conservateur bulgare, et obtient le portefeuille de la Coopération internationale.

Elle est confirmée en 2014 au sein de l’exécutif communautaire, où elle occupe le poste de troisième vice-présidente de la Commission européenne, déléguée au Budget et aux Ressources humaines. Elle démissionne fin 2016 afin de prendre le poste nouvellement créé de directrice générale de la Banque mondiale. À ce titre, elle assume l’intérim de la présidence de l’institution pendant quelques semaines au début de l’année 2019.

Les pays européens s’accordent en 2019 pour proposer sa candidature à la direction du Fonds monétaire international (FMI) en remplacement de Christine Lagarde, choisie pour présider la Banque centrale européenne.

David R. Malpass, né le 8 mars 1956 à Petoskey (Michigan), est un économiste et un homme politique américain, fondateur d’Encima Global LLC. Il est président de la Banque mondiale depuis 2019.

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