«Le jour d’après» – La fin du confinement inquiète

Après la crise sanitaire liée au coronavirus, puis la crise économique qui prend chaque jour de l’ampleur, le prochain volet pourrait se dérouler sur le front social. C’est ce que craignent les services de renseignement, révèle Le Parisien

Selon des notes confidentielles que la rédaction du Parisien a pu consulter, le service central du renseignement territorial redoute une radicalisation de la contestation sociale à l’issue du confinement.

« Notre colère ne sera pas confinée. Retrouvons-nous dans la rue dès la fin du confinement! scandent-ils sur les réseaux sociaux. Mettons le pouvoir en quarantaine! »

Associer gilets jaunes et blouses blanches

Les notes du SCRT révèlent que des groupuscules de la mouvance autonome — tels « Nantes Révoltée » ou « Rouen dans la rue » — exploitent l’exaspération du monde médical face à la pénurie de masques et de matériel de protection. Et appellent ainsi « à une transversalité des luttes », qui associeraient « gilets jaunes et blouses blanches ».

Des manifestations sont déjà prévues pour le premier samedi post-confinement ou le 21 juin, en hommage à Steve Maia Caniço, ce jeune mort en marge d’une opération de police controversée à Nantes l’an passé. Lors des grèves de novembre contre la réforme des retraites, des rapprochements avaient déjà été observés entre Gilets jaunes radicalisés et cheminots irréductibles.

Ainsi, un média bordelais lié aux Gilets jaunes, singeant le document du gouvernement, a diffusé une « attestation de déplacement révolutionnaire » prévue pour… après le confinement. 

Une attestation de déplacement alternative

Ultradroite et ultragauche se retrouvent sur la critique du confinement, même s’ils en font une analyse différente, estime le SCRT. Les premiers dénoncent ainsi une politique « anxiogène menée depuis le début de la crise par des technocrates de l’État », invoquant aussi fantasmes et théories du complot sur l’origine de l’épidémie. Les seconds dressent parfois de surprenants parallèles dans la dénonciation d’un supposé totalitarisme de l’État. Ainsi, un site estime que « la police représente une menace plus grande que le virus lui-même ». Dans les deux cas, les militants espèrent l’arrivée d’un « jour d’après », qui donnera naissance à un nouveau modèle de société.

Les Français vont-ils devoir travailler plus après le confinement

PATRONAT – Alors que la France en est à sa quatrième semaine de confinement pour tenter de stopper l’épidémie de coronavirus, certains responsables économiques tentent déjà de se projeter dans “l’après”. Pour le Medef, il faudra “travailler un peu plus” afin de relancer l’économie.

par : La rédaction de LCI – 11 avr. 20:23 –

Relancer coûte que coûte l’économie… Alors qu’Emmanuel Macron devrait préciser lundi soir la durée de la nouvelle prolongation du confinement entamé le 17 mars, et pourrait donner de premières indications sur l’étape suivante, celle du déconfinement, plusieurs responsables économiques sont montés au créneau ce samedi pour expliquer de quelle façon l’activité pourrait reprendre une fois le retour à la normale. 

Sans surprise, selon eux, les travailleurs français devront mettre “les bouchées doubles” pour permettre un sursaut économique. Ainsi, pour le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux, “il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire”.

“L’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020”, a expliqué le président du Medef, première organisation patronale française, dans un entretien publié dans Le Figaro. “C’est la création de richesses qui permettra d’augmenter l’assiette des impôts et donc les recettes, et ainsi de rembourser la dette accumulée pendant la crise”, a-t-il ajouté.

“Reprendre le travail plein pot”

De son côté, la secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a également prévenu qu'”il faudra probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant” pour “rattraper” la perte d’activité induite par le confinement en cours depuis le 17 mars. “L’enjeu est de reprendre le travail plein pot”, a-t-elle insisté sur Franceinfo.

Déjà vendredi, son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, qui indiquait que la France devrait connaître en 2020 sa plus grande récession depuis 1945, avait appelé les Français à des “efforts” pour sortir de la crise. Le gouvernement a par ailleurs mis en place un plan d’urgence à hauteur de 100 milliards d’euros pour soutenir les entreprises.

Toutefois, “cela ne veut pas dire que dans la durée on peut vivre à crédit lorsque la situation économique est normale”, a souligné Agnès Pannier-Runacher. “L’enjeu est de donner de l’oxygène aux entreprises pour qu’elles survivent et passent le cap, mais derrière, il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective.”

Pour le Medef, le “monde d’après”, c’est comme aujourd’hui, mais sans code du travail”.– Fabien Gay, sénateur PCF de la Seine-Saint-Denis

Pour autant, les propositions du Medef ne sont pas passées inaperçues et font déjà réagir dans la classe politique. Le Parti communiste y est notamment allé de son commentaire acerbe. “Le monde d’après du Medef ? Les mines de sel pour tous”, a notamment retweeté Fabien Gay, sénateur de la Seine-Saint-Denis, ajoutant que pour le Medef, le “monde d’après”, c’est comme aujourd’hui, mais sans code du travail”.

Quant à Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, ne mâche pas ses mots : “Le Medef a son idée du jour d’après : revenir sur tous les acquis des jours d’avant. Le Covid-19 comme cheval de Troie. Honteux !”, a-t-il écrit.

Du côté de l’association Attac, qui mène de nombreuses actions contre le pouvoir de la finance, elle estime qu’il faut au contraire répondre à la crise du Covid-2019 par plus de justice fiscale.

À quoi ressemblera le travail après le confinement ?

Ils seraient 8 millions à être en capacité de télétravailler. Et une majorité de ces Français sont des primo-télétravailleurs en cette période de confinement, conséquence de l’épidémie de Covid-19. Quel impact à long terme ce test grandeur nature de télétravail à la fois massif et contraint peut-il avoir ? On a posé la question à Laetitia Vitaud, autrice et conférencière, et Nathanaël Mathieu, co-fondateur de la plateforme Néo-nomade.

Elle a écrit Du labeur à l’ouvrage (Calmann-Levy, 2019) et Faut-il avoir peur du numérique ? (avec Nicolas Colin, paru en 2016 chez Armand Colin). Laetitia Vitaud s’exprime régulièrement dans des conférences sur les mutations du travail et est rédactrice en chef du média corporate de Welcome to the Jungle. Nathanaël Mathieu a co-fondé l’agence LBMG Worklabs et la plateforme Néo-nomade. Tous les deux observent depuis quelques années déjà les alternatives au bureau et les nouvelles organisations du travail, voire accompagnent les entreprises dans la mise en place de ces nouvelles approches. C’est tout naturellement qu’on leur a demandé séparément et à distance – confinement oblige – quelles formes pourraient prendre le travail en entreprise une fois passée la crise. Ce qui est sûr, nous disent-ils, c’est qu’« on ne reviendra pas en arrière ».

ARTICLE COMPLET – 27/03/2020 – Lila Meghraoua

Coronavirus : Tous à la campagne ?

C’est un projet qu’ils mûrissaient de longue date ou une subite prise de conscience. Pour ces habitants de grandes villes, le confinement a été une révélation.

Ces citadins qui veulent s’installer à la campagne après le confinement

Au-delà de l’exode des citadins en période de confinement, le coronavirus interroge la pertinence du modèle urbain. Le XXIe siècle verra-t-il un retour à la campagne ?

Publié le 8 avr. 2020 – Les ECHOS – Par Franck Gintrand 

Comment la vie reprendra-t-elle ses droits une fois le gros de la vague passée ? Et reprendra-t-elle ses droits de la même façon ? Céderons-nous à la tentation de gagner définitivement d’autres cieux ? C’est la thèse défendue par Olivier Babeau, président d’un think tank, dans une tribune du «Figaro» parue le 24 mars dernier.

Pour ce docteur en sciences de gestion, les villes ne devraient plus leur attractivité qu’à «l’absence d’emplois dans les territoires moins densément peuplés». Un point de vue partagé par Benjamin Taveau, économiste urbaniste : «les ménages ne se tournent pas en premier lieu vers les métropoles pour la qualité de vie, mais parce qu’elles sont le lieu de l’hyperconcentration de l’emploi tertiaire supérieur et des fonctions de commandement».

L’art de vivre est-il propre à la campagne ?

Pour reprendre le mot de Jean Viard, l’art de vivre serait-il à la campagne ce que l’art de produire serait aux métropoles ? Christine Leconte, présidente de l’ordre des architectes d’Ile-de-France, ne le pense pas. «L’accès aux services publics, à un grand panel culturel font partie intégrante d’une qualité de vie urbaine», m’a-t-elle confié. Raphaël Languillon estime également que «les métropoles séduisent, et pas uniquement les jeunes.» Mais s’il existe un art de vivre que la ville est seule en mesure d’offrir, il serait tout aussi absurde de l’idéaliser. 

Selon Jérémie Brun, le choix de la ville est plutôt le fruit d’un arbitrage subtil «entre des avantages comme la proximité des services et la richesse de la vie sociale, et des inconvénients tels que prix élevé de l’immobilier et la plus grande promiscuité». De là à penser que la campagne est surtout un art de vivre pendant le week-end pour ceux qui ont la chance de bénéficier des avantages de la ville le reste de la semaine, il n’y a qu’un pas. Selon Michel Seban, architecte urbaniste, «la tribune d’Olivier Babeau pose une question “de classe” pour ceux qui n’ont sans doute pas besoin de se la poser.»

La distinction ville/campagne a-t-elle encore un sens ?

«Il faut sortir de cette opposition ville-campagne, estime Eric Charmes, directeur du laboratoire Recherches interdisciplinaires ville, espace, société (RIVES). C’est un schéma qui ne correspond plus à la réalité. Notamment parce qu’il y a de plus en plus de “campagnes métropolitaines” près des grandes villes.»

Un point de vue que ne partage pas complètement Alain Sarfati, architecte urbaniste : «quoi qu’on dise sur l’intégration réciproque de la ville et de la campagne, les modes de vie urbain et périurbain n’ont pas grand-chose à voir». Un brin provocateur, il va même plus loin : «si la ville est un vrai choix, l’installation en périphérie résulte d’une succession de renoncements, que l’on s’avoue difficilement, ou le fait d’illusions – le calme supposé ou la sous-estimation des temps de déplacement – dont on finit toujours par revenir».

N’est-ce pas ce que le mouvement des gilets jaunes est venu souligner avec force ? L’installation à la campagne peut avoir un coût élevé, à commencer par celui du litre d’essence. Sans parler de la cohabitation entre ruraux et néoruraux loin d’être toujours évidente.

Suite …. ARTICLE COMPLET – Par Franck Gintrand