Déconfinement, on vous dit tout !

Macron décide lundi : Le plan sera finalisé lundi par le président de la République après un déjeuner avec son premier ministre, selon certaines informations. Après ces derniers arbitrages, Edouard Philippe le présentera devant les parlementaires dès mardi lors d’un débat sur l’ensemble de l’architecture du déconfinement. Un débat suivi d’un vote.

Tests, transports, écoles… Le plan de déconfinement présenté mardi.

Des premières pistes ont d’ores et déjà été avancées par l’exécutif, dont un retour en classe échelonné sur trois semaines, sur la base du volontariat. Le déconfinement devrait aussi être « territorialisé », en fonction de l’impact de l’épidémie.

Une prise de parole très attendue. Edouard Philippe présentera mardi à 15 heures devant l’Assemblée nationale « la stratégie nationale du plan de déconfinement » qui doit débuter le 11 mai, a annoncé ce samedi Matignon à l’AFP. Cette présentation sera suivie d’un débat et d’un vote en application de l’article 50-1 de la Constitution, selon un courrier du Premier ministre adressé au président de l’Assemblée Richard Ferrand.

Edouard Philippe groupera sa déclaration avec celle déjà prévue le même jour sur la question du traçage et de l’application « Stop Covid ». Depuis le 13 avril, date à laquelle Emmanuel Macron a fixé le début du déconfinement au 11 mai, le gouvernement travaille à son plan de sortie, sous la houlette du haut fonctionnaire et maire Jean Castex.

Vers un déconfinement progressif

Dix-sept chantiers prioritaires ont été identifiés, parmi lesquels le retour à l’école, la reprise du travail dans les entreprises, le bon fonctionnement des transports publics, l’approvisionnement en masques et gel, la politique de tests ou l’accompagnement des personnes âgées.

C’est donc lundi soir ou mardi matin que le chef de l’Etat prendra les dernières décisions pour lever le flou sur des sujets majeurs comme les conditions de réouverture des écoles, les commerces qui seront habilités ou pas à reprendre leur activité et sous quelles conditions, etc. Ensuite, dès mardi après-midi tout se passera à l’Assemblée nationale. Il devait y avoir un débat parlementaire sur l’application Stop Covid (traçage des malades), il sera finalement élargi à l’ensemble de la stratégie de déconfinement. Le Premier ministre exposera la doctrine du gouvernement sur six thèmes prioritaires : la rentrée scolaire, les masques, les tests, l’isolement des malades, les transports, le travail/l’économie, et les rassemblements. Le débat parlementaire sera suivi d’un vote.

avec AFP, publié le samedi 25 avril 2020 à 23h10

Masques obligatoires pour les collégiens et lycéens? Idem dans les transports? Combien de tests? Le gouvernement dévoilera mardi son plan pour permettre à la France de sortir du confinement le 11 mai, après un week-end de consultations. 

C’est mardi, à 15H00, que le Premier ministre Edouard Philippe présentera devant l’Assemblée “la stratégie nationale du plan de déconfinement”, a annoncé samedi soir Matignon à l’AFP.

Cette présentation -groupée avec une autre déjà prévue sur l’application de traçage “Stop Covid”- sera suivie d’un débat et d’un vote.

L’enjeu est de réussir à lever le confinement, en vigueur depuis la mi-mars, pour faire redémarrer un pays à l’arrêt, sans pour autant relancer une épidémie qui, depuis le 1er mars, a causé 22.614 morts en France, avec 369 nouveaux décès en 24 heures. 

Et ce alors que la pression diminue enfin sur les hôpitaux, avec le bilan quotidien de décès le plus faible enregistré depuis plus d’un mois (198 entre vendredi et samedi) et une baisse continue depuis 17 jours du nombre de patients en réanimation (4.725 personnes samedi soir), selon le bilan des autorités sanitaires.

Port du masque ou non dans les transports, modalités du retour à l’école, commerces rouverts partout ou seulement dans certaines régions: telles sont les questions majeures que le gouvernement doit encore trancher d’ici la présentation de son plan.

“Décision politique”

Pour arbitrer, le gouvernement dispose des recommandations de son Conseil scientifique, listées dans deux documents mis en ligne samedi soir, l’un portant sur la reprise de l’école et l’autre sur les modalités globales du déconfinement à un horizon de deux mois. 

Le conseil, présidé par Jean-François Delfraissy, recommande notamment le port obligatoire d’un masque antiprojection, industriel ou artisanal, dans les collèges et les lycées, à la fois pour les personnels et pour les élèves.

Le Conseil souligne, dans un des deux documents, qu’il était pour sa part favorable à ce que les crèches et établissements scolaires restent fermés jusqu’à septembre. Mais il dit avoir pris “acte de la décision politique” du gouvernement de les rouvrir progressivement dès mai, en “prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques”. 

Les scientifiques chargés d’éclairer le gouvernement préconise aussi le déjeuner en classe, la prise de température à la maison par les parents, des stratégies dans les établissements pour éviter les brassages d’élèves. Mais ils écartent la faisabilité et l’intérêt d’un dépistage massif des élèves et des personnels. 

“Avec cette note du Conseil scientifique, nous avons la base pour l’élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire. Ce protocole national sera la référence de tous les acteurs pour la préparation de rentrée”, a réagi sur Twitter le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer.

Au-delà des questions scolaires, le Conseil scientifique préconise aussi, dans le cadre du déconfinement, d’autoriser les déplacements d’une région à l’autre par transports en commun si les mesures de précaution sont respectées. 

Le déconfinement aura lieu le 11 mai, mais le jour venu, ce ne sont pas tous les secteurs qui peuvent reprendre leurs activités.

Mais il juge en revanche “fortement déconseillés” les transports internationaux “durant les mois suivant la période de sortie de confinement”, les voyageurs s’exposant à des risques de mise en quarantaine à l’étranger comme à leur retour en France.

Jusqu’à 700.000 tests

Le Premier ministre doit tenir “plusieurs réunions de travail durant le week-end sur les sujets prioritaires”, dont les masques, les transports ou les tests.

En visite samedi dans un laboratoire de tests de Saint-Denis, son premier déplacement depuis un mois, le ministre de la Santé Olivier Véran a réaffirmé l’objectif de pouvoir “réaliser au moins 500.000 à 700.000 tests par semaine”, contre plus de 50.000 par jour actuellement.

L’objectif est de pouvoir tester toutes les personnes présentant des symptômes ainsi que celles ayant été en contact rapproché avec des cas confirmés de coronavirus

En revanche, tester l’ensemble des Français serait “impossible” et “n’a pas de sens au niveau médical”, a-t-il répété, alors que certaines entreprises entendent dépister leurs salariés.

Sur le front économique, les entreprises ou artisans se mettent en ordre de bataille pour réussir le déconfinement.

Les commerçants sont “mobilisés” et “fermement décidés à ouvrir” après le 11 mai, mais demandent des “règles du jeu”, a déclaré samedi le président de la Confédération des commerçants de France, Francis Palombi.

Les vendeurs de tissu peuvent déjà rouvrir pour fournir aux Français la matière première nécessaire à la fabrication de masques “maison”.

Frappé de plein fouet par la crise, le groupe Air France-KLM, qui va recevoir une aide massive de dix milliards d’euros sous forme de prêts directs ou bancaires, ne prévoit pas de retour à une activité normale avant deux ans, a indiqué son directeur général, Benjamin Smith.

Aller voir son médecin

Le monde du football, impatient et attendu, se prépare aussi. Les joueurs vont retourner dans leurs centres d’entraînement dès le 11 mai, pour y subir d’abord un bilan médical complet. Et le gardien de l’équipe de France Hugo Lloris a mis aux enchères ses gants portés lors de la finale de la Ligue des champions pour collecter des fonds au profit des soignants.

Des soignants qui paient toujours un lourd tribut: depuis le début de l’épidémie, 25 professionnels de santé au moins sont décédés du Covid-19 en France, selon un décompte de l’AFP.

Tel le docteur Kabkéo Souvanlasy, généraliste en Seine-Saint-Denis depuis 33 ans, qui laisse un “vide” dans un département manquant cruellement de praticiens. “Nous avons perdu un grand Monsieur”, a écrit une patiente sur la page Facebook à sa mémoire.

Dans le Territoire de Belfort, l’émotion est également vive après la mort d’une aide-soignante de 52 ans.

La Direction générale de la santé a pour sa part “vivement encouragé” samedi les patients atteints de maladies chroniques ou de pathologies aiguës graves à contacter leur médecin, après avoir constaté une augmentation du nombre de patients en réanimation, hors Covid.

“Si les suivis sont interrompus longtemps, les décompensations de maladies chroniques sont d’autant plus graves”, a prévenu la DGS.


VUE DE BELGIQUE

Kinés, médecins, dentistes: avec le déconfinement, quand pourrez-vous obtenir un rendez-vous, urgent ou pas?

Déconfinement : secteur de la santé, à quand des rendez-vous non urgents ?
CLAUS FISKER – AFP

Dans la communication faite par le gouvernement, vendredi soir, le secteur de la santé est évoqué de manière assez vague : ” Des groupes de travail étudient déjà comment répondre à la fois à l’impératif de continuer à offrir les meilleurs soins aux personnes infectées par le covid-19 tout en élargissant graduellement et de façon sécurisée l’accès aux soins de santé généraux et spécialisés. La volonté est que, le plus rapidement possible, chacune et chacun puissent avoir accès aux soins de santé de manière à nouveau ” normale ” tout en évitant de saturer les infrastructures médicales nécessaires à la prise en charge des malades du virus.“, peut-on lire.

Les médecins préparent la relance des activités non-covid 19

Déjà, souligne l’ABSyM, dans un communiqué publié ce samedi, la population peut prendre contact, par téléphone ou par vidéoconférence avec un médecin, généraliste ou spécialiste, ” pour tout problème afin qu’ensemble, médecin et patient jugent de la pertinence d’être vu en urgence ou pas “, précise l’ABSyM.

Plus le démarrage de la médecine sera rapide, en consultation chez le généraliste ou le spécialiste, plus il sera possible de soigner des patients à temps.

Le Groupement belge des médecins spécialistes est occupé à réaliser un plan de relance. Il prévoit un ” redémarrage des activités des médecins par phase. On privilégiera d’abord les soins semi-urgents, ensuite les soins planifiables qui eux, peuvent attendre sans aucune conséquence pour la santé du patient “, communique l’ABSyM.

Aucune date précise n’est encore fixée : ” Ces phases devraient être connues et rendues publiques dans le courant de la semaine prochaine “, écrit l’ABSyM.

La relance des activités des médecins se fera à condition que le matériel (masques, etc.) nécessaire à la sécurité des patients et des soignants soit disponible en quantité suffisante. ” La priorité reste de garantir à nos patients que le risque d’attraper le virus en consultation, sera au plus bas qu’ils se rendent chez le généraliste ou chez le spécialiste et ce, par rapport au reste des actes de sa vie quotidienne “, déclare Philippe Devos, le président de l’ABSym.

Les dentistes se préparent aussi

Pourra-t-on bientôt retourner chez le dentiste pour des soins non-urgents ? Là aussi, les dentistes y pensent et ont élaboré, le week-end dernier un plan phasé pour sortir de la crise. Ils l’ont soumis aux autorités mais n’ont pas encore reçu de réponse.

Actuellement, les soins urgents et essentiels doivent être assurés, comme ils le sont depuis le début du confinement.

La prochaine phase, la phase 2, comme l’explique Michel Devriese, de la Société de médecine dentaire, sera une phase où l’on prodiguera les soins ” requis “, c’est-à-dire les soins sans lesquels des dégâts irréversibles risquent de se produire.

Pour le passage en phase 2, faute de date précise communiquée par le Conseil national de sécurité, ce serait aux dentistes de décider, en fonction de leur situation personnelle, comme l’explique Michel Devriese : ” La semaine prochaine, certains cabinets vont pouvoir reprendre un peu d’activité et passer, selon nous, à la phase 2, pour les soins requis. Ce sera à chaque dentiste à évaluer sa capacité à le faire “. Chaque dentiste doit faire son évaluation par rapport à ses propres capacités, l’organisation du cabinet, la disponibilité du matériel, notamment les masques, explique-t-on à la Société de médecine dentaire.

Dans tous les cas, des mesures sanitaires strictes devront être respectées : respect des distances entre patients, un patient à la fois dans la salle d’attente, aérer les locaux et désinfecter la salle de soins entre deux patients, par exemple.

Il est donc conseillé aux patients qui en auraient besoin de contacter leur dentiste pour savoir si les soins sont urgents, doivent être réalisés dans un court délai ou peuvent encore attendre et savoir si le praticien est en mesure d’assurer ces soins.

Viendra, plus tard, une phase 3, où les dentistes reprendront une activité normale.

La société de médecine dentaire souhaite aussi que des tests de dépistage du Covid-19 soient réalisés auprès des dentistes.

Un plan aussi pour les kinés

Axxon, l’association professionnelle des kinésithérapeutes rappelle d’abord que les kinés n’ont pas été obligés de fermer leurs cabinets pendant le confinement. Rester disponible pour les soins urgents et nécessaires était possible.

A partir du 4 mai, le dispositif sera un peu modifié. ” Les kinés pourront recevoir un patient à la fois (pas de séances collectives). La salle d’attente ne pourra pas être utilisée. Les patients ne pourront pas se croiser. Le port du masque sera obligatoire pour les kinés et pour les patients “, explique Fabienne Van Dooren, directrice générale d’Axxon

Inquiétudes du côté syndical

Au lendemain de la communication gouvernementale, le syndicat CNE s’étonne du peu d’attention portée aux acteurs de la santé et au secteur non-marchand en général : “Les décisions du CNS se sont focalisées sur l’économique (entreprises B2B, commerces…) et l’enseignement. Pourtant, l’accueil des tout-petits sera un défi. La relance de l’activité de soins (hors Covid) en hôpital comme à domicile ne sera pas une sinécure avec du personnel épuisé, les capacités de dépistage en hébergement (aînés, handicapés…) restent totalement insuffisantes, les services d’aide aux populations n’arrivent pas à rencontrer les besoins aggravés par la crise, etc.”, liste le syndicat pour qui “les choix faits illustrent parfaitement l’orientation choisie pour l’après crise“.

D’autres praticiens des secteurs médicaux et paramédicaux attendent aussi des précisions quant à la relance de leurs activités où le respect de la distanciation sociale est souvent loin d’être évident : logopèdes, psychomotriciens, ergothérapeutes, ostéopathes, etc.