Soupçons de marchés truqués
Le siège de l’entreprise publique installé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été perquisitionné ce mardi matin.
L’ affaire avait été révélée par le lanceur d’alerte Denis Breteau, un cheminot qui a travaillé au service achat de l’entreprise publique, à Lyon, avant d’être licencié.
Plusieurs sites de la SNCF ont été perquisitionnés ce mardi matin dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de marchés truqués entre la compagnie ferroviaire et l’entreprise américaine d’informatique IBM.
L’enquête sur des marchés potentiellement truqués entre la SNCF et IBM se poursuit. Selon nos informations, ce mardi matin, plusieurs sites de la compagnie ferroviaires ont été perquisitionnés par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Parmi les sites visés, le siège de l’entreprise publique installé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Contactée, la compagnie ferroviaire confirme : « C’est un processus normal. À partir du moment où il y a eu une plainte, les enquêteurs font leur travail. La perquisition s’est déroulée dans une ambiance normale. Nous avons fourni les éléments qui nous ont été demandés. »
Outre le siège de la SNCF, la direction des achats de la compagnie, basée à Lyon (Rhône-Alpes), a également été perquisitionnée. Toujours selon nos informations, une vingtaine de personnes de la compagnie doivent être entendues prochainement par les enquêteurs.
Cette perquisition fait suite à une enquête préliminaire ouverte en 2016 par le Parquet national financier. Le PNF sert à vérifier si la SNCF a favorisé l’entreprise américaine IBM dans ses appels d’offres de matériels informatiques autour des années 2010. Des marchés potentiellement suspects, qui, cumulés, auraient fait perdre à la SNCF 150 millions d’euros. Une affaire révélée par le lanceur d’alerte Denis Breteau, un cheminot qui a travaillé au service achat de l’entreprise publique, à Lyon, avant d’être licencié.
Les deux juges d’instruction en charge de l’enquête s’intéressent notamment à une filiale de la SNCF, Stelsia, créée en 2010. Elle aurait servi à passer des marchés de gré à gré avec IBM pour contourner les règles des marchés publics qui obligent une entreprise publique à organiser des appels d’offres. Un contournement des règles qui serait une contrepartie d’un marché de logistique aux Etats-Unis lancé par IBM et gagné en 2008 par Geodis, une filiale de la SNCF. Dans cette affaire, les enquêteurs ont déjà récupéré des échanges de mails et des documents liés à ces marchés.
Article du Parisien le 4 juin 2019