Fonctionnaire au ministère
des
Affaires étrangères
Françoise Nicolas, anciennement fonctionnaire, a découvert des dépenses fictives liées au ministère des Affaires Étrangères du Benin. Depuis, sa vie est un enfer et elle survécut même à une tentative de meurtre.
Mis à jour le 24 août 2019
« En 2009, alors que j’étais en poste à l’ambassade de France à Cotonou au Bénin, j’ai repéré et sorti de l’ombre un système de créations de dépenses fictives imputées sur le budget dont j’étais responsable.
Concrètement, les dossiers se devaient de comporter un certain nombre d’informations, précises, essentielles, afin de justifier l’utilisation des fonds (telles que les coordonnées des bénéficiaires, des organismes concernés, etc).
Alors que j’étais en fonction depuis plus d’un an, les dossiers que je traitais m’ont brusquement été retirés pour être confiés à une recrutée locale. J’en restais pourtant officiellement responsable, mais, de fait, je ne contrôlais plus rien. Et ce que j’arrivais à en percevoir m’alarmait au plus haut point. Les dossiers étaient vides, alors que selon les types de dossiers concernés, je collectais habituellement sur mes bases de données entre 30 et 50 éléments par dossier. Pendant quatre mois, j’ai attiré l’attention de ma hiérarchie sur les « anomalies » induites par cette nouvelle organisation. En vain. A l’issue de ces quatre mois, je finis également par exposer la situation à mon administration centrale, à Paris, en donnant des exemples qui, avec le recul, sont très explicites quant au caractère fictif des dépenses concernées.
Pendant cette période, j’ai été l’objet de manoeuvres visant à m’écarter de mon poste. J’ai subi et été témoin de pressions que mon conseiller de coopération et d’action culturelle, avant d’être remplacé par un homme choisi par l’ambassadeur, m’avait demandé de consigner par écrit.
Les menaces quant à mon intégrité physique sont allées jusqu’à la tentative de meurtre. J’ai survécu à ce qui a été une tentive de strangulation grâce à l’intervention d’un agent d’entretien qui, alerté par le bruit, est intervenu alors que j’étais sur le point de perdre connaissance.
Il n’a été procédé à aucune enquête. L’agent d’entretien a été aussitôt licencié sans avoir été auditionné. Les signalements que j’avais opérés quant à la gestion du budget dont j’avais la charge (le constat de dépenses fictives) n’ont pas été instruits. L’auteur de l’agression a été (et est encore) maintenu en fonctions.
Mon administration ne m’a pas soutenue. J’ai fait l’objet d’un rapatriement disciplinaire. J’étais blessée,en état de choc. Je ne tenais pas seule debout. J’ai abandonné au Bénin tous mes biens, ma maison dont je venais de régler un an de loyer, mon véhicule, etc. ET, évidemment, sans qu’il ne soit versé un centime d’euro de « compensation ».
Professionnellement, j’ai été mutée d’office sur un poste ne correspondant ni à mes compétences, ni à mes aspirations. Toutes mes demandes de mutation sont refusées au titre de « la politique du noeud coulant » que l’on m’applique (pour reprendre une expression consacrée de mon administration).
A titre personnel, j’ai dû surmonter les conséquences d’un état de stress post-traumatique, aigu puis chronique, provoqué par la strangulation. Je suis restée hospitalisée deux mois avec demi-salaire, le ministère ne voulant pas reconnaître l’accident de service.
Ma plainte pénale pour violences volontaires a été classée sans suite, sans instruction digne de ce nom, au motif qu’il ne s’était agi que d’une simple dispute.
Pour le reste, je me suis pourvue devant les juridictions administratives, jusqu’au niveau du Conseil d’Etat (par deux fois). Elles ont toutes donné raison à mon administration au titre de la raison d’Etat, au motif que mon agresseur est une intime officielle de deux chefs d’Etat africains par la grâce d’un enfant adultérin.
C’est également l’argument invoqué par mon administration devant un tribunal administratif pour me refuser le bénéfice de la protection fonctionnelle.
J’ai dû tout assumer seule au plan matériel. Mes économies ont fondu. Je me suis lourdement endettée. Je ne tiens depuis des années que par les gestes de solidarité de mes amis.
Comme tant d’autres lanceurs d’alerte, je me retrouve prise, par conscience professionnelle, dans une histoire qui me dépasse. Il y a au sein de mon administration de mauvaises habitudes qui perdurent. Combien de fois m’a-t-on expliqué que je ne faisais pas le poids face à une famille d’ambassadeurs et à ses affidés ? »
[Article du 22 mai 2015 – Ugict.cgt]
Quelle justice pour la démocratie ?
La justice est le rempart des abus, le ciment de la société, un élément inconditionnel du lien entre citoyens et Etat. Elle est un besoin fondamental et universel. Ecouter l’Emission de France Inter avec Eric Alt, magistrat, vice-président de l’association AntiCor
Attaquée en diffamation, elle a été blanchie par la justice en octobre 2018.
Mauvaise nouvelle pour la ministre Nathalie Loiseau, impliquée dans ce scandale, et qui fait tout pour la faire taire.
Harcelée juridiquement et administrativement, Françoise Nicolas se bat aujourd’hui pour ne pas être tuée économiquement.
Le Quai d’Orsay la faisait passer pour folle. Cette victoire en justice est un premier pas dans la bonne direction.
Thread by @FranoiseNicolas:
Voici mon histoire : fonctionnaire du Quai d […] » https://threadreaderapp.com/thread/1115997608533737475.html
“Comme je l’ai dit hier, l’article de Libération n’est pas exact. Voici un long thread de rectification, preuves à nfo, l’article en question est ici :
De quoi Françoise Nicolas, ex-fonctionnaire aux Affaires étrangères, accuse-t-elle Nathalie Oiseau ? ( liberation.fr )
Nathalie Loiseau m’a Tuer par Françoise Nicolas 28/08/2017 Voir ARTICLE
FRANÇOISE NICOLAS, LANCEUSE D’ALERTE. MAI 03, 2018 par www.pensezbibi.com : ARTICLE Ici
Pour aller plus loin…
« Les diplomates. Derrière la façade des ambassades de France » de Franck Renaud, éditions Nouveau Monde (pages 9-14).
https://lanouvelletribune.info/archives/benin/8671-fait-divers-ambassadeur-besancenot (photos de mes blessures)
http://www.ugict.cgt.fr/articles/actus/francoise-nicolas-ministere-des-affaires-etrangeres (la mécanique à l’oeuvre, intervention à la Bourse du Travail à Paris, mars 2015)
http://lemurdesinsoumis.fr/2016/04/25/francoise-nicolas/
https://www.franceinter.fr/emissions/lanceurs-d-alerte/lanceurs-d-alerte-26-aout-2017 (mon témoignage à partir de 24’)
« La traque des lanceurs d’alerte » de Stéphanie Gibaud, éditions Max Milo. http://stephaniegibaud.org
https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-19-octobre-2017
http://www.marieclaire.fr/lanceuses-d-alerte-ces-heroines-dont-la-vie-bascule,1239720.asp
https://www.rollingstone.fr/une-nuit-pour-ecouter-les-lanceurs-dalerte/
Placée en retraite d’office pour invalidité depuis le 1er juin 2018, je suis sans ressources depuis puisque je la conteste. Sur Facebook, s’est créé le « Groupe solidaire de Françoise Nicolas »
19 octobre 2018 : Jacques TOUBON, Défenseur des Droits, me reconnaît la qualité de lanceur d’alerte mais considère que je n’ai subi aucune représailles à ce titre. Pas de représailles, pas de protection…
Mars 2019, l’association ASD PRO publie le bilan de ses 10 ans d’activité. Mon vécu au ministère des Affaires étrangères est retenu au nombre des quelques exemples emblématiques de la violence institutionnelle: https://blogs.mediapart.fr/asd-pro/blog/050319/harcelement-suicide-souffrance-dans-la-fonction-publique-du-deni-la-maltraitance
Dans cet entretien du 7 mars 2019 avec Gabin Formont (Vécu), je présente des documents à l’écran: https://www.facebook.com/Vecu.giletjaune/videos/live-special-avec-un-membre-de-lanceur-dalerte-françoise-nicolas-se-rend-chez-ga/817123141989705/
3 avril 2019, entretien avec Didier Maïsto (Toute vérité est bonne à dire): https://www.facebook.com/408853466553720/videos/641786036265071/
10 avril 2019, Libération me consacre un article. Il est inexact. https://threadreaderapp.com/thread/1115997608533737475.html