Brésil : la Cour suprême annule un décret de Jair Bolsonaro sur les terres indigènes
mis à jour (vidéo sup.) le 27 août 2019
Le président d’extrême droite souhaitait transférer au ministère de l’Agriculture les compétences foncières jusqu’alors réservées à une fondation protectrice des indigènes pour développer l’agrobusiness.
Un revers pour Jair Bolsonaro. La Cour suprême brésilienne a bloqué, jeudi 1er août, un décret du président d’extrême droite qui attribuait au ministère de l’Agriculture, défenseur des intérêts de l’industrie agroalimentaire, la gestion foncière des terres indigènes. Jusqu’alors, c’était une fondation protectrice des indigènes qui en avait la charge.
Les dix juges du Tribunal fédéral suprême ont soutenu cette décision, considérant que les parlementaires brésiliens avaient déjà rejeté ce décret. « Pour ce qui fait loi, le dernier mot revient au Congrès », a déclaré le juge Luis Roberto Barroso. Il avait déjà ordonné en juin la suspension provisoire du décret portant sur ce transfert de compétences. Jair Bolsonaro s’est plusieurs fois exprimé pour un nouveau découpage des terres indigènes, plus favorable à l’agrobusiness.
Un climat global hostile aux indigènes
Cette décision survient une semaine après la mort d’un leader indigène dans le nord-est du pays. Une enquête judiciaire est en cours, les membres de la tribu waiapi dénonçant un assassinat. Depuis, cette affaire a pris un tournant international. Parmi les nombreuses réactions, la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet s’est élevée lundi contre « la politique proposée par le gouvernement brésilien » qui pourrait « conduire à des incidents violents, des intimidations et des meurtres ». Ces derniers mois, indigènes et organisations de défense des droits humains se plaignent d’une multiplication des conflits dûs à des envahissements de leurs terres.
Le corps du chef Waiãpi exhumé
Les enquêteurs chargés d’investiguer sur la mort du chef Emyra, dans l’état de l’Amapá (Brésil), vont exhumer son corps. Ils ont ordonner une autopsie pour tenter de déterminer les causes exactes du décès. Le chef Emyra a été tué la semaine dernière, le 23 juillet 2019.
L’objectif pour les enquêteurs est de définir les causes exactes du décès du chef indigène.
Rodolfo Lopes, le procureur fédéral de l’Amapá, à d’ores et déjà ouvert deux procédures : l’une au pénal, relative au meurtre ; l’autre au civil, relative à l’invasion par des orpailleurs et des chasseurs de ce territoire indigène protégé. A ce jour, les circonstances de la mort d’Emyra Waiapi n’ont pas encore été officiellement établies.
Selon plusieurs témoignages d’indiens waiãpis, le cacique aurait été tué lors d’une attaque de son village par des orpailleurs illégaux. Les autochtones accusent les orpailleurs d’attaquer les villages implantés dans les réserves. Lors de leurs recherches préliminaires, les officiers de la police militaire et les officiers de la police fédérale ont déclaré n’avoir pour l’instant trouvé aucune preuve de la présence d’orpailleurs ou de chasseurs.
Vendredi, un hélicoptère mis à disposition par le gouvernement de l’Amapa se rendra dans le village de Mariry afin de récupérer la dépouille du chef Emyra Waiapi. Le corps sera rapatrié à Macapá afin de subir de nombreux examens. Les membres de la tribu Waiapi ont autorisé l’analyse des restes du chef indigène tué lors de l’invasion du village par une cinquantaine de mineurs illégaux. Son corps a été retrouvé dans une rivière à proximité de leur village.
Dès vendredi soir un rapport préliminaire sera établi. Le corps sera rendu au village le même jour.
L’objectif pour les enquêteurs est de définir les causes exactes du décès du chef indigène.
Le récit de Isabel Lerouge (rédaction radio Guyane La 1ère)
L’objectif pour les enquêteurs est de définir les causes exactes du décès du chef indigène.
Rodolfo Lopes, le procureur fédéral de l’Amapá, à d’ores et déjà ouvert deux procédures : l’une au pénal, relative au meurtre ; l’autre au civil, relative à l’invasion par des orpailleurs et des chasseurs de ce territoire indigène protégé. A ce jour, les circonstances de la mort d’Emyra Waiapi n’ont pas encore été officiellement établies.
Selon plusieurs témoignages d’indiens waiãpis, le cacique aurait été tué lors d’une attaque de son village par des orpailleurs illégaux. Les autochtones accusent les orpailleurs d’attaquer les villages implantés dans les réserves. Lors de leurs recherches préliminaires, les officiers de la police militaire et les officiers de la police fédérale ont déclaré n’avoir pour l’instant trouvé aucune preuve de la présence d’orpailleurs ou de chasseurs.
Vendredi, un hélicoptère mis à disposition par le gouvernement de l’Amapa se rendra dans le village de Mariry afin de récupérer la dépouille du chef Emyra Waiapi. Le corps sera rapatrié à Macapá afin de subir de nombreux examens. Les membres de la tribu Waiapi ont autorisé l’analyse des restes du chef indigène tué lors de l’invasion du village par une cinquantaine de mineurs illégaux. Son corps a été retrouvé dans une rivière à proximité de leur village.
Dès vendredi soir un rapport préliminaire sera établi. Le corps sera rendu au village le même jour.
L’objectif pour les enquêteurs est de définir les causes exactes du décès du chef indigène.
Le récit de Isabel Lerouge (Radio Guyane La 1ère). ECOUTER
Les indiens waiãpis, une tribu indépendante
publié le 13/11/2017
Les Waiãpis continuent de vivre dans le parc Renca malgré les tentatives d’exploitation industrielles.
Accord parfait entre hommes et nature
Logée au coeur de la forêt amazonienne, dans le parc naturel Renca, cette tribu subsiste sans aucune aide extérieure. Complètement isolés, les indiens waiãpis comblent la plupart de leurs besoins grâce à la nature environnante.
« Sans la forêt, les indiens waiãpis ne pourraient pas bien vivre. », confirme l’un d’entre eux.
Les arbres et autres plantes ne leur servent pas seulement à se nourrir. Tous les habitats sont construits par la tribu grâce aux ressources naturelles. La nature leur prodigue même de quoi faire des médicaments. « On s’en sert pour cicatriser des blessures et aussi pour peindre, pour faire de l’artisanat. ».
Un peuple en danger
Cette tribu n’a été découverte que dans les années soixante-dix par le gouvernement brésilien. Depuis, elle est constamment menacée. Car le gouvernement a exprimé son désir d’ouvrir une partie de la réserve à l’industrialisation, celle-ci étant riche en minerais précieux.
En août 2017, le gouvernement brésilien a ouvert le parc à l’exploitation minière. Cette annonce a été immédiatement critiquée par plusieurs ONG environnementales, l’Église catholique brésilienne et certaines célébrités comme Leonardo DiCaprio. Le gouvernement a fini par faire machine arrière.
Face aux tentatives d’exploitation de cette zone, pourtant protégée, les Waiãpis comptent bien préserver la forêt qui les abrite depuis des siècles.
« On veut que notre forêt reste comme elle est, vivre tranquille sur notre territoire. ».
Les Waiapi, une tribu de la forêt amazonienne fourbissent leurs armes. La réserve qu’ils habitent est menacée. En août, le gouvernement de Michel Temer a annoncé qu’il autorisait les compagnies minières internationales à prospecter ses richesses mais face aux critiques, le gouvernement a finalement fait marche arrière. N’empêche, les Waiapi sont terrifiés car ce n’est la première fois que leur mode de vie est menacé.
Au Brésil, les Indiens waiapi menacés par la politique de Bolsonaro
Une cinquantaine d’orpailleurs clandestins prêts à les massacrer. C’est le témoignage d’Indiens waiapi qui relatent le meurtre de leur chef, Emrya Waiapi, le 23 juillet 2019. Mais personne n’était vraiment présent au moment des faits. Son corps, retrouvé dans une rivière au sein du village de Mariri dans l’Etat d’Amapa, présente des marques de violence qui laissent supposer que l’homme de près de 70 ans a été assassiné.
Quelques jours après l’assassinat, les Forces de l’ordre comme la Funai, la Fondation pour l’Indien, ont confirmé la mort du cacique Emrya Waiapi et la présence de 10 à 15 orpailleurs clandestins sur la réserve protégée, d’après le journal Le Monde.
Dimanche 28 juillet, la police fédérale et le bataillon du Bope, groupe d’intervention d’élite de la police militaire de l’Etat de Rio de Janeiro, ont lancé une opération dans la réserve indigène pour enquêter sur ce crime. Pour les défenseurs de la cause des Indiens, le message envoyé par le président Jair Bolsonaro encourage ce genre d’intrusion sur la réserve.
La peur envahit les Waiapi
« Les garimpeiros sont armés de mitraillettes et nous sommes en danger. Il faut que l’armée et la police fédérale nous aident. S’ils ne viennent pas, nous allons agir. Nous avons peur », a imploré le chef Jawaruwa Waiapi en s’adressant au sénateur Randolfe Rodrigues, membre du parti écologiste Rede. Les garimperos, ce sont les orpailleurs clandestins suspectés du meurtre du chef Emrya Waiapi. Le vendredi suivant le drame, ils se seraient installés dans une des maison du village Yvytoto, faisant fuir ses habitants.
Selon Dominique Tilkin Gallois, ethnologue et professeure de l’université de Sao Paulo interrogée par Le Monde, ces actes s’inscrivent dans un mouvement qui touche l’ensemble du pays. « Il y a maintenant une tendance globale d’invasion de garimpeiros dans tout le Brésil. Mais jamais, jamais, nous n’aurions imaginé que cela puisse se produire chez les Waiapi. » Cette communauté est un peuple pacifique, dont le territoire avait été délimité en 1996. Dans les années 1970 à 1990, de multiples agressions avaient été recensées au sein des villages waiapi, mais celles-ci avaient depuis diminué.
Des crimes encouragés par Jair Bolsonaro
Ce regain de violence émerge depuis l’élection de Jair Bolsonaro, élu en octobre 2018. Régulièrement, il exprime son opposition à l’exclusivité des terres amazoniennes pour les peuples indigènes, et répète vouloir légaliser l’orpaillage sur ces territoires. Une activité qui s’accompagne pourtant de violences, maladie, prostitution, pollution et déforestation.
Selon lui, la réserve protégée constituerait une entrave à l’économie brésilienne en empêchant les agriculteurs et orpailleurs d’exploiter ces terres riches en or, manganèse, fer et cuivre. Alors que la mort du cacique venait d’être confirmée, le président brésilien a de nouveau exprimé son souhait d’exploiter cette « terre richissime » qui appartient aux communautés autochtones.
En 1998, il s’exprimait déjà dans le journal Correio braziliensecontre la délimitation des terres indigènes : « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que les Américains. Eux, ils ont exterminé leurs Indiens. »
Lundi, le chef de l’Etat a affirmé qu’il n’y avait pas « d’indices forts »prouvant que l’assassinat du leader waiapi avait été perpétré par des orpailleurs.
L’ONU condamne le meurtre du chef Emrya Waiapi
La Haut-Commissaire des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a demandé « urgemment au gouvernement brésilien d’agir avec fermeté pour stopper l’invasion des territoires indigènes et pour leur assurer l’exercice pacifique de leurs droits sur leurs terres ». Elle estime que meurtre du chef waiapi est la conséquence du développement de l’exploitation minière en Amazonie encouragée par le président Jair Bolsonaro.
Selon elle, cet assassinat est le « symptôme inquiétant du problème croissant de l’empiétement sur les terres indigènes par les mineurs, bûcherons et agriculteurs au Brésil ». La situation waiapi est en effet étroitement liée à l’exploitation de l’Amazonie, dont la déforestation a augmenté de 88% en un an.
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