Du Havre à Aix-en-Provence en passant par Vesoul, Rodez et Bourg-la-Reine, de nombreuses villes sont concernées par ce problème.
Le sujet est réapparu, au cœur de l’été, à la faveur d’un fait divers. Lundi 5 août, le maire de Signes (Var) a été tué, après avoir été renversé par un fourgon alors qu’il empêchait deux employés d’une entreprise de travaux publics de déverser des gravats sur un terrain privé. L’affaire relance la polémique autour des décharges illégales. Invité de franceinfo le 9 août, Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), a réclamé « des mesures radicales » pour tenter de remédier au problème.
Le phénomène est difficile à quantifier, comme l’expliquait l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans une étude publiée en février. Mais il semble massif. Dans le cadre de l’opération #AlertePollution, lancée en décembre 2018 en marge de la COP24, nous avons reçu plus de 580 signalements de décharges sauvages. Nous les publions aujourd’hui. Déchets en plastique amoncelés dans des forêts, montagnes de pneus à l’abandon dans des bois communaux, détritus jetés le long des routes ou des gares TGV, plaques d’amiante, meubles ou encore électroménager déversés illégalement dans la nature… Les exemples de décharges sauvages que vous nous avez décrits sont innombrables.
Un coût important pour les collectivités
Comment expliquer de tels comportements ? « Il y a plein de raisons : la déchetterie qui n’est pas ouverte, le refus de payer pour le dépôt de certains déchets, la difficulté de verbaliser, la mise à disposition de bennes à gravats sur Le Bon Coin par des gens qui se débarrassent ensuite du contenu dans la nature », énumère Jean-Christophe Pouet, chef du service mobilisation et valorisation des déchets de l’Ademe.
Une fois les déchets jetés dans la nature, les différents acteurs – collectivités locales, Office national des forêts, sociétés d’autoroute – se renvoient souvent la balle pour les retirer. Car ces dépôts sauvages ont un coût important : « entre 100 et 500 euros la tonne, parfois au-delà de 1 000 euros pour des produits dangereux comme l’amiante », chiffre Jean-Christophe Pouet. Un coût généralement supporté par le contribuable.
« Les gens veulent faire des économies de bouts de chandelle, mais ne se rendent pas compte qu’ils finissent par payer, comme tout contribuable. »
Comme vous pouvez le constater sur la carte ci-dessous, le phénomène n’est pas réservé à quelques communes. Du Havre à Aix-en-Provence en passant par Vesoul, Rodez et Bourg-la-Reine, de nombreuses villes sont concernées par ce problème. Ces signalements, qui ne sont pas exhaustifs, remontent parfois à plusieurs semaines voire plusieurs mois, il est donc possible que certaines décharges sauvages aient disparu depuis. Face à la masse d’informations reçues, nous n’avons pas pu vérifier indépendamment chacune de vos contributions.
La future loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, en discussion actuellement, pourrait permettre de juguler ce phénomène. « L’étude menée par l’Ademe a permis de faire des propositions, reprises dans cette loi », assure Jean-Christophe Pouet. Ces propositions visent notamment à sanctionner davantage, en fluidifiant la procédure. A l’avenir, un agent municipal pourra verbaliser le pollueur, une tâche que ne peuvent effectuer aujourd’hui que les forces de l’ordre. « Sur l’accident de Signes, le maire aurait pu appeler les gendarmes. Mais il l’a sans doute déjà fait 100 fois et ils ont répondu qu’ils avaient autre chose à faire », suppose l’expert de l’Ademe.
Les images de vidéosurveillance, qui ne pouvaient pas être utilisées juridiquement pour des atteintes à l’environnement, feront désormais partie de l’arsenal du maire. Jean-Christophe Pouet pointe également la nécessité de sensibiliser les citoyens pour corriger ces comportements aux conséquences néfastes. Le spécialiste rappelle par exemple que le premier déchet sauvage reste… le mégot de cigarette qui finit dans la rivière après avoir été jeté dans le caniveau.
Les décharges sauvages, un fléau au cœur du drame de Signes
Si le décès du maire de la commune du Var a mis en lumière la multiplication de ces actes d’incivilité dans le département, l’ensemble du territoire est concerné.
Le différend entre deux salariés d’une entreprise déversant illégalement au bord d’un chemin les reliques d’un chantier et Jean-Mathieu Michel, maire de la commune de Signes, qui a causé, lundi 5 août, la mort de ce dernier, a crûment mis en lumière le fléau que représentent pour les petites communes les dépôts sauvages de déchets.
Dans le département du Var, où a eu lieu le drame, les maires connaissent par cœur la problématique. Ils disposent certes d’un pouvoir de police sur leur territoire : dans le cadre d’activités commerciales menées par des entreprises, comme cela semble être le cas des deux contrevenants de Signes, l’abandon de déchets est passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Mais difficile pour autant d’enrayer le phénomène. Suite ARTICLE – Le Monde – 07 août 2010
Le maire de Signes, une petite commune du Var, est mort renversé lundi 5 août par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants pour avoir jeté des gravats sur le bord de la route. Ce fait tragique pose la question des décharges sauvages et du mépris des règles en vigueur.
Plus de 80 000 tonnes de déchets sauvages sont ainsi jetées chaque année en France.
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