Bientôt le procès Bygmalion

Le 5 mars 2014, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire pour « faux », «abus de biens sociaux » et « abus de confiance » visant la société Bygmalion, soupçonnée d’être au centre d’un système de fausses factures. Grâce à elles, les responsables de Bygmalion et de sa filiale Event and Cie, ainsi que des membres de l’UMP — devenue Les Républicains en 2015 — et de l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, auraient fait en sorte que les dépenses de campagne du candidat pour l’élection présidentielle de 2012 restent inférieures au plafond autorisé par la loi.

Le 01 octobre 2019, la Cour de cassation valide le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy.

Quatorze personnes, dont Guillaume Lambert, qui était le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, et Jérôme Lavrilleux, alors directeur adjoint de campagne, sont renvoyées en procès. Jean-François Copé, lui, a bénéficié d’un non-lieu et est définitivement blanchi. Comment fonctionnait ce système de fausses factures ? Explications avec cette vidéo réalisée en janvier 2016.

Les personnages de l’affaire Bygmalion

Par LIBERATION — 18 juin 2014 

Jean-François Copé

Resigning leader of the French right-wing UMP opposition party Jean-Francois Cope gestures as he delivers a speech during a public meeting in Aulnay-sous-Bois, north of Paris, on June 11, 2014, four days ahead of his effective resignation from the party's presidency. Jean-Francois Cope was forced to resign during a heated UMP political office on May 27 after the party was recently tainted by a corruption scandal in which Cope allegedly used his influence to channel party contracts to a PR company run by two

S’il y en a bien un que Lavrilleux dédouane, c’est Jean-François Copé, dont il fut le zélé directeur de cabinet. Le maire de Meaux, démissionné de la présidence de l’UMP après l’explosion du scandale, affirme être totalement étranger à cette affaire où nombre de ses très proches sont impliqués. Jurant qu’en l’espèce, son «intégrité» est totale et que «des collaborateurs» ont «abusé de [sa] confiance». En Sarkozie, ce scénario est jugé peu crédible.

Éric Cesari

UMP member Eric Cesari leaves after attending an awarding ceremony, on October 15, 2012 in Paris. AFP PHOTO MIGUEL MEDINA

Nommé directeur général de l’UMP par Sarkozy en 2008, Eric Césari a été «suspendu» de ses fonctions dès l’installation du trio Juppé-Fillon-Raffarin. Réfutant les accusations de Lavrilleux, il conteste tout rôle dans le mécanisme de fausse facturation qui aurait servi à éponger l’explosion des dépenses de campagne en 2012. S’il a signé des devis, comme Libération l’a révélé, il soutient qu’il ne lui appartenait pas de valider «l’effectivité des prestations».

Guillaume Lambert

France's incumbent President and UMP ruling party candidate for the 2012 French presidential election's campaign director Guillaume Lambert gives a call as Nicolas Sarkozy arrives at the TV broadcast studio where French presidential candidates will debate as part of their campaign for the second round, on May 2, 2012, in La Plaine Saint Denis, outside Paris. Sarkozy is generally seen as a better debater than France's Socialist Party (PS) candidate for the 2012 French presidential election, Francois Hollande

Directeur de la campagne de Sarkozy en 2012, Lambert assure n’avoir rien su et rien vu. Aujourd’hui préfet de Lozère, il charge Lavrilleux, son adjoint à l’époque. Ce dernier affirme, lui, qu’il était «rigoureusement impossible que [Lambert] ne soit pas au courant» du dépassement des comptes de campagne. Et qu’il avait participé à la réunion où le montage de fausse facturation aurait été décidé, à l’UMP, entre fin mai et début juin 2012.

Bastien Millot

Bastien Millot en 2004.

Fondateur de Bygmalion, qu’il préside pendant la présidentielle de 2012, le plus ancien des «Copé boys» s’applique à la sérénité depuis le début de l’affaire. Désormais avocat, Millot n’est sorti de son silence que pour défendre Lavrilleux «simple rouage dans une organisation plus large». Ancien directeur de France Télévisions sous Carolis, il est mis en examen depuis avril pour «recel de favoritisme» pour des contrats entre Bygmalion et le groupe public.

Guy Alvès

Guy Alves en 2010.

Cofondateur et actuel patron de Bygmalion, l’ancien banquier d’affaires rame pour sauver son agence de com. Longtemps collaborateur de Copé, à Meaux puis dans les ministères et jusqu’à Bercy, il connaît de longue date tous les protagonistes de l’affaire. Décidé à jouer «cartes sur table», Alvès a expliqué en détails aux policiers le système de double facturation destiné à masquer les frais de campagne de Sarkozy et réfute avoir pillé les finances de l’UMP.

Fabienne Liadzé

Mise à pied par la nouvelle direction de l’UMP, Fabienne Liadzé avait été installée au poste de directrice financière par Jean-François Copé alors qu’elle s’occupait jusque-là des ressources humaines au sein du parti. Cette fille de pasteur, conseillère municipale à Issy-les-Moulineaux, signait «les engagements de dépense» de l’UMP. Tout comme le directeur général du parti, le sarkozyste Eric Cesari, un proche. Elle est jusqu’ici restée muette.

https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/notre-dossier-le-scandale-bygmalion

La police s’interroge sur le rôle de Nicolas Sarkozy

Exclusif. Selon les informations du « Monde », l’enquête préliminaire semble attester que l’ex-chef de l’Etat en savait beaucoup sur les fausses factures qui auraient été destinées à masquer ses dépenses de campagne. 

Par  Gérard Davet et  Fabrice Lhomme  Publié le 23 septembre 2014 

Le Monde a eu accès aux résultats de l’enquête préliminaire menée par les policiers, du 5 mars au 27 juin, sur les fausses factures réalisées par la société Bygmalion à l’UMP, à l’issue de laquelle le parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire pour « faux et usage de faux »« abus de confiance » et « tentative d’escroquerie ». Les enquêteurs chiffrent le montant de ces fausses factures à plus de 18,5 millions d’euros. Leurs investigations confirment la mise en place d’un système occulte destiné à couvrir les dépenses pharaoniques de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012.

En clair, la société facturait à l’UMP des prestations effectuées au profit de la campagne de M. Sarkozy. Ces fausses factures présumées auraient permis au candidat de dépasser largement le plafond de dépenses autorisées par la loi lors d’une campagne présidentielle.

Dans un procès-verbal de synthèse de 13 pages, daté du 24 juin, la commissaire Christine Dufau, patronne de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), conclut :

« La société Event et Cie [filiale de Bygmalion], en accord avec plusieurs responsables de l’UMP, a adressé au parti des fausses factures à hauteur de 18 556 175, 95 euros TTC courant 2012, faisant référence à des prestations liées notamment à des conventions, alors que les prestations réelles correspondaient à l’organisation de meetings pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. 

Ces fausses factures étaient confectionnées à la demande de l’UMP, en raison de l’impossibilité de faire figurer le coût réel de ces meetings dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy. Les participants à ces faits, les responsables de Event et Cie, de l’UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, semblent inextricablement liés les uns aux autres dans la décision d’établir ces fausses factures. Des investigations complémentaires doivent être menées… »

SUITE ARTICLE Le Monde

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