La grève nationale contre le projet de réforme des retraites a aussi un impact sur le secteur pétrolier. La preuve ? Ces derniers jours, l’activité était perturbée dans sept des huit raffineries françaises
En plus des trains supprimés durant les fêtes, le mouvement de contestation contre la réforme des retraites s’étend dans les raffineries avec le spectre d’une pénurie de carburant.
mis à jour le 24/12/19
« Il faut qu’ils retirent le projet » : les salariés des raffineries françaises en grève contre la réforme des retraites
avec www.francetvinfo.fr publié le 17/12/2019
À la raffinerie Petroineos de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône), les grévistes sont inflexibles. Pas question pour eux de lâcher face au projet de réforme des retraites du gouvernement malgré l’approche des fêtes. « Nous aussi on a des familles, comme tout le monde. Faut savoir qu’on a des salariés qui perdent de l’argent depuis le début du conflit. On n’est pas satisfaits de cette situation. Il faut qu’ils retirent le projet, parce que dedans, il n’y a rien de bon à prendre », explique Sébastien Varagnol de la CGT.
On est prêts à sacrifier pas mal de choses pour arriver à gagner parce que les conséquences vont être trop graves. Daniel Bretones, syndicaliste CGTà franceinfo
Un mouvement de contestation qui s’étend. Sept des huit raffineries de l’hexagone sont touchées, la pénurie est presque inévitable selon les syndicats. « C’est clair et net qu’elle va arriver, l’impact va être majeur dans quelque temps, il n’y aura pas de quoi re-remplir », avance Daniel Bretones, secrétaire général CGT du site pétrochimique de Lavéra.
Grève à la raffinerie de Donges et au dépôt de Vern-sur-Seiche du 17 au 19 décembre
Du mardi 17 au jeudi 19 décembre, dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites, « aucune goutte de carburant ne sortira » de la raffinerie de Donges, mais aussi du dépôt de Vern-sur-Seiche, indique la CGT.
« Les salariés ont décidé de reconduire le mouvement de grève pour 72 heures, du mardi 17 au jeudi 19 décembre,annonce, ce vendredi 13 décembre, Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire général de la CGT à la raffinerie de Donges. Cela concerne aussi le dépôt de carburant de Vern-sur-Seiche », en Ille-et-Vilaine. « Cela représente 12 millions de litres de carburant qui n’alimenteront pas les stations-service. »
Le syndicaliste l’assure, durant ces trois jours, « aucune goutte de carburant ne sortira de la raffinerie, ni par camion, ni par pipeline, ni par bateau, ni par wagon[…] Des actions seront conduites à l’extérieur, dans le cadre du mouvement interprofessionnel » contre la réforme des retraites.
Des milliers de stations-service en difficulté
Résultat : des milliers de stations-service ne sont plus réapprovisionnées. Petit à petit, certaines d’entre elles sont à sec, et d’autres rencontrent des pénuries sur certains types de carburants.
Si la situation perdure, il sera de plus en plus difficile pour les automobilistes de trouver un moyen de se ravitailler. La carte collaborative Essence & Co permet de connaître, de source non officielle, les stations déjà à sec.
CARTE. Pénurie de carburants : votre station est-elle touchée ?
Plusieurs raffineries sont toujours bloquées en raison de la mobilisation contre la réforme des retraites. Est-on proche d’une pénurie d’essence comme le laisse entendre la CGT ? Voici des éléments de réponse.
www.lci.fr – 14 déc. 2019
Sur les huit raffineries françaises, plusieurs d’entre elles sont actuellement à l’arrêt en raison du mouvement de grève contre la réforme des retraites. Trois l’étaient toujours vendredi soir. Faut il craindre une pénurie d’essence pour autant ?
Une bataille de communication s’est engagée entre le gouvernement et les grévistes. La CGT assurait vendredi que quatre raffineries étaient en grève : Total Normandie, Pétroinéos Lavéra (Bouches-du-Rhône), Total La Mède (Bouches-du-Rhône) et Grandpuits (Île-de-France). La raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) a suspendu son mouvement jeudi soir à 21h, mais « une assemblée générale était prévue midi pour monter le niveau de mobilisation dans les heures et les jours qui viennent », a expliqué à l’AFP Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral de la CGT Chimie.
Une consultation des salariés est aussi « prévue » à Feyzin (métropole de Lyon). Enfin, le port pétrolier du Havre est « toujours en grève », selon le syndicaliste.
L’hypothèse d’une pénurie « pas envisagée »
Le ministère de la Transition écologique et solidaire tente, lui, de rassurer pour éviter principalement que les automobilistes ne se pressent inutilement dans les stations . Il a ainsi démenti vendredi « les informations selon lesquelles la production pétrolière serait à l’arrêt et confirme que toutes les raffineries de France métropolitaine continuent à produire normalement ».
Seules deux raffinerie rencontraient vendredi des difficultés temporaires dans leurs expéditions. « Cette situation n’a pas d’impact sur l’approvisionnement pétrolier et ne suscite aucune inquiétude », a néanmoins précisé le gouvernement. « Seules trois raffineries, Normandie, La Mède et Grandpuits, ont des difficultés d’expédition. Elles tournent mais elles ne peuvent pas livrer correctement », a assuré l’Union française des industries pétrolières (Ufip), qui rassemble les entreprises du secteur.
L’hypothèse d’une pénurie de carburant n’est pas envisagée : jeudi, seules « 1,6% » des stations-service en France avaient des problèmes sur au moins un des produits qu’elles délivrent (gazole ou sans plomb), selon l’Ufip. « La logistique pétrolière en France est robuste puisqu’elle repose sur un réseau dense de 200 dépôts, alimentés par oléoducs, par voie fluviale, maritime ou ferroviaire, et une distribution par camion-citerne pour les derniers kilomètres jusqu’aux stations-service », rassure encore le ministère.
Ne pas céder à la tentation des pleins de carburant « de précaution »
Dans la mesure où « les stocks sont à un bon niveau », le gouvernement appelle la population à ne pas céder à la tentation des pleins de carburant « de précaution » qui peuvent créer localement des « points de tension ». Le risque de pénurie n’est pas à craindre dans l’immédiat car les 200 dépôts partout dans l’Hexagone ont encore assez de réserve pour approvisionner les 11.000 stations-service. Et si la grève se durcit, notre pays dispose de stock stratégique.
Ce sujet a été diffusé dans le journal télévisé de 20H du 13/12/2019 présenté par Anne-Claire Coudray sur TF1.
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