Michel Maes est soupçonné d’avoir transmis à deux promoteurs immobiliers des informations dans des procédures judiciaires les visant.
Michel Maes, ancien chef de la section financière du parquet de Paris désormais à la retraite, a été mis en examen le 8 janvier dernier par deux juges d’instruction de Lyon pour «recel d’abus de biens sociaux» et «recel de violation du secret professionnel», a t-on appris ce mercredi 5 février, confirmant une information de L’Obs.
Il y a neuf ans, il était l’un des deux procureurs à requérir dans le procès des emplois fictifs de la mairie de Paris, qui a conduit à la condamnation de Jacques Chirac. Vice-procureur du parquet de la capitale en charge de la section financière pendant près de dix ans, Michel Maes a été mis en examen le 8 janvier dernier par des juges d’instruction lyonnaises pour « recel d’abus de biens sociaux » et « recel de violation du secret professionnel ».
Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Selon une enquête de L’Obs, l’ancien numéro 2 du parquet de Paris, aujourd’hui âgé de 70 ans, est soupçonné d’avoir renseigné, contre rémunération, deux entrepreneurs du BTP sur des procédures judiciaires les concernant. C’est en tant que consultant que Michel Maes aurait informé Antonio de Sousa, propriétaire de France Pierre – l’un des promoteurs immobiliers les plus actifs en Ile-de-France – et Fernando Fernandez, entrepreneur du BTP, sur des procédures judiciaires les visant. Pour leur donner ces informations sensibles, Michel Maes aurait profité de son ancien statut, de son carnet d’adresse dans la magistrature et de ses connaissances anciennes des dossiers. En échange de ces «conseils», les deux entrepreneurs lui auraient versé 150.000 euros, rapporte L’Obs. Antonio de Sousa a également été mis en exemen le 8 janvier dernier, confirme une source judiciaire au Figaro.
C’est en 2016 que les enquêteurs auraient été mis sur la piste de Michel Maes en creusant l’affaire visant Antonio de Sousa. À l’époque, ce dernier est mis en examen pour abus de bien social, complicité de bien social et trafic d’influence puis placé en détention provisoire. De Sousa est en effet soupçonné d’avoir corrompu plusieurs maires d’Ile-de-France pour obtenir des marchés publics. Or, en épluchant le relevé téléphonique d’Antonio de Sousa, les magistrats observent des contacts fréquents avec Michel Maes. De Sousa dit alors aux enquêteurs avoir signé avec Michel Maes deux contrats de consulting à 5000 euros par mois pour «la formation pour nos salariés».
Le 14 juin 2016, le procureur de Paris François Molins demande à dépayser à Lyon l’enquête visant Michel Maes, afin d’éviter tout conflit d’intérêt. «L’exploitation des SMS envoyés et reçus par monsieur Maes démontre qu’il était régulièrement sollicité pour obtenir des informations sur l’état d’avancement des procédures judiciaires concernant ses interlocuteurs, note la police judiciaire de Lyon, citée par L’Obs. À l’issue des investigations, il semble envisageable qu’en contrepartie de ces informations, monsieur Maes ait perçu des rémunérations indirectes dans le cadre de contrats de prestations. »
Des accusations démenties par Michel Maes et Antonio de Sousa par la voix de leurs avocats.
Maes vit un « véritable cauchemar »
À la retraite depuis fin 2014, Michel Maes officie depuis comme consultant indépendant. Il se présente ainsi sur son profil LinkedIn. L’ancien fonctionnaire de Bercy a compté parmi ses clients l’entreprise de services numériques Atos ainsi que l’enseigne de grande distribution Carrefour. Entre 2015 et 2017, il a touché plus de 200 000 euros de ces deux entreprises mais ces contrats ne font pas l’objet de poursuites, précise L’Obs.
« Je vis un véritable cauchemar. Je ne souhaite à personne de vivre ça. J’ai commencé à travailler à l’âge de 23 ans pour le service public, dans l’intérêt de la société. Ce n’est pas à près de 70 ans que j’allais changer de manière de faire. »
L’affaire a été dépaysée à Lyon étant donné les liens professionnels qui ont uni Michel Maes et un certain nombre de magistrats parisiens. Ce volet est une des branches d’un dossier tentaculaire de corruption qui éclabousse également un ancien préfet, Alain Gardère, et des élus locaux d’Île-de-France. Soupçonné d’avoir corrompu des élus pour pouvoir faire prospérer ses affaires, Antonio de Sousa est aussi mis en examen depuis avril 2016 pour abus de biens sociaux et trafic d’influence.
L’ex-chef du parquet financier soupçonné d’avoir divulgué des informations sensibles
Par Violette Lazard Publié le 05 février 2020
Le Ruisseau a gardé sa décoration un peu chargée, et son bar en fausses pierres. Tant pis pour la mode, ce restaurant de l’Est parisien fait toujours le plein. Il est réputé pour être un lieu de rassemblement des francs-maçons de la Grande Loge Nationale de France (GLNF). On y croise des chefs d’entreprise, des élus et des magistrats, à l’image de Michel Maes, ancien chef de la section financière du parquet de Paris, qui y avait ses habitudes jusqu’à sa retraite fin 2014. Il y avait même emmené un jour « ses » magistrats pour déjeuner.
Certains connaissaient la réputation du lieu et s’étaient interrogés sur cette ambiance de confraternité excessive, le discours chaleureux du patron… Puis avaient oublié. C’est là, sur l’une des tables aux nappes blanches, qu’il a rencontré Antonio de Sousa, important promoteur immobilier d’Ile-de-France, et Fernando Fernandez, entrepreneur du BTP. Ils se serrent la main pour la première fois au printemps 2014. Les trois hommes sont aujourd’hui au cœur d’un vaste scandale de corruption, qui éclabousse une dizaine de maires d’Ile-de-France et un préfet.
Suite réservée aux abonnés : ARTICLE COMPLET
Comments are closed, but trackbacks and pingbacks are open.