C’est l’histoire de Philippe , un SDF vivant depuis deux ans dans des toilettes publiques à Vannes dans le Morbihan : Un des oubliés du discours d’Emmanuel Macron le 12 mars !
Son histoire émeut la Toile
Le portrait de Philippe a suscité l’indignation de nombreux internautes. Depuis deux ans, cet homme de 63 ans qui travaillait chez Michelin a installé un abri de fortune dans des toilettes publiques.
L’homme explique avoir tout perdu après son divorce il y a deux ans. Il est suivi par la Croix Rouge et un comité local de Gilets jaunes qui tentent de lui venir en aide. Face à l’indignation suscitée par la publication du portrait de Philippe, de nombreux internautes sommaient les autorités de venir en aide au SDF.
Contactée par Le Parisien, la direction du CCAS a assuré qu’un hébergement d’urgence avait été proposé au sans domicile fixe mais que ce dernier l’avait refusé. Le centre communal d’action sociale a précisé qu’il connaissait bien Philippe et qu’il continuerait d’être suivi.
À 63 ans, il vit dans des toilettes publiques depuis deux ans
Publié le 17 Fév 20 à 12:02 – actu.fr
À quelques pas d’une école, en face d’une église, se cache Philippe, 63 ans. L’ancien ouvrier de chez Michelin à Vannes (Morbihan) a installé un matelas et quelques couvertures dans des toilettes publiques de la commune, là où il se loge en attendant mieux.
Lorsqu’on lui demande de raconter son histoire son visage alterne entre pleurs et rire soudain. Deux ans qu’il vit ici. Il y a de quoi perdre un peu la tête. « J’ai perdu mon logement et la garde de mes enfants après un divorce », raconte-t-il.
Des visites régulières
Dans une odeur pestilentielle, Pascale Vola et son équipe de gilets jaunes viennent le voir chaque vendredi. Au menu de cette soirée de la Saint-Valentin, des pâtes bolognaises faites maison. « On fait des repas depuis chez nous avec nos moyens », explique Pascale.
On effectue des maraudes chaque vendredi en début de soirée. On rencontre une vingtaine de sans-abris mais jamais vraiment les mêmes. Parler avec eux les aident aussi.
Marcel accompagne Pascale depuis quelques mois. La situation de Philippe l’a particulièrement bouleversée. « On ne peut pas rester indifférents. Rien que pour la dignité humaine ».
J’ai une crainte à chaque fois qu’on revient c’est de découvrir un cadavre.
Victime de vols
Pour l’aider, Philippe bénéficie aussi du soutien de la Croix-Rouge qui effectue aussi régulièrement des visites en plus de lui proposer des douches dans leur local dans le centre et des sandwichs.
On sait aussi que pas mal d’épiceries du coin viennent lui proposer leurs invendus. Les rugbymans à côté vont aussi lui offrir certaines victuailles.
Pourtant, pas facile pour Philippe d’effectuer des réserves. Ayant des difficultés à marcher, il est une cible pour d’autres sans-abris et est souvent victime de vols. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’est pas logé dans un hébergement d’urgence. « Il a été logé mais s’est retrouvé dépouillé à plusieurs reprises. Depuis il n’y va plus », explique Pascale.
Même dans son abri, il ne se sent pas en sécurité. « On m’a offert des chaises, on me les a volé aussi », raconte Philippe.
« Il crée des liens dans le quartier »
Bref, Philippe n’est pas trop seul. Il arrive quand même à être bien entouré. En deux ans, il arrive petit à petit à être connu des gens du quartier. « Je ne le connais que depuis un an, c’est une voisine qui m’a parlé de lui », explique Fabrice venu lui aussi prendre des nouvelles.
Grâce à Philippe, j’ai pu rencontrer des voisins du quartier. Il a malgré lui créé du lien.
Du côté de l’église Saint-Guen située juste en face, le Père Marcel, en place depuis 2016, « ne le connaît pas vraiment » avoue-t-il. « Des gens de ma paroisse viennent discuter avec lui et lui propose régulièrement du café. Pour ma part, je suis allé le voir 2/3 fois avec les services sociaux pour tenter de lui trouver un abri plus décent ».
Quel avenir pour Philippe ?
Pour aider Philippe, Pascale ne s’est pas limitée a la distribution de repas. Elle a aussi contacté le CCAS qui lui a d’ailleurs répondu samedi 15 février : « Le cabinet du maire a saisi le dossier. Nous vous assurons que Philippe sera logé ». Pascale est partagée :
Cela fait un an et demi que ce sont les mêmes réponses. Mais celle-ci paraît plus ferme que d’habitude.
Une rencontre le 24 février était prévue avec le député du Morbihan Hervé Pellois. De cette rencontre, Pascale espère qu’il « viendra voir Philippe de ses propres yeux et ainsi faire accélérer les choses ».
Une centaine de sans-abris vivraient à Vannes (56) et ses alentours.
Les SDF, grands oubliés du coronavirus ?
Alors que le pays ne cesse de multiplier les mesures pour tenter de freiner la propagation du coronavirus et protéger la population, une frange de cette dernière semble bien oubliée de la lutte contre l’épidémie.
« Les personnes sans-abris ou sans domicile fixe sont particulièrement exposées au virus. D’abord parce qu’elles n’ont, à l’évidence, pas accès à l’eau ni à l’hygiène, donc toutes les mesures du ministère de la Santé ne s’appliquent pas ou mal à cette population lorsqu’elle n’est pas hébergée » – Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS).
Florent Guéguen : « Nous sommes autour de 200.000 personnes sans-abri en France »
Ecouter Interview de Florent Guéguen
Nombre d’hommes et de femmes, à la rue depuis des années, n’ont pas accès aux mesures d’hygiène, souffrent de gros problèmes de santé. Voilà pourquoi les SDF doivent être traités prioritairement, « sinon le taux de mortalité dû au coronavirus risque d’être important », prévient Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité.
Pourquoi les personnes à la rue sont-elles plus vulnérables au coronavirus ?
Pour plusieurs raisons. À commencer par leur difficulté à accéder aux mesures d’hygiène de base, aux points d’eau. Toutes les préconisations répétées par le gouvernement, comme se laver les mains régulièrement, sont donc inopérantes auprès des sans-abri. Par ailleurs, nombre d’hommes et de femmes, à la rue depuis des années, souffrent de gros problèmes de santé : maladies chroniques, risques cardiovasculaires, organisme fatigué… Voilà pourquoi les SDF doivent être traités prioritairement, sinon le taux de mortalité risque d’être important.
Que faire si un sans-abri, hébergé dans un centre, tombe malade ?
Nous demandons des lieux de confinement dans chaque centre. Mais c’est compliqué. La plupart des chambres sont collectives et surchargées. L’État nous demande, alors, de créer des lieux de confinement à part. Mais ce n’est pas simple, non plus. Il faut trouver du personnel soignant pour les gérer.
Des SDF ont-ils déjà été contaminés par le virus ?
Nous avons été saisis de quelques cas. Ce qui entraîne une inquiétude chez les travailleurs sociaux. Nous n’avons reçu aucun masque. Les personnes faisant les maraudes, s’occupant de la distribution alimentaire de rue se posent aussi des questions.
Source : Ouest-France Recueilli par Yves-Marie le 12/03/2020
Face à la progression du coronavirus, les centres d’hébergement d’urgence se préparent pour continuer d’accueillir les plus démunis même en cas de contamination. « Il faut être solidaire (…), c’est une question d’hygiène publique parce que quand on protège les plus pauvres, on se protège tous », explique le porte-parole de l’association Droit au logement.
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