Jacques Attali, aime la pandémie (?)

Prédictions de Jacques Attali face au Coronavirus

Jacques Attali “trouve insensé qu’on parle maintenant du déconfinement. Si on suit le modèle chinois, on sera déconfiné fin mai. Commencer à parler du déconfinement aux Français maintenant est une plaisanterie du 1er avril. C’est comme ça que les gens vont commencer à sortir et ne plus prendre cette épidémie de coronavirus au sérieux”.

“Nouveau modèle de développement plus juste et utile”

“Il est vraisemblable qu’on va l’oublier après cette crise et retourner à nos errements. Mais si on veut bien y penser, on créera un nouveau modèle de développement beaucoup plus juste et plus utile”souhaite l’écrivain, qui prône “une société altruiste et empathique. Il voit dans cette crise “l’occasion de prendre conscience qu’il faut financer plus l’industrie de la vie : hygiène, sécurité, santé, alimentation, culture…”.

Jacques Attali souligne qu’il y a “un grand nombre de secteurs qui ne vont pas se relever avant longtemps : la restauration, le tourisme, l’industrie du spectacle…”. 

« Il faut aller vers une société altruiste »

« Mieux que la Chine et les États-Unis ». Selon l’écrivain Jacques Attali, « l’Europe est la mieux placée pour répondre aux besoins de demain », après la sortie de la crise, due à la pandémie du coronavirus Covid-19. Elle détient les secteurs de « l’économie de la vie » qui « sont la base de la future économie et des emplois d’après-demain. »


franceinfo France Télévisions – publié le 02/04/2020 

Attali estime que si les dirigeants occidentaux échouent devant le coronavirus, c’est le système qui fonde leur autorité qui sera remplacé, et avec lui, « les deux mécanismes qu’il a mis en place : le marché et la démocratie ».  

“On voit bien qu’on n’a pas consacré assez d’efforts aux hôpitaux. La santé devrait être la première industrie du monde. Il y a une idéologie qui consiste à penser que les secteurs de la santé, de la culture, de l’éducation, de la recherche et de l’innovation sont des secteurs qui coûtent et pas des secteurs qui rapportent. Cette crise montre que c’est faux. Quand les dépenses de santé augmentent, si l’espérance de vie et la qualité de vie augmente, c’est une bonne nouvelle”.

Les pandémies continentales discréditent le système des croyances et de contrôles

Jacque Attali se retourne volontiers vers l’histoire pour éclairer le futur. Il observe ainsi que chaque épidémie majeure, depuis mille ans a conduit à une réorganisation radicale de la politique et de la culture des nations. Ainsi Attali pense que : « chaque fois qu’une pandémie ravage un continent, elle discrédite le système de croyances et de contrôles, qui n’a su empêcher que meurent d’innombrables gens ; et les survivants se vengent sur leurs maîtres, en bouleversant le rapport à l’autorité. »

La Grande Peste de 1348, appelée Grande Peste ou Peste Noire, venue d’Extrême-Orient, en suivant la route de la soie, pour atteindre Messine et Marseille, a réduit d’un tiers la population de l’Europe du XIVe siècle, a complètement chamboulé la place du politique et du religieux. S’est instaurée une nouvelle organisation où la police prenait la place centrale de protection de la vie des gens. L’épidémie accoucha de l’État moderne, et la prédominance de l’esprit scientifique sur l’autorité religieuse, les superstitions et les coutumes.

Ainsi de nouveaux modèles pourraient se mettre en place. S’installeraient alors des régimes de surveillance autoritaire, aidés par l’intelligence artificielle, dont on commence à voir les prémices en Chine. Et en même temps, des régimes autoritaires de répartition des ressources dont on voit les premières esquisses dans la crise actuelle, avec des rationnements, des contingentements ou des préemptions par les États de ressources dites « stratégiques ». Depuis le début de la crise du coronavirus, les politiques adoptent des options impensables pour des gouvernements libéraux : tracking des populations par des applications intrusives, nationalisations envisagées sans révolution, réquisition de pans entiers de l’industrie au nom de l’économie de guerre contre la pandémie, etc.  Pour Attali, quand l’épidémie s’éloignera, on verra sans doute naître une période de critique et de contestation des dirigeants qui se traduira, en réaction, par des formes de « régression autoritaire » pour conserver les systèmes de pouvoir en place. Mais rapidement, une nouvelle phase de légitimité de l’autorité adviendra.

•Vers un changement radical des comportements

Les secteurs économiques dominants seront ceux de l’empathie : la santé, l’hospitalité, l’alimentation, l’éducation, l’écologie. Ils s’appuieront encore plus qu’aujourd’hui et certainement d’une autre façon, sur les grands réseaux de production et de circulation de l’énergie et de l’information. Juste après la pandémie, Attali entrevoit un changement radical des comportements en particulier les achats moins frénétiques des biens inutiles et un meilleur usage de notre temps passé sur cette planète, que nous aurons appris à reconnaître comme rare et précieuse. En conséquence si nous nous montrons incapables de maîtriser la situation actuelle et la crise économique qui suivra inévitablement et si nous ne saisissons pas l’occasion d’inventer de nouveaux modèles centrés sur la recherche du bien commun, le monde pourrait n’être qu’un immense champ de ruines.

Source : UP’ Magazine 03/04/2020 – info@up-magazine.info

« Celui qui ne se prépare pas au pire, est sûr de le vivre » met en garde Jacques Attali

Bill Gates, la CIA, Jacques Attali… ils avaient alerté sur une épidémie mondiale

Le risque d’une nouvelle pandémie a été évoqué à de nombreuses reprises depuis quinze ans. Et certaines projections ont de quoi inquiéter.

Par Nicolas BerrodLe 23 mars 2020 à 13h28, modifié le 23 mars 2020 à 13h31

Eux-mêmes se considèrent peut-être comme des « lanceurs d’alerte ». (AU SECOURS) . Bien avant que le nouveau coronavirus ne se propage par) ut à travers le monde, des personnalités et des services de renseignement avaient alerté sur l’impréparation des différents Etats face à une crise sanitaire mondiale. Ces propos, parfois alarmistes, qui ressortent des archives alors que les tous les pays du monde font face au Covid-19. Petit tour d’horizon de ces analyses du passé.

Bill Gates : « Nous ne sommes pas prêts »

Nous sommes en avril 2015. L’épidémie Ebola vient de faire des ravages sur le continent africain (plus de 10 000 morts), mais le reste de la planète a été épargné. Bill Gates, fondateur de Microsoft et à la tête, avec son épouse Melinda, de la fondation philanthropique qui porte leur nom, fait part de ses craintes pour l’avenir.

« Si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes dans les prochaines décennies, ce sera plus probablement un virus hautement contagieux qu’une guerre », lâche-t-il en préambule de sa conférence Ted, dont le principe est de s’adresser debout face à un parterre d’invités.

Pour illustrer son propos, s’affichent derrière lui un champignon nucléaire puis un schéma d’un virus au microscope. « Nous avons investi beaucoup dans la dissuasion nucléaire, et très peu dans un système pour endiguer les épidémies. Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine », poursuit-il, sur un ton alarmiste.

L’ancien homme le plus fortuné du monde détaille ensuite les raisons pour lesquelles, d’après lui, l’épidémie Ebola a pu être contenue : la nature du virus, qui « cloue au lit » la « plupart des gens » qui tombent malade, ou encore le « travail héroïque des équipes de santé ».

Alors que la vidéo diffusée sur YouTube n’avait été vue que quelques centaines de milliers fois jusqu’à la fin du mois de février dernier, le compteur a récemment explosé : 8 millions de vues le 18 mars et plus de 14 millions ce dimanche 22 mars.

Le 18 février 2017, Bill Gates s’est à nouveau exprimé sur le risque d’une pandémie mondiale. « Des gènes pathogènes, apparus dans la nature ou dans les mains d’un terroriste, transmis dans l’air et se propageant rapidement pourraient tuer trente millions de personnes en moins d’un an, et ce d’ici 10 à 15 ans », mettait-il en garde lors d’une conférence sur la sécurité, à Munich.

Trois ans plus tard, on est encore loin d’un bilan humain aussi désastreux. Ce dimanche, plus de 300 000 personnes ont été infectées par le nouveau coronavirus, et « seulement » plus de 10 000 en sont mortes.

Jacques Attali : « Prévoir le pire pour qu’il n’arrive pas »

Dans son ouvrage intitulé « La crise, et après? » paru en 2009, l’essayiste Jacques Attali consacre deux pages à la possibilité d’une « pandémie incontrôlable ». On y lit notamment, alors que le monde sortait déstabilisé par la crise financière, que « des pandémies beaucoup plus sévères [que la grippe H1N1] sont possibles, porteuses de plus terribles menaces encore ».

« Je dis depuis très longtemps qu’il faut travailler dans l’intérêt des générations futures. L’économie positive consiste à prévoir le pire comme un scénario possible pour qu’il n’arrive pas », commente auprès du Parisien celui qui a lancé en 1998 la fondation « Positive Planet ». Face au nouveau coronavirus, « le moment n’est pas de faire des critiques, mais d’agir. En priorité, il faut produire des masques, des appareils respiratoires, trouver un médicament ou un vaccin », ajoute l’ancien conseiller de François Mitterrand.

“ la crise et après”, paru en 2009. pic.twitter.com/oQTfdvMwY8— Jacques Attali (@jattali) March 3, 2020

Dès le 30 janvier, Jacques Attali écrivait dans une chronique parue dans les Echos : « L’épidémie en cours n’est en rien une surprise. Depuis longtemps, on savait qu’elle était possible. Et bien des livres ont prédit l’imminence de ce genre de catastrophe ». Ce dimanche, il précise s’être notamment intéressé à « beaucoup de travaux venus de médecins et de Bill Gates ».

La CIA met en garde contre une « pandémie mondiale »

Plus de sept ans après le 11 septembre, des analystes de la CIA rédigent un rapport pour détailler les principales menaces qui pèsent sur le monde. Leurs conclusions ont été publiées en version française dans un livre intitulé « Le nouveau rapport de la CIA : comment sera le monde en 2025 », paru en février 2009 et préfacé par l’historien Alexandre Adler.

Cet ouvrage, jusque-là confidentiel, a été très partagé sur les réseaux sociaux depuis une dizaine de jours. Et pour cause : dans un encart intitulé « le déclenchement possible d’une pandémie mondiale », on peut notamment y lire une mise en garde contre « l’apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse, pour laquelle il n’existe pas de traitement adéquat ».

2/ En 2008, le NIC anticipe pour 2025 “l’émergence d’une maladie respiratoire virulente, nouvelle et hautement contagieuse pour laquelle il n’y aurait pas de traitement et qui pourrait initier une pandémie globale”. pic.twitter.com/uVPNfc4laf— Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (@jeangene_vilmer) March 18, 2020

« Si une maladie pandémique se déclare, ce sera sans doute dans une zone à forte densité de population, de grande proximité entre humains et animaux, comme il en existe en Chine et dans le Sud-Est asiatique », alertaient les experts de l’agence de renseignement, ajoutant que « la maladie tarderait à être identifiée si le pays d’origine ne disposait pas des moyens adéquats pour la détecter ».

Soit, précisément, ce qu’il se passe avec ce nouveau coronavirus, apparu pour la première fois fin 2019 dans la ville chinoise de Wuhan. Les experts américains prévoyaient eux aussi « dans le pire des cas, dix à plusieurs centaines de millions d’Occidentaux qui contracteraient la maladie, et les morts se compteraient par dizaines de millions ».

La CIA « étudie régulièrement les possibles scénarios de grande crise, comme le regain du soviétisme, le retour de la dictature en Russie, etc », a précisé Alexandre Adler dans Valeurs actuelles ce samedi. Et l’historien d’ajouter : « Au lendemain du SRAS [une épidémie causée elle aussi par un coronavirus en 2003/2004], ils avaient fait alors des prospectives en cas de pandémie planétaire et ses conséquences sur les grands équilibres du monde. Dans le classement des possibles maladies, ils avaient prophétiquement envisagé le coronavirus [Covid-19]… ».

Rapport de la CIA, 2009.
La prospective peut s’avérer étonnamment juste. pic.twitter.com/rGXg2gxV5o— Alexis Karklins-Marchay 🇫🇷🇺🇸🇬🇧🇸🇪🇪🇸🇮🇹 (@alexiskarklins) March 15, 2020

Jérôme Salomon : « Se préparer à faire face aux situations sans précédent »

Avant d’être celui qui détaille à la télévision le bilan humain des victimes du Covid-19, Jérôme Salomon a accompagné Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. À ce titre, celui qui est aujourd’hui directeur général de la Santé (DGS) a rédigé plusieurs notes à l’attention de l’ancien candidat. On peut les retrouver dans les « Macron Leaks », ces fichiers issus d’un piratage informatique et qui avaient commencé à apparaître en ligne juste avant le scrutin.

https://wikileaks.org/macron-emails/emailid/53251

Dans la note confidentielle ci-dessus, datée du 5 septembre 2016 transmise à l’équipe de campagne, Jérôme Salomon évoque les conséquences de « la possibilité de survenue d’un événement naturel d’ampleur, d’un accident technologique ou d’un acte terroriste ». Une épidémie n’est donc que l’un des cas de figure qu’envisage l’actuel DGS.

Mais son constat est clair : « Notre pays a peu d’expérience de préparation et de gestion des catastrophes. […] Il faut se préparer à faire face aux situations sans précédent donc hors cadre, inconnues jusqu’à aujourd’hui voire impensables, avec la réactivité nécessaire pour conserver la confiance des Français. ».

« La France n’est pas prête », ajoutait-il, rejoignant le « We’re not ready » de Bill Gates.