Dans la course au développement des énergies renouvelables, la Chine mise en partie sur une option très ambitieuse mais incertaine : un soleil artificiel. En effet, la nature offre bon nombre de solutions techniques à l’homme et les scientifiques chinois tentent de recréer les conditions qui donnent au soleil sa puissance.
Il y a un an, la Chine achevait la construction de son réacteur à fusion nucléaire expérimental, le tokamak HL-2M. Les responsables du projet viennent d’annoncer l’avoir mis en service avec succès. Ils y placent l’espoir de maîtriser enfin une source d’énergie propre.
La Chine l’avait annoncé en 2019. Son réacteur à fusion nucléaire expérimental le plus performant serait opérationnel en 2020. Mission accomplie il y a quelques jours avec la mise en service du tokamak HL-2M. Il est affectueusement surnommé « soleil artificiel ». À terme, sa chambre de confinement magnétique devrait en effet générer une chaleur phénoménale de plus de 200 millions de degrés Celsius. C’est plus de dix fois plus que la température qui règne au cœur de notre étoile.
Fusion contrôlée : la Chine dans la course pour rattraper son retard avec un soleil artificiel
Le record de température dans un tokamak est de 510 millions de degrés pour la fusion nucléaire. Il est toujours détenu par les USA depuis 25 ans. Celui de la durée de stabilité pour un plasma dans ce type de machine est lui détenu depuis 2003 par le CEA, 6 minutes et demie. Mais l’année prochaine, la Chine entend bien apporter sa nouvelle pierre au projet Iter en atteignant 200 millions de degrés dans le tokamak HL-2M.
Article de Laurent Sacco paru le 21/12/2019
Comme Futura le rappelait dans le précédent article ci-dessous, le réacteur états-unien Tokamak Fusion Test Reactor (TFTR), sur le site de l’Université de Princeton dans le New Jersey, avait atteint une température de 510 millions de degrés en 1995, un record du monde qu’il détient toujours dans le domaine de la fusion nucléaire. Un autre record, détenu par la France cette fois-ci, et depuis 2003 grâce au tokamak Tore Supra du CEA, est l’obtention d’un plasma stable pour la fusion pendant six minutes et demie.
Il n’y a donc a priori pas de quoi être impressionné par l’annonce faite tout récemment par la Chine qu’elle avait achevé la construction du réacteur de fusion HL-2M dans un centre de recherche à Chengdu, capitale de la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine). En effet, ce tokamak, qui deviendra opérationnel en 2020, devrait générer des plasmas à une température de l’ordre de 200 millions de degrés. C’est l’un des trois principaux tokamaks nationaux actuellement construits en Chine, les deux autres étant EAST et J-TEXT.
Iter, toujours le bon chemin vers la fusion nucléaire
Toutefois, il s’inscrit bien dans la stratégie de la Chine pour jouer un rôle important dans le cadre du grand projet de réacteur thermonucléaire expérimental international (Iter), ainsi que pour l’auto-conception et la construction de réacteurs à fusion. Rappelons en effet que la Chine est membre d’Iter, en construction en France, aux côtés de l’Union européenne, des États-Unis, de l’Inde, du Japon, de la Corée du Sud et de la Russie. Rien d’étonnant car la Chine mène des recherches sur la fusion contrôlée depuis les années 1960.
Rappelons aussi que depuis les années 1950, plus de 200 tokamaks ont contribué aux avancées de la recherche sur la fusion par confinement magnétique et qu’il existe de nombreux laboratoires dans le monde qui travaillent sur ce sujet comme on peut s’en convaincre sur le site d’iter. On trouve d’ailleurs sur ce site une présentation du réacteur HL-2M en ces termes : « Doté de nouvelles bobines de champ toroïdal et d’un divertor offrant plus de flexibilité et d’efficacité, HL-2M devrait produire des plasmas de plus grande stabilité. HL-2M doit permettre d’affiner encore les bases scientifiques et technologiques de la fusion magnétique dans la perspective de son exploitation industrielle ». Des recherches sur ce que les ingénieurs appellent un divertor dans un tokamak et donc aussi pour Iter ont été notamment poursuivies dans le cadre du projet West mené par le CEA dont avait parlé Futura. On sait aussi que le plasma dans un tokamak est sujet à de nombreuses instabilités qui peuvent parfois produire l’équivalent des éruptions solaires. Plusieurs solutions pour contrôler ces instabilités sont à l’étude (le mode H par exemple) et HL-2M est un des outils que les physiciens veulent employer dans ce but.
Le billet sciences – Un soleil artificiel comme source d’énergie propre ?
SOURCES :
https://www.facebook.com/LanceurdAlerteOfficial/posts/4108986325796076
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