Canada – Trudeau dans un scandale de corruption

A deux mois des élections législatives, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, est éclaboussé par un rapport accablant du commissaire à l’éthique. Ce dernier l’accuse d’avoir fait pression sur son ex-ministre de la justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould, pour éviter un procès à l’entreprise d’ingénierie québécoise SNC-Lavalin, impliquée notamment dans un scandale de corruption en Libye.

« La position d’autorité dont bénéficient le premier ministre et son cabinet a servi à contourner, à miner et finalement à tenter de discréditer la décision de la directrice des poursuites pénales ainsi que l’autorité de Mme Wilson-Raybould », a précisé mercredi Mario Dion, commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique. Ce commissariat est un organisme du Parlement indépendant du gouvernement.


Ajoutée le 16 août 2019

Le premier ministre, Justin Trudeau, a réitéré jeudi 15 aout ce qu’il répétera sans doute au cours de la campagne électorale à propos de l’affaire SNC-Lavalin : il n’a pas l’intention de présenter des excuses, car il a agi pour protéger des emplois et des familles canadiennes.

16 aout 2019 – Affaire SNC-Lavalin: Justin Trudeau n’a pas l’intention de s’excuser

Ajoutée le 15 août 2019

 » Je ne vais pas m’excuser d’avoir été là pour défendre les emplois des Canadiens, c’est ma job en tant que premier ministre de défendre les emplois, les communautés, les familles canadiennes »
« Je ne suis pas d’accord avec les conclusions du commissaire à l’éthique, mais j’accepte et je respecte son travail, j’accepte son rapport et je prends l’entière responsabilité. « 

Il a également déclaré que le gouvernement avait l’intention de mettre en oeuvre les recommandations d’un rapport distinct, préparé par l’ancienne ministre libérale Anne McLellan, qui conseille de ne pas séparer les fonctions de procureur général et de ministre de la Justice, mais de « renforcer l’indépendance » du procureur général.

Une réunion d’urgence demandée

Jeudi, les conservateurs et les néodémocrates ont exigé jeudi une réunion d’urgence du Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels afin d’examiner le rapport du commissaire fédéral à l’éthique.

Deux députés conservateurs membres de ce comité ont écrit à son président pour lui demander de tenir une réunion afin d’examiner une motion visant à inviter M. Dion.

« Il s’agit d’une situation grave, écrivent les députés conservateurs Peter Kent et Jacques Gourde. Non seulement M. Trudeau est le premier premier ministre à avoir été reconnu coupable d’infraction à la loi, il est aussi un récidiviste. »

La prédécesseure de M. Dion avait conclu que M. Trudeau avait violé la Loi sur les conflits d’intérêts en acceptant en 2016 de passer ses vacances de Noël en famille sur l’île privée des Bahamas appartenant au milliardaire Aga Khan, chef spirituel des musulmans ismaéliens du monde.

Le député néodémocrate Charlie Angus a envoyé au président du comité une lettre similaire. Il souhaite aussi qu’il convoque M. Trudeau, le ministre des Finances, Bill Morneau, et l’ancien chef de cabinet de M. Morneau, Ben Chin, aujourd’hui conseiller principal du premier ministre.

Les libéraux, majoritaires au sein des comités, risquent de rejeter cette tentative de l’opposition de braquer plus longtemps les projecteurs sur le rapport Dion, à quelques semaines des élections du 21 octobre. Mais cette manoeuvre risque d’être perçue par certains comme une tentative de camouflage.

Des pressions grandissantes

Justin Trudeau fait face à des pressions grandissantes pour présenter des excuses aux anciennes ministres Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott, mais il a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de le faire.

Dans une entrevue accordée jeudi à La Presse canadienne, Jane Philpott, qui a quitté le cabinet par solidarité vis-à-vis de Jody Wilson-Raybould plus tôt cette année, a estimé que le premier ministre devait présenter des excuses non pas pour la façon dont il a traité les deux femmes, mais pour avoir violé la Loi sur les conflits d’intérêts.

« Je crois que les Canadiens méritent des excuses », a déclaré Mme Philpott.

Les conservateurs n’ont pas l’intention de laisser l’affaire SNC-Lavalin tomber dans l’oubli, à quelques semaines de la campagne électorale. En plus de vouloir convoquer un comité parlementaire en plein congé estival, leur chef, Andrew Scheer, croit lui aussi que le premier ministre devrait s’excuser « parce qu’il a dit des choses qui n’étaient pas vraies ».

« Il a [dit] des mensonges aux Canadiens. Il a caché la vérité et il a nui à nos institutions judiciaires. C’est inexcusable. Il devra prendre ses responsabilités et s’excuser pour avoir dit des choses qui n’étaient pas vraies », a déclaré M. Scheer.

M. Scheer souhaitait mercredi que la Gendarmerie royale du Canada fasse toute la lumière sur cette affaire, alors que le chef néodémocrate, Jagmeet Singh, réclamait la tenue d’une enquête publique.

Le député bloquiste Rhéal Fortin déplorait quant à lui que « la guéguerre entre libéraux, l’absence de leadership de Justin Trudeau, son incompétence et son manque d’éthique [aient] rendu pratiquement impossible toute tentative de conclure un accord de réparation avec SNC-Lavalin ».

Tout comprendre au scandale qui ébranle le premier ministre canadien Justin Trudeau

Qu’il semble loin le temps où Justin Trudeau, charismatique député de 44 ans, bouleversait l’échiquier politique canadien et remportait les élections fédérales de 2015, faisant progresser son Parti libéral de plus de 20 %. Quatre ans plus tard, à sept mois du prochain scrutin législatif, le premier ministre canadien apparaît plus affaibli que jamais.

Depuis le début de l’année, Justin Trudeau est empêtré dans l’affaire SNC-Lavalin. Cette entreprise de BTP, employant 50 000 personnes dans le monde, se trouve au cœur d’un scandale de corruption qui éclabousse jusqu’au sommet de l’Etat, et pourrait bien contribuer à faire chuter l’ancienne étoile montante de la politique canadienne.

Canada’s Prime Minister Justin Trudeau speaks at a news conference in Ottawa, Ontario, Canada, March 7, 2019. REUTERS/Patrick Doyle

Comment a éclaté l’affaire ?

Tout commence le 7 février, avec la publication par le quotidien The Globe and Mail d’informations selon lesquelles des pressions auraient été exercées par l’entourage du premier ministre sur Jody Wilson-Raybould, alors ministre de la justice. L’objet de ces demandes insistantes : que la ministre renonce à des poursuites judiciaires contre la société SNC-Lavalin, impliquée dans un scandale de corruption en Libye.

Reportage du 28 février 2019 – Les soupçons de corruption envers SNC-Lavalin concernant certains contrats au Maghreb, ont émergé durant le printemps arabe. Enquête est allée d’abord en Tunisie, puis en Libye en 2012 dans une prison construite par SNC-Lavalin. Notre équipe y avait fait des découvertes étonnantes. L’équipe s’est rendue l’année suivante en Algérie pour révéler d’autres stratagèmes. Par la suite, nos recherches nous ont ramenées au Canada, sur l’Île de Vancouver, à la résidence de l’ex-dirigeant de la Société des Ponts Fédéraux, Michel Fournier. Nous voulions le questionner sur l’existence d’un compte dans une banque suisse, un compte qu’il avait nommé Zorro et qui contenait les pot-de-vin que SNC-Lavalin lui avait remis en échange d’un contrat pour la réfection du Pont Jacques-Cartier. À l’époque, celui-ci, avait tout nié, mais nos révélations ont finalement mené à sa condamnation. Anne Panasuk et Luc Tremblay sont en studio pour parler de leurs enquêtes sur SNC-Lavalin et pour nous aider à mieux comprendre les racines de la crise.


Ajoutée le 5 mars 2019
Justin Trudeau est souvent critiqué pour la qualité de son français. Et s’il avait la même insécurité que tant de francophones à l’extérieur du Québec?

Entretien avec Mouammar Kadhafi, guide de la révolution Libyenne. Ce dernier est interrogé sur ses positions politiques internationales, aussi bien en Afrique qu’autour de l’union pour la méditerrannée. FRANCE 24 – Ajoutée le 22 juil. 2010

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