Le coût de la rentrée « trop élevé » pour démocratiser l’accès aux universités

“Le coût de la rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur”, estime le premier syndicat étudiant.

La Fage et l’Unef sont d’accord. Pour les deux syndicats étudiants, concurrents dans les couloirs des universités, être étudiant est de plus en plus cher.

Dans une étude publiée dimanche 18 août, la Fage affirme que le coût de la rentrée universitaire est en hausse de près de 2% cette année et empêche “une réelle démocratisation” de l’accès à l’enseignement supérieur. 

Quant à l’Unef, elle calcule que le coût de la vie étudiante va augmenter de 2,83% l’année prochaine.

Selon le baromètre annuel de la Fage, premier syndicat étudiant, la progression du coût de la rentrée est de 1,96% par rapport à l’année dernière en raison notamment de la forte hausse (+2,73%) des “frais courants” (logement, alimentation…). Les frais “spécifiques” à la rentrée universitaire (achat de matériel, complémentaire santé…) progressent eux aussi mais à un rythme moins prononcé.

“Le coût de la rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur. Les familles de classes modestes et moyennes en pâtissent quotidiennement”, affirme la Fage, qui s’inquiète des conséquences pour les plus modestes. “Trop nombreux sont les étudiants dans l’obligation de se salarier pendant leurs études, de renoncer aux soins, à des loisirs ou à une alimentation correcte”, ajoute le syndicat. Dans son étude, la Fage sonne à nouveau l’alarme sur la situation des nouveaux étudiants extra-européens. À partir de la rentrée prochaine, ces étudiants devront s’acquitter de 2.770 euros en licence et de 3.770 euros en master, soit des frais 15 à 16 fois plus élevés que pour leurs homologues européens.

Alerte pour les étudiants étrangers

Dans son étude, la Fage sonne à nouveau l’alarme sur la situation des nouveaux étudiants extra-européens. À partir de la rentrée prochaine, ces étudiants devront s’acquitter de 2 770 euros en licence et de 3 770 euros en master, soit des frais 15 à 16 fois plus élevés que pour leurs homologues européens.

Plusieurs universités ont fait savoir qu’elles n’appliqueraient pas cette hausse controversée que la Fage juge « injuste, incohérente, inutile et discriminante ».« Ce n’est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’État », estime le syndicat.

Pour l’année 2019-2020, le coût de la vie augmentera de 2,83% comparé à l’année dernière, selon l’Unef. Une hausse deux fois supérieure à celle de l’inflation, précise-t-il dans sa 15e enquête sur le sujet. La hausse était de 1,31% pendant l’année 2018-19, selon l’Unef.

Dans le détail, le loyer moyen, qui représente 69% du budget mensuel d’un étudiant, passe de 458 euros par mois à 471 euros (+2,97%) avec des disparités selon les villes. L’augmentation est la plus forte à Bordeaux (+11%) et dépasse légèrement les 5% à Paris. Concernant les transports, neuf villes universitaires “connaissent des augmentations de tarifs (annuels, ndlr) au-dessus de la moyenne nationale” qui est de 259 euros pour les boursiers et 270 euros pour les non-boursiers. L’Unef met également l’accent sur l’augmentation du prix de la restauration universitaire (+1,54%) et plus particulièrement le prix des cafétérias, de 8,17% au niveau national.

Indicateur du coût de la rentrée étudiante 2019

www.fage.org – 18/08/2019

C’est en 2002 que la FAGE publiait pour la première fois son indicateur du coût de la rentrée et du coût de la vie pour un étudiant. Pour sa 17ème année, l’enquête se base toujours sur la même méthodologie et les mêmes critères, faisant d’elle l’unique outil fiable pour mesurer l’évolution des différentes dépenses d’un étudiant sur le territoire français, tout en identifiant les différents impacts.

Ces évolutions appellent à un premier constat : pour la grande majorité des étudiants, faire face au coût réel d’une année étudiante est inimaginable sans recourir au soutien de la famille, ou à un prêt, ou à défaut, au salariat.


Dossier de presse de la FAGE sur le coût de la rentrée étudiante 2019 !


https://www.fage.org/ressources/documents/3/5815-DP-CDR-2019-VF.pdf

Campus de Rennes Beaulieu, Rennes 1. Amphi des premières année de license science de la vie et de l’environnement en cours de sciences moléculaires et cellulaires – Les frais d’inscription vont passer de 170 € à 2 770 € en licence

Depuis 17 ans maintenant, la FAGE distingue deux types de frais :

Les frais de rentrée et les frais de vie courante. Cette année, la plus forte augmentation s’observe sur les frais de vie courante avec 2,73% supplémentaire en moyenne. Modérée mais toujours présente en Île de France, l’augmentation explose en régions avec 3,4% de plus. Les frais de rentré, eux, évoluent avec une augmentation de 1,4% en moyenne. Le constat de l’augmentation importante des dépenses de vie courante est mis en avant quasiment chaque année et représente la plus grosse augmentation depuis 2002. Pourtant, l’accompagnement social fait aux étudiants les plus en difficulté, lui, n’a pas subi la même augmentation, bien au contraire.

Liées le plus souvent à l’inflation, les frais de vie courante n’ont cessé de gonfler et la population étudiante n’a cessée de se précariser davantage. Aujourd’hui, plus d’un quart des étudiants sont forcés de se salarier pour pouvoir vivre décemment, entrainant des échecs et des décrochages importants chez ce public, dû à la concurrence avec leurs études notamment sur les horaires. Rien de surprenant alors de voir que 57% des « travailleurs des plateformes » sont des étudiants : salaires et protection sociale au rabais, les risques pour ces jeunes qui travaillent sont incalculables.

Alors, un constat inévitable se dresse à nous : les jeunes issus des familles le plus modestes sont également ceux qui auront le moins de chance d’accéder au diplôme ou ceux qui présentent le plus de chances de décrochage faisant du système français l’un des plus inégalitaires des pays membres de l’OCDE. Il est aujourd’hui nécessaire de faire de l’accès à la qualification, au diplôme, une véritable priorité. Notre pays souffre aujourd’hui d’une crise sociale profonde, d’une précarisation grandissante : cette inégalité d’accès à la formation et à la qualification en est une source importante et c’est un véritable problème de société dont tout le monde doit se saisir.

Permettre un meilleur accès au logement avec l’encadrement des loyers, en poursuivant les efforts de nouvelles constructions ou en rendant plus accessible le parc HLM. Permettre un accès à la santé pour toutes et tous avec un reste à charge 0 pour les étudiants notamment boursiers. Permettre de mieux faire face aux dépenses de la vie courante avec une réforme des aides sociales ambitieuse, comme proposée dans l’Aide Globale d’Indépendance … Les propositions de la FAGE sont nombreuses. Les inégalités d’accès aux études, à la réussite, à l’insertion ne pourront se résorber que par une politique sociale ambitieuse : celle-ci ne pourra faire l’économie d’un investissement massif dans l’enseignement supérieur.

Cette année, le coût moyen de la rentrée pour un étudiant non boursier s’élèvera à 2285,26 euros soit une augmentation de 1,96% par rapport à l’année 2018.


DOSSIER DE PRESSE

16 AOÛT 2019

ENQUÊTE SUR LE COÛT DE LA VIE ÉTUDIANTE 2019