EPR – Gouffre Financier

En 2007, le chantier devait durer cinq ans, pour un coût de 3,3 milliards d’euros. Il devrait finalement durer au moins seize ans, pour une facture estimée à 12,4 milliards.

EPR de Flamanville: les soudures coûteront 1,5 milliard d’euros de plus

AFP, publié le mercredi 09 octobre

EDF compte utiliser des robots pour réparer des soudures du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), une opération qui doit encore alourdir la facture du chantier de 1,5 milliard d’euros, pour atteindre 12,4 milliards d’euros.

L’électricien, qui vise maintenant un chargement du combustible fin 2022, a présenté mercredi sa solution privilégiée retenue pour effectuer les travaux complexes de réparation.

EDF avait planché sur trois scénarios pour réparer les soudures du réacteur de nouvelle génération, qui doivent être reprises à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

« Le scénario de reprise des soudures de traversées privilégié par EDF est l’utilisation de robots télé-opérés, conçus pour mener des opérations de grande précision à l’intérieur des tuyauteries concernées », a expliqué le groupe, qui dispose aussi d’une solution de repli. L’ASN doit valider la méthode retenue au plus tard fin 2020, avant un début des travaux. 

Les réparations s’annoncent complexes, car elles concernent huit soudures difficilement accessibles, situées dans la traversée de l’enceinte de confinement, la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d’accident.

Ce scénario privilégié se traduit par « une date de chargement du combustible à fin 2022 » et conduit « à réestimer le coût de construction à 12,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 1,5 milliard », a souligné EDF.

Les problèmes à Flamanville ont conduit le gouvernement à commander à l’ancien PDG de PSA Jean-Martin Folz un audit, qui doit être remis le 31 octobre.

– « Plan B »-

« Le gouvernement ne peut pas se satisfaire de cette situation et attend des explications », a réagi mercredi 9 octobre le ministère de la Transition écologique, relevant que l’audit « devrait faire toute la lumière sur les causes des retards et écarts de coûts ».

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a déjà promis qu’il en tirerait « toutes les conséquences à tous les étages ».

Le coût prévu de l’ EPR était annoncé jusqu’à présent à 10,9 milliards, déjà trois fois plus que l’estimation initiale.

Le « plan B » – si la solution des robots n’était pas validée par l’ASN – est « fondé sur l’extraction et la remise à niveau dans les bâtiments auxiliaires de sauvegarde » pour les soudures problématiques.

Dans ce cas, cela conduirait « vraisemblablement à un délai supplémentaire de l’ordre d’une année et un coût supplémentaire de l’ordre de 400 millions d’euros », a indiqué Xavier Ursat, directeur de l’ingénierie et des projets « nouveau nucléaire » d’EDF, lors d’une conférence téléphonique. Mais il a jugé la probabilité « faible » d’avoir recours à cette solution alternative.

« EDF nous a consultés en amont pour choisir leur solution de réparation », a de son côté indiqué l’ASN, interrogée par l’AFP.

« Ils devront ensuite transmettre à l’ASN un dossier réglementaire, qui devra démontrer la conformité de l’équipement réparé. Il s’agira notamment de montrer que le procédé de soudage retenu permet d’atteindre les propriétés et le niveau de qualité requis », a-t-on poursuivi. 

– « Moments difficiles » –

« Des essais seront ainsi réalisés pour qualifier le procédé », précise le gendarme du nucléaire.

L’affaire des soudures est une énième déconvenue pour l’électricien, qui prévoyait ces dernières années de démarrer l’EPR de Flamanville fin 2019 pour une mise en service commerciale en 2020, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Mais EDF avait déjà prévenu cet été que le démarrage n’aurait pas lieu avant fin 2022.

A la Bourse de Paris, l’action EDF perdait 1,80% à 9,368 euros mercredi à la mi-journée, dans un marché en hausse de 0,55%. 

EDF rencontre aussi des difficultés sur son chantier anglais. Il a récemment annoncé un nouveau surcoût pouvant aller jusqu’à 3,3 milliards d’euros pour les deux réacteurs EPR qu’il construit à Hinkley Point C.

Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a promis début octobre des « décisions concrètes » sur la filière nucléaire pour « collectivement tirer les leçons de cette situation ».

« Il ne faut pas se voiler la face, la filière nucléaire française vit des moments difficiles, parce que s’accumulent des problèmes de qualité industrielle dans la réalisation des chantiers. De ce fait, les devis, les délais ne sont pas respectés », a-t-il reconnu.

L’hypothèse d’un abandon du chantier de Flamanville avait été abordée en conseil d’administration il y a quelques mois, mais jamais vraiment envisagée par l’État, qui contrôle le capital de l’entreprise.

Centrales : des anomalies repérées sur 6 réacteurs nucléaires

18 sept. 2019

La série noire continue pour EDF. Six de ses réacteurs nucléaires sont touchés par des anomalies, au niveau de soudures. Le groupe l’a annoncé aujourd’hui, ils ne sont pas arrêtés pour l’instant mais l’Autorité de sûreté nucléaire doit se prononcer dans les prochaines semaines. C’est un coup dur pour EDF.

Le groupe a détecté un problème de fabrication sur six de ces réacteurs nucléaires en activité. Ils sont répartis sur cinq centrales, de Paluel à Blayais en Gironde. Des soudures défectueuses ont été identifiées sur des générateurs de vapeur. Des équipements essentiels au fonctionnement d’un réacteur nucléaire : ils permettent à l’eau de se transformer en vapeur et d’alimenter la turbine en électricité.

Au total, 16 générateurs sont concernés, tous installés par Framatome, la filiale d’EDF. Des défauts ont aussi été découverts sur des matériels neufs, destinés à être installés dans l’EPR de Flamanville et dans la centrale de Gravelines dans le Nord. L’Autorité de sûreté nucléaire va mener des investigations ces prochaines semaines. Elle pourrait décider d’arrêter immédiatement les réacteurs concernés.

Les essais à chaud constituent la répétition générale du fonctionnement de  l’EPR de Flamanville 3 avant le chargement du combustible et sa mise en service.  Découvrez en images 3D les principales étapes de ces essais qui sont réalisés pour vérifier le fonctionnement de l’installation.


Les essais à chaud de l’EPR de Flamanville 3
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Publié le 24 juin 2019 VOIR ARTICLE LE MONDE

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