Les Caisses d’Épargne planchent sur un projet de banquier « indépendant ».
Alors que la banque en ligne se développe de manière fulgurante, les banques de réseau ont du mal à se réinventer. Dernière tentative en date, celle des Caisses d’Épargne Bretagne Pays de la Loire (CEPBL) qui veulent solliciter des indépendants pour devenir mandataires exclusifs de la banque.
Le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Épargne) va lancer l’expérimentation de « conseillers indépendants locaux » en Bretagne et dans les Pays de la Loire. En clair, ces conseillers ne seraient plus salariés de leur banque mais à leur compte.
a Caisse d’Épargne et la Banque Populaire sont en train d’imaginer un nouveau mode de conseil bancaire. Et de plancher sur un nouveau modèle social. La BPCE doit faire face à deux défis : difficultés pour fidéliser [ses] collaborateurs et attirer de nouveaux talents et désir exprimé par certains collaborateurs de créer une activité professionnelle en indépendant ».
Le groupe s’appuierait sur un réseau de conseillers indépendants qui continueraient à conseiller leurs clients sans avoir les charges salariales à supporter. Nommé « conseiller indépendant local », il serait mandataire exclusif de la Caisse d’Épargne.
Le conseiller percevrait une rémunération selon sa production (par exemple la signature d’un nouveau crédit) et sur des commissions. Une surprime pourrait compléter ce revenu fluctuant selon son activité. Ce conseiller d’un nouveau genre organisera librement son temps et ses efforts , précise le document et aucun lien de subordination n’existera entre la banque et lui.
Le mandataire ne serait pas autoentrepreneur mais à la tête d’une SAS, société anonyme par actions simplifiée. Pour distribuer les produits de la banque, le conseiller devra avoir au moins trois agréments et avoir une expérience de deux ans comme cadre dans une banque ou chez un assureur.
Test dans trois agences fin mai
Pour le groupe, ce projet pourrait renforcer notre présence en zone rurale et pourrait nous permettre de conserver notre empreinte territoriale lorsque nous ne pourrons plus maintenir une agence.
Ce nouveau type de banquiers pose beaucoup de questions. Quelle sera l’influence de ce mode de rémunération à la commission sur la qualité du conseil prodigué ? Les données des clients seront-elles préservées ? Quelles conséquences sociales ? Des points sur lesquels la CFDT du groupe se dit très vigilante . Le syndicat attend le rapport d’un cabinet d’experts qui doit donner plus d’informations sur ce projet le 25 mars , explique une représentante syndicale. Pour l’heure, la CFDT n’a pas de position dogmatique sur le projet.
Sollicitée, la Caisse d’Épargne ne souhaite pas communiquer sur un projet qui n’a pas encore démarré . Pourtant, le calendrier a été élaboré avec un démarrage du test dans trois agences en milieu rural la dernière semaine de mai.
Une pratique populaire en Belgique
Ces banquiers du XXIe siècle seront en charge de suivre les clients mais également d’en démarcher de nouveaux, affirment nos confrères des Échos qui ont consulté un document sur le projet.
Ces experts indépendants devront supporter une partie des charges (frais de personnel, agence) et bénéficieront en contrepartie d’une commission sur les produits bancaires vendus (crédits, assurances…). La Caisse d’Épargne souhaite également les motiver sur la fidélisation des clients avec pour objectif « la défense et la préservation des stocks ».
Ce mode de fonctionnement est totalement nouveau dans l’Hexagone, bien que cette « formule d’agences bancaires franchisées courantes en Belgique ». Il a été validé par le groupe BPCE au global, mais il devra encore obtenir l’accord de l’ACPR pour être déployé.
Si les syndicats sont rapidement monté au créneau pour dénoncer ce projet, la CEBPL pense d’abord à ses clients qui pourront se rassurer en conservant une relation humaine. Ces banquiers « auto-entrepreneurs » devraient lui « permettre de conserver [son] empreinte territoriale lorsqu'[elle] ne peut plus maintenir une agence, ou d’installer une enseigne là où [elle] n’est pas présente ». Le groupe a toutefois pris ses précautions en affirmant que le projet était encore en phase d’études, et qu’il n’était pas acté.
Une sélection exigeante
La banque sera exigeante sur les compétences de ses partenaires : ils devront non seulement avoir la forme juridique d’une SAS, mais ils devront surtout posséder les trois agréments (banque, épargne, assurance) pour pouvoir distribuer les produits et conseiller les clients sur leurs placements. Enfin, ces experts indépendants devront aussi justifier d’une expérience d’au moins 2 ans en tant que cadre dans une banque ou une assurance.
Ces banquiers ne seront pas seuls dans leur gestion au quotidien. Ils collaboreront étroitement avec les solutions de banque en ligne Caisse d’Épargne. Dixit le document consulté par Les Echos, c’est la banque qui réalisera « les actes de gestion et les opérations bancaires qui découlent de la prestation de conseil ». Avec ce modèle, la CEBPL espère reprendre des parts de marché dans la région, où elle lutte désormais avec les 10%.
Source : www.lesechos.fr/ – le 17 février 2020
Bientôt la fin du CDI ?
La fin du salariat et du CDI est déjà annoncée ; les travailleurs de demain seront à leur compte, libres et exerçant diverses fonctions tout au long de leur carrière.
En France, un Contrat de travail à Durée Indéterminée a toujours été considéré comme une panacée.
Tout d’abord, il était la condition sine qua non pour accéder à un logement, qu’il s’agisse de le louer ou de contracter un prêt immobilier.
Plus important encore, dans ce monde moderne en perpétuel changement, il est encore perçu comme le seul rempart contre la précarité et l’incertitude, la seule garantie qu’il y aurait de la nourriture sur la table jusqu’à la fin du mois.
Encore aujourd’hui, il est difficile de trouver une location classique en France sans un CDI. Sans ce dernier, il faut avoir un garant lui-même en CDI qui sera prêt à payer les loyers.
Mais les banquiers devront s’adapter aux nouvelles réalités économiques s’ils souhaitent continuer à financer l’immobilier car il devient de plus en plus difficile de décrocher un tel contrat de travail. Bien que les salariés en bénéficiant soient toujours majoritaires, 87 % des nouvelles embauches se font désormais en CDD, selon les chiffres de l’année 2017.
Certains assouplissements ont été constatés, comme l’octroi des prêts aux intérimaires ou entrepreneurs… lorsqu’ils ont un coemprunteur en CDI.
RIGIDITÉ ET CONTRAINTES SIGNENT LA FIN DU CDI
Le CDI n’est pas seulement trop risqué pour l’employeur, car il ne peut pas être rompu en cas de difficultés économiques sans procès en justice. Il est également insuffisamment souple pour le salarié : les augmentations salariales ne sont pas obligatoires, les réaffectations à un autre service peuvent prendre des années et le préavis de démission peut s’étendre jusqu’à trois mois, rendant difficiles les changements d’emploi ou de carrière.
Dans un tel contexte, la seule voie pour évoluer consiste à court-circuiter les initiatives des collègues et concurrents, au lieu de chercher un meilleur poste ailleurs. Les salariés bloqués dans leurs carrières souffrent en silence, abusent des antidépresseurs et ont des arrêts de travail pour burn out.
Et pourtant, malgré sa popularité, le CDI semble bien appartenir au monde du passé et vit ses dernières années.
La nouvelle génération Y, parfois baptisée « génération du zapping », ne s’intéresse pas à la stabilité et préfère varier les expériences en changeant constamment ses habitudes, qu’il s’agisse du travail, des lieux de vie ou des modes de consommation.
Cette vie nomade permet de faire des études ou de travailler pendant quelques mois à l’autre bout du monde, les contrats de travail ou de logement devant s’adapter à ce nouveau contexte. La nouvelle génération est parfaitement adaptée à la mondialisation car ses habitudes sont en perpétuel mouvement, tout comme les nouvelles technologies ou le comportement des marchés.
Jusqu’au début du XXe siècle, il fallait cent ans pour que tous les savoirs accumulés par l’humanité soient multipliés par deux ; après la Seconde Guerre mondiale, ils ont doublé tous les 25 ans.
Aujourd’hui, en 2020, la somme totale de toutes les connaissances accumulées par l’Homme double toutes les 12 heures.
TRAVAIL NOMADE ET NOUVEAUX MÉTIERS
En suivant la même analyse, il est facile d’imaginer le futur du marché de l’emploi – selon une étude du think tank californien Institute for the Future (IFTF), 85 % des emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui.
Comment alors imaginer une carrière de plus de quarante ans en occupant le même poste, ou en exerçant le même métier ?
Le nomadisme des travailleurs se reflète aussi dans l’aménagement de l’espace dans l’entreprise ; peu à peu, les « cubes » dans l’open space se voient remplacés par le we-space, où les salariés occupent un bureau disponible et branchent leur ordinateur portable pour travailler chaque jour à côté de quelqu’un d’autre.
Les managers dans certains grands groupes, comme BNP Paribas, déplacent les membres de leurs équipes d’un bureau à un autre, comme sur un échiquier, pour éviter qu’ils s’incrustent et favoriser ainsi leur mobilité.
Quand j’étais enfant, je lisais avec grand intérêt les histoires de Ray Bradbury, qui racontaient comment les robots allaient remplacer l’Homme dans le monde de demain. À cette époque, ces histoires paraissaient invraisemblables et fantaisistes, mais de nos jours, elles semblent se réaliser.
Aujourd’hui, le métro devient automatique et sans conducteur, les caisses du supermarché sont en libre-service, les banques sont en ligne et il n’y a plus besoin d’agences de proximité, le trading se fait par des machines, les livraisons se font par drones – eh oui, on en a déjà vu des exemples dans les cours de promenade de nos prisons…
Et pourtant, le démantèlement du CDI pour laisser place à l’automatisation et l’innovation ne signifie nullement qu’il n’y aura plus de travail pour les Hommes, bien au contraire.
La dactylographe d’antan a évolué vers le métier d’assistant bilingue et son métier s’est bonifié. De la même manière, les postes de conducteurs dans nos transports évolueront vers les services d’amélioration des réseaux.
Même les logements se sont adaptés à ces nouvelles tendances. Beaucoup de jeunes actifs se logent en auberge de jeunesse ou grâce à Airbnb en attendant d’acheter leur bien immobilier.
Les grèves auxquelles nous assistons évoquent la Pétition des fabricants de chandelles, qui voulaient faire interdire les rayons du Soleil qui cassaient leur business.
SE PASSER D’INTERMÉDIAIRES
Dans une grande banque internationale, deux cadres sont recrutés pour un projet d’intégration de données dans un nouveau système informatique et occupent le même poste.
Le premier a été recruté par une société de consulting (SSII), il a signé un CDI. Sa prestation est facturée à la banque 650 euros par jour, mais il ne reçoit qu’un salaire mensuel brut de 3333 euros, le reste étant encaissé par la SSII.
Le deuxième a créé son entreprise et facture à la banque les mêmes 650 euros par jour en tant qu’entrepreneur individuel, et reverse à la même société 10 % de son chiffre d’affaires, la banque acceptant de passer des contrats uniquement avec des prestataires référencés.
Multipliez ces 650 euros journaliers par 47 semaines travaillées par an et vous obtiendrez le chiffre d’affaires qu’un consultant en informatique peut obtenir en travaillant dans le secteur bancaire s’il choisit d’être à son compte au lieu de signer un CDI.
Comparez maintenant ce résultat avec les miettes que reçoit son collègue titulaire du CDI au même poste.
Dans son cas, la part du lion va à la société de consulting, qui n’a fourni aucune expertise ou savoir-faire dans son domaine d’activité, à part télécharger son CV sur les sites spécialisés et organiser quelques entretiens sans rapport avec le poste visé. Il a donc tout intérêt d’abandonner son CDI pour se mettre à son compte, car une journée de son travail vaut 650 euros sur le marché.
Il n’est pas facile de se passer de tous ces intermédiaires qui brassent du vent et gagnent des sommes colossales sur des prestations qu’ils ne fournissent pas en profitant de l’économie des petits boulots.
Des conseillers téléphoniques inexpérimentés basés dans une autre région organisent le déplacement d’artisans pour réaliser vos travaux, alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés, et récupèrent 40 % de la somme totale facturée. L’artisan qui intervient à votre domicile ne percevra que 60 % de ce que vous aurez payé.
Des applications téléphoniques derrière lesquelles des loups issus d’écoles de commerce embauchent des chauffeurs pour conduire votre véhicule au garage et récupèrent 50 % de la somme que vous payez pour la prestation.
Tout ce beau monde qui vous met en relation avec un prestataire vous le facture à prix d’or ; le vrai prestataire, auto-entrepreneur précaire qui réalise le travail, ne perçoit que des miettes.
Nous sommes dans une période transitoire où l’économie des petits boulots n’est qu’à ses débuts, mais l’entrepreneuriat individuel va continuer de croître. Les différents intermédiaires deviendront de plus en plus obsolètes car la mise en relation pourra se faire directement et gratuitement sur le web, comme sur Leboncoin ou Facebook marketplace. L’avenir se trouve dans les applications ou les sites gratuits de mise en relation.
La fin du salariat et du CDI est déjà annoncée ; les travailleurs de demain seront à leur compte, libres et exerçant diverses fonctions tout au long de leur carrière.
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