Des « Pentagon papers » aux « Frenchleaks », 40 ans de « fuites »
Publié le 14 aout 2019
Wikileaks, French Leaks ou UBS, retour sur 40 ans de fuites massives de documents confidentiels.
A qui profitent les leaks, fuites massive de données
Le phénomène des fuites massives de données, les « leaks », c’est la diffusion massive de documents qui ne sont pas destinés à être publiques. On en dénombré près de 40 depuis 2006, allant de la publication des noms de 276 agents du MI6 en 2005 par le site Cryptome aux publications de la messagerie du cabinet d’avocats portugais PLJM en août 2017 dont le principal client est la fille de l’ex-président angolais Isabel dos Santos, en passant par la publication des télégrammes diplomatiques américains sur Wikileaks en 2010, par les documents internes à la NSA par Edward Snowden, les Panama Papers, les Football Leaks… L’accélération des fuites massives depuis 2015 est considérable :
Chaque mois quasiment apportant de nouvelles publications et de nouvelles révélations !
Le site WikiLeaks, avec Libération et Mediapart, a révélé mardi 23 juin que trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été régulièrement et directement espionnés par les Etats-Unis, avec la mise sur écoute de leurs téléphones ainsi que de ceux de membres du gouvernement et de la haute administration. La publication de ces informations surnommées « FrenchLeaks »ont entraîné l’organisation d’un conseil de défense à l’Elysée, mercredi matin, et la convocation au Quai d’Orsay de l’ambassadrice américaine à Paris.
Ces nouvelles « fuites » de documents confidentiels issus de l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) seront-elles suivies d’effets ? Les opérations de ce genre, souvent réalisées par des collaborations internationales entre médias, se multiplient depuis quelques années. Passage en revue des précédentes révélations massives.
- Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »
- Octobre 2006 : naissance de WikiLeaks
- Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniques
- Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en Irak
- Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en Afghanistan
- Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaine
- Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »
- Novembre 2014 : les « Sony Leaks »
- Les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »
Juin 1971 : des « Pentagon papers », aux origines du « lead »…
En 1971, un analyste de la RAND Corporation qui travaille pour l’Etat, Daniel Ellsberg, communique au New York Times des extraits des 7 000 pages d’un rapport top-secret (en anglais) du département à la défense américain consacré aux relations entre le Vietnam et les Etats-Unis
Ces documents, connus depuis sous le nom de « Pentagon papers » (en anglais), étaient au départ une étude commandée par le secrétaire à la défense du président Johnson, Robert McNamara. Tout au long des 48 volumes de l’étude, les auteurs militaires et civils décrivent l’implication – aussi bien politique que militaire – des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam de 1945 à 1967.
QU’APPREND-ON ?
Les « papers » révèlent entre autres que le gouvernement américain a délibérément provoqué une escalade du conflit, bien avant l’engagement officiel des armées US en 1965, en bombardant d’abord le Nord-Vietnam puis secrètement le Laos. Le New York Times suggère que dès l’année 1964 – avant la présidentielle de novembre – le président Johnson avait impliqué les forces armées dans une escalade programmée, alors qu’il avait affirmé l’inverse lors de la campagne.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Sortis pendant la présidence de Richard Nixon, les « Pentagon papers » ont eu des conséquences assez faibles sur le gouvernement alors en place – même si la presse a révélé que la publication a rendu Nixon fou de rage : « Mettons ces fils de pute en prison », avait-il demandé à son conseiller Henry Kissinger.
En revanche, l’affaire prise en charge par la Cour suprême des Etats-Unis donne raison à la presse (en anglais) sur la publication des documents top-secrets. Les actions initiées par le procureur général Mitchell – l’équivalent américain du garde des sceaux – contre Daniel Ellsberg se terminent en 1973 – en plein scandale du Watergate – avec la levée de toutes les charges à l’endroit de l’ancien analyste.
Octobre 2006 : naissance de WikiLeaks
Au milieu des années 2000, une communauté de militants, autour notamment de Julian Assange, crée WikiLeaks, un site qui veut servir de plateforme mondiale, permettant à qui le souhaite d’y dévoiler des documents confidentiels.
QU’APPREND-ON ?
Dès son lancement fin 2006, WikiLeaks publie des révélations embarrassantes, sur la corruption d’un ancien leader kenyan, mais aussi sur le fait que les Etats-Unis soustraient certains détenus de Guantanamo à la vue de la Croix-Rouge.
En 2008, WikiLeaks publie des documents évoquant des activités illégales de la Banque Suisse, ce qui lui vaut un procès et sa suspension temporaire. La même année, les courriels de Sarah Palin, co-candidate républicaine avec John McCain à la présidence, sont publiés sur la plateforme. L’année suivante, WikiLeaks révèle encore des séries de documents, atour d’un scandale pétrolier au Pérou, ou sur les banques d’Islande.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Dès cette époque, WikiLeaks suscite la méfiance des autorités de nombreux pays. Certaines de ses révélations, notamment sur la mauvaise gestion des banques islandaises, ont des conséquences concrètes. Mais le sujet deviendra bien plus important l’année suivante avec les « cable leaks ».
Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniques
En juillet 2008, une taupe (dont on apprendra plus tard qu’elle agit par réaction contre le train de vie des parlementaires alors que les soldats vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles) s’empare d’un CD-ROM contenant le détail des notes de frais des députés et le vend au journal le plus offrant. Le Daily Telegraphdébourse 150 000 livres sterling pour obtenir le précieux support informatique et en fait un feuilleton à rebondissements, publiant des extraits de notes de frais toujours plus scandaleuses. Ce sera le début d’un scandale politique aboutissant à la démission de plusieurs députés et membres du gouvernement de Gordon Brown.
QU’APPREND-ON ?
Les députés s’en donnent à cœur joie quand il s’agit de se faire rembourser les dépenses les plus farfelues : les factures dévoilées par les médias forment une véritable liste à la Prévert. Maison pour canards, nettoyage de douves, achats de films pornographiques et de barres chocolatées…
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Les notes de frais sont publiées dans leur intégralité sur le site du Parlement (mais certains éléments jugés sensibles, dont les adresses, ont été floutés). Une instance indépendante est également mise en place, l’Independent Parliamentary Standards Authority (Ipsa), mais elle a depuis été généreusement critiquée pour son inefficacité et son coût.
Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en Irak
C’est la vidéo qui va révéler WikiLeaks au grand public. Rendue publique en avril 2010, cet enregistrement pris depuis un hélicoptère Apache de l’armée américaine montre comment une dizaine de personnes, dont deux salariés de l’agence de presse Reuters, sont tuées car les militaires ont confondu un appareil photo avec un lance-grenade.
QU’APPREND-ON ?
WikiLeaks publie une vidéo datant de 2007, où l’on voit une frappe aérienne américaine tuer par erreur deux journalistes de l’agence Reuters, puis une famille irakienne venue tenter d’aider, ce qui peut constituer un crime de guerre.
A l’époque, l’armée américaine avait indiqué que les victimes avaient été tuées lors de combats avec des insurgés. La vidéo démontre le mensonge.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
L’armée américaine avait minimisé sa responsabilité dans la mort des journalistes, estimant, après enquête, que les pilotes avaient respecté les « règles d’engagement ». Même si les pilotes de l’hélicoptère Apache ne seront au final pas inquiétés, la vidéo contribue à lever le voile sur les bavures de l’armée américaine en Irak. Elle est obligée de s’expliquer.
Autre conséquence : la « taupe » qui a envoyé cette vidéo à WikiLeaks, le soldat Manning, s’était confiée à un hacker qui l’avait ensuite dénoncé car les documents qui ont fuité « auraient pu coûter des vies directement ou indirectement ».
Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en Afghanistan
Début 2010, le site publie, toujours grâce au soldat Manning, les « war logs », une série de documents de l’armée américaine autour de la guerre en Afghanistan et en Irak de 2004 à 2009. La fuite est conséquente et très embarrassante pour l’armée américaine, mais aussi pour la Maison Blanche : on peut y lire que les talibans gagnent du terrain en Afghanistan, mais les rapports routiniers montrent les bavures quotidiennes d’une armée en campagne.
QU’APPREND-ON ?
Ces « war logs » détaillent plus de 100 000 morts en Irak, principalement civiles (plus de 66 000) mais également combattantes (24 000) ou encore des bavures au sein de la coalition internationales (près de 4 000). Mais ils montrent également les ratages réguliers d’une armée d’occupation : un sourd-muet abattu à un checkpoint pour ne pas avoir entendu un ordre (21 mars 2007) ou des bombardements de civils dûs à de mauvais renseignements. Les rapports montrent que dans ces bavures, l’autorité militaire cherche systématiquement à masquer sa responsabilité.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
La principale réaction des Etats-Unis a été, et continue d’être, de dénoncer la publication de ces documents, affirmant qu’ils portaient atteinte à l’effort de guerre. Le FBI a ainsi ouvert une enquête pour atteinte à la sécurité nationale contre WikiLeaks et son fondateur, Julian Assange. La NSA a par ailleurs demandé à ce que l’association soit classée comme « agent étranger malveillant », ce qui permettrait de la surveiller plus activement sans restriction, notamment concernant ses liens avec des citoyens américains.
En 2010, WikiLeaks change de méthode, et collabore avec plusieurs médias mondiaux pour publier le « Cablegate » : 250 000 messages confidentiels envoyés par les ambassades américaines à Washington.
Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaine
QU’APPREND-ON ?
Alors que les précédentes révélations de WikiLeaks n’avaient pas provoqué de répercussions majeures, le « Cablegate » fait l’effet d’une bombe. On peut en effet y lire la « vision du monde » de Washington au travers des propos, parfois durs, de ses ambassadeurs. L’administration américaine est dans l’embarras, et réagit en s’en prenant fortement à WikiLeaks. Mais des détracteurs du site estiment également que la diplomatie a besoin du secret, et qu’il est dommageable que ces câbles diplomatiques soient ainsi publiés.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Le site est l’objet d’une énorme pression de la part des autorités américaines : Amazon, son hébergeur, décide de ne plus accueillir WikiLeaks sur ses serveurs, sans décision de justice à l’appui. Idem pour le prestataire de noms de domaine du site. WikiLeaks fait appel à la solidarité mondiale pour créer des « sites miroirs » hébergés un peu partout dans le monde.
Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »
En janvier 2014, c’est la Chine et ses riches élites qui sont visées par une « fuite » massive. Une vaste enquête est publiée par le consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde en France.
QU’APPREND-ON ?
L’enquête révèle que plus de 20 000 clients de Chine ou de Hongkong sont liés à des compagnies offshore dans des paradis fiscaux. Parmi eux, de nombreux responsables du tout-puissant Parti communiste chinois (PCC) et leurs proches, comme Deng Jiagui, beau-frère du président Xi Jinping, ou encore Wen Jiabao, premier ministre de 2003 à 2013.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Aussitôt après ces révélations, de nombreux sites de journaux impliqués dans les « ChinaLeaks », dont LeMonde.fr, ont été bloqués en Chine. Mais les accusations n’ont pas donné lieu à quelque poursuite que ce soit.
Novembre 2014 : les « Sony Leaks »
Le novembre 2014, Sony Pictures Entertainment (SPE), filiale américaine du groupe japonais, est victime d’un piratage massif de ses courriels et de ses documents internes. Dans la foulée, cinq films pas encore sortis et distribués par la société font leur apparition sur des sites pirates.
Cinq mois plus tard, en avril 2015, WikiLeaks publie 30 000 documents et 173 000 courriels ainsi qu’une application en ligne pour chercher parmi toutes ces données. Le site justifie la publication de ces données par l’intérêt de voir « les rouages internes d’une entreprise multinationale influente ».
QU’APPREND-ON ?
Ce « leak » donne des informations sur les visées stratégiques du groupe. On y apprend aussi des choses plus triviales comme le fait que les employés de SPE s’énervent de voir Adam Sandler à l’écran. On y trouve également des commentaires à l’endroit de l’égo d’Angelina Jolie ou sur la mise sur pied du biopic sur Steve Jobs.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Première conséquence, la vice-présidente de SPE, Amy Pascal, a démissionné après la révélation d’un sous-entendu raciste à propos de Barack Obama dans un échange de courriels. Parmi les révélations du « leak », on trouve la fiche d’identité de Spider-Manqui selon l’accord entre SPE et Marvel doit être blanc, hétérosexuel, ne pas fumer, boire peu, etc.
Dans ces courriels, on découvre également que des actrices comme Amy Adams ou Jennifer Lawrence ont droit à un pourcentage inférieur à celui de leurs collègues masculins sur les bénéfices du film American Bluff (ou American Hustle en anglais). Ces révélations ont alimenté un débat sur l’égalité des salaires entre hommes et femmes aux Etats-Unis.
Au rayon des surprises, les courriels révèlent que l’acteur et réalisateur Ben Affleck a fait censurer un documentaire consacré à l’esclavage dans lequel les auteurs révélaient qu’un de ses ancêtres avait eu des esclaves.
A la suite de ces attaques, les Etats-Unis – qui soupçonnent la Corée du Nord – ont annoncé de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Kim Jong-Un, particulièrement dix personnalités et trois institutions.
2013-2015 : les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »
Dans tous les cas, le principe est le même : rendre publics les mécanismes d’évasion fiscale dont profitent des individus et des entreprises.
« OffshoreLeaks » en avril 2013. Dans l’ordre, les premières révélations sur les paradis fiscaux prennent forme grâce aux informations mises en commun par plusieurs datajournalistes et journalistes spécialisés réunis dans le cadre de l’ICIJ (le Consortium indépendant des journalistes d’investigation). Ce dernier a reçu près de 2,5 millions de documents (courriers électroniques, copies de papiers d’identités, lettres) par l’intermédiaire d’anciens salariés de deux entreprises de services financiers offshore.
« Luxleaks » en novembre 2014. L’ICIJ est à nouveau à l’œuvre dans le scandale « LuxLeaks », qui a publié des accords fiscaux confidentiels provenant du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers(PwC) mais aussi d’autres sociétés d’audits et de cabinets d’avocats au Luxembourg, en novembre 2014.
« SwissLeaks » en février 2015. « SwissLeaks » est le dernier volet en date des enquêtes sur l’évasion fiscale européenne par l’ICIJ. Il se base sur les archives numérisées dérobées chez HSBC Private Bank par Hervé Falciani, ancien employé de la banque.
QU’APPREND-ON ?
BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000. Des noms connus s’égrènent : Rothschild, Ricci, le roi du Maroc… Dans le cas de « LuxLeaks » , l’affaire a mis en lumière les centaines de « tax rulings », ces décisions anticipées conclues au Luxembourg lorsque Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission, était premier ministre, et qui permettent aux multinationales de quasiment échapper à l’impôt. Avec « SwissLeaks », on apprend que 180,6 milliards d’euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre novembre 2006 et mars 2007.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
La base de données d’« Offshore Leaks » sera ouverte au public, ouvrant la voie à d’autres révélations. Le patron d’une grande banque néerlandaise démissionne. Dans l’Hexagone, la sphère politique prendra acte de la pression publique et commencera à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale.
Avec « LuxLeaks », sous la pression de Bruxelles, Amazon va désormais déclarer ses revenus par pays et non dans son siège fiscal européen, le Luxembourg.
Conséquence plus dommageable pour la liberté d’expression, le Français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale « LuxLeaks », a été inculpé le 23 avril au Luxembourg, notamment pour « vol domestique » et « blanchiment ». Cette mise en examen est la troisième au Luxembourg, après celle d’un ancien collaborateur du cabinet d’audit PwC, Antoine Deltour, en décembre 2014, et d’un autre employé de PwC en janvier, d’où proviennent une grande partie des documents du LuxLeaks.
Avec « SwissLeaks », l’enquête contre HSBC en France s’est accélérée : sa filiale suisse, HSBC Private Bank, a été mise en examen pour « complicité de blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « complicité de démarchage illégal ». Au Royaume-Uni, les députés ont ouvert une enquête sur les pratiques d’HSBC. Au Brésil, une enquête a été ouverte par la justice. La banque négocie dans les autres pays (Suisse et Belgique). Elle a aussi fermé des comptes de non résidents à Jersey, une première.
2017 – Les « Paradise Papers », un sujet européen
Après les « Panama Papers », cette nouvelle affaire de montages financiers et d’arrangements dans des pays parfois qualifiés de paradis fiscaux a eu un retentissement mondial.
La presse européenne a donné un large écho aux « Paradise Papers« , cette nouvelle affaire de montages financiers favorisant l’évasion fiscale internationale, enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dont la cellule Investigation de Radio France est partenaire.
Commentaires de Peter Giesen, correspondant du journal néerlandais Volkskrant et Adam Plowright, journaliste britannique à l’AFP (Agence France Presse).
Article FranceInfo du 05/11/2017
QU’APPREND-ON ?
Parmi les états européens concernés, les Pays-Bas- Ils avaient déjà été pointés du doigt par la Commission européenne pour un traitement fiscal avantageux accordé à Starbucks. Cette fois-ci, on apprend que la société Nike a pu utiliser les possibilités juridiques du droit néerlandais pour optimiser au mieux ses impôts.
Dans beaucoup de pays de l’UE, des noms d’entreprises et de particuliers ont été révélés à l’occasion de cette affaire. Tous ont eu recours à des montages parfois complexes dans des sociétés ou fonds aux Bermudes, aux îles Caïmans ou, plus proche de nous, à l’île de Man. C’est ainsi que le nom de la reine Elizabeth est apparu au cours de l’enquête menée par la presse internationale.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Une question de morale et d’éthique – Pour Adam Plowright, « il n’y a pas d’illégalité, mais c’est une question demorale et d’éthique ». Selon le journaliste, les populations n’acceptent plus ces systèmes dans lesquels des personnes fortunées ont recours à des juristes ou des avocats pour trouver le meilleur avantage, alors que la majorité risque des amendes si les impôts sont payés avec du retard.
Une solution ne peut être qu’européenne, d’autant que des pays de l’UE créent une concurrence fiscale avec leurs voisins. Actuellement, trois directives européennes sont en discussion pour limiter cette concurrence ou renforcer la lutte contre l’évasion fiscale. Les états membres mettent aussi au point une liste européenne des paradis fiscaux qui serait plus complète que celle de l’OCDE. Mais cela prendra du temps et il faut l’accord de tous les pays.
2016/2018 – Football Leaks – Saison 1 & 2
Fraude et évasion fiscales, réseaux de prostitution, connexions mafieuses, exploitation de joueurs mineurs… les 18,6 millions de documents des Football Leaks, analysés par Mediapart et ses partenaires de l’European Investigative Collaborations, révèlent les secrets de l’industrie du football et racontent de manière inédite la face noire du sport le plus populaire au monde.
Mediapart et le réseau European Investigative Collaborations ont eu accès à 1 900 gigaoctets de documents confidentiels. Une mine gigantesque d’informations, qui nous permet de révéler les coulisses peu reluisantes d’un foot business miné par l’appât du gain. Voici le récit de mois d’enquêtes et de relations avec une source contrainte de changer fréquemment de pays de résidence.
Le dossier Mediapart :
La folle histoire de «Football Leaks» 1
Deux ans après une première salve de révélations qui avaient mis en cause plusieurs stars internationales, Mediapart et ses partenaires du réseau EIC reviennent avec une nouvelle masse de documents inédits, la plus grande fuite de l’histoire du journalisme. Fraude, racisme, dopage, achat de matches, exploitation des mineurs, corruption étatique, espionnage, impunité des dirigeants et des clubs… c’est pire que la saison 1.
Le Dossier Mediapart :
FOOTBALL LEAKS, SAISON 2
La protection des lanceurs d’alerte est cruciale pour lutter contre la corruption 21 MAI 2019 PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART – Après l’arrestation de Rui Pinto, lanceur d’alerte des Football Leaks, un collectif de responsables politiques et de journalistes européens appelle l’Union européenne à «protéger non seulement les citoyens qui présentent des informations d’intérêt public, mais aussi les informations elles-mêmes» afin de lutter efficacement contre la corruption.
«Les ‘Leaks’, ça sert à rien»: les (fausses) idées reçues sur les Paradise Papers
Les Paradise Papers, ce sont 13.436.050 documents épluchés par 382 journalistes de 67 pays. Un scandale de plus, une nouvelle vague de protestation. Le combat pour l’éthique fiscale continue.
• Ça ne sert à rien – « Panama Papers, LuxLeaks, Paradise Papers… : tous les mêmes, au final, ça ne sert à rien, rien ne change »
Peut-être que les lignes ne bougent pas assez vite à votre goût. Mais il ne faut pas inverser les rôles. En publiant ces Leaks/Papers, la presse fait son travail. Elle dégage des moyens humains pour de grandes enquêtes sur l’industrie offshore. C’est son rôle. Après, la balle est dans le camp politique (pour l’action), et dans le camp citoyen (pour l’indignation).
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