Qui est Juan Branco ?

Juan Branco affirme défendre Piotr Pavlenski, qui revendique avoir diffusé les vidéos intimes de Benjamin Griveaux. Mais son rôle fait aujourd’hui débat.

Le parquet n’a pas souhaité apporter de commentaire. Mais selon plusieurs médias ( L’Obs et Europe 1) notamment, Juan Branco n’a pas été désigné par l’activiste russe. Quand bien même depuis vendredi, Juan Branco prend la parole dans les médias au nom de ce réfugié politique, à l’origine des images ayant entraîné  le retrait de la candidature à la mairie de Paris de Griveaux, qui a depuis porté plainte. Le jeune avocat né en 1989, d’après son CV disponible en ligne, affirmait avoir été « approché » par l’artiste pour « avoir un avis juridique sur la situation » et vérifier la « fiabilité » de la vidéo avant sa diffusion.

Avocat de Julian Assange

Ce n’est pas la première fois que Branco attire l’attention. Il s’est même fait une spécialité de ces dossiers fortement médiatisés. C’est lui qui a représenté le fondateur de Wikileaks Julian Assange, poursuivi par les autorités américaines pour « piratage informatique », après plusieurs années d’asile à l’ambassade d’Equateur à Londres. En juin 2019, il est aussi à l’origine d’une plainte deposée à la Cour Pénale Internationale contre l’Union européenne et ses Etats membres pour « crimes contre l’humanité » en raison de la mort des milliers de migrants dans la mer Méditerranée.

C’est encore lui qui défend le « gilet jaune » Maxime Nicole alias « Fly Rider » quand il est convoqué par la police en avril 2019 pour « provocation publique à la commission de violences ». Et aussi quand ce dernier dépose plainte contre un policier de la brigade anticriminalité pour « menaces » et « entrave à la liberté de manifester ».

Engagé au côté de la France Insoumise

Parallèlement à sa carrière d’avocat, Juan Branco a été engagé aux côtés de la France Insoumise, parti pour lequel il a été candidat aux élections législatives de 2017 dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis. Il s’incline au premier tour. Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de BFMTV a refusé tout lien entre son parti et celui qui fut aussi un temps son ancien avocat, dans une affaire remontant à 2017.

Avant cette étape, il s’est mobilisé pour d’autres causes politiques. En 2011, 20 Minutes l’avait interviewé en tant qu’opposant à la loi Hadopi et cofondateur d’une plate-forme Internet « Création public Internet ». A l’âge de 22 ans, il conseillait à ce sujet la socialiste Aurélie Filippetti dans le cadre de la campagne des présidentielles de 2012. Mais il ne rejoindra pas le cabinet de la ministre de la Culture après son arrivée au pouvoir. « Il est dangereux. Il a du talent, il est intelligent, au début on se laisse prendre. Mais au bout d’un moment, il se retourne contre vous. Il a exigé, quand je suis devenue ministre, de devenir directeur de cabinet, à 22 ans… Je lui ai dit que ce n’était pas possible. Il en a pris ombrage », se souvient la ministre interrogée par francetvinfo.

Son pamphlet « Crépuscule », 16e meilleure vente en 2019

Plus récemment, il s’est fait connaître du grand public par son pamphlet Crépuscule dans lequel il étrille Emmanuel Macron. Il y révèle aussi l’homosexualité de Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et camarade de classe à l’école Alsacienne, un lycée parisien huppé, selon l’Express. Crépuscule se trouve à la 16e place du palmarès annuel de l’Express et de RTL des meilleures ventes 2019.

Affaire Griveaux : le rôle trouble de Juan Branco dans la défense de Piotr Pavlenski

Malgré ses déclarations, l’avocat n’a jamais été le défenseur désigné par l’activiste russe dans aucun dossier. S’il doit intervenir dans l’affaire Griveaux, ce sera pour être interrogé sur son rôle dans la diffusion de la vidéo.

Par Mathieu Delahousse Publié le 16 février 2020

Quel est le rôle exact de Juan Branco dans l’affaire Griveaux ? Ce dimanche midi, le polémique avocat d’extrême-gauche, proche du russe Piotr Pavlenski, s’est présenté dans les locaux de la police judiciaire parisienne, au « Bastion », revendiquant le droit de voir « son client » et sa compagne pour les défendre. « Le parquet, en une violation exceptionnelle des droits de la défense, a décidé de s’opposer à ma désignation par Piotr Pavlenski dans l’affaire Griveaux », a-t-il tweeté en début d’après-midi.

La réalité semble bien plus complexe. En réalité, Juan Branco n’a jamais été le défenseur désigné par l’activiste russe dans aucun de ses dossiers judiciaires . Il ne peut donc, de ce fait, avoir été dessaisi… Piotr Pavlenski, comme il l’a déclaré à l’AFP, a bien « consulté » Me Branco « avant de mettre la vidéo en ligne » le mercredi 12 février, mais jamais il ne l’a choisi dans aucune des procédures judiciaires le visant, désignant au contraire dès samedi après-midi l’avocate pénaliste Marie-Alix Canu-Bernard.

Juan Branco désosse Macron

Léché, lâché, lynché. La règle des trois « L » est bien connue parmi ceux qui connaissent gloire et beauté. C’est ce qui arrive à Emmanuel Macron. Hier, le beau monde des médias le léchait avec ravissement, et voilà qu’aujourd’hui le peuple demande sa tête au bout d’une pique. Le petit prodige est devenu le grand exécré.

Le 21 décembre 2018

Rien d’étonnant, les riches l’ont embauché pour ça, il est leur fondé de pouvoir, il est là pour capter toute l’attention et toutes les colères, il est leur paratonnerre, il est leur leurre, en somme. Tandis que la foule hurle « Macron, démission », ceux du CAC 40 sont à la plage. Un excellent placement, ce Macron. De la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune à la « flat tax » sur les revenus des capitaux, de la baisse de l’impôt sur les sociétés à la loi Travail qui facilite les licenciements, il n’a pas volé son titre de président des riches.

Mais pourquoi lui ? Comment est-il arrivé là ? À quoi ressemblent les crabes du panier néolibéral d’où est sorti ce premier de la classe ? Une caste, un clan, un gang ? Le cercle du pouvoir, opaque par nature, suscite toujours fantasmes et complotisme aigu. Il est très rare qu’une personne du sérail brise l’omerta.

Juan Branco vient de ce monde-là. Avocat, philosophe, chercheur, diplômé des hautes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique, à 30 ans il connaît ce monde de l’intérieur. Sur son blog, il publie « CRÉPUSCULE », une enquête sur les ressorts intimes du pouvoir macroniste et ses liens de corruption, de népotisme et d’endogamie,  « un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté. [1] »

Un entretien de Daniel Mermet avec Juan Branco, avocat, auteur de Crépuscule (2018).



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