À Bobigny, un système aux méthodes mafieuses

Municipales 2020 à Bobigny : « Il existe un système aux méthodes mafieuses, avec intimidations et omerta »

Eve Szeftel publie ce mercredi « Le Maire et les Barbares » où elle dénonce la mise en place d’un système clientéliste.

Un pavé dans le marigot politique de Bobigny. La publication la semaine dernière des bonnes feuilles de l’enquête d’Eve Szeftel, Le Maire et les barbares* qui sort ce mercredi, a mis en lumière les turpitudes de l’actuelle municipalité UDI, dirigée par Stéphane de Paoli. Si certains faits ont déjà été publiés par MarianneLe Parisien ou encore StreetPress, la journaliste de l’AFP revient en détail sur ce qu’elle qualifie de « pacte » passé entre Jean-Christophe Lagarde et ses inféodés, et les personnages influents des cités de Bobigny pour la conquête du pouvoir municipal en 2014. Elle dénonce la corruption et le clientélisme présumés qui ont alors eu cours à la mairie de Bobigny, suscitant en 2018 un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France et, en juillet dernier, des perquisitions du Parquet national financier au domicile du maire et de son premier adjoint, Christian Bartholmé. C’est d’ailleurs ce dernier, décrit dans l’ouvrage comme le véritable maire de Bobigny, qui mène la campagne pour l’UDI aux prochaines municipales. 

Dans son livre « Le Maire et les barbares », la journaliste Eve Szeftel dénonce l’alliance nouée entre Jean-Christophe Lagarde (UDI) et des voyous de Bobigny pour se faire élire.

Les habitants de Bobigny en avaient assez de la violence, de ce clientélisme quasi mafieux.

Mais, au fil des mois, cette histoire me hantait, et ce que je voyais sur le terrain était si grave, que je me suis lancée. Je me suis dit que c’était mon devoir de faire cette enquête, que c’était pour ça que j’étais devenue journaliste, et que c’était cela qu’on attendait des journalistes: révéler ce que les pouvoirs veulent cacher. Et puis, je voyais aussi que la population était l’otage de cette voyoucratie et que la majorité des habitants de Bobigny en avaient assez de la violence, ce clientélisme quasi mafieux. Beaucoup m’ont encouragée à écrire, et je me suis sentie mandatée par eux.

Ils avaient promis. Ils seraient irréprochables.
Ils avaient promis. Ils seraient différents.
Ils avaient promis. Ils feraient de la politique autrement.
Un simple tract va tout faire basculer.

Bobigny, préfecture du département le plus pauvre de France, va être le théâtre de la promotion de la voyoucratie et l’envers de la méritocratie républicaine. Jusqu’à ce sms qui dénonce qu’il y a bien eu un pacte avec les cités pour la prise du pouvoir.

Cette enquête sidérante, conduite par une journaliste de l’AFP, révèle que tout est possible pour gagner une mairie, certains pactisant avec des logiques mafieuses et le communautarisme.

Mais l’impensable ne s’arrête pas là. Ce pacte cache un autre pacte, secret celui-ci, qui renvoie à l’une des pires affaires criminelles françaises : l’assassinat d’Ilan Halimi.

Ils ont pactisé avec les barbares. 

Une plongée au cœur de la corruption et du clientélisme politique qui détruisent la République.

Tirs et incendie d’un local de campagne d’un candidat d’opposition, militants menacés, pratiques clientélistes dénoncées ou enquête pour détournements de fonds publics : les accusations visant Jean-Christophe Lagarde, député (UDI) de Seine-Saint-Denis sont édifiantes.

Jean-Christophe Lagarde se défend des soupçons de clientélisme en Seine-Saint-Denis

Accusé dans une enquête publiée cette semaine par une journaliste de s’être appuyé sur des réseaux peu recommandables pour conquérir Bobigny aux dernières municipales, Jean-Christophe Lagarde dénonce le travail de la journaliste Ève Szeftel sur Europe 1. Le député annonce porter plainte et l’accuse de vouloir favoriser le candidat PS aux municipales de Bobigny, Fouad Ben Ahmed. INTERVIEW le 23 février 2020.

Il nie en bloc et compte porter plainte contre « 270 pages de mensonges, de calomnies, de diffamation » et un « tissu d’âneries ». L’UDI et son président Jean-Christophe Lagarde sont sous le coup de vives critiques pour de supposées pratiques clientélistes en Seine-Saint-Denis. Une enquête publiée ce mercredi dans le livre Le maire et les barbares, par la journaliste à AFP Ève Szeftel, raconte comment le parti centriste se serait appuyée sur des réseaux peu recommandables, à l’intérieur des cités, pour conquérir Bobigny aux dernières municipales, une ville alors acquise au PCF depuis près d’un siècle.

« Un torchon, une honte » 

« Ce torchon est une honte que je poursuis et que je ferai condamner pour diffamation ! », s’emporte Jean-Christophe Lagarde au micro du Grand journal du soir, dimanche. Le livre d’Ève Szeftel « n’est pas une enquête, elle n’a jamais cherché à entrer en contact avec moi, ni les gens qu’elle met en cause ! On appelle cela du journalisme ? Non, c’est du militantisme politique ! », tacle le député qui pointe un lien entre la journaliste et le candidat PS aux municipales de Bobigny Fouad Ben Ahmed, « son ami et intime ». 

« Elle insulte les habitants de Bobigny en répétant à longueur d’ondes que les électeurs sont sous la coupe des voyous, et elle insulte les musulmans en expliquant que pour séduire cet électorat il fallait se montrer sympathique avec les meurtriers d’Ilan Halimi ! Comme si les musulmans votaient en fonction de leur religion, mais surtout comme s’ils avaient des sympathies pour des meurtriers ! » . 

« Elle écrit n’importe quoi »

La mairie de Bobigny aurait fondée une école coranique ? « C’était un bâtiment de la direction départemental de la jeunesse et des sports, c’est l’État qui l’a vendu à une association musulmane avant les municipales de 2014 », rétorque le député. L’ouverture d’une salle de sport non-mixte ? « Elle a fermé depuis et c’est une propriété privée appartenant à une société civile immobilière qui l’a loué à une association. Jamais une subvention n’a été donnée à cette salle de sport », affirme-t-il.

Quant au fait que la municipalité de Bobigny arroserait les associations pour acheter des voix, Jean-Christophe Lagarde cite la « page 134 » du rapport de la chambre régional des comptes qui atteste « que le montant [donné à des associations] a été divisé par deux, et les relations légalement assainies. L’inverse de ce qu’elle [la journaliste] affirme ! » Et de conclure : « Elle écrit n’importe quoi. »

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